lundi 24 septembre 2007

Retour en ligne (contient un poème)

       Juste un mot en passant pour dire que je suis toujours vivant, malgré les apparences. Loin d'avoir réglé tous mes problèmes, mais j'ai fait du progrès dans ma laïfe depuis mes très très courtes vacances d'été. J'ai maté plein de détournements de Mozinor (grâce lui en soit rendu, il me fait vraiment marrer avec son Grissomus, ses schkreups et son "tu peux frapper au gloubouks !" -- et je te parle pas des repompes réorchestrées de Gainsbarre, c'est du bonheur qui coule dans l'oreille), j'ai écouté plein de fonk, et j'ai presque fini tous les bouquins du cycle "Fondation" d'Isaac Asimov (reste plus que l'Aube de Fondation).
Prochaine étape : le cycle des Robots du même Asimov. Et pis après, je vais me manger Bradbury et ses délires martiens. Et pis faudra aussi que j'écrive un peu, un de ces jours. Je veux dire, ailleurs que sur des lettres pour me plaindre de la stupidité confite de VNF et de la pression fiscale de ce pays de couille.
 
        V oilà aussi un petit poème pas tout à fait instantané. Ca s'appelle "A l'ombre du pic", et je l'ai écrit en écoutant Yat-Kha ce qui fait que je n'ai aucun mérite :
 

                  "Abrité dans l'ombre fraîche du pic dans la vallée

Mes traces de pas dans l'herbe sont doucement balayées

Sur ce chemin éternel, chaque homme qui passe est le premier

Car la terre bien trop fière ne se laisse pas marquer

 

                  Le rocher gris qui m'accueille m'a soutenu l'an dernier

Il sera encore debout, seul, quand je serai trop vieux pour marcher

Et le fils du fils de l'aigle que je vois au ciel planer

Poussera les nuages de ses ailes lorsque je m'effondrerai

 

                  Entre les épaules de pierre du géant ensommeillé

Cascade bruyamment la rivière que jusqu'ici j'ai longé

Sur la pointe de sa vertèbre, je me repose et m'assieds

Je ferme les yeux et essaie de le sentir respirer

 

                  Ce frémissement dans l'air si transparent et glacé

C'est le chant lent de la terre où je ne fais que passer

Mon cheminement de fourmi progressant en pointillés

Me révèle le cœur désert de cette steppe oubliée

 

                  J'y vécus mes pires hivers, mes plus scintillants étés

Et toujours cette herbe longue sauvage et irraisonnée

Qui vous cingle et vous agrippe, que seule la pluie fait ployer

Vous rappelle qu'en ce pays chaque seconde est gagnée."

 
        A très bientôt pour des nouvelles des HaggiS et de notre futur 4-titres.
-G4rF-

lundi 23 juillet 2007

mercredi 18 juillet 2007

Smack ! in my face...

       


       Un petit mot en passant pour faire mon intéressant (comme d'hab). Je viens de finir de lire les 2 premiers tomes d'Endymion (Dan Simmons), j'attaque l'Eveil d'Endymion, pour l'instant ça contient que du bonheur, même si l'étendue de l'histoire et les concepts techno développés me perdent un peu.
              J'ai appris en passant qu'il s'était pas mal inspiré pour ces histoires, en plus bien évidemment de la poésie de Keats, du bouquin "Out of Control" de Kevin Kelly. Des tas d'autres bouquins y faisant référence, je l'ai commandé aux US et je l'ai bouffé. Plein de bonnes choses et de trucs intéressants, même si le pavé date déjà de 15 ans et que la science a pas mal bougé depuis. Bordélique, mais intéressant.
       Après "Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles" de Bernard Maris (cf "Enterrement de bulletin (urne funéraire ?)") j'ai achevé "La grande désillusion" de Joseph E. Stiglitz, Nobel d'Economie et économiste en chef sous Clinton puis à la Banque Mondiale. Bien qu'il s'agisse d'un capitaliste convaincu, il est aussi convaincu du fait que le creusement de plus en plus abrupt en richesse et pauvreté, à la fois entre les hémisphères mais aussi entre les citoyens des pays occidentaux, tient à la façon autistique dont les institutions économiques internationales, mais aussi le club privé des pays riches prônent l'ouverture et la transparence et la libéralisation massive et le désengagement de l'Etat dans tous les pays "en développement", alors qu'ils se gardent bien d'appliquer ces beaux principes jusqu'au-boutistes à eux-mêmes. Edifiant.
              On a juste envie de demander à l'auteur : "mais dis-donc, toi qu'a été économiste en chef de Clinton, pourquoi tu fais ton étonné à confesser les péchés des autres, alors que t'étais quand même 1er conseiller du Mister Univers du moment ? Pourquoi tu t'es pas bougé le cul quand t'avais le pouvoir de le faire, nabot bleu ?"...

       Dans le même temps, je commence à gober "Les voies du chant", de Jean-Pierre Blivet, en attendant d'avoir les moyens de me payer des cours de chant, des vrais. Intéressant, mais putain de bordélique et l'auteur ne craint pas de se répéter dès qu'il s'agit d'un concept qui lui tient à coeur. De là ressort l'impression d'un goût de poussière pédagogique, et son immense admiration pour les maîtres italiens du bel canto semblent lui faire oublier que le public de son bouquin n'est pas forcément à genou devant les dorures et adorateur acharné de la triple croche en clé d'ut : bref, le lecteur non-professionnel et pas éclairé (s'il était éclairé, il aurait pas besoin d'un bouquin) doit avaler de force le bouillon au goût un peu rance dans lequel ce type, qui est sûrement un très bon prof dans le réel, balance dans un relatif désordre tous ses concepts et toute sa science anatomique de l'appareil phonatoire avec une sensation de "si tu comprends pas, j'vais pas te le refaire" qui m'exaspère toutes les 2 pages.
              Le côté didactique me semble se diluer dans la forme adoptée et dans l'amour d'une exactitude stricte du propos pas forcément utile d'entrée, alors que le fond est intéressant et clairement très riche et étudié. C'est dommage. J'apprends de bonnes choses quand même, mais c'est loin d'être aussi fun à lire qu'un "Le chant pour les Nuls", ce qui est regrettable : c'est pas en cassant d'entrée les genoux des béotiens en leur faisant bien sentir à quel point ils n'y connaissent rien qu'on leur donne envie de partager sa passion et de lire un peu plus.
              J'ai acheté aussi "La voix libérée" d'Yva Barthélémy, que j'ai pas encore lu. J'en parlerais un peu plus tard, quand j'en aurai fait le tour. J'espère y trouver une démarche pas forcément plus simple, mais au moins plus humble et plus adaptée à un gars qui, franchement, connaît 2-3 trucs de base et voudrait se sentir moins con arrivé à la dernière page.

       Autre medium : le DVD. J'ai profité lâchement d'une échappée de ma moitié pour commencer à mater "Beside you in time", aka Halo 22 de Nine Inch Nails. Putain que c'est bon. De la ouache à donf, une franchise et une intégrité pareille, ça vous donne envie de jouer et de répéter tous les jours pour devenir aussi bon et aussi créatif. Je kiffe veugra sa race en slip mauve. Au minimum.
              Voilà, j'ai fini ma séquence "je lis plein de trucs et je vous gave avec". Bientôt, un post différent sur un sujet qui n'aura sans doute rien à voir.

       Oh, j'oubliais : j'ai enfin pu lire "Matin brun" de Franck Pavloff. Moins de 10 pages, écrit gros, et ça suffit à vous expliquer en termes clairs ce qu'est le totalitarisme, l'autoritarisme, et l'abdication progressive des libertés et de la conscience humaine face au confort du laisser-faire (qui se paie cher, très très cher). A placer entre toutes les mains, à commencer par celles de tous les béni-oui-oui qui gobent les sarkozysmes quotidiens en souriant, et parviennent à vivre en étant persuadés que le Salut vient de la Fermeté. Vous savez, ces bonshommes et bonnes femmes qui sont bien contents de découvrir les ASSEDIC le jour où la fatalité aveugle, qui le plus souvent s'acharne sur les faibles, les jette soudain à bas de leurs berceaux dorés directement dans la fosse où surnagent péniblement le plus grand nombre, de la fange jusqu'au cou pour les plus chanceux...

