lundi 15 avril 2013

Du vent dans les saules...

Voilà un magnifique titre sans signification, pour un article qui revient aux sources de ce qu'est ce blog. La futitilititété. Pour les tanches. Enfin, un truc dans ce genre-là.

Vous le savez, vous qui par un curieux caprice du destin revenez ce jour sur la page d'expression individuelle d'un gars infoutu de finir de publier une recette de gâteau ou une recommandation d'attitude politique : ce blog, c'est vraiment n'importe quoi. C'était n'importe quoi, en tout cas.

Je dois vous passer quelques infos qui vous expliqueront, à vous les amis que je n'ai pas vu depuis longtemps, et à vous les pas amis que je n'ai jamais vu, ce qui fait qu'on peut abandonner un anti-journal intime pendant aussi longtemps et y revenir d'un coup, comme ça, un dimanche ensoleillé aux alentours de minuit, just for foune.

Info number ouane : j'en ai chié des briques en carbone kevlar depuis la naissance en 2010 de ma deuxième gamine. Je n'imaginais pas, à l'époque, l'épreuve physique que représenterait le fait d'être violemment privé d'un sommeil nécessaire et réparateur pendant DEUX PUTAINS DE LONGUES ANNEES.

Tout le monde a l'impression qu'on peut imaginer ce que c'est. C'est faux. Mais on peut facilement s'approcher de l'expérience en mettant en place un environnement spécifique où, mettons, la personne que vous aimez le plus au monde vous empêche systématiquement de cumuler plus de 3 heures de sommeil, et ce pour les raisons les plus foirasses du monde. Et ça dure. Et ça dure. Quand vous avez envie que ça s'arrête, ça continue. D'un coup, ça stoppe, mais ça reprend 3 jours après. Quand vous avez envie d'en venir aux mains, ça continue. Quand vous hurlez que ça vous tue à petit feu, ça continue. Quand vous envisagez sérieusement un meurtre simple et silencieux, à la faveur d'une mauvaise lune, ça continue.

J'y suis passé. Y'a des gens que je méprise profondément, hein, des qui n'ont aucune excuse pour être les imbéciles satisfaits qu'ils sont, qui ont tous les moyens de changer ça et aucune envie de le faire. Hé ben, même à ces cons-là, je ne le souhaiterais pas. Ou alors pas trop. Pas longtemps. Enfin, le minimum syndical, quoi.

Info number tou : je suis passé par des moments de profonde déprime (ça colle parfaitement avec la privation de sommeil, l'occasion de tirer des constats très nietzchéens sur l'influence du contenant (le corps) sur le contenu (le jus de méninge). Ma vie personnelle a été un foutoir sans nom. Vous n'avez pas besoin d'en savoir plus si vous n'êtes pas déjà au courant ou que vous espérez que je déballe mon intimité relationnelle, en pleine crise de logorrhée nocturne.

Info number tou et demi : mon fidèle groupe de zique m'a tout simplement explosé dans les mains pas plus tard que la semaine dernière.

A cette occasion, j'ai envie de traiter quelques individus d'andouilles, d'autres de pauvres nazes et enfin quelques-uns de blaireaux, mais d'une certaine façon, faut être honnête : ça me rend un peu service.

Franchement, j'en avais ras-le-bol de glaire d'assumer la continuité d'un mode de gestion des crises qui m'a systématiquement vu faire profil bas, au nom du sacro-saint principe qui veut que le tout vaut plus que la somme des parties et qu'un singe affamé évite de casser les couilles de celui qui le nourrit en bananes. Mais voilà, au bout d'un moment, l'amertume de la banane, tu peux plus l'oublier, même par la grâce improbable de la diversion incarnée par l'ineffable beauté callipyge qui nous servit le boire et le manger lors de notre dernier concert à ce jour. Enfin, de notre dernier concert. Au Hideout de la gare du Nord. Qu'elle était belle, cette fille, blonde avec des dreads et de quoi faire pousser des bourgeons sur un arbre pétrifié, nom d'une couille de petit pois...

