vendredi 23 décembre 2005

Banalité d'usage (mais pour moi ça veut encore dire quelque chose)

       Bah dis donc... je sais pas si c'est la célébrité qui débute (hmm, restons sérieux quelques secondes), mais en ce momen y'a un max de gens qui tombent sur mon blog. Ca fait plaisir. Revenez quand vous voulez. Et surtout, n'hésitez pas à me lâcher un mot dans l'oreille par le biais des commentaires. Ca me fait encore plus plaisir.
              Comment démarrer sur les chapeaux de roues cette (probablement) ultime bafouille de l'année 2005, avant que ne démarrent dans les paillettes et les flonflons tintinabulants des Père Noël de supermarché la deux mille sixième année de notre calendrier. Ou deux mille septième, ça dépend des écoles. Mais à la limite, on s'en tape.

       Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par une note joyeuse : je suis content en ce moment. Ma moitié a eu l'extrême gentillesse de me faire un pack Noël/anniv des 30 piges en me payant une sympathique guitare électro acoustique sur laquelle je me suis empressé d'apprendre à jouer Misère de Coluche. Pour ceux qui l'ignoraient encore, ça, c'est tout à fait mon style de connerie. La suite, ce sera sûrement un truc très facile.
              Je ne désespère pas de l'interpréter prochainement devant des oreilles que j'espère compatissantes envers les p'tits nouveaux.

       Peut-être même que je pourrai faire de la compo dessus. Ch'ais po. En tout cas, j'ai envie de pondre du texte en ce moment. J'ai surtout envie de me faire éditer, à dire vrai. Mais bon, on est le 23 décembre, donc les éditions L'Atalante m'ont jeté. Et P.O.L. m'a tèj aussi.
              Il reste Mnémos, en lequel je place un espoir tout à fait réduit. Non pas que je les mésestime. Mais simplement, à force de m'en prendre dans les dents, j'ai peur de ne bientôt plus pouvoir mâcher que de la soupe, et encore, de la moulinée. Donc, comme dirait Bob Freedent, je préserve mon capital dentaire (et je remets cent francs dans la poche du dentiste).

       Dans les nouvelles actuelles de mon petit cercle : tout le monde est malade ou presque. Y'a que ma moitié qui s'en tire bien. Manquerait plus non qu'elle soit toute cassée en douze : déjà qu'elle est chargée de 15 kilos (dont 3 à 4 de bébé).
              Dans les nouvelles actuelles de mon moyen cercle : rien de spécial à signaler, sauf que les amis se manifestant ces derniers temps ne sont pas ceux auxquels je m'attendais. Mais bon, itskiz my life.
              Dans les nouvelles actuelles de mon très très grand cercle de forme sphérique : je refuse de savoir. J'en chie déjà bien assez à régler tous mes problèmes perso en ce moment, je suis dans une merde tellement sombre qu'on pourrait fabriquer des nuits avec, alors je me préserve l'esprit des malheurs de ce monde pour la petite quinzaine qui vient.

       Je sais que c'est pas bien. Je sais que c'est quand tout le monde fait la teuf que ceux qui en chient souffrent le plus. Mais là, franchement, allumer TF1, je peux pas. Je pense que ma bonne action de la semaine consistera à acheter au choix "Le Canard Enchaîné" ou "Charlie Hebdo" (bizarre, ce journal qui a le même nom que ma fille à venir... la vie a de ces hasards....) et à m'imprégner jusqu'à l'os de haine pour tous les cons en général et pour ceux qui ferment les yeux sur leurs propres conneries en particulier.
              C'est-à-dire en l'occurrence sur moi pour cette petite période de fin d'année. Comme ça, j'aurai la gniak pour causer dans le poste Internet pour toute l'année qui vient.

       Nous venons à peine d'entrer dans les mois d'hiver. L'hiver officiel, je veux dire. Dans toute l'hémisphère Nord, c'est le moment où on se pèle le jonc et où on essaie de se réchauffer en se retrouvant les uns les autres.
              Je souhaite que tous ceux qui me lisent aujourd'hui fassent en sorte, devant les feux de cheminée et les tables trop garnies, de laisser glisser de leurs doigts le ticket resto qui ne leur manquera pas et les pièces de ferraille qui leur alourdissent les poches pour que tout ça retombe dans les mains de quelqu'un qui en a besoin.
              C'est pas de la charité chrétienne (rappelons à cet effet que la date de Noël a été fixée au 25 Décembre par un édit papal il y a quelques centaines d'années seulement).

       C'est accepter de reconnaître, dans ce moment du cycle planétaire où nous prenons conscience dès qu'on oublie de sortir avec une écharpe du point auquel l'humain est démuni face à la nature qui l'entoure, que les festivités de fin d'année sont là pour nous ressouder les uns aux autres dans une fraternité et une chaleur qui transcendent toutes les religions, toutes les couleurs de peau et tous les discours de tous les maîtres à bien-penser.
              Au soleil, on devient tous plus ou moins noir. Dans le froid, on devient tous plus ou moins bleu. Je vais pas faire mon Shylock (à ceux qui savent pas de quoi je parle : lisez ou allez voir "Le marchand de Venise" de Shakespeare), mais sachant que d'un humain à l'autre, dans le fond, seul le destin et la connerie diffèrent, faites en sorte de partager un peu de vos riches heures à bon escient.
              Comme disaient les Nuls : à moindre frais, et vous ferez plaisir ! :-)

       En vous souhaitant finalement d'excellentes festivités et retrouvailles avec ceux qui vous tiennent à coeur, à vous tous amis, connaissances ou parfaits inconnus, je vous abandonne pour faire un gros dodo avant d'aller boucler mes valises pour rejoindre mes beaux-parents, leur fille et la progéniture en gestation incluse dans cette dernière (c'est comme un oeuf Kinder qui se monterait tout seul pendant 9 mois, c'est marrant !).

-G4rF-

mardi 13 décembre 2005

Schwarzi est un con

Fond sonore : Noir Désir - En route pour la joie

       Bigre ! Pourquoi tant de violence dans ce titre, hein ? Ben c'est plutôt simple.
       Le monde continue de brûler d'un peu partout (je parle pas des raffineries qui font boum, là), à tel point que si un jour j'en trouve le temps je mettrai en pratique une idée à moi (remarque, peut-être que quelqu'un y a déjà pensé) : mettre en route un site Web, avec, comme unique page, une carte du monde en noir et blanc sur laquelle apparaîtront en rouge tous les pays en guerre. Mais ce n'est pas pour ça que je dis ici, aujourd'hui, que Schwarzenegger est un con.
       Non, si je le dis, c'est parce que, au milieu du bordel ambiant qui pourrait être plutôt sympa si l'on y voyait pas ressortir en permanence des exemples criant de l'incapacité humaine à cohabiter avec son voisin sans avoir envie de lui piquer sa maison/mobylette/terrain/femme/thune/gourmette/couille gauche/vache/propriété en règle générale, notre fringuant Gubernator a aujourd'hui (enfin, plutôt hier, à l'heure américaine) fait une démonstration brillante de ce qui se passe quand on confie un pouvoir conséquent à un gars juste parce qu'il a l'air d'être le gentil ou le costaud dans ses films.
       Il y avait un mec qui s'appelait Stanley "Tookie" Williams. Il a fondé un gang à Los Angeles dans les années 70, les Crips. Il a été arrêté et condamné pour le meurtre de 4 personnes dans deux braquages de banque. Le gars en question n'était pas un saint, certes. Il en avait fait, du mal. Et il en avait braqué, des banques. Mais, du début à la fin, il a toujours nié avoir buté ces gens.
              Son procès a été tenu dans un contexte des moins égalitaires : exclusion des jurés noirs lors de la constitution du jury populaire, acceptation de témoignages douteux comme éléments à charge (en clair, d'autres gangsters l'ont chargé pour avoir des réductions de peine - merci le "plaider coupable !"), paroles de flics ultérieurement blâmés pour racisme, comparution au procès avec chaînes aux pieds et menottes genre "je vous présente Hannibal Lecter, quel est votre verdict ?"... bref, que du bonheur.
       Jusqu'à aujourd'hui, Tookie Williams attendait qu'on le mette à mort dans les prisons californiennes (à San Quentin). Récemment, un témoignage en sa faveur, au moins aussi valable que ceux retenu contre lui est remonté : on s'en branle. Aucun élément factuel certifiant qu'il ait, lui, tué les 4 victimes : ranafout'. La peine de mort (ça c'est établi, c'est du vérifié, du factuel) qu'elle soit appliquée ou non ne change strictement rien en terme de dissuasion aux chiffres de criminalité et de délinquance de quelque pays où l'on a étudié son impact : on s'en tape.Tuer c'est pas bien, même au nom de la raison d'Etat (surtout au nom de la raison d'Etat) : rien à battre. Le fait que Tookie Williams se soit fait l'apôtre de la non-violence, qu'il ait participé par ses bouquins et ses conférences téléphoniques depuis sa prison à la lutte contre les gangs, bref qu'il ait compris qu'il avait vraiment déconné et qu'il pouvait faire quelque chose pour éviter que d'autres que lui ne plongent : on s'en fout.
       Aux Etats-Unis, le gouverneur d'un état a le pouvoir de prononcer une grâce ou de commuer une peine capitale en prison à vie. Ca fait partie de ses attributions. C'est ce qu'on appelle un privilège exorbitant (comprendre "exorbitant" dans l'acception du mot tel qu'on l'utilise en droit).
              Schwarzenegger a été élu gouverneur de Californie. A priori, il ne sera pas réélu, d'ailleurs. On peut pas franchement dire qu'il était taillé pour le boulot. Mais bon. Il aurait pu faire un truc classe, comme par exemple, être le premier gouverneur californien depuis Reagan en 1967 à grâcier un prisonnier.
       Mais non. Le mec est noir. C'est peut-être un gangster repenti, mais c'est un gangster. En taule. Condamné à mort. Il écrit des livres pour enfant. Il intervient par téléphone dans des écoles. Il est soutenu par Amnesty International, par des tas d'activistes comme Mike Farrell, Michael Moore ou Jesse Jackson, bref il a l'opinion publique pour lui. On l'a même proposé pour le Nobel de la paix. Et c'est pas pour ce que ça va coûter à la Californie par rapport à ce que ça va lui apporter en terme de prestige ou de "sécurité" que ce serait gênant de grâcier le bonhomme.
       A votre avis, qu'a dit la Cour Suprême à Washington aux avocats de Williams quand ils ont demandé un report de l'exécution ?
              Et qu'a dit Schwarzenegger, le seul mec en l'occurrence ayant la possibilité de marquer un peu les esprits en étant moins bourrin dans la vie que dans ses films ?