       Je me plais à penser que si la métempsycose est une réalité, et si je parviens au bout de mes existences sans tuer quiconque et en modérant ma cruauté, Sarko et ses admirateurs nantis auront encore pas mal de tours gratuits à se taper sur la Roue du Karma quand j'en descendrai. Allez allez, roulez petits bolides !


-G4rF-


vendredi 6 juillet 2007

Mi-figue mi-olu

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Ouais.
       Bof.
       Bien, mais quand même pas top.
       Ca fait déjà deux semaines, et franchemetn ça m'a pas laissé un souvenir impérissable. Je crois que c'est ça le plus chiant, en fait. Je parle bien sûr de la Fête de la Musique.
              Evidemment, revoir les copains ça fait toujours plaisir, et puis pour une fois qu'on avait des compos à présenter, elles ont quand même été vachement bien reçues. Mais le coin... franchement, super bof.
       Ca nous a quand même coûté la bagatelle de 130 Euros de location de matos, on s'est fait chier à trimballer tout ça dans tous les coins, bref on a quand même galéré.
              Et quand je fais la comparaison avec les années d'avant, où on jouait moins bien et avec moins de matos, et qu'on blindait le boulevard Saint Germain de people, ben... ben ça fait chier d'avoir joué devant si peu de gens. Au milieu d'un carrefour. Avec les bagnoles qui continuent à circuler. Et des super effets de lights, sans table de liaison DMX (ça s'appelle des feux rouges).

       Dommage, ça aurait pu être bien mieux, mais c'était vraiment trop loin de tout. Et du coup, alors que les années précédentes on finissait trop tôt parce qu'on était excités et qu'on jouait tous les morceaux trop vites, ben cette année on a fini trop tôt parce qu'on faisait maxi une ou deux minutes de pause entre deux morceaux (pour pas laisser tomber l'enthousiasme de 40-50 personnes maxi présentes), et paf c'est reparti pour le suivant.
              Dommage, dommage... mais bon.
       Retenons le côté positif : on peut retourner jouer quand on veut pour le Grillon, on sait qu'on sera bien reçus. Les die-hard fans étaient là, et ça fait du bien à nos egos surdimensionnés de rock stars atrophiées.
              On a signé des autographes, pour la première fois je crois (HaTcH me contredira sans doute, je sais plus trop si c'était déjà arrivé). Bon, d'accord, à des gamines de 10-12 ans, mais des autographes quand même. Et puis dans l'ensemble, c'était une bonne expérience. Comme tous les concerts où le matos n'explose pas entre les mains et où le son est correct. C'est-à-dire... ben, pas tous les concerts, en fait !
       Maintenant, c'est retour à la compo, et je vais faire un effort pour agrandir petit à petit la formation en convaincant mon petit monde que c'est pour le mieux. De ça, je suis convaincu. C'est vrai que la gratte rythmique et le clavier, ça va sans doute moins se jouer sur le talent que sur l'ouverture d'esprit et l'envie de jouer n'importe quoi tant qu'on joue, chez les potentiels futurs membres.
              Mais bon, on n'en est pas là, faut encore que je finisse de ripper la dernière répèt, la découper, la mettre à dispo pour les potos, bref y'a du taff !
              Allez, on y croit, on se bat.

       Dans d'autres nouvelles, je viens de me faire aligner par VNF pour stationnement du bateau sans titre. Après avoir contacté la principale assoc' de défense de l'habitat fluvial, j'en ai appris d'encore plus belles sur VNF que je ne croyais possible. Ces nazes (je pense qu'on peut parler de nazes quand on confie une mission précise à une entreprise publique et que celle-ci, sans doute motivée par une direction étrangement conservatrice, choisit de se fâcher avec tout le monde et de pratiquer le statu-quo pour pas qu'on vienne effleurer la pelouse de son petit pré carré), ces nazes, donc, n'ont pas créé une seule nouvelle place de stationnement en Ile-De-France en quinze ans.
              15 ans sans rien !

       Moi, en quinze ans, j'ai passé mon bac, j'ai passé mon diplôme d'ingé, de technicien supérieur, j'ai passé mon permis, j'ai rencontré ma femme, j'ai loué mon premier appart, j'ai acheté mes meubles, j'ai fait un enfant, j'ai écrit un bouquin. Bref, j'ai été actif sur mon domaine.
              Et eux, là, qu'est-ce qu'ils ont fait ? Des règlements liberticides appliquées pointilleusement au détriment évident du plus élémentaire bon sens par des gens qui se planquent derrière une "responsabilité pénale" dont j'aimerais bien qu'on me détaille (pour rire un peu) les tenants et aboutissants, juste pour ne surtout rien avoir à faire. L'exemple magnifiquement occidental du "c'est pas mon problème" que le monde entier nous reproche. Avec raison.
              A ce tarif-là, franchement, est-ce qu'il vaut mieux confier cette responsabilité à un corps d'Etat qui n'en fout pas une et se cogne ouvertement des conséquences de ses décisions sur les vrais gens humains qui se retrouvent au tribunal pour avoir eu la bêtise infinie de vouloir stationner un bateau là où il ne gêne personne et où rien ne se passe jamais (parce que VNF laisse pourrir le patrimoine public dont la responsabilité lui a échu) ?
              Ou bien faut-il envisager de scinder clairement la gestion des ouvrages d'art, la gestion du traffic commercial et la gestion de l'habitat fluvial en reconnaissant au passage, comme la simple logique le réclame, qu'un bateau à quai utilisé comme logement fixe devienne un bien immeuble ?

       Ben voilà. C'est simple. Mais VNF Paris (parce que j'ai rien contre le reste de VNF France, jusque là je n'ai eu que des bons rapports avec mes interlocuteurs de province) est figé dans un rôle de juge et partie tout puissant, comme un gendarme Cruchot à deux francs qui plante un panneau "stationnement interdit" en plein milieu de la cambrousse après que votre voiture soit venue s'y arrêter, et vous colle un PV en se frottant les mains et en clamant son bon droit au nom de la Loi (je vous arrête).

       Quand on décidera de faire des voies d'eau les axes de vie que sont les routes pour les usagers de la bagnole et les lignes de chemin de fer pour les commuters, quand on réalisera qu'il vaut mieux ne pas confier à un manchot la réfection du mur, ni à un sourd le standard téléphonique, il y aura soudain une lueur d'espoir baignant les quelques 3 000 propriétaires de bateaux sauvés de la ferraille pour devenir des habitations. Ce jour-là, s'il arrive enfin, on se dira : "on a enfin réussi à trouver un antidote à la connerie !".

       Malheureusement, pour ce qui est de faire n'importe quoi en faisant chier (et surtout payer) un maximum de monde, le Virus de la Navigation de France a une encâblure d'avance sur les chercheurs de vaccin.

-G4rF-

              PS : pour ceux qui se demanderaient le pourquoi du comment du jeu de mots pourri dans le titre, c'est juste que dans l'actualité, le PDG de Danone qui, il y a deux mois, ne voyait pas l'intérêt de céder sa filiale biscuits, est en passe de fourguer le petit LU à Kraft.
              Vous savez, Kraft, de Kraft-Jacobs-Suchard, des barres de chocolat, des vaches mauves et des procès pour cybersquatting à une couturière de Valence qui, pauvre d'elle, fut baptisée Milka par Papa et Maman... ça promet pour les Figolu, ça.
              Remarquez, moi j'aime pas les Figolu (on dirait une citation du Schtroumpf Grognon), alors ça devrait pas m'émouvoir, mais quand je revois les vieilles boîtes en métal Lefèvre-Utile de chez mamie (oui, Lefèvre-Utile, L-U, LU quoi), ben je me demande à quelle sauce Kraft va nous les préparer, les petits beurre. Plutôt goût plastique, parfum restructuration avec des vrais morceaux entiers de délocalisation et de drame social dedans. Ouais ! Des biscuits façon Michelin ! Miam...

lundi 18 juin 2007

Députation, représentation... poil au piston.