Bref. Ras-le-bol d'écraser ma gueule quand quelqu'un, par ailleurs potentiellement fort aimable ou joyeusement primesautier, me sort une connerie olympienne, élyséenne, himalayesque pour justifier son refus de ne pas faire [mentionner ici n'importe laquelle des milliards de choses que des gens de mon groupe ont dit qu'ils feraient et qu'ils n'ont jamais été foutus de faire parce que ce sont des artistes, des gens sensibles, qu'ils faut les ménager et donc éviter autant que possible de leur dire d'aller se faire déplisser la rondelle à l'aide d'une batte de base-ball, même quand ce serait manifestement la seule chose à faire pour évoquer avec justesse l'émotion qu'ils évoquent en moi entre deux crises de haine dévorante pour la connerie ordinaire et la médiocrité canivaloïde*].

Pendant des années, mon leadership musical c'était : gentil, arrangeant, moyennement coercitif, en mode diplomate. Ya basta, putain de merde ! J'ajouterai même bite, car tant que j'y suis à placer du juron et à faire dans le vulgaire, je peux au moins ramener la conversation vers un sujet simple et globalement maîtrisé par mon innombrable lectorat d'environ... euh... vous êtes combien, à me lire, au fait ? Tiens, question surprise de G4rF : si tu me lis, écris-moi un commentaire avec le nom de ton dessert préféré. Et si t'as pas de dessert préféré, trouve-t-en un vite fait, car sinon ta vie manquerait de sens (et de glucose). Et lâche un commentaire avec son nom. C'est bien plus intéressant qu'un compteur de visites, et c'est plus personnel (et débile) aussi, ce qui me sied avec nettement plus d'adéquation.

Bref, les HaggiS sont dans le coma, suite à des licenciements suivis d'une démission. Et moi, ben ça me rend triste, mais je suis content aussi de pouvoir ôter de mon crâne la casquette étroite du négociateur permanent, et de pouvoir dire ce que je pense.

Tiens, exemple de ce que je pense et que je ne pouvais pas dire : les gens qui disent qu'ils mixent, et qui mixent pas, et qui après t'expliquent que c'est ta faute, ben ils méritent l'étiquette de Jean-Foutre écrite à la plume d'oie à l'encre de chine, parce que c'est ce qu'ils sont.

Ceux qui disent que "C'est toi que je t'aime", c'est pas de la musique, ils feraient bien de se rappeler qui produisait les Inconnus, qui il a produit avant, qui il a produit après, et de s'apercevoir que sans la musique, tu peux facilement retirer 50% du succès des Inconnus. Ca n'ôte rien à leur talent (moi je les connais et je kiffe leurs conneries depuis l'époque Philippe Bouvard/Seymour Brussel/Smaïn)(d'ailleurs, que devient Chi ? Qu'est-ce qu'il était fort, ce mec-là...). Mais voilà, "Auteuil Neuilly Passy", ça a beau picorer sévère dans l'auge de Maceo Parker, c'est de la musique. Et la Negra Bouch'Beat, ben c'est pareil. C'est de la musique. Quand je chante ce truc devant 200 personnes et que 200 personnes gueulent le refrain, je trouve qu'elles sont dans le vrai. Du coup, me dire que c'est pas de la zique, c'est une connerie galactique qui aurait mieux fait de rester sur orbite au lieu de venir me péter les tympans (et les carreaux) en enfumant mon atmosphère.

Ouais, trop cool, G4rF dit du mal, il aime bien dire du mal, il continue.

Ce que je pense, c'est qu'un bon musicien, c'est quelqu'un qui met son caractère dans sa musique, au lieu de lui mettre une casquette de maton, à son caractère de merde, et à lui faire tirer à vue du haut de son mirador sur tout ce qui a le malheur de s'approcher de sa petite chasse gardée musicale à la con de mes yeukous. On a le droit d'aimer, on a le droit de pas aimer, mais quand on est musicos, on argumente sur du concret, bordel !