       Hé ouais.

       Ce matin, à 0h01 (heure locale), Stanley Williams a été exécuté par injection. Bien joué Arnold.

       Souvenez-vous qu'il ne manque qu'une très légère retouche à la Constitution U.S. pour autoriser Schwarzi à devenir président. Et que cette bande de cons est bien capable de la faire, la retouche. Parce que si ça ne suffit pas d'aller flinguer du civil à tour de bras dans tous les pays où les ricains déploient (ou ont déployé) leurs forces (Afghanistan : on laisse tomber Massoud, on le laisse se faire tuer - Irak : on bombarde du civil. - Et le Vietnam - et le Cambodge - et la Corée - et Cuba), s'il faut encore aller flinguer des taulards chez soi pour passer sa colère, moi je vois bien Schwarzi prêter serment d'ici une quinzaine d'années. Moi qui suis blanc, européen, et même un peu plus grand que lui, il me fout la trouille. C'est dire.

       Au fait, un petit détail : savez-vous de quel côté (par rapport à notre PS qui est censément à gauche et notre UMP qui est très très clairement à droite) se situent les partis républicain et démocrate aux Etats-Unis ?

       A droite, toute. Mais la gauche, me direz-vous ? Hé ben... euh... quelle gauche ?
-G4rF-

lundi 12 décembre 2005

Musique(s) de fond

Fond sonore : Rolling Stones - Sympathy for the devil


       Plutôt que de gonfler tout mon auditoire d'aujourd'hui avec une nouvelle élucubration issue de je-ne-sais quel tréfond obscur de mes méninges fatiguées (ouais, le week-end a été assez éprouvant)(pour tout dire, il sentait le solvant et était d'une belle couleur vert tilleul Leroy-Merlin), je vais juste vous recommander d'écouter le fond sonore du jour.
              Ca fait 3 ou 4 fois depuis ce matin 7h00 que je l'écoute, et je trouve toujours ce morceau aussi fabulouss.
              Oooh oooh !
              ...
       Oh pis merde, tiens ! Je vais quand même élucubrer un peu ! Car je tiens à faire savoir au monde que ma future fille se porte bien, qu'elle s'appellera effectivement Charlie et qu'elle mesure actuellement environ 41 centimètres, ce qui n'est ni trop petit ni trop grand mais fout quand même bien les foies à ma douce et tendre. L'accouchement, ça va être rock'n'roll. Faudra que je prévoie de la zique. Mais comment faire pour trouver un compromis entre une musique de circonstance et une musique qu'on aime bien ?
       Je veux dire, d'un côté ma copine aime bien Marcel et son orchestre et quelques groupes de cette eau, mais je me demande si passer du ska pendant un accouchement est la meilleure méthode pour détendre la mère et ne pas trop crisper l'équipe technique.
              Ou alors un peu de Nosfell... peut-être du Yann Tiersen, tiens, c'est ce que l'ami HaTcH a collé dans les oreilles de sa petiote dès la grossesse, à ce qu'il m'a dit. C'est tranquille, Yann Tiersen. Ou bien du Tryo. C'est cool, ça. L'idéal, ce serait la quiétude d'un nocturne de Chopin léger alliée à la patate d'un Nine Inch Nails. Enfin, l'idéal pour moi, en tout cas !
       Bon, faut que je cherche. Les suggestions sont les bienvenues !

-G4rF-

mercredi 7 décembre 2005

Happy birthday

Fond sonore : Bob Dylan - Shelter from the storm


       16 ans. Ca fait déjà 16 ans que ma soeur est sur cette planète. J'ai l'impression que les cinq ou six dernières années sont passées sans que je sois là.
              La vache. C'est flippant. Mais bon, c'est pas parce que je réalise (non sans amertume) que je me laisse tellement absorber par mes obligations professionnelles que j'en oublie de consacrer le minimum de temps légal à ma soeur et que je zappe sans arrêt (mais pas sans honte) les promesses que je lui fais simplement parce que je deviens plus vieux et que ça me fout les glandes, que ça doit m'empêcher de lui souhaiter un bon anniversaire.
       A ta santé !
-G4rF-

lundi 5 décembre 2005

Les boules pour les Nuls

Fond sonore : Outkast - Hey ya

       Difficile de dire à quel point c'est la mouize en ce moment. Histoires de groupe qui finissent mal... même si je pense avoir pris la bonne décision pour trancher et mettre d'un côté les histoires de cul et les problèmes qui en découlent, et de l'autre le groupe qui ne peut pas vivre si les problèmes de cul s'en mêlent, je ne peux pas franchement me satisfaire de l'issue donnée à cette situation.
              A bien y réfléchir, il s'agissait moins d'une situation où il fallait contenter tout le monde, que d'une méga embrouille où il fallait plutôt en soulager un maximum. Minimiser les pertes. C'est dire à quel point le groupe était mal barré. On arrivait à une situation où personne n'était content. On en sort. Avec pertes et fracas. Mais on en sort.

       Ce qui me chagrine le plus, c'est que celui qui avait déconné au départ s'est vu présenter une occasion inespérée de prendre le taureau par les cornes, de jeter une bonne pelletée de sable sur le feu, manger son chapeau une bonne fois et agir pour le bien de tous avec l'espoir tangible et réaliste que les morceaux se recollent à plus ou moins long terme, et qu'il ne l'a pas saisie, donnant du coup l'impression violemment pesante qu'il esquivait à nouveau ses responsabilités.

       Ca m'a presque encore plus déçu. Mais bon. Tout le monde autour de nous n'a pas encore mangé son chapeau. Combien de personnes dans la vie ont déjà fait face et accepté publiquement, sincèrement et frontalement avoir été con et avoir merdé dans les grandes largeurs ? Pas tant que ça, à bien y réfléchir.
              De mon côté, je peux en parler parce que je sais que je l'ai déjà fait. Je l'ai fait très tard, dans ma vie. C'était pendant mes études d'ingé, pour être précis. Mais je m'en souviens très bien. Comme un mélange sucré-salé de sentiments : du doux et de l'amer. Ca ne s'oublie pas facilement.

       Je devais participer à un projet d'intelligence artificielle avec 3 autres gars. Les 3 autres ont bossé, moi j'ai rien foutu. Pas une ramée. Ca me faisait super chier, l'I.A. Et je l'ai jouée relax, genre c'est pas grave. Les 3 autres c'est des cracks. Mais j'avais quand même les boules.
              J'étais pas à l'aise. Entre mon image décontractée et ce que je savais de moi-même, je pouvais pas me voiler la face : j'avais rien foutu, et à cause de ma branlitude générale, les autres membres de l'équipe allaient s'en prendre plein la gueule à ma place. A cause de moi, ils allaient être mal notés.

       Alors j'ai réfléchi, et j'ai réfléchi, et j'ai pensé très fort à esquiver mais je me suis dit que j'allais pas pouvoir les regarder en face après si je leur faisais ce coup de pute, et que je pourrais encore moins me regarder moi-même. Et j'avais déjà été suffisamment emmerdant avec eux, alors j'allais pas en rajouter en leur faisant perdre du temps et les mérites de leur boulot. C'était déjà pas cool, alors pas la peine d'en rajouter.
              Le jour de la soutenance, c'est là que ça s'est passé, et c'est là que j'ai grandi d'un coup. Et vieilli en même temps. Mais au final, je ne regrette pas de l'avoir fait. J'en suis même plutôt fier.

       Ca se passait dans une petite pièce, devant un écran. On était les 4 membres de l'équipe, plus la prof, Mme Froidevaux. Entre nous, humainement je sais pas ce qu'elle vaut mais elle me sortait par les yeux par son attitude en tant que prof. C'est comme ça, des fois ça se maîtrise pas. Et devoir ravaler ma fierté et assumer mon merdage pour sauver mes potes des conséquences de ma glande devant elle, c'était un peu l'Himalaya de la honte pour moi.
              Et je l'ai fait. La prof s'installe, et avant qu'on commence, je me lance. Je me souviens encore quasiment mot pour mot de ce que j'ai dit tellement c'était dur à sortir.
              "Avant qu'on vous présente le travail qui a été fait, il faut que je vous dise que je n'ai quasiment pas participé à ce projet. Ca ne m'intéressait pas, je n'étais pas motivé, et j'ai délibérément travaillé très peu et laissé les autres membres de l'équipe faire avancer le boulot. Alors voilà, je voulais juste que ça soit clair et que vous sachiez que ce que vous allez voir, c'est le travail de trois personnes et pas de quatre, que j'assume les conséquences de mes actes et que je ne voudrais pas que les autres soient pénalisés parce que je n'ai rien fait. Donc, voilà, il fallait que je vous le dise, et maintenant je vais sortir et vous laisser continuer la soutenance".