Fond sonore : Bronski Beat - Smalltown boy


       Hello les amis ! Je suis d'humeur plutôt joyeuse en ce jour. J'ai en effet eu la satisfaction de constater que :
              - Juppé, déboulonné de ses fonctions après avoir trempé dans les affaires de Chirac et s'être lavé la main de toute souillure genre "je suis au dessus de ça, ça ne me concerne pas",
              - Juppé, qui n'a pas hésité à se présenter à la députation (c'est-à-dire pour représenter les intérêts de ses électeurs à l'assemblée nationale) tout en affichant clairement que le boulot serait cogné par son suppléant puisque lui-même serait occupé, en tant que Ministre d'Etat, à flatter les critères de Hulot tout en enculant la planète,
              - Juppé, qui a montré très tôt à quel point la préservation de la nature par la résistance aux lobbys était sa préoccupation première ( lisez donc ça),
              - Juppé inéligible 10 ans en première instance et 1 an en appel (mais 10 ans, ça aurait été un bon exemple, ce qu'on appelle une jurisprudence, et ça aurait peut-être incité les autres magouillards de gauche, de droite ou du milieu à calmer le jeu)(ou à être plus discret)(ce qui dans tous les cas coûte moins de blé aux contribuables),
              - Juppé, qui relança en son temps les ventes automobiles avec une prime qui fit hurler de rage les partisans d'une écologie à laquelle il nous était demandé de croire désormais qu'il s'était converti, promis juré craché, croix de bois croix de fer, si je mens, je vais à Denfert,
              ...Juppé, Alain de son prénom, est devenu chômeur ce jour. Nul doute que c'est avec joie que les canadiens lui ouvriront de nouveau leurs portes pour qu'il vienne étaler sa suffisance chez ceux qui croyaient enfin en être débarrassés (camarades transatlantiques, je vous plains : devoir vous bouffer nos déchets électoraux, ça doit être aussi dégueu pour vous que nous avons du mal à recycler vos déchets de variété musicale). D'ailleurs, il le déclarait lui-même il y a un peu plus d'un an : "je n'ai aucune intention de reprendre des responsabilités politiques nationales". Ben voyons. Je crois qu'il a dû s'inscrire par mégarde comme candidat. La plume qui glisse au coin d'un post-it pendant qu'il est au téléphone, et hop, une signature malencontreuse au bas d'un formulaire d'inscription (qui était là par hasard, apporté par un vent facétieux). Et sans doute a-t-il cru que Sarkozy voulait lui offrir un ghetto-blaster et de l'argent fauché à un haut fonctionnaire quand il lui a offert "un poste et un portefeuille ministériel". Hmm... ouais, ça doit être ça.
      Ce qui me fait plaisir également, c'est cette suggestion faite par la Facts Only Agency, tout à l'honneur du pan-américanisme viscéral de notre sémillant Petit Père des Riches : rétablir une carte électorale législative qui colle à la réalité, ainsi que cela se fait chez l'Oncle Sam avec plus ou moins de bonheur ( lisez ça). J'ignore ce qui me donne ce sentiment, mais j'ai comme l'impression que personne ne montera au créneau à l'Assembleue Nationale pour mettre l'ancien ministre de l'Intérieur face à ses responsabilités (en langage non- xyloglotte : lui mettre le nez dans son caca).
              Ni au PS, où ça ferait un peu trop revanchard et opportuniste (mais après tout, oeuvrer pour l'égalité de représentation constitue-t-il forcément de l'opportunisme ? Ne serait-ce pas plutôt faire son putain de boulot, et défendre l'intérêt du citoyen ?). Ni au Nouveau Centre, évidemment (puisque plus excentré que ce centre-là, tu meurs : fabrique une bagnole avec des roues Nouveau Centre, t'es sûr qu'elle tiendra toujours sa droite). Ni chez Bayrou, malgré le fait qu'à mon sens ce geste le grandirait. Peut-être chez les Verts et les Rouges ?
       Comme j'ai déjà eu l'occasion d'écrire à Patrick Braouezec (c'est mon député de ma circonscription à moi) et que, chose extraordinaire, il m'a répondu personnellement, je vais lui soumettre l'idée. On sait jamais... ça pourrait faire du chemin. En tout cas, ce serait marrant de voir se rééquilibrer un peu la représentation du peuple, non ? On y croit à mort.
       Allez, et viendez tous à la Fête de la Musique écouter les HaggiS, ou bien je vous dénonce !


-G4rF-


       Edit : merdum. J'avais oublié qu'il était encore maire de Bordeaux. Mais bon... il y a de l'espoir, après tout. Si seulement il pouvait se prendre une bonne veste aux prochaines municipales, on pourrait enfin tourner la page Juppette. Si la circonscription passe à gauche (et encore une fois, je sais rien de ce que vaut la nouvelle députée), peut-être l'emprise soixantenaire des conservateurs sur la ville de Bordeaux va-t-elle finir par vaciller... bientôt... on peut toujours rêver, non ?
              Mais faudrait pas non plus que le successeur fasse pire que lui, ce qui est toujours possible quel que soit le bord politique, alors ne rêvons pas trop fort.

vendredi 15 juin 2007

Zik

Fond sonore : Les Fatals Picards - Partenaire particulier


 

       Nous y rev'là ! C'est la bonne époque où les HaggiS sortent de leur trou pour monter au front, à l'occasion de la Fête de la Musique (et qu'on cesse de créditer Jack Lang de la paternité de cette idée : tout ce qu'il a fait, lui, c'est donner les moyens de la faire à son créateur, Maurice Fleuret.)
              Et comme cette année a vu un renouveau important des HaggiS puisqu'on est rentrés violemment en phase de compo (avec les pertes et fracas inévitables qui accompagnent ce genre de virage), on va avoir des morceaux à nous à montrer (et à faire applaudir, on y croit).
       J'espère ensuite pouvoir amorcer une nouvelle phase de croissance du groupe, afin d'avoir une section guitare solide (une bonne rythmique qui sache dialoguer avec le solo de MiKaChu sans trop contraindre ses délires, c'est ça qu'il nous faudrait) et inévitablement un clavier parce que je le constate de plus en plus, c'est vraiment pas là où je suis le plus efficace, et je crois que ça ferait l'affaire sur tout ce qu'on a de funk, de reggae (mon royaume pour des effets de cuivre !).
       En attendant, les HaggiS sont désormais visibles ici : The Haggis on Virb.com.
              Quant au concert, ça se passera là :

       Rendez-vous à 19h sur place pour les copains (on en sera à faire la balance, avec 2-3 morceaux de chauffe) et début du concert vers 20h (on prévoit de 2h30 à 3h de musique), avec ensuite des copains en électro-acoustique.
       Viendez nombreux avec de la petite monnaie pour remplir notre "Fût à budget bière 2008", afin qu'on ait de quoi étancher notre soif après les répèts en trinquant à la santé du public ! :-)

-G4rF-

lundi 4 juin 2007

No limit

Fond sonore : Niagara - Soleil d'hiver

       Flippant. Je ne sais pas comment qualifier différemment ce qui est en train de se produire dans notre joyeux pays. Reprenons.

       Ministre d'Etat, n°2 du gouvernement, dédié à l'environnement : Alain Juppé. Monsieur Casserolles. La liste de ses faits d'armes est trop longue pour être reprise ici, alors allez voir ça.
              Premier ministre, François Fillon. Allez voir ça. Et aussi ça.
              Santé, Jeunesse et Sport : Roselyne Bachelot. Petit rappel : ça.
              Et tant que j'y suis, le dernier des sujets dont les candidats à la Présidentielle aient parlé : la culture. Représentée par Christine Albanel. Lisez-moi ça. Et ça.

       La liste est longue des têtes en bois choisis par le Petit Empereur pour lui cirer les pompes et venir occuper l'espace médiatique.