Ce que je pense, encore et toujours, c'est qu'il n'y a pas loin de la bande de potes à la bande de cons, et de la bande de cons au foirage intégral. Et que, du haut de ma petite expérience de leader d'un groupe amateur inconnu et infoutu d'avancer pour tout un tas de bonnes mauvaises raisons, ben j'ai développé mon 6ème sens de l'araignée et de M. Night Shyamalan qui me permet de sentir le passage d'un niveau à l'autre. Et là, les voyants sont au rouge cramoisi depuis environ 6 mois (ceci n'obérant en rien que certains desdits voyants ont fini par péter un vaisseau et se vider de leur sang comme des merdes, car si y'a bien une chose de plus parlante qu'un voyant rouge vif, c'est un voyant mort et plein de mouches nécrophages).

Du coup, après cette unique journée ensoleillée depuis l'an douze cent vingt trois après la naissance des HaggiS, journée qui m'a vu débiter des bûches à la scie à main au lieu d'aller me prélasser tranquillos sur la pelouse et de faire joujou avec mes gamines, ben j'éprouve le besoin de revenir sur ces pages parler de ma gueule et de mon cul.

The times, they are a-changing, disait Bob a-Dylan. Oué, bien vu l'aveugle, si ça c'est pas la sagesse en pack de douze, moi chuis Bouddha !

Oui, les temps changent, les gensses aussi. Mes centres d'intérêt, eux, ont une certaine tendance à la fixitude. Je vois bien, au fur et à mesure que j'écris ces lignes que je relirai demain en me disant régulièrement "putain, mais là on y panne rien" et "t'écris vraiment comme un goret, ducon", je vois bien, donc, que j'y prends du plaisir.

Plaisir facile et logorrhéique, mais plaisir quand même, du genre solitaire mais présentable (après ce plaisir solitaire là, tu peux serrer la main de quelqu'un sans voir passer sur son visage l'ombre fugace d'une inquiétude sournoise tandis qu'il essaie de deviner si t'es droitier aussi pour ça).

Et j'aime faire de la zique, même si y'a plus que mon ToM et mon Ceubri pour donner du corps au quotidien à mes projets musicocos.

Pour ce qui est de mon cul, figurez-vous qu'après l'épisode HaggiS, ça me pique un peu. Bien qu'une charmante personne de ma connaissance ait, à la suite d'un désopilant concours de circonstances et d'une maladresse hilarifiante, proposé d'apaiser ma douleur avec des bisous, ça se soigne tout doucettement.

Non, en fait, si j'évoquais là-haut le vent dans les saules, c'est pour une autre raison. Raison que j'exposerai dans le prochain paragraphe, si seulement il n'était pas déjà occupé par ce qui suit, et qui constitue la restitution en mode copier-coller du mail que j'ai envoyé à tous les anciens HaggiS lorsque j'ai prononcé l'arrêt de mise en standby prolongé de mon groupe. Parce que, oui, c'est MON groupe. Du coup, la raison viendra au paragraphe encore après (suivez, un peu, quoi !)(c'est pourtant clair...).

Salut à vous tous, les HaggiS d'hier ou d'aujourd'hui,

Pour certains, les HaggiS, c'est un vieux souvenir, pour d'autres une sale histoire,
ou une belle, ou une bonne expérience.

Aujourd'hui, après un bon paquet d'années à courir après leur identité, Les HaggiS
ferment boutique pour une durée indéterminée.

Au moment même où, enfin, il enregistrait un peu sérieusement ses compositions les
plus valables, le groupe s'est fissuré et a fini par péter.
Ces six derniers mois ont été particulièrement éprouvants, ça a été la pire crise que
le groupe a connu (et vous savez tous que le groupe en a connu un bon paquet, pour
avoir été là et les avoir subies), et après 2 départs forcés et un départ volontaire,
il reste le batteur... et moi.
Je suis notoirement fatigué par tout ce foutoir, et je regrette l'époque du tout début
où les HaggiS, c'étaient juste des cons qui voulaient reprendre du FFF et boire des
reubié. On jouait moins bien, mais on rigolait plusse bien.