       Là, elle a dit : "Bon, d'accord. En tout cas, merci de votre franchise". J'ai dit "excusez-moi, au revoir", je suis sorti. La soutenance s'est poursuivie sans moi. Là, je me sentais comme une merde, et puis il faut dire aussi que ce n'était pas terrible pour moi de devoir se dire que j'étais dans une situation délicate côté notation si je me tapais un zéro en I.A. C'était pas éliminatoire, et avec le recul, je me dis que c'était pas si grave, mais j'étais encore à moitié crispé sur le culte du résultat.
              Et puis après j'ai appris que pendant le reste de la soutenance, les autres gars de l'équipe avaient plutôt fait en sorte de me faire passer sous un bon jour, qu'ils avaient poussé mon dossier vers le haut en disant que j'avais quand même pas si rien foutu que ça. Déjà, ça, je m'y attendais pas. C'était la première couche de pansement sur ma blessure à l'amour-propre. A leurs façons, et avec leurs moyens, et alors que rien ne les y contraignait parce que j'avais quand même été un sale con jusque là, les potes faisaient en sorte de me sauver en remerciement de l'aveu d'incompétence que j'avais fait pour ne pas les faire plonger.
              La deuxième, c'est la note que m'a mis la prof. Les autres ont dû avoir des 15, des 16, des 18, enfin des trucs comme ça. Ils étaient très forts, François, PIL et Kad. Moi, je m'attendais à une bulle. J'ai eu 10. Je sais que sur ces 10 points, y'en avaient un pour mon travail et ma présence à la soutenance, un ou deux pour ce que mes potes m'avaient permis de gagner aux yeux de l'examinatrice, et que le reste, c'était surtout sa façon à elle d'apprécier l'effort consenti sur mon amour propre pour ne pas aggraver la situation des autres.

       C'était dur.

       Mais ça m'a fait du bien.

       Manger son chapeau. Assumer ses fautes. Quand on l'a fait une fois, ça devient plus facile de le refaire, mais surtout plus facile d'éviter d'avoir à y retourner. On est de plus en plus capable de se regarder en face. On devient de plus en plus copain avec soi-même.
              Le type qui assume en toute sincérité ses conneries et accepte d'en affronter les conséquences avec honnêteté, c'est déjà un autre mec que celui qui a déconné.

       Et puis ça permet de comprendre aussi que n'importe qui peut déconner, n'importe qui peut foirer dans la vie, et que puisque ça nous est arrivé à nous-même, on n'est pas un salaud fini foutu pour la vie quand on a merdé mais simplement un humain générique, avec ses hauts et ses bas, qui s'efforce jour après jour de ne pas laisser s'accumuler les bas en apprenant tout connement à connaître ses propres faiblesses en les combattant et ses propres grandeurs en les cultivant.

       J'aurais dû être bouddhiste. :-)

-G4rF-

jeudi 1 décembre 2005

Play it again, Sam

Fond sonore : Archive - Fuck U

       Yo ! Aujourd'hui, dans la série "mon blog est un foutoir, et c'est mon choix", je vais successivement aborder les thèmes suivants :
              - la poésie instantanée (avec exemple à l'appui)
              - la difficulté de se faire éditer, et conséquemment la difficulté d'encaisser les refus quand on est poussé au train par tous ses copains
              - l'effroyable complexité dilemnique (ou dilemnatoire)(ou dilemnitante) de la gestion des relations interpersonnelles dans une bande de copains quand des histoires de cul s'en mêlent.

       "Number one, la poésie", dirait Timsit. Et je ne peux pas tout à fait lui donner tort. C'est fun, la poésie. Enfin, pas fun comme de réussir des sauts zarbis sur une planche à roulettes ou trouver une vidéo bien débile sur le Net. La poésie c'est marrant parce qu'une fois qu'on a écrit, et qu'un peu de temps a passé, on est infoutu de comprendre par quel chemin de pensée on est passé pour pondre sa prose, et on comprend encore moins ce qu'on a voulu dire.
       Je recommande à tout le monde la poésie instantanée. Ca défoule. Ca vous pose un homme. Tiens, je vais en faire une.

       "Un grain sur un grain,
Le relief qui affleure
Quand j'y passe la main
Et dépose ma chaleur

              Le paysage est vaste
Il grimpe, tourne, file.
J'y vois pointer des villes
Des déserts en contraste

              Sur cette terre familière
Que je découvre sans cesse
Et recouvre de caresses
D'empreintes éphémères

              Je marque des chemins
Sentiers mille fois battus
La mémoire de mes mains
S'imprègne de ta peau nue"

       Voilà. C'est rythmé n'importe comment, mais ça me plait. Temps pour pondre ce machin : environ 20 minutes.
Pour chercher la bonne rime, essentiellement. Temps pour le lire ? 10 ? 20 secondes ? Peu importe. Hé bien là, là, hé ben... je me sens assez bien. Zen comme il faut.

       Parmi les autres sujets du jour, je parlais de la difficulté d'être édité dans ce monde de brutes intransigeantes. Faisons face à un constat : le fait de croire à la valeur de ses écrits n'est pas une garantie de succès.
              Le fait d'avoir pour soi (et bon sang, ça réconforte !) les encouragements enthousiastes de tous ceux qui se sont prêtés de bonne grâce au jeu de la critique sans chichi ne vous empêche pas de morfler à chaque fois qu'un éditeur vous jette.
       Et pourtant c'est le jeu ! C'est comme ça que ça se passe : parfois c'est toi qui tapes le bar, parfois c'est le bar qui te tape. Sur les 10 éditeurs que j'ai contacté, voici le death toll :
              - Le cherche-midi : out
              - Robert Laffont : out (avec une critique certes juste, mais quand même rude à encaisser)
              - Denoël : out
              - Albin Michel : out
              - Gallimard : out (mais j'aimerais comprendre pourquoi un bouquin de SF envoyé à Gallimard tout court finit chez Gallimard NRF ?)
              - Calmann-Lévy : out
              - JC Lattès : out
              Restent en lice (mais comment y croire encore ?) :
              - L'Atalante
              - Mnémos
              - P.O.L.

       Certaines discussions intervenues récemment m'amènent à penser qu'il serait utile, avant de poursuivre mon travail sur les deux nouveaux bouquins que j'ai entrepris de pondre, de retoucher la v1.1 de mon livre de façon à ce que, dans la v1.2, on ne puisse plus dire que les personnages sont trop stéréotypés. Ou en tout cas, moins facilement. 100 fois sur le métier remettez votre ouvrage...
              C'est quand même dur de garder la tête hors de l'eau dans ces circonstances et avec tous ces pros qui vous jettent votre texte à la gueule, surtout après avoir autant bossé sur ce foutu bouquin. Les solutions existent. Mais faut se faire une raison : je ne serai sans doute pas édité du premier coup. Mon bouquin ne fera sans doute pas un carton en librairie. Je ne serai sans doute pas capable de vivre de mes écrits avant un paquet d'années, et encore, ça c'est dans le meilleur des cas. Ouille. Quoi de plus pénible que de voir l'espoir d'une vie plus agréable consacrée en grande partie à un travail qui vous prend aux tripes s'étioler de la sorte... euh... à la réflexion, y'a plein de trucs autrement plus pénibles, dans la vie. Mais quand même, ça me les pète un peu, c't'histoire.
       En tout cas, quel que soit le sort réservé à mon bouquin, et la façon dont il sera édité (en électronique --sauvez les arbres !--, ou peut-être en scénario, qui sait ? Tout le monde me dit que ça ferait un chouette film), je ne peux pas me permettre de baisser les bras. Pour une fois que je fais un truc qui me plaît vraiment sans arrière-pensée et sans traîner les pieds !
Bientôt, d'autres nouvelles de refus d'éditeurs. Ne zappez pas !

       Abordons enfin le dernier sujet du jour, tel que présenté dans le texte liminaire du présent blabla g4rfesque. De la difficulté de gérer les relations entre les membres d'un groupe quand des histoires de fesse s'en mêlent et qu'on est soi-même (pour le meilleur et pour le plus lourd) leader de facto dudit groupe.
              J'en suis à un point où je ne sais plus trop quoi faire. D'un côté, j'ai deux zicos entre lesquels existe un contentieux qui fut soldé de façon foireuse car noyé au fond d'une bouteille et qui, inévitablement, remonte à la surface, ce qui ne surprendra personne.
       Il se trouve que les deux sont des amis. Il se trouve que je n'ai le choix qu'entre des mauvaises solutions : il est peu probable que le groupe fonctionne si des tensions et des malaises subsistent parce que les acteurs ne changent ni de nom ni d'attitude ; mais il me fait profondément chier de constater que l'un veut se barrer alors qu'il n'est pas particulièrement fautif, et que si cela se passe j'aurais un peu de mal à me trouver à l'aise dans le groupe et à ne pas montrer de ressentiment envers l'autre, car il ne m'a pas fait spécialement l'impression de la jouer "profil bas" et de prendre acte dans toute sa dimension de la portée des conneries qu'il a faites. Mais ce n'est que mon impression. Et après tout, quand tu vois ce qui s'est passé, ça veut dire quoi, "la jouer profil bas" ? Et est-ce que j'ai un quelconque droit de juger ? Je pense pas...
       Le mal est là, le mal est fait. Que faire pour que le groupe reste un groupe ? J'en sais foutre rien. J'ai pas envie de mettre dans la balance des sentiments, de la loyauté, de l'amitié. Mais il faut bien crever l'abcès d'une façon ou d'une autre, et je préfèrerai éviter que cela finisse en amputation... Et j'ai pas envie que ça pète, mais la mèche est allumée et je manque cruellement d'un seau d'eau.