       Mais il y a mieux. Il y a ça : l'affaire Police versus 9-3.
              Pour une fois, personne ne pourra m'accuser de dire des conneries sur ce sujet, parce que, comme on dit, j'habite dedans. Rappelons les faits.

              93, le 9-3, ou le neuf-cube comme disent les faiseurs de tendance à 20 centimes, un département qui fait peur, tout rempli de drogués terroristes islamistes qui n'aiment pas les Volkswagen ni les poubelles (et c'est pour ça qu'ils les brûlent). 1 500 000 habitants (à peu près autant que dans les Hauts-De-Seine de Devedjian).
              Budget 2007 du 9-3 : 1 686 Millions d'Euros.
              Budget 2007 du 9-2 : 1 663 Millions d'Euros.
              Mais alors, d'où vient le problème ? C'est quasiment du kif, ces 2 départements.

       Et pourtant. Combien de logements sociaux dans le 93 ? Et dans le 92 ? C'est pas trop dur de comprendre de quel côté il y a vraiment du pognon, et où il n'y en a pas des masses : suffit de regarder le prix moyen du mètre-carré par département. 4 115 €/m2 dans le 92. 2 716 €/m2 dans le 93.
              D'où l'on déduit : c'est beaucoup plus facile, quand on est sans un rond, de trouver à se loger dans le 93 que dans le 92. En clair, qu'il y a plus de pauvres dans le 93 que dans le 92.
              Alors, quand Patrick Devedjian, qui eu ce passé (à modérer, c'est un site pro-turc), commence à gloser sur la gestion hasardeuse de la sécurité dans le 93 par les communistes, ça fait doucement rigoler. Des flics en sous-effectifs permanents, inexpérimentés, qu'on balance dans le panier de crabe et qui en ressortent pourris (quand ils en sortent)(pour la pourriture, je pense à ces keufs de Saint-Denis condamnés pour avoir racketté des putes il y a pas si longtemps). Des bataillons de CRS en camping au pied des cités, censés contenir la rage des caïds locaux. Mais quand tu vas déposer plainte pour aggression au commissariat, on te fait clairement comprendre qu'il vaudrait mieux faire une main courante, voire oublier tout ça.
              Et dans le même temps, les réseaux de trafiquants qui prolifèrent au vu et au su de chacun, comme par exemple en bas de chez moi, où les dealers pratiquent leur business en vue directe d'un poste de police toujours fermé.

       Le boulot de flic est déjà un boulot de merde. Mais là, comment veux-tu qu'ils le fassent ? Au résultat ? Quand tu vois combien ils sont pour gérer des situations qui découlent directement d'une insuffisance d'implication sociale des autres départements, qui laissent s'entasser là les pauvres pour pas les avoir sous les fenêtres, tu t'interroges.
              Et d'abord c'est quoi, un bon boulot de keuf dans le 93, sinon être présent, dialoguer et décourager les petits frères de glander dehors à boire de la 8-6 la nuit pour faire comme les grands ? Si c'est pas traquer les marchands de sommeil ? Si c'est pas mettre en garde à vue les promoteurs véreux qui s'engraissent en surfacturant les contrats de construction de HLM ? Si c'est pas coller des prunes aux commerçants qui laissent traîner leurs saloperies dans la rue le soir en fermant boutique ? Si c'est pas dégager les crétins qui stationnent leurs bagnoles n'importe comment en pleine rue piétonne et causent des embouteillages monstrueux parce que les trams ne passent plus ?
              Et si, pour rétablir la confiance entre les habitants et les flics, on pouvait espérer enregistrer une plainte en moins de 30 minutes ? Et si on avait autant droit aux contrôles d'identité quand on est blanc que pas blanc ? Et si y'avait de temps en temps un ou deux flics dans les bus de nuit ? Et si on était informé de temps à autre par la police du devenir des dossiers qu'on a ouvert chez elle ?

       Oui, la police dans le 93, c'est vraiment pas le pied. Mais je pense qu'en l'occurrence, l'origine du problème tient peut-être plus à la tendance show-biz de l'ancien ministre de l'Intérieur à officier sur les plateaux de télé, aux meetings du Parti Unique et dans son appart à pas cher, que dans son bureau place Beauvau. Certes, ça occupe, la quête de la présidence. Et puis, marcher dans les pas de Pasqua (présidence du 92, Intérieur) sans faire les mêmes faux pas tout en partageant ses passions (les feignasses au boulot, les délinquants en taule, les étrangers dehors), c'est pas facile...

       Nul doute que Devedjian rêve de la même carrière. Après tout, il est avocat de formation aussi. Président du 92 aussi. Réac aussi. Conservateur aussi. Et il voulait être garde des sceaux. Mais qu'il patiente un peu, et on verra où ça le mène. Même si c'est très probablement plus près de l'Elysée que du Stade de France, ce qui fait qu'il y a moins de surprise.
              Mais de toutes façons, avec les élus du 92, il est rare que la surprise soit bonne.

-G4rF-

mardi 15 mai 2007

Chanson d'amûûûr

Fond sonore : White Stripes - Fell in love with a girl

       Du bonheur en boîte de douze : enfin une vraie chanson romantique comme on n'en fait plus. Si vous ne connaissez pas, allez donc écouter "Ce soir", de Max Boublil, jusqu'au bout pour voir les 2-3 copains... hé hé ! Et matez les extraits du spectacle (à mon sens, "Les flics" c'est pas le meilleur, j'aime bien "La fille de Meetic").
-G4rF-

mardi 8 mai 2007

Néo-résistance ?