Sans faire trop dans le larmoyant, je veux que chacun, copain ou ex-copain, ami ou
non, sache que sa contribution, petite ou grande, à cette histoire foutraque n'est pas
passée inaperçue et a permis de faire grandir ce truc bizarre et de lui faire vivre
quelques grands moments. On a fait de belles merdes, on a aussi fait de belles choses,
et sans vous c'était impossible. Merci pour tout.

Je reste persuadé que ce groupe est un truc à part, je reste convaincu qu'on a fait
de la bonne musique, et je m'autorise présentement à faire usage de tout ce que nous
avons créé collectivement, pas par intérêt personnel (vu qu'on n'en vendra pas 2
titres, notant qu'il n'y a toujours rien de mixé définitivement), mais parce que
j'aime cette zique et je veux la faire exister.

Côté projets, voilà où j'en suis, moi :
- je vais finir avec ToM le mixage des morceaux qu'on a enregistrés - ça devrait être
bouclé fin de semaine pro, et ceux que ça intéresse sont invités à me le signaler, je
leur ferai passer ;
- je vais activer le side-project loufoque "Phatee's Life" (avec ToM) - ça va être de
l'électro-con, tout un programme, et on a un album complet à faire ;
- j'ai 4 morceaux à faire avec l'ami Brice pour notre mini-projet "Les violeuses de
poulpes", et les contributeurs sont bienvenus pour peu qu'ils acceptent de faire
n'importe quoi, de donner suite à des demandes débiles et de laisser leur dignité de
musicien au vestiaire ;
- j'ai des propositions pour ziquer avec d'anciens HaggiS... ça me tente pas mal ;
- et si j'ai le courage de remettre le bouzin en route, après un petit moment pour
laisser cicatriser le cul qui me fait plutôt mal présentement, je vais rebooter les
HaggiS en mode simple et fonky, avec tous ceux qui seront assez tarés pour refaire
un bout de route avec ma gueule.

A la revoyure mes lapinou(te)(s), faisez de la musique,
G4rF

Nous y voilà, donc. A la raison de ce titre mystérieux, de ce retour impromptu et peu crédible sur le devant d'une scène enkystée de poussière et qui sent à peu près pareil que l'ascenseur social depuis environ 45 ans**.

J'ai eu l'occasion de m'apercevoir qu'une citation à moi qui est de moi et est donc absolument mienne serait tout à fait à sa place dans une collection à la wikiquote, mais qu'elle a peu de chances d'y apparaître parce que je ne suis pas encore suffisamment connu (ou mort) pour avoir le droit d'être cité comme référence. Ca doit sans doute tenir à ma passion pour les échecs. Et si vous avez pour 2 sous de neurones sous le capot, vous aurez compris que je n'aborde rien qui ait un rapport avec Karpov ou Spassky.

Vous me direz, quand vous l'aurez lue, que c'est juste de l'essence ordinaire à citation, hein, c'est le genre de phrase de bon sens qui encrasse un peu les carbus et qui fait pester le mécano de l'esprit quand il s'aperçoit à la prochaine vidange-graissage que c'est tout encalaminé et qu'il va en chier des pelleteuses fluo à tout décaper à coups de lime.

Mais quand même. Voilà. C'est mon petit enfant monstrueux. Et, vu qu'il a l'heur de s'attirer la sympathie de quelques comparses informaticiens, je vous le plante ici, là :

Quand tout devient urgent, plus rien ne l'est. ©G4rF, 2008.


Mettez-moi ça sur Wikiquote, et peut-être trouverai-je en moi la force de finir d'écrire mon 2ème livre.

G4rF

* ça veut dire : digne du caniveau. C'est de moi. Copyright dans ton cul, et tout ça.

** : je crois que c'est dans "Le guide du routard galactique", tome 2 (donc, le dernier resto ekcétra ekcétra), que Douglas Adams décrivait ça comme "une odeur d'impatience". Décidément, pour te pondre une image percutante et efficace, y'a pas plus balaise que des satiriques et des humoristes.