       J'aimerais bien pouvoir dire fuck. Oh oui. Ca me ferait plaisir de me dire que j'en ai rien à foutre, qu'il s'agit de deux êtres humains adultes et responsables, qu'à leur âge et avec leur expérience de la vie c'est à eux d'agir, de se faire face proprement et honnêtement et d'assumer leurs responsabilités concernant la manière sur laquelle ils tomberont d'accord pour limiter l'impact de leurs problèmes personnels sur la vie du groupe, qui lui n'y est pour rien.
              Mais serais-je capable de me dire à moi-même que j'ai choisi la bonne solution et que j'ai agi comme il le faut ? J'en doute. Je suis dubitatif. Le doute ma bite. M'habite, pardon.
              J'ai envie de laisser faire. La vache, ce que j'ai envie de laisser pisser ! Mais plus encore que ça, je me surprends parfois à caresser l'envie de faire exploser ce putain de groupe pour ne plus avoir à faire face dans le futur à ce genre de plan foiros. Solution de facilité, certes, mais quel confort pour moi ! Une perte colossale, un échec retentissant, mais un apaisement général instantané (bien qu'instauré à la dynamite).
              Fait chier.
              Je me prends trop la tête, sans doute.
              Oui, c'est ça.
              Je me prends trop la tête.
              Moi, je voulais juste faire de la musique avec mes copains.
              Ca, au moins, ça n'a pas changé.
              C'est peut-être le seul truc qui me rassure, là dedans : j'ai toujours autant envie de faire de la zique. Tant pis si le groupe crève. C'est qu'un groupe, après tout. On va pas se flinguer pour ça.
              Ouais. Je crois que je vais laisser faire, pendant quelque temps.
              Et si je me sens pas à l'aise, rideau.
              Enfin, je crois.
              Ou bien non.
              Putain, je sais pas...
-G4rF-

lundi 28 novembre 2005

...pfff...

Fond sonore : Blur - Charmless man

       Ce week-end a été le week-end de toutes les désillusions.
              Waaaah, ça c'est une bonne phrase d'intro d'un gars qui essaie d'en faire des caisses, style "mes malheurs sont tellement énormes qu'il faut que je les raconte pour pas constiper dessus".
              Bon, reprenons. Avec un peu plus d'honnêteté.

       Ce week-end n'a pas été franchement folichon.
              D'abord, l'espace que je convoitais pour installer ma péniche s'est retrouvé occupé à l'arrache par un bateau inattendu. Il s'avère en fait qu'il va devoir dégager de là dans très peu de temps. Mais bon quand même. Ca me fout un brin les glandes.
              Et pis aussi, y'a La Poste chez qui j'ai souscrit un contrat de réexpédition de courrier qui se fout un peu de ma gueule et me renvoie mes lettres chez moi après les avoir empilées pendant 2 mois. Merci les aggios, merci les factures, La Poste mon cul. Je veux bien payer un peu plus cher si on me garantit que mon courrier va venir à peu près à temps. Mais là, franchement, c'est du putain de foutage de gueule. Ouais, révolution ! (la vache, il est naze mon blog aujourd'hui...).

       Qu'est-ce qui m'a gonflé, aussi, ce week-end ? Ah oui. Y'a que personne au monde n'a l'air de se mettre d'accord sur les noms des vêtements pour bébé. Y'a fallu que je bouffe vingt bonnes minutes sur le Net pour comprendre que la différence entre une turbulette, une gigoteuse et un dors-bien était anecdotique.

       Tout le monde s'en branle ? Ouaip. C'est normal. Faut vraiment se retrouver comme moi en pleine phase de fin de grossesse, avec une maison à aménager, des travaux dans tous les coins, une copine légèrement handicapée par le Zeppelin qui lui pousse dans le ventre et lui confère le rayon de braquage d'un Boeing 747 avec une roue à plat.

       Y'a quand même de quoi causer un brin. Aujourd'hui, Mr Miyagi est mort. Paix à son âme, et que tous ceux qui, petits, ont rêvé de trouver un vieux chinois casse-couille qui leur apprenne le kung-fu pour foutre sur la gueule aux grands sales gosses qui les emmerdaient écrasent une larme en silence.
              Sinon, des tas de machins passent dans les nouvelles. Le premier juge du procès antitrust de Microsoft a déclaré (après s'être fait déposséder du dossier par le DoJ de l'oncle Bush) que, cinq ans après la fin de son instruction, Microsoft avait effectivement enculé tout le monde et affirmait son monopole d'une façon obscène. Dans le même temps, l'ami Gates claque de la thune à tout va pour faire sauter les plaintes des acteurs du logiciel européen contre son abus de position dominante. A tel point que c'est la Free Software Foundation qui est obligée de s'y coller pour pas que le dossier soit enterré également de ce côté de l'Atlantique. Qui peut me dire de combien de pays du Tiers Monde Bill Gates pourrait payer le PIB cash ?
              Les chiffres fluctuent. Mais ça fluctue entre l'indécence ahurissante et l'obscénité écoeurante. Ca lui coûte pas cher de lâcher 40 millions pour une cause ou une autre (je sais plus laquelle, d'ailleurs). C'est comme si je vidais mes poches de mes centimes qui traînent pour les refiler à un mendiant. C'est peanuts.

       Et ça y est, je suis reparti à râler... merde, faut vraiment que j'apprenne à écrire sur autre chose que ça. Que diriez-vous d'un petit poème express, en passant, comme ça ? Hein ? Allez, de toutes façons y'en a pas pour longtemps.

"Sur la verticale lisse
S'embrochent les secondes
Instants de vie complice
Où joies et peines abondent

Sur le sol rocailleux
S'étalent les couleurs
Des turquoises malicieux
Des oranges songeurs

L'horizontale marche
Et s'étire vers l'Orient
En trains de petites tâches
Alignées dans le blanc

L'ombre se lève enfin
Elle est ma familière
Chacun son tour s'éteint
Succombent les chimères"

       Le premier qui comprend quelque chose à ce que je viens de raconter est prié de m'en causer, histoire que je le comprenne moi-même.

       En fait, aujourd'hui, j'avais envie de vous proposer une petite playlist. On y va ? Allez, puisqu'aujourd'hui sur ce blog, c'est la Saint-Dim et la Saint-Sloggy (c'est à dire la fête du slip), pourquoi ne pas achever ces fariboles sans queue ni tête en apothéose bordélique aux couleurs chamarrées (je parle des couleurs des fariboles, là, pas de celles du slip, attention) ?
              Allons-y (dans le désordre)(pour ceux qui ne me connaissent pas, voilà une superbe occasion d'explorer la variété anti-orchestrale de mes goûts dérangés) :
Deportivo - Parmi eux
Archive - Fuck U
Tiken Jah Fakoly - Y'en a marre
Sinclair - Le fonk
Bob Dylan - How many roads
Black Rebel Motorcycle Club - Ain't no easy way
Nine Inch Nails - La mer
Zebda - Je crois que ça va pas être possible
Silmarils - Cours vite
Mickey 3D - La France a peur
Stupéflip - J'fume pu d'shit
Fat Boy Slim - Soul surfing
Eagles - Hotel California (live)
Dream Theater - 3° Misunderstood
Daft Punk - Teachers
Ben Harper - With my two hands
Coluche - J'suis l'andouille qui fait l'imbécile
David Bowie - Changes
De-Phazz - Jazz
Deftones - My own summer
Delegation - Darlin'
Rage Against The Machine - Bullet in the head
Didier Super - On va tous crever
Django Reinhardt - St. Louis Blues
Sade - Is it a crime ?
Sanseverino - Mal ô mains
Smoke City - Underwater love
St Germain - La Goutte d'Or
Bob Marley - War
Stevie Wonder - Part time lover
Sugar Ray - Fly
Superbus - Tchi cum bah !
Svinkels - Happy hour
Téléphone - Flipper
Tori Amos - Crucify
              ...et j'en passe.

       Un dernier truc à la con pour finir ? Allez, mesdames et messieurs, je ne résiste pas à l'envie de vous présenter le résultat (et encore c'est que le début) du travail fourni par Mister BleZzZ, master of zeu dessin and of zeu photo'tchopzn, one of my best friends ever, pour illustrer mon bouquin. Vu l'empressement que mettent les éditeurs à se précipiter dessus, j'imagine qu'il va finir édité sous format électronique. Et pourtant, j'ai eu même pas 6% d'opinions défavorables quand je l'ai fait lire autour de moi ! On approche bientôt de la cinquantaine de personnes qui ont lu mon livre, et dans l'ensemble ça passe grave ! Waaaaaaaah, je veux qu'on me publie ! Je veux pouvoir remercier tous mes béta-lecteurs !
              Bon allez, je vous ai promis une conclusion homérique pour ce florilège abrutissant et chaotique de petits bouts de moi. Alors voilà :
-G4rF-

mercredi 23 novembre 2005

Decepticon !