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Bien triste fin que la nôtre. Certes, tous ceux qui, de Bigard à Faudel en passant (putain que ça fait mal) par Dominique Farrugia, s'imaginent qu'on peut faire confiance à Sarkozy pour tenir ses promesses, le savent : on ne va pas m'empêcher de blogger demain.
              Non.
              Mais un débat d'entre-deux tours viré d'une grande chaîne pour atterrir sur l'improbable TNT (franchement, BFM TV commence à avoir de la classe en ce qui me concerne, mais je parle peut-être trop vite), c'est suspect.
              Tout comme il est suspect que 53 % de Français décident de croire en la rupture d'un type qui a déjà eu des années de présence dans les hautes sphères pour changer les choses. Et il ne l'a pas fait.
       Bigard, encore lui, évoquait dans un sketch la mémoire phénoménalement courte du poisson rouge. Et en sortait une situation plutôt marrante. Aujourd'hui, bien que viscéralement écoeuré par le résultat de ce suffrage, je ne peux pas en vouloir à ceux qui ont voté Sarko. Plus les années passent, et plus je suis convaincu que nous sommes tous éduqués pour devenir des poissons rouges. Je vous refais le sketch :
       Monsieur Normal apprend que Sarkozy a bidonné ses chiffres : "c'est dégueulasse !". Un tour d'aquarium plus tard, il a oublié.
              Monsieur Normal apprend que Sarkozy n'hésite pas à encourager les flics à faire du chiffre plutôt qu'à faire leur boulot, qui est de lutter contre toutes les délinquances, et particulièrement celle qui coûte le plus de sous : la délinquance en col blanc. "C'est honteux !". Un tour d'aquarium plus tard, il a oublié.
              Monsieur Normal apprend que Sarko a bénéficié des largesses d'un promoteur très amical. "C'est immoral !". Tour d'aquarium, plus rien.
              Monsieur Normal apprend que 90% (grosso modo) des media du pays sont entre les mains de très proches de Sarko, et que parler de liberté de la presse quand 9 rédac'chefs sur 10 risquent leur place s'ils déplaisent à NaboLéon, ça fait doucement rigoler. "C'est de la dictature !". Tour d'aquarium. Nada.
       Monsieur Normal constate que Sarko a fait campagne aux frais du peuple français du début à la fin, qu'il ne se déplace courageusement dans les banlieues où le pékin moyen est obligé de survivre avec son RMI et son chômage d'entre-deux Contrat Nouvelle Embauche qu'avec un bataillon de flics autour de lui, qu'il vante la rupture avec la politique d'avant mai 2007, c'est-à-dire avant lui-même, et puis qu'il se pose en victime de diabolisation entre les deux tours pour faire pleurer dans les chaumières. "C'est de la démagogie !". Tour d'aquarium. Exit.
              Monsieur Normal, c'est le portrait de l'électeur standard. Pas seulement de Sarko. De tous. On a beaucoup parlé politique, mais combien de personnes ont travaillé politique ? Combien savent ce qu'est la réalité de la mécanique hasardeuse qui régit notre économie ? Combien savent le pourcentage de Français qui adhèrent effectivement à un des partis majeurs et paient leur cotisation ? Combien connaissent la différence entre le nombre de syndiqués allemands et le nombre de syndiqués français ? Bref, combien sont dans l'action, et combien sont dans l'expectative ?
       Monsieur Normal, c'est vous, c'est lui, c'est moi. Philippe Val affirmait qu'on était naturellement de droite, et qu'il fallait faire une réflexion sur soi-même, les autres, et la place de la politique dans ce monde pour devenir de gauche. Je suis d'accord à 200%. A la question "Ségolène est-elle de gauche ?", je ne sais quoi répondre. A la question "Sarkozy est-il dangereux ?" je réponds oui sans hésiter.
              Pour l'anecdote, dans la ville de Colombey-les-deux-églises, où vécut et mourut De Gaulle (de plus en plus sanctifié à mesure que les victimes du passage de l'armée à la politique du grand Charles se dispersent dans le néant), Sarko a fait 51% dès le premier tour. Nombre de visites de Sarko à Colombey : 1. Chirac, qui y va religieusement tous les ans, à Colombey, pour fleurir la tombe de celui dont il se réclame (à défaut d'en être digne), n'y a jamais dépassé 35%. Monsieur Normal est partout. Y compris à Colombey.
       Sarkozy est un néo-conservateur. Un libéral sans frein. J'ai peur de lui, et je sais parce que je me suis documenté que j'ai raison d'avoir peur de lui. "Si la peur fait bouger, elle fait rarement avancer", chante-t-on. C'est vrai. Mais avec un peu de chance, il y a moyen d'aller de l'avant en luttant contre cette peur. Dans ce nouvel état Français entièrement à droite (assemblée à droite, sénat à droite, conseil constit' à droite, conseil supérieur de la magistrature à droite, CSA à droite, Canal+ à droite, TF1 à droite, M6 à droite, Arnault-Bouygues-Lagardère à droite), la lutte contre le néo-conservatisme ne peut s'appeler que la néo-résistance. Pas une résistance destructive, non. Mais il faut forcer Monsieur Normal à se prendre en main, à mettre sa télé sur "Pause" et à refaire lui-même sa propre éducation. Acheter des journaux payants. Apprendre à se frotter à l'opinion contradictoire, et à chercher le fait dans le vacarme de la rumeur.
              En attendant, comme se disent en ce moment quelques millions de nos compatriotes, et quelques millions de ceux qui enragent de n'avoir pas le droit de voter dans le pays où ils vivent, on est mal. On est très mal.
       Fin de transmission.

-G4rF-

vendredi 27 avril 2007

Haïku instantané

Fond sonore : rien

       Goutte inattendue
              Un petit éclair glacial
              Sur ta peau brûlante

-G4rF-

lundi 23 avril 2007

Enterrement de bulletin (urne funéraire ?)

 
       C'est avec une totale absence de surprise et d'entrain que les résultats du premier tour de dimanche se sont affichés sur l'écran de télé des potes chez qui nous avons descendu 2-3 bières en désespérant. Ben oui. Ségo et Sarko, comme dirait Karl Zéro, sont dans un bateau.
J'ai voté pour l'une, j'ai essuyé mes fesses avec le bulletin de l'autre. Pourquoi suis-je déçu ?
       Ce post explique pourquoi.
       D'abord, parce que ce que j'aurais voulu, c'est croire en Bayrou. Mais je crains fort que les deux semaines à venir nous montrent un Bayrou protégeant ses intérêts en ne donnant aucune suggestion de vote (je préfère "suggestion" à "consigne", on n'est pas des veaux quand même). De peur d'un deuxième tour opposant Bayrou à Sarko, voire d'un deuxième tour opposant Le Pen à Sarko (si l'électorat de gauche était trop dispersé et Bayrou trop faiblard), j'ai voté Ségolène. Du bout des doigts.
       Ensuite, parce que j'aurais bien aimé pouvoir voter pour un duo Voynet-Buffet. Parce que :
- quelles que soient les conneries que Voynet a pu faire lorsqu'elle était ministre,
- et que Buffet refuse d'admettre en se réclamant toujours d'un communisme qui n'a pas plus de raison d'être qu'un parti ne l'aurait de s'appeler "Parti Capitaliste Français",
...j'approuve :
- le courage et la profondeur politique de la première qui n'a pas peur d'aller se frotter aux hordes de chasseurs avides de dégommer des palombes et des canettes (même si, je le précise, je refuse de jeter aux ordures la chasse, parce que la réalité est triste, mais il faut contrôler la prolifération de certains animaux sauvages, et c'est à ça que les chasseurs servent), ainsi que son ambition écologique réelle pour notre petit pays,
- et j'approuve le programme de la seconde en terme de société, parce qu'il est bien plus consistant que tout ce qu'un connard de néo-conservateur peut bien pondre en façade tout en chiant dans les assiettes en coulisses.
       Enfin, parce que ça m'emmerde de voir débarquer Ségolène, Jack Lang, François Hollande et toute la clique du PS qui, Séguéla l'a bien dit ce matin et pour une fois je l'approuve, n'ont toujours pas compris qu'ils ne pouvaient espérer gouverner seul le pays. Pourtant, ils font campagne sur le rassemblement, non ?
 
       Légitime question que peut se poser mon lecteur d'un jour : et d'où tu la tires, ta certitude que Sarkozy nous mène au mieux dans le mur, au pire à la révolte ?
       Très simple, mon ami. Vois-tu, j'ai deux lectures en cours actuellement. La première, c'est un bouquin de l'Oncle Bernard de Charlie Hebdo, Mr Bernard Maris, qui est prof d'éco en fac à Paris. Ca s'appelle "Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles", 6 € environ à la keuFNA.
                Un livre très intéressant qui m'apprend, éléments factuels (démontrés de façon irréfutable par des prix Nobel de la discipline) à l'appui :
- que la loi de l'offre et la demande est une connerie qui est basée sur une hypothèse bienheureuse : "la somme de tous les petits déséquilibres de tous les marchés de tout ce qui s'échange donne un grand équilibre global". C'est faux, c'est prouvé ;
- que la concurrence à tout crin, qui est l'épine dorsale de la doctrine libérale et néo-conservatrice, ne profite pas, n'a jamais profité, et ne profitera jamais au plus grand nombre car elle est incapable de produire un équilibre à la fois stable et profitable ;
- qu'il y autant d'espoir de trouver une logique mécanique vertueuse dans les pages éco de n'importe quel canard que dans l'almanach d'Elizabeth Teissier. Il est donc illusoire et stupide de se fier à ceux des économistes qui se parent des atours de la science et arrivent à trouver des cons pour les payer à justifier que demain, il se passe l'inverse de ce qu'ils prévoyaient aujourd'hui.
- enfin, un point crucial : rien n'empêche que, si 30% du marché est dérégulé et 70% encadré et contrôlé par l'Etat, on n'ait pas de meilleures chances d'avoir une situation globalement meilleure que si on dérégule plus et que l'Etat se désengage du commerce et des marchés. En clair, il est prouvé que le fait de tendre vers 100% de concurrence totalement libérée n'a pas plus de chance d'améliorer la situation que de tendre vers l'inverse.
                Edifiant, quand on sait à quel point la droite (dont fait partie Sarkozy, je le rappelle à toutes fins utiles) a historiquement appuyé le libéralisme économique depuis qu'il existe, lequel libéralisme --c'est quand même évident quand on voit Ernest Antoine-Seillière d'un côté et le premier RMIste venu de l'autre-- profite plus aux très riches qu'aux nombreux pauvres car il accentue la différence dans le mauvais sens. Alors que les grands penseurs de l'économie politique que furent Keynes et Marx ont quand même plutôt théorisé dans le sens que prennent les politiques de gauche : l'économie, d'accord, mais po-li-ti-que.
 