Fond sonore : Les rythmes digitales - Jacques your body (make me sweat)

       Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Voilà ce que je me demande. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'on m'envoie taffer à Perpète-Les-Oyes, charmante bourgade s'il en est où le décor pittoresque des hangars le dispute aux bucoliques autostrades bituminées pour créer cette atmosphère douce et entêtante d'emmerdement sidéral.
       Je me fais tristement chier. Mon taff me gonfle, à m'envoyer à mille années-lumière de ma moitié et de sa petite locataire.
       Oui, c'est une fille.
       Et c'est pour bientôt. Fin janvier. 4 Février pour les plus pessimistes.

       Pourtant, je devrais pas être morose, comme ça. Après tout, pendant que de joyeux lutins de Noël décorent les rues et font de petites flambées pour repousser les assauts de Grand-Papa Hiver (avec des voitures, certes, mais ça réchauffe quand même) et que, dans le même temps, je me fais placardiser avec un travail tellement inintéressant que même des strip-teaseuses bulgares avec des paréos turquoises et des guêtres orange fluo en train de chanter "Strangers in the night" sur du Patrick Topaloff tout en frottant leurs poitrines opulentes sur des armoires normandes ne parviendraient pas à me faire lever un sourcil.
              Bon, évidemment, c'est pas trop les sourcils qu'elles sont censées te faire lever, les strip-teaseuses.
              Hé ben ça non plus.

       Je débande à mort.

       Et pourtant... pourtant c'est l'hiver. Et moi j'aime bien l'hiver. L'hiver est peut-être le seul contact qu'il me reste avec une nature agréable. Je m'explique (avec une mauvaise foi incalculable, certes, mais je m'explique).
              J'aime pas le printemps. A cause des petites fleurs et de la putain d'allergie que je me traîne depuis... putain, ça fait tellement longtemps que je sais même plus de quand ça date.
              Et pis j'aime pas l'été. Il fait trop chaud en été. Avec mes nombreux centimètres de haut, je suis déjà plus près du soleil (et moins près de l'air frais qui, comme le disent toutes les pancartes de sécurité en cas d'incendie, est près du sol). Et pis avec mes gènes de Viking, je suis plus apte à tenir le choc au pays des peaux de bête et des ours blancs que celui du monoï, du jojoba et des pluies tropicales.
J'aime pas l'automne, parce que ça me déprime. La rentrée, la fin des vacances, tout ça.
       Non, décidément, j'aime que l'hiver. Gratter la voiture le matin, moi, ça me fait rigoler.
              Se blottir contre ma copine pour se réchauffer quand il fait froid dans le pieu.
              Un grand bol de chocolat quand il caille.
              L'envie d'écrire dans mon blog...
              L'hilarité devant les p'tits Français de la ville incapables de conduire quand il tombe 3 cm de neige.
       Et puis les batailles de boules de neige. Ca a l'air con, mais moi, je suis super fan. Ca m'a toujours fait rigoler, et même si je suis devenu bien trop grand pour me planquer derrière le fort imprenable numéro 234, ça me botte. Et puis les balades sous la neige, quand la neige fait crountch sous tes pieds, et que tout ce qui était crade devient soudain d'un blanc silencieux.
       Voir les traces de patte d'un chat sur le capot de ma voiture. Voir un bonnet à pompon qui dépasse de la foule des bonnets présentables sur le quai du métro.
              Ouais, franchement j'aime bien l'hiver. Faire un feu dans la cheminée avec le bois que tu t'es fait chier à ramasser ou à couper pendant des heures (bon, ça, c'est du fantasme, c'est pour quand on aura une cheminée). Voir son souffle faire un rond de buée sur la fenêtre derrière laquelle on est bien au chaud tandis que de l'autre côté, de gros flocons tombent tout droit et s'empilent à vue d'oeil en une strate immaculée à faire pâlir d'envie tous les réalisateurs de pub de glace à la vanille.
              Boire un truc chaud avec les potes, un grog ou un thé, en étant bien content d'être à l'intérieur.

       Y'a quand même un truc qui me déplaît dans les hivers d'aujourd'hui, c'est l'arrivée de plus en plus avancée des décorations de Noël dans toutes les villes et dans nos boîtes aux lettres. Moi je sature. Noël, ça a peut-être l'air con dit comme ça, mais pour moi c'est vraiment la fête des fêtes, parce qu'aussi loin que je m'en souvienne j'ai toujours passé Noël avec de la famille, des amis, plein de monde qu'on n'a pas vu depuis longtemps et qu'on est content de retrouver. Y'a les cadeaux, certes, mais y'a aussi l'ambiance surréaliste des nuits passées il y a déjà longtemps en allant en traînant les pieds à la messe de Noël où on s'aperçoit avec une sensation étrange de satisfaction inattendue et d'empathie surprenante que tout ce monde qui ne se connaît pas et ne se dirait peut être même pas bonjour si on leur en laissait l'occasion, a accepté d'en chier un peu dans le froid pour aller se retrouver tous dans le même coin et marquer le coup, une bonne fois pour l'année.
              Religion ou pas, moi je trouve ça assez classe.
       J'en ai plein le cul de voir des sapins de Noël en rayon dès le début du mois d'Octobre. La déco de Noël, c'est comme les cadeaux de Noël, ça devrait pas exister avant Décembre, ni après Décembre. Sinon, ça perd tout son intérêt. Comment peut-on marquer le coup quand tout est déjà tellement préparé, codifié, étiqueté ? Quel est le foutu plaisir qu'il y a là dedans ?
              Ce qui est kiffant, c'est que ça reste une fête. Et avec ces gros couillons de Carrouf' ou d'Auchian, et j'en passe et des meilleures, qui nous en donnent à bouffer pendant un quart de l'année, on est content d'être débarrassé de Noël pendant les 9 mois suivants.

       C'est peut-être le plus foireux de tous mes coups de gueule, parce que c'est plutôt un coup de blues, un rappel de la grand-mère à moustache du genre "c'était mieux avant". N'empêche que ouais. Moi je dis que Noël, c'était mieux avant. Avant Carrefour, Noël avait encore un sens, même pour ceux qui officiellement (c'est à dire d'un point de vue croyance) n'en ont rien à carrer.
              Après tout, c'est quand même une fête païenne, au départ ! Un peu comme la Toussaint qui tombe sur une équinoxe, des choses comme ça.
       Lisez "Le Père Porcher", de Terry Pratchett (chez l'Atalante)(qui, au passage, me procurerait une satisfaction exceptionnelle en acceptant d'éditer mon bouquin parce que s'il y a bien un éditeur chez qui j'ai envie d'être édité, c'est eux)(et là, je rigole pas : je trouverais ça bien plus honorable d'être dans les collections où on trouve Pratchett que là où on trouve Sulitzer). C'est, ni plus ni moins, un excellent conte de Noël. Avec toute la loufoquerie du Disque-Monde, certes. Mais c'est quand même quelque chose de grandiose.

       Allez, je vais retourner bosser, tout en réfléchissant à mes cadeaux. Cette année, je ne pourrai pas satisfaire tout le monde (comme tous les ans) mais j'espère bien arriver à bidouiller quelques trucs qui fassent vraiment plaisir.
-G4rF-

jeudi 17 novembre 2005

Un de chute

Fond sonore : Les motivés - Le chant des partisans

       Encore un coup de pelle en pleine gueule. Hier c'était JC Lattès, aujourd'hui c'est Gallimard (et la NRF) qui m'envoient promener. Total : 40% de rejet, 10% d'en cours, 50% d'inconnu.
       Je me demande si on pourrait pas remplacer Diefenthal par Steven Segall dans le film. Ou alors par Adam Sandler. Enfin bref, par quelqu'un de super doué dans son petit créneau de lourdingue.
       Evidemment, cela n'engage que moi.
-G4rF-

mercredi 16 novembre 2005

Ce blog va finir par changer de nom...

Fond sonore : Sinclair - Le fonk

       ...et s'appeler "Echec en 10 leçons". Encore un éditeur qui vient de me jeter. Bon, comme le dirait ma moitié, c'est jamais que le cas général de ce qui arrive à 99,9% des auteurs en France. Mais quand même... J'en suis à 30% d'échec, 10% d'accusé de réception et 60% d'inconnu...
       Dur, dur, d'écrire. Mais j'y arriverai. J'ai confiance. Et si j'y arrive pô je m'en fous, je vends mon bouquin à Besson pour qu'il en fasse un scénar, c'est Krawczyk qui réalise et y'a Frédéric Diefenthal dans le rôle-titre.
       C'est compris, les éditeurs ? Achetez moi mon bouquin, sinon vous en subirez les conséquences ! :-)
-G4rF-


mercredi 9 novembre 2005

Faut que ça sorte !