       Deuxième lecture en cours, ami lecteur, qui sera bien plus vite finie. Il s'agit du supplément "Ensemble, tout devient Sarkozyble" de Charlie-Hebdo de la semaine passée. A acheter d'urgence, tant qu'il y en a en kiosque. Un document rappelant tous les faits que tout électeur de Sarkozy ferait bien de relire avant de glisser le bulletin portant son nom dans l'urne. C'est un rappel factuel des errements de Sarko, de sa pitoyable gestion de la sécurité, de ses bidonnages de chiffre, de ses provocations/appel du pied aux fachos du FN (qui, comme tous les racistes, sont justes des gens effrayés qui se trompent de colère), de son culte de la personnalité, de sa main-mise sur les principaux groupes privés de media français.
                 Edifiant. Le pedigree de roquet hargneux de ce petit monsieur est effarant. Je ne peux m'empêcher, en l'entendant proférer l'"apaisement" et la "solidarité" dans son discours d'admission au 2ème tour, de me rappeler que :
- Sarkozy a été maire de Neuilly pendant des années
- il a toujours refusé d'appliquer la loi SRU (20% de logements à prix contrôlés, pour permettre aux plus pauvres d'avoir un toit et de pas vivre comme des merdes dans des cités-dortoirs à 80 bornes de leur lieu de travail)
- il a fait des faveurs à un entrepreneur, lequel lui a renvoyé l'ascenseur en prenant en charge des centaines de milliers d'euros de travaux dans son bel appart tout beau tout neuf (prouvé par le "Canard enchaîné", jamais formellement démenti par l'intéressé) ;
- il a dépouillé les banlieues chaudes de leurs flics pour les balancer dans la capitale, en espérant faire baisser les chiffres (ça n'a même pas marché) ;
- il a supprimé la police de proximité, cette "connerie" issue de la gauche plurielle, et constatant comme toujours tardivement qu'il était en train de saborder son propre navire sécuritaire, a inscrit à son programme de campagne "police de quartier". Même pas la honte, le Nicolas ;
- il encourage les keufs à faire du chiffre à grands coups de primes. Du coup, seuls les petits délinquants et les cochons de payeurs que nous sommes sont éreintés par la police. Le grand banditisme et la délinquance en col blanc, c'est long, c'est difficile, du coup ça rapporte moins au planton : on s'en occupe plus. Dommage, ce sont eux qui tirent les ficelles du vrai gros crime organisé...
- il insulte un ministre de son propre gouvernement et menace de lui casser la gueule ;
- en visite de campagne à Meaux, un fief de l'UMP, il vient pour "rencontrer cent jeunes des quartiers difficiles". Arrivé un paquet de temps à la bourre, il est accompagné de plus de 300 agents des forces de l'ordre, soit 3 keufs par jeune. Waoh la rencontre ;
- il a promis de revenir toutes les semaines dans les banlieues chaudes : il n'a jamais tenu cette promesse ;
- il a menacé devant témoins de virer la direction et les journalistes gauchisants de France 3 parce qu'il avait été forcé d'attendre pour être maquillé avant une émission avec Ockrent ;
- l'essentiel de ses déplacements de campagne présidentiels ont été pris en charge par les Français au titre de son ministère. Et les frais qui restent vont être remboursés aussi par les Français. Dépensez sans compter, les gars, on s'en fout c'est avec leur pognon ;
- il a fait voter, avec ses lois sécuritaires, l'inscription au fichier national des délinquants sexuels élargi de tous les gens soupçonnés (c'est-à-dire même pas condamnés par un juge, juste sur décision d'un flicaillon de base, comme ça) d'un quelconque délit, même petit. En gros, tous fichés, tous coupables, flippez dans votre caleçon, les gars, on sait qui vous êtes. Et si vous êtes dans le fichier, c'est que vous avez des choses à vous reprocher, non ? Puisque c'est un fichier de suspects...
- contre la réalité factuelle et avérée, il a accusé les magistrats du Tribunal de Bobigny de ne pas faire leur boulot et d'être laxistes avec les délinquants en terme de peines de prison et de punitions. En même temps, je le vois pas trop voter d'enveloppe budgétaire pour améliorer le suivi psy et la réinsertion des détenus. Et hop, retour à la case départ...
- il a fait fermer le centre de Sangatte. Depuis, les candidats au Royaume-Uni sont toujours là, dans la rue, dans les villes alentour, et régulièrement les flics viennent foutre le feu à leurs tentes et les tabasser (ça sent le Malik Oussékine) pour les décourager. Les journalistes télé, courageux, n'en parlent jamais. Vive la Star Academy, c'est tellement plus intéressant.
 
       Avec tout ça, dans ces pays anglo-saxons qu'il affectionne tant et auquel il voudrait tant faire ressembler la France (ouais, vite, je veux devenir les USA, construire des murs autour de chez moi pour empêcher les immigrants de venir, faire péter ma dette publique, faire tenir mon pays par la peur et la guerre aux étrangers où j'envoie mes minorités crever au combat, et faire exploser mon quota de citoyens au-dessous du seuil de pauvreté), avec toutes ces casseroles, il aurait déjà été crucifié. Par la presse, par le peuple, par ses pairs.
               Mais ici c'est la France, et la France abreuvée de conneries télévisuelles et de servilité cloportoïde des journaleux à 3 euros qui refusent de demander à Sarko, en pleine campagne électorale, ce qu'il en est réellement de son appartement à pas cher et comment il justifie ça, cette France se laisse enculer sans même prendre la peine de dire ouille. Limite, elle sourit, la France, quand elle se fait entuber. J'en ai mal à la démocratie.
 
       Mais moi, je veux pas qu'on crucifie Nicolas Sarkozy. Je veux juste qu'on l'empêche de nuire.
                C'est simple, si simple que même un adorateur de Nicolas Sarkozy peut le comprendre :
Moi, j'ai rien à me reprocher.
Je n'ai tué personne.
Je n'ai violé personne.
Je n'ai volé personne.
Je ne suis ni un terroriste, ni un délinquant, ni un toxicomane, ni un proxénète, ni un nazillon, ni un fasciste.
Je paie mes impôts.
Je paie mes amendes.
Je suis blanc.
Avec tout ça, je devrais être à l'abri de Sa(r)Kolère. Et pourtant il me fait peur.
 