Fond sonore : Trust - Antisocial

       Ouuuuuuh putain... je viens de me colleter une discussion enflammée avec le prototype le plus caricatural que j'ai connu du bon petit soldat sarkozyste. Le genre "c'est pas mon problème, il faut faire avancer la France, mais moi je paie mes impôts alors merde !".
              Et il paraît qu'il s'est reproduit. Un tel degré d'égocentrisme et d'auto-illusion chez une personne capable de se mettre debout, de parler, de lacer ses chaussures et d'aller aux toilettes tout seul me sidère.

       Et celui-là, putain, qu'est-ce que j'aimerais me dire que c'est le champion du monde, le pire crétin bouffi de suffisance incapable d'envisager la réflexion sur les arguments des autres que j'ai rencontré ! Mais je sais, parce que ce monde ressemble à ce qu'il est et que PPDA présente toujours le 20h et fait toujours de la lèche au pouvoir en place, qu'il y en a d'autres. Des pires.
              Il dit que les restos du coeur ne servent à rien et entretiennent le "parasitisme". Il dit que Le Pen ne fera jamais de gros score parce qu'il a un parti microscopique. Il dit que les gosses qui foutent le feu aux voitures se rapprochent de l'humain et essaient de s'en sortir.

       Le premier qui trouve une logique valable dans tout ce bordel, et non un ramassis indigeste d'idées toutes faites récupérées à gauche et à droite pour maintenir le confort ouaté dans lequel l'imbécillité fondatrice du mental incertain de ce notoire zozo clapote douillettement, hé ben qu'il m'écrive, je lui dirai à quels endroits sur la planète aller habiter pour que je n'ai pas le malheur de le croiser sur mon chemin.
       Ignorance is bliss.
       But stupidity is like nuclear power. It can be used for good, or evil. And you don't want to get any on you.
-G4rF-

              PS : j'oubliais... un deuxième éditeur a jeté mon bouquin. Tchô, Albin Michel, on t'aimait bien... tant pis. Au moins, leur bafouille n'avait pas l'air trop stéréotypée. S'ils avaient pu la signer, ça aurait quand même fait plus vrai, mais bon. Je vais finir par vendre mon livre en feuilleton à un magasine. Je veux qu'on m'édite ! Ouiiiiin !

lundi 7 novembre 2005

The roof is on fire

Fond sonore : Bloodhound gang - Fire water burn

       Savez-vous ce que j'aime dans ce pays ? Non, je veux dire, ce que j'aime vraiment ? C'est simple : tout le monde est champion du monde pour identifier la source des malheurs de ses semblables, mais personne ne se bouge le cul d'un centimètre pour aller donner un coup de main, mettre en place une solution, et surtout faire face à ses responsabilités.
       Alors qu'autour de nous des bandes de crétins s'imaginent jouer à la guerre et faire des actes héroïques de révolution efficace en foutant le feu (quel exploit) à des voitures, des poubelles, des Saint-Maclou, des entrepôts, des autobus, bref que des trucs vraiment indispensables à l'équilibre de ce pays et sur lesquels reposent les fondements de nos institutions, je vous propose aujourd'hui plusieurs axes de réflexion et quelques solutions à envisager pour, par exemple, savoir appeler un chat un chat, savoir assumer ses propres conneries et savoir faire la différence entre l'outrage ressenti par les familles entassées à 24 dans un F3 depuis 20 ans et la colère bidonnée des fils de famille qui s'habillent en caillera pour pas se taper la honte entre deux giclées de SMS et une soirée Star Académerde (putain, dire que Madonna y passe... décidément, les années 80 sont bel et bien mortes).
       Par exemple, quand on voit une voiture qui brûle, on la filme. Et on la passe à une heure de grande écoute. Intérêt de la manoeuvre ? Nul. Tout le monde sait déjà que c'est la zone dans certains coins, et que même s'il s'agit des agissements d'une ridicule minorité, ça fait chier un maximum de personnes. Mais ça permet de parler d'autre chose que de la guerre larvée en Irak dont tout le monde se branle puisque tous les Français sont d'accord pour dire que c'est à l'ONU et pas à Bush d'aller jouer les gendarmes du monde. Et pis ça fait marcher l'insécurité. C'est bien, ça, l'insécurité, ça fait voter Chirac et Le Pen, c'est super top tendance comme sujet. Une réaction entendue pendant une émission d'"Arrêt sur Image" sur F5 : à Strasbourg, pour faire descendre la tendance à flamber des voitures pour la Saint Sylvestre, on filme plutôt les voitures éteintes. Message passé chez TF1 ? Naaaaaaan, y'a des limites à la vente de temps de cerveau, quand même.
              Et qu'est-ce qui pousse Françoise Laborde à dire que les deux gamins qui ont clamsé dans le transfo l'ont été à la suite d'un crambriolage alors que l'information a été officiellement démentie dès le début de la journée ? L'habitude de baver sur les beurs qu'ont tous les journaleux télévisuels ? Non ? Mais alors, si elle est capable de manger son chapeau à Arrêt sur Image, pourquoi ne le fait-elle pas officiellement, en direct, le lendemain, en plein JT ?
       Voilà une solution pour calmer les esprits qui ne cherchent qu'une occasion pour partir en vrille : forcer les journalistes qui ont dit des conneries à s'excuser à l'antenne. TF1 ne le fait pas. La preuve, PPDA présente toujours le JT malgré son interview bidonnée de Fidel Castro. France 2 ? J'attends encore les excuses publiques de Françoise. M6 ? Jamais. En tout cas, rien depuis que Serge Molitor et son clin d'oeil facétieux ont disparu de l'écran. LCI ? iTélé ? CNN ? Que dalle. La presse écrite a un devoir de vérité. Pourquoi pas la presse poubelle ? Euh, la presse télé ? Voilà qui ferait avancer les choses.

       Question connexe : pourquoi des gamins de banlieue courent-ils quand il y a des flics dans les parages ? Parce que ce sont des voleurs ? Ou parce que les flics sont flippants ? Anecdote vécue : pendant mes études d'ingénieur, nous avons fait une chouette balade à travers la France pour visiter les locaux de l'ONU à Genève. Départ en bus d'Orsay pour toute la promo, sauf moi et trois potes qui ne rentrions pas dans le bouzin. On a fait le voyage en caisse, la caisse du papa de Lamine (coucou en passant, mon Lam's !). Et on a presque tous conduit à un moment ou l'autre. A votre avis, à quelle occasion est-ce que la douane volante nous a arrêtés et fouillés ? Quand un gentil Blanc conduisait ? Ou quand Lamine, major de promo fortement sympathique mais tragiquement pour l'occasion affublé d'une tête ni tout à fait berrichonne ni franchement bretonne mais complètement beuresque, était au volant ?
              Ce jour-là j'ai découvert ce qu'était la douane volante. J'ai aussi découvert le racisme ordinaire. Quelques années plus tard, mon ami BleZzZ me trouait littéralement le fondement en m'expliquant que, pigiste pour une agence de comm' (pour ne pas dire une société de publicité et de réclame, ou un afficheur casse-couille), il travaillait avec un directeur artistique à la peau pas franchement ivoirine mais plutôt ivoirienne sur une plaquette pour une banque quelconque. On lui dit "mets des gens là, et là, et là". BleZzZ, plutôt ouvert d'esprit, ne se pose pas de question : il met du blanc, du noir, du jaune, bref il ne manquait que le fils de Sitting Bull et un ou deux martiens pour faire Benetton. Et là, son D.A. black dit : "non, enlève ça, ne mets que des blancs".
              C'est à cette occasion que j'ai découvert le racisme sous-jacent.
              Et encore aujourd'hui, je constate autour de moi très très peu de pubs avec des noirs, ou avec des asiats, et je ne crois pas me souvenir d'une seule pub avec des beurs. Pourtant, la France est pleine de français pas blancs. Le melting-pot, il est là, chez nous. Y'a des Loussa, des Brahim, des Safwann, des Farid, des Fatima, des Marcel, des Saint-Cyr, des Minh, et j'en oublie. Partout. Dans ton métro, dans la voiture devant toi, sur la plage de tes vacances, derrière les logiciels de ta machine et tenant le balai qui nettoie tes couloirs. Mixing the colours, chante Iggy Pop. Ca donne des choses mignonnes, genre Noémie Lenoir, ou Noam (c'est le fiston de BleZzZ et May, un ptit bout d'homme grand comme ça et franchement adorable). Du joli, quoi.

       Encore une solution pour arrêter de se regarder en chiens de faïence : se regarder, tout court. Je veux voir des pubs de lessive avec une arabe qui vante Skip Machine. Je veux voir des enfants asiatiques en train de manger des Kinder Pingui. Je veux des plaquettes de produits d'assurance-vie avec des couples "hors norme" : des noirs, des rouges, des jaunes, des bleus (pas des M&Ms, hein !), des homos, des hétéros, des trans, des handicapés, des aveugles, des sourds, des gens, quoi ! Je veux voir des pubs Aubade avec des beurettes ! Je veux que l'image ressemble au réel !