       Parce qu'un type énervé comme ça, qui a un avis sur tout, qui ne revient jamais sur sa décision, qui ne s'excuse jamais, s'il décide un jour que je suis coupable de quelque chose, il trouvera le moyen de fabriquer des preuves contre moi.
                Pour un Sarko, je suis coupable d'avance. Mais je ne sais pas encore de quoi. Et je devrais vivre avec cette peur ? Et ma femme ? Et ma fille, aussi, devraient subir cette peur ?
                Et si moi, qui suis pour l'instant à l'abri, j'en fais dans mon froc à ce point, que doivent ressentir en ce moment les gens un peu "limite" ? Hmmm ? La maman sénégalaise d'une de mes amies, 20 ans passés à bosser en France et à payer ses impôts sans avoir le droit de vote, elle doit pas se sentir rassurée de voir qu'on confie à un menteur mégalomane les clés de son immeuble.
                Et mon copain Ali, qui vit de petits boulots dans le bâtiment parce qu'en France il n'y a pas assez d'ouvriers, et qui n'a pas de papiers, qu'est-ce qu'il en pense ? Lui, il demande que ça, à vivre normalement. Il l'aime ce pays, il aime les gens qui sont là. Mais pour lui, c'est aller-simple en charter dès qu'il croisera les uniformes Sarkophiles.
                Et mes voisins du dessous, qui sont aussi gentils qu'ils sont Noirs, et qui souffrent comme nous d'habiter avec leurs enfants un quartier pourri et totalement dégueulasse car saturé de la misère que Neuilly et consorts refusent de prendre en charge pour la soulager, et qui souffrent plus que nous avec leurs têtes de Noirs dans un monde régi par les blancs des regards fuyants, de la discrimination et du racisme latent. Quelque chose me dit qu'avec ses clins d'oeil au FN, ses allusions eugénistes et ses propos plus minables que ceux d'un Pascal Sevran au meilleur de sa forme, Sarkozy leur colle les foies.
       Tous ces gens ont peur, peur d'une seule chose : que Sarkozy décide en les regardant de travers qu'ils sont coupables. Sarkozy te juge d'avance. Même si tu lui souris.
       Sarkozy, c'est comme le Tony Montana que tous les imbéciles d'idolâtres banlieusards déifient comme un modèle de vie à suivre sans comprendre que ce "héros" fictif a tout fait pour mourir en ne laissant derrière lui que cadavres, souffrance et tâches de sang : avec Sarkozy, un jour tu es son ami, le lendemain il n'est pas content car tu l'as regardé de travers ou tu as avalé ta salive ou tu as mangé de l'ail ou tu n'as pas rabaissé la cuvette des chiottes, et paf t'es mort.
                Sarkozy, c'est clairement pas quelqu'un qui a choisi de se mettre au service du peuple par conviction. C'est quelqu'un qui a choisi de s'appuyer sur le peuple pour être au dessus. Sarkozy ne sert que lui-même. Compassion, rédemption, prévention : connais pas. Petit, brun, droit dans ses bottes, qui n'écoute personne et impose son discours en promettant un avenir meilleur dont lui seul aurait le secret... ça me rappelle mes cours d'Histoire sur l'Allemagne des années 30, cette montée en puissance des populistes façons "je vais te protéger de tes peurs". Sauf que, au top ten de mes peurs, le premier, c'est toi, le petit homme toxique.
       Pour ces raisons, et aussi parce que le Président de la République est aussi le chef des armées et le titulaire du code de l'arme nucléaire en France, je ne veux pas que Sarkozy devienne président.
               C'est plus une question de tout sauf Sarko, ou tout sauf Ségo. Le débat est le même qu'en 2002, à la virgule près. Il s'agit de savoir si on vote pour quelqu'un qui nous agace, ou pour quelqu'un qui nous menace.
               J'ai voté Ségolène, en voulant voter pour d'autres. J'aurais voulu un candidat avec la patate et la franchise de Besancenot, la pondération et l'esprit de conciliation (réel, je l'espère) de Bayrou, avec les pieds sur Terre comme Buffet, avec la conscience de l'urgence écologique de Voynet, avec... euh, rien de Villiers, de Schivardi, de Le Pen, de Nihous, avec l'expérience et la puissance stratégique du PS. C'était un vote par défaut. De nouveau.
               Je crois encore en des lendemains meilleurs, mais il vaudrait plutôt mieux que Bayrou et Ségolène se mettent d'accord pour bosser ensemble. Il vaut mieux un gouvernement à deux têtes de centre-gauche qu'une autocratie de droite ("mes références : De Gaulle et Jean-Paul II" - que les Algériens et les sidéens que cela consterne se manifestent, je crois qu'il faut qu'on les écoute).
-G4rF-

vendredi 20 avril 2007

Pieds dans le plat

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Vu aujourd'hui sur Yahoo! Questions & Réponses. Ca m'a fait crever de rire. Les réponses, par contre, ne sont pas toutes au niveau de l'humour du monsieur.

-G4rF-

Edit : merde, ces cons-là ont supprimé la question ! C'était "J'ai tâché ma baignoire en égorgean un mouton. Comment faire pour la nettoyer ?". Tous les bons petits soldats du bien-pensant se sont jetés dans la brèche au lieu de comprendre la blague. Manifestement, les gars de Yahoo! n'ont pas compris non plus.

mardi 10 avril 2007

Haïku instantané (encore !)


       Reflet paresseux
              Des nuages promenés
              Par le vent léger
 
(oui, je sais, ça commence à faire beaucoup de haïkus)
(mais il est pas mal, celui-là, non ?)
-G4rF-

samedi 31 mars 2007

Haïku instantané

Fond sonore :Pink Martini - Sympathique

       Vive éclaboussure
       Le dormeur s'éveille, s'ébroue
       Et salue le jour.
-G4rF-

vendredi 30 mars 2007

J'ai la liberté d'expression qui me gratte un peu

Fond sonore : Wax Tailor - Que sera (je change pas, c'est toujours aussi bon !)

       Ca fait déjà quelques jours que je me tâte quant à un post récent de mon ami HaTcH . Lisez-le, lisez les commentaires et revenez ici.
       Voilà. Ca fait un paquet de temps que ce post a été publié, et bien que voulant commenter, je n'en ai encore rien fait. Surprenant de ma part, ces atermoiements, me suis-je dit, après que ces quelques jours se soient écoulés. Je veux dire : moi je suis plutôt impulsif, et ne pas rajouter immédiatement mon grain de sel, ça ne me ressemble pas.
       Introspection nécessaire : pourquoi est-ce que j'hésite ? Parce que j'ai peur de dire une connerie ? Non, ça m'a jamais effrayé, j'en ai raconté de belles sur ce blog, je suis encore vivant (le ridicule ne tue plus). Alors quoi ? Une émasculation furtive m'aurait privé de mes grelots et m'empêcherait de m'exprimer soudainement ? J'ai chopé la lèpre, j'ai plus de doigts pour taper ? Non plus.
       Non. La vraie raison, la voilà : je me suis laissé contaminer par l'atmosphère de flippe qui touche au sujet de son poste : laïcité et prosélytisme musulman.
       Ayé, j'ai dit le mot qui fâche. Non, pas musulman, andouille ! J'ai dit le mot : prosélytisme. Car là est le problème. Pourquoi est-ce qu'un bonhomme comme HaTcH exprime son ras-le-bol du capharnaüm accompagnant immanquablement toute évocation des irruptions de contraintes religieuses dans la société laïque, et en l'occurrence de l'islam radical ? Parce qu'il a raison, tiens. Les religieux de toutes les chapelles en font trop : plus un mec a l'air de croire fort à son Dieu, plus il faut se méfier de ses exigences et de ses prises de position. Si on laisse faire, ça donne toutes les absurdités que détaille HaTcH.

       Avant d'aller plus loin, une précision utile pour définir ma position personnelle dans le débat. Je l'assume totalement, je n'ai pas actuellement dans mes proches amis de personne de confession musulmane. Je le précise, parce que c'est souvent le paravent défensif avancé par les fumiers de racistes hystériques qui veulent donner de l'aplomb à leurs diatribes diarrhéiques. Non, j'ai bien fréquenté des enfants d'immigrés, j'ai eu des potes qui s'appelaient Brahim, Lamine, j'ai des gens plein mon immeuble que, quand tu les regardes avec ton oeil tu dis "tiens, des reubeus !" et quand tu les regardes avec TF1 tu dis "tiens, des terroristes !", mais la vérité m'oblige à le dire : JE N'AI PAS D'AMI MUSULMAN.
       Cela dit, curieusement, et je vais le dire en capitales aussi : JE N'AI PAS D'AMI BOUDDHISTE. NI D'AMI CHRETIEN. NI D'AMI SCIENTOLOGUE. NI D'AMI JUIF. PAS DE CHIITE, PAS DE SUNNITE, PAS D'ASHKENAZE, PAS DE SEPHARADE.

       - Ok, on a bien compris, G4rF, t'énerves pas. En gros, t'as pas d'ami, quoi.
       - Mais non, sale con !