       Un collègue de travail qui habite Bondy me dit qu'en fait, les "événements" actuels sont très circonscrits, et que les médias portent leur part de responsabilité dans la multiplication des feux de voiture. Je suis d'accord. En ce moment, qui t'écoute quand tu te plains ? On te cambriole : ta plainte sera classée. Tu habites à 10 000 dans un placard, tu te plains : fin de non recevoir, y'en a d'autres qui n'ont pas de toit. Tu as faim, tu veux de la thune : t'es en fin de droit, ta plainte tu te la carres où le soleil ne brille jamais. Montre des images de villes qui flambent, et tout le monde, jusqu'au dernier connard boursouflé de haine pour ce pays de cons où personne ne l'écoute et où personne n'a de temps ni de moyen pour l'aider à souffler un peu, se sent autorisé à foutre le feu à tout et tout le monde pour libérer sa haine.
              Question : comment on arrive-t-on là ? Quelle est la proportion des gens vraiment malheureux qui vont aller dépenser cinq euros d'essence à la pompe pour se faire un cocktail Molotov et brûler la voiture du voisin parce qu'ils en sont jaloux ? Quelle est la part des propriétaires d'entreprises qui vont profiter de ce merdier pour foutre le feu à leur stock et toucher l'assurance ? Quelle est la part des connards qui foutent le feu à leur école parce qu'ils se sont fait virer à force de ne rien foutre ? Et face à tous ceux-là, combien rongent leur frein depuis des années, en espérant que la vie prenne un peu plus de couleur et les sortent du gris et sont systématiquement déçus par les promesses télévisées ?
       Arrêtons de clamer qu'il faut une belle voiture pour estimer avoir réussi. Arrêtons de dire que si t'as un C.A.P., t'es une merde et tu n'avanceras jamais. Arrêtons de dire qu'un type en costard en vaut quinze en bleu de travail. Ma conviction personnelle est qu'on peut estimer avoir réussi quand on peut jouir avec tranquillité du fruit de son travail, et qu'aucun balayeur d'aucune ruelle sordide de n'importe quelle cité n'a à rougir de son métier. Michael, un ancien pote de chez Matra, avait bossé comme stagiaire dans une cimenterie où taffait son père. Et pendant deux mois, il avait balayé. Y'en a de la poussière, dans une cimenterie. Et bien, tenez-vous bien, balayer correctement ça s'apprend. Et c'est pas facile. C'est physique, de balayer. C'est dur. Seriez-vous capable de vous arrêter dans la rue, de vous tenir debout face à l'homme en vert qui balaye les merdes de votre chien du trottoir vers le caniveau et de lui dire : "j'apprécie ce que vous faîtes ?". Non. Et c'est pour ça que ça merde.
              Une solution : faites l'effort de vous mettre dans les baskets de ceux que vous avez en face de vous, et dites-vous qu'ils ne font pas un métier de con, mais un métier difficile. Et ça, ça se respecte.
              Autre solution : quand on fait une promesse à un malheureux, on la tient. Personne ne se révolte en apprenant qu'on coupe systématiquement dans les crédits de logement et de prévention des banlieues chaudes depuis des années, mais tout le monde hurle à la trahison quand sur 500 millions de dollars promis au Cachemire après le tremblement de terre, il n'y en a même pas 10% qui ont été versés. Ne pas se foutre de la gueule des gens est encore la meilleure méthode connue pour qu'ils ne vous collent pas leur poing dans la figure.

       Ce que je suggère, pour changer les choses, c'est de démontrer, par A + B, à tous les désoeuvrés débilisés qui incendient des bagnoles et des commerces pour passer le temps, que le monde qui les entoure n'en a pas rien à foutre de leur existence. Qu'il y a un futur pour les gamins qui n'en peuvent plus, à l'âge où on veut changer le monde, de devoir s'entasser dans les mouroirs bétonnés des barres d'immeubles décrépies à l'heure de dormir dans une promiscuité étouffante, et que ce futur n'est pas nécessairement la défonce et la destruction. Au lieu d'aller les chercher et de leur faire des ponts d'or pour les intégrer "de force" dans les structures d'élite et laisser tous leurs potes et leurs compagnons d'infortune surnager dans leur merde (je fais référence à une proposition d'Yves Jégo, député de Montereau*), que la société dans laquelle ils vivent reconnaisse leurs mérites. Pourquoi ne pas installer une annexe de Polytechnique à la Courneuve ? Pourquoi pas Centrale et Normale Sup' à Aubervilliers ? Pourquoi ne pas installer Hewlett Packard à Saint Denis ? Pourquoi pas Vaux-en-Velin-Antipolis ?
              Les travailleurs sont là. La volonté de bosser est là. L'énergie est là. Le pognon y viendra. Que manque-t-il, alors ?
-G4rF-
       *au sujet de Montereau, où j'ai eu le malheur d'aller traîner mes basques, je tiens à préciser quelques trucs. Il s'agit d'une très vieille ville, au confluent de la petite Seine et de l'Yonne. La vieille ville est en bas, construite autour des fleuves. La cité, Surville, a été construite sur les hauteurs, et domine de façon très moche le paysage. Si vous êtes venu du Sud à Paris par le TGV, c'est la première "borne kilométrique" qui vous indique que vous approchez à grand pas de la capitale. Depuis quelques années, des efforts sont entrepris pour flinguer cette immondice et en faire un endroit décent pour vivre. Mais sachant que tout ce qui a été trouvé pour reloger les habitants des frites de béton qui sont géographiquement franchement à l'écart de la ville, c'est de faire des plus petits bâtiments... juste à côté des grandes frites. C'est à dire toujours à l'écart de la ville. Je pense pas qu'il faille sortir de Sciences-Po pour pouvoir conclure : ça craint.

lundi 17 octobre 2005

Plier l'échine ou lécher le bitume ?

Fond sonore : Asian Dub Foundation - Rebel warrior

       Y'en a-t-il ici qui savent ce qu'est le Tibet ?
       Non, ce n'est pas le nom du ranch de Richard Gere, ni une simple aventure de Tintin. Le Tibet, c'est un pays, qui a été envahi par l'armée chinoise de Mao en 1949/1950, c'est-à-dire dans l'année de la création de la République Populaire et Pas Du Tout Dictatoriale et Encore Moins Autoritaire et Certainement Pas Méchamment Bourrine de Chine. C'est dire si, de Mao Tse Toung, on ne peut aimer que le col du même nom.
              Le Tibet est donc occupé depuis 55 ans cette année (et ce mois-ci). Depuis 55 ans, le chef à la fois spirituel et religieux de cet Etat vit en exil. Vous en avez sans doute entendu parler, on l'appelle le Dalaï-Lama.
       Alors bon, on a beaucoup romancé la vie de ce bonhomme, et ça aurait tendance à évoquer ma méfiance si je ne m'étais pas documenté sur le sujet. Et c'est vrai que c'est malheureux. Rien qu'à voir la gueule de la grande place de Lhassa aujourd'hui, par rapport à ce qu'elle fut, on comprend sa douleur. Socialisme soviétique et capitalisme néo-conservateur sont ex-aequo quand il s'agit de défigurer le monde. Le palais du Potala n'y a pas échappé.
       Pourquoi cette invasion ? Parce que le plateau tibétain est un foutu immense gisement de richesses naturelles, et pas pour des raisons de terre héréditaire ou ancestrale ou je ne sais quoi. Oui, oui, encore les mêmes conneries qui servent à justifier toutes les guerres de ce monde, la fameuse propriété du "sol de mon arrière-arrière-grand-papa [dont je ne sais même pas où on a foutu la tombe et donc je connais encore moins le prénom] mais qui aurait souhaité que cet héritage [où je n'ai même jamais foutu le pied] me revienne et pas que j'en sois spolié honteusement par des gens méchants, sournois et vicieux [que je ne connais pas non plus d'ailleurs, c'est pour ça que je peux aller les flinguer de bonne foi]."
       Pourquoi est-ce que je vous gonfle avec ça ? Pour ça. Le grand coin vide au dessus du Népal et du Boutan, là, sur Google Maps. C'est le Tibet. Aucune frontière. Encore aujourd'hui, sur le Net, on nie l'existence d'un pays tout entier. Fastoche.
       Et là, c'est quoi comme ville ? Rien. Et certainement pas Lhassa en tout cas.
Hé ben moi je dis que ça crains. Qui d'autre que moi trouve ça étrange que Google efface par pure couardise les siècles de culture et de vie tibétaine parce que l'administration américaine de l'époque s'est déballonnée comme toutes les puissances occidentales sous le vague prétexte qu'on n'en a rien à foutre du Tibet, ils habitent super loin, et pis on sait même pas qui c'est ? C'est pas parce que nos parents ont déconné qu'il faut à tout prix suivre leur glorieux exemple, si ?
       D'ailleurs, savez-vous que depuis 1950, pas un seul chef de l'Etat français n'a accepté de recevoir le Dalaï-Lama à l'Elysée ? Non ? Vous ignoriez ? C'est parce que tous ceux qu'on reçoit en visite officielle à l'Elysée sont des chefs d'Etat, et l'état tibétain, ça n'existe pas.
En tout cas, de moins en moins.
       Hé ben moi je dis que ça super crains.
              Et j'espère ne pas être le seul.

-G4rF-

vendredi 14 octobre 2005

Y'en a que ça surprend ?

Fond sonore : Mickey 3D - La France a peur

       Juste un petit truc en passant, diffusé sur France Info ce matin et qui ne va sûrement pas faire les journaux ce soir ni demain : une enquête de l'Insee réalisée sur un échantillon de 25 000 personnes nous révèle qu'entre les chiffres officiels sur les actes de violence et la réalité, il y a un facteur x5.
              Autrement dit (quelle surprise), la plupart des gens victimes de violence n'en font pas état officiellement (plainte à la police, ou au substitut du procureur) pour la raison incroyable -j'en tombe de mon siège- qu'ils connaissent les auteurs des violences. Ca vaut pour les femmes battues, mais aussi par exemple pour les gens de la copropriété où je crèche qui ont eu à subir le poids de la présence d'un dealer notoire allant jusqu'à menacer les gamins qui jouaient dans la cour.

       Je ne suis pas là pour jouer le couplet "La France a peur". Mais je suis quand même content que, sur un medium officiel, on entende diffuser clairement une information que tout un chacun dans les zones urbaines denses a sous les yeux à longueur de temps. Cesser de se voiler la face est une étape nécessaire pour affronter sereinement un problème.
              Mais si on faisait la même étude sur le chômage, à votre avis, on devrait multiplier par combien les chiffres officiels ? 2 ? 3 ? 10 ?

mercredi 12 octobre 2005

Blood'n'guts !

Fond sonore : Rage against the machine - Maggie's farm

       Grrr... le Cherche-Midi a refusé mon bouquin. Snif. Il en reste encore 9. J'y crois. Si, si, avec tous les copains qui m'ont poussé au train, je peux pas flancher ! Ha ha ! Tu vas voir ça, un peu, si y'a pas un éditeur qui va se laisser ferrer !
-G4rF-

lundi 10 octobre 2005

Merci le spam

Fond sonore : Ben Harper - With my own two hands

       C'est à mon grand regret que je dois activer un système de vérification qui entrera en fonction pour les utilisateurs laissant des commentaires (mention spéciale à toi HaTcH : désolé !). Après avoir vu venir la vague quand des conneries en pseudo français m'invitant joyeusement à visiter le super site ###KEYWORD### (j'invente rien) ou à acheter des chaussures ont été déposées, j'ai dû me résoudre à ne pas croire à une irruption de surréalisme sur la toile et à prendre des mesures contre les couillons qui s'imaginent que j'ai envie d'acheter des grolles neuves sur leurs sites bien nazes après avoir divagué sur cent lignes de post sur des sujets politico-loufoquo-n'import-nawakesques (alors qu'ils n'ont même pas ma pointure).
       Navré pour ceux qui vont en pâtir, j'espère que je n'aurai pas à conserver cette option trop longtemps.
       Bientôt, un nouveau post plein de hargne, de bave et de crapauds visqueux. Ouaiiis !

-G4rF-

       PS : big up en passant à tous les potes qui sont passés samedi soir, à HaTcH (de nouveau !) pour sa chanson et à BleZzZ pour ses dessins de fou furieux. My friends are so different... :-)

mardi 4 octobre 2005

Merci en passant

Fond sonore : Tryo - C'est du roots

       Je n'ai pas beaucoup de temps pour moi aujourd'hui, alors je veux juste dire merci en coup de vent aux éditions Calmann-Lévy. Non, ils n'ont pas dit qu'ils acceptaient mon bouquin (pour info, j'ai envoyé mon manuscrit à une dizaine d'éditeurs, et le délai du verdict oscille entre 1 mois et demi et 6 mois). Mais Calmann-Lévy est la seule maison à m'avoir envoyé un petit papier qui me remercie de la confiance que je lui fait en lui confiant mes écrits. En clair, ils se manifestent et font l'effort d'accuser réception de mon bouquin.
       Plutôt classe, non ? Dommage qu'ils soient les seuls pour l'instant.
       Même s'ils ne m'éditent pas au final, je trouve que ça valait le coup d'être dit.
              A plus les aminches.
-G4rF-

jeudi 29 septembre 2005

Après dissipation des brouillards matinaux

Fond sonore : Chumbawamba - Tubthumping

       Il fait un temps formidablement gris aujourd'hui au dessus du quartier de La Défense. Heureusement que la soirée d'hier a été sympa, parce que sinon avec l'extinction de voix qui me frappe douloureusement, je pense qu'il y aurait de quoi déprimer.

       Mais bon... les nouvelles du jour ne sont pas nécessairement mauvaises.

       D'accord, Sarkozy continue à faire de l'esbrouffe et à faire des effets d'annonce qui donnent l'impression qu'il est le seul à prendre les problèmes à bras le corps, au détail près qu'il le fait en s'asseyant sur tout ce que des siècles d'abus de pouvoir et de mépris absolu pour la personne humaine nous ont permis d'inscrire dans le marbre de nos lois et de nos constitutions. Méfiez-vous toujours des communicants.
              Rappelez-vous que dans les années 30, en Allemagne, alors que tout allait mal, le peuple a joyeusement choisi de donner sa confiance à un petit bonhomme qui criait très fort, qui en imposait à ses adversaires politiques parce qu'il savait manier la propagande avec habileté et qui n'a jamais hésité à user de la tromperie pour servir ses propres intérêts.
              Voyez le Sarko crier très fort et fouler aux pieds la séparation nécessaire et vitale de l'Eglise et de l'Etat, sous prétexte de "dépoussiérage" alors que jamais ce principe n'a été aussi contemporain et utile pour tracer un chemin à travers toutes les guéguerres de religion.
              Voyez le Sarko faire un battage médiatique monstre en préparant des interventions "réelles" de ses troupes de flics pile poil pour l'enregistrement et le passage sur TF1.
              Voyez le Sarko bouffer le temps d'antenne de tout le monde en s'affichant dans ses jolis costumes.
              Voyez le Sarko tromper le monde en disant que par son action la délinquance à Paris diminue alors que, pour ça, il a dépeuplé de ses flics toutes les banlieues les plus chaudes où, et ce n'est pas un euphémisme, le chaudron explose tous les jours.
              Certes, Nicolas n'est pas Adolf. Mais, en ce qui me concerne, il a les outils et les appuis nécessaires pour en prendre le chemin. Il n'est pas Adolf. Pas encore. Faisons en sorte qu'il reste Nicolas.

       Merde, j'avais dit que les nouvelles du jour n'étaient pas toutes mauvaises.

       Okay, parlons aussi des ferry détournés, des ports bloqués par des gens qui s'aperçoivent un peu tard que, quand on est dans un monde de droite, ça privatise à mort, ça déleste à donf, ça confie les outils d'utilité publique à des systèmes pour qui le public est un inconvénient dont on aimerait bien se débarrasser.
              La SNCM coûte trop cher. Mais elle est nécessaire. C'est ce qu'on pourrait appeller un service public. Ca n'a pas vocation à être rentable. Juste à ne pas gâcher de thune. Voilà.
              Alors d'un côté, j'emmerde avec la plus vive énergie les petits couillons au nationalisme mal placé qui veulent "rendre à la Corse" le matériel et les emplois de cette boîte, parce que si y'a bien un truc qui me fait rigoler, c'est d'imaginer le merdier total dans lequel se retrouverait la Corse si le gouvernement français accordait à la minorité autonomiste son voeu le plus cher.
              Mais d'un autre côté, j'emmerde les gens qui s'imaginent que chercher la rentabilité à tout crin est une façon honnête et raisonnable de faire son travail. Tout ce qui est fait au nom de l'actionnaire est rarement pour le bien de l'employé. Pourtant, sans l'employé, qu'est-ce qu'il lui reste, à l'actionnaire ? Hmm ? Que t'chi. Nada. Des clous.
              Un jour, peut-être, on laissera les gens bosser pépère, gagner leur vie sans trop en faire, et là, il n'est pas impossible que le moral général s'améliore d'un cran.

       Argh, j'avais dit que les nouvelles étaient bonnes !

       Et c'est vrai qu'il y a des bonnes nouvelles : par exemple, l'armée danoise vient d'indemniser un Père Noël parce qu'un vol en rase-mottes d'un de leurs jets avait fait clamser un de ses rennes. Rudolf, en plus, le chef de la meute !
              Et pis y'a aussi cette histoire d'anciens salariés d'une rhumerie colombienne qui, après le dépôt de bilan de celle-ci, se démerdent pour payer leur pension en fourguant pour leur compte des bouteilles restant dans le stock.
              Y'a aussi l'association des hôtesses et stewards aériens américains qui fait la gueule à cause du dernier film de Jodie Foster (qui devrait s'appeler "Plan de vol" en français, je crois) et où une hôtesse a le rôle de la méchante. Dis donc, heureusement qu'en France le conseil du culte musulman ne porte pas plainte à chaque fois que TF1 bave sur les français made in Nord-Af' en parlant des voitures qui brûlent, des cités qui puent et des tournantes dans les caves, parce que leurs avocats ne sauraient plus où donner de la tête !
              Infoutus de faire la différence entre la fiction et la réalité... c'est quand même fort, non ? Il paraît même qu'il y a des décisions de justice rendues par des jurés populaires qui sont de plus en plus favorables aux accusés parce que le brave gars du populo abreuvé de séries télé genre "Law and Order" et "Les experts" trouve que si on n'a pas trouvé la balle et l'empreinte digitale et l'ADN et le slip de la crémière, on n'a pas assez de preuve pour dire que le coupable est coupable. Watcha. Je vais aller piquer des bagnoles aux Etats-Unis, moi, jamais on pourra me condamner : suffit de mettre des gants, de brosser ses cheveux avant de sortir et de pas soulager une soudaine pulsion sexuelle sur la banquette...

       Dire que la Terre persiste à tourner avec toute cette connerie à sa surface, ça me sidère. Mais après tout, la vie c'est comme une boîte de chocolats. On sait jamais sur quoi on va tomber. On sait juste qui si on en prend trop, on va être malade, et que si c'est du Milka, faut pas y toucher parce que ça rend con.

-G4rF-