       J 'ai des tonnes d'amis, j'en ai plus qu'il n'en faut à toute personne sensée (et je m'en porte plutôt bien, merci, partez pas les gars !) mais s'il y a bien une chose dont je me branle, c'est de savoir en quoi ils croient. Je précise ma pensée : tant qu'ils viennent pas essayer de me vendre leur croyance, et qu'ils ne me font pas changer ma vie ni mon monde pour le plaisir supérieur de leur Dieu que personne n'a jamais pris en photo (et pourtant, on est au XXIème siècle, si c'est pas malheureux), on peut en parler et ça reste des potes. Fin de la parenthèse.
       On constate un problème dans une société républicaine et démocratique quand il devient risqué de s'exprimer sur un sujet. Par exemple, si au lieu de blogger désespérément dans le désert, j'étais en train d'écrire l'édito du prochain numéro du Monde, j'aurais des raisons d'avoir peur pour ma gueule, car je serais certain d'une chose : même si on les encense, même si on fait leur éloge, les gens qui ont décidé que vous ne les aimez pas refuseront toujours d'en démordre. Par conséquent, et plus encore si vous critiquez leurs positions radicales qui ne font plaisir qu'à eux, il est illusoire d'espérer entretenir un débat équilibré et un dialogue raisonné avec des personnes qui ne souhaitent de toute façon pas vous écouter.
       C'est pour ça que, forcément, un post comme celui de HaTcH, ça fait réagir. Surtout dans le contexte actuel, qui nous dicte à tous une "prudente réserve" alors qu'on devrait s'indigner en masse devant le degré de connerie intense atteint par les promoteurs de la burqua dans un pays où les femmes en ont chié pour avoir le droit d'avorter, avoir de le droit de voter et avoir le droit de porter des pantalons. Moi le premier, je me suis dit en mon for intérieur : "ouhlà, mais il est fou, il va se faire trucider à parler d'islam comme ça, il devrait pas parler de ce sujet, c'est trop risqué".
       Rien que pour avoir pensé ça, ne serait-ce qu'une seconde, je mérite des claques.
       Bien sûr que si, il a raison d'en parler ! Et il en a le droit. Et moi aussi. Et même le devoir. Oui, moi, cadre moyen en informatique, 30 ans, une gosse, blanc, habitant près de la gare de Saint Denis où on entend plus parler l'arabe et le wolof que le françaoui. On pourrait très facilement retourner ces quelques indices contre moi pour me passer contre mon gré l'habit du raciste de base : "français de souche, qui gagne de la thune et qui méprise ces salauds d'étrangers qui viennent jusque dans nos baignoires égorger nos filles et nos moutons". Sauf que c'est faux du début à la fin. La seule chose que je n'aime pas, c'est les cons. Mais une fois bien ancré le préjugé du "tous pourris, tous racistes", c'est difficile de revenir en arrière, et si commode de se laisser aller à la facilité, et d'assimiler immédiatement le ras-le-bol exprimé par mon pote sur les conséquences désastreuses (et en plus de ça, plutôt lourdes à se traîner au jour le jour) du prosélytisme des religieux radicaux, à un prétendu racisme qui suffirait à le définir, lui, en tant que personne.
       C'est faux.
       HaTcH a exprimé un point de vue. Une opinion, pour être précis. Et c'est pas parce qu'il parle de la métamorphose d'un courant religieux en mouvement prosélyte destructeur de démocratie qu'il n'a pas le droit de s'exprimer. Aussi sûrement que les libéraux radicaux de ce pays font en sorte de rogner petit à petit les fondations d'un droit social patiemment élaboré au fil des ans et des conflits de l'humain contre le pognon-roi, les radicaux religieux rognent petit à petit les fondations de la laïcité qui, paradoxalement, leur offre sur un plateau la liberté d'expression et des médias indépendants dont ils abusent pour lui niquer la gueule.
       Et tous, là, on se chie dessus, parce que c'est religieux, et la religion faut pas y toucher, faut respecter de peur de passer pour un intolérant à l'esprit étroit, alors chut. Sauf que le problème n'est pas tellement religieux, mais plutôt à chercher dans la radicalisation du discours. Sans la moindre espèce d'hésitation, je ressens le même niveau de danger quand un De Villiers ou un Le Pen parle d'immigration zéro et quand une magistrate allemande oublie son code pénal et innocente un mari qui tabasse sa femme parce que (je cite avec des pincettes pour pas me salir les doigts) "le Coran autorise le mari à punir sa femme".
       Parce que Le Pen et De Villiers s'arrogent le droit de juger eux-mêmes des personnes sans les connaître et de les déclarer nocives pour "notre pays" sans même les avoir écoutées. Parce que cette conne de juge a décidé que le Coran autorise un homme à être juge et bourreau de sa femme, au mépris des propres lois du pays qui interdisent formellement toute forme de violence quel que soit le contexte sous peine de séjour à l'ombre prolongé.

       Tous ces gens, tous ces radicaux veulent à la fois dicter les lois et juger de leur application. Avec quelle mesure ? Quel contrôle pour éviter les dérapages ? Euh... sait pô. Et c'est le fondement même du droit démocratique que de séparer en entités distinctes :
- celui qui rédige la loi
- celui qui juge de son application
- celui qui exécute la sentence
       Oui, disons-le clairement, la laïcité est incompatible avec toute forme de publicité confessionnelle. Non seulement on n'en a rien à foutre que des gamines à qui on a bourré le mou à la maison nous affirment sous le nez en portant le voile à 8 ans qu'elles suivent la religion musulmane, mais en plus elles ne devraient pas avoir le droit de le faire. Car en le faisant elles affirment une appartenance à une communauté, ce qui nie le principe d'indivisibilité de la nation démocratique. Pareil quand leurs barbus de maris, totalement dépassés par le concept même d'une femme libre de ses choix, cassent les couilles aux gens pour les séparer dans les piscines, à l'hosto, etc.
       Personne n'oblige les musulmans pratiquant à manger le jambon que leur sert la cantine. Mais dans la mesure où c'est pour leur propre confort qu'ils réclament autre chose et qu'en faisant ça ils emmerdent tous ceux qui s'en branlent de juger de la pureté du cochon en tant que produit comestible par un être humain, qu'ils paient pour cette autre chose ou bien qu'ils ferment leur gueule. Leur religion ? Leurs interdits ? Leurs problèmes.
       Personne n'oblige les musulmans à fêter Noël, mais je ne pense pas qu'un type quelconque, quelle que soit sa religion, soit assez crétin pour venir au boulot exprès le 25 Décembre pour bien affirmer que, malgré le congé national qui tombe ce jour-là, hé ben il veut bosser parce qu'il est pas chrétien, tu comprends ?
       Tout cela est d'une stupidité sans borne. L'essentiel des pays européns tels qu'ils sont actuellement sont issus d'une culture judéo-chrétienne qui a certes, apporté certains bons morceaux, mais dont les mauvais éléments (bien plus nombreux) ont coûté à travers l'histoire la vie à des millions d'êtres humains. C'est bien pratique : tout morts qu'ils sont, ils ne peuvent plus se plaindre du manque de concession et de discernement des ayatollahs de l'époque qui ont décidé, comme ça, eux tous seuls, sans que Dieu leur signifie expressément (même avec un petit billet, une simple parole, même un petit pet lâché discrètement dans le confessionnal), qu'ils devaient mourir.
       Aujourd'hui, grâce en soit rendue à la Révolution, on sait qu'on est capables de vivre en société et de fonctionner sans devoir se colleter des connards de religieux qui prétendent vous apprendre à vivre alors qu'ils ne savent strictement rien de vous (et qu'ils ne veulent rien en savoir, par-dessus le marché)(je pense au célibat des prêtres, là, entre autres). C'est précisément ce qui fait peur aux fanatiques et aux promoteurs de Dieu-lave-plus-blanc : les démocraties n'ont nullement besoin d'un quelconque Dieu pour fonctionner, parce que Dieu ne ramasse pas les poubelles, ne bouche pas les nids-de-poule sur l'A6 et ne construit pas de gare de RER, même si vous le priez très très fort. Les hommes, oui, sans forcément avoir à se mettre à genoux devant : on fait un contrat, on donne de la thune, et les poubelles sont ramassées, les nids-de-poule bouchés, et pour le RER on verra l'an prochain.
       Il nous appartient de montrer que nous tenons à cette indépendance précieuse vis-à-vis de la divine tambouille des radicaux de tout poil. Et d'envoyer se faire foutre tous ceux qui espèrent faire intervenir (à leur plus grand profit personnel, cela va sans dire) Dieu, Bouddha, Allah ou le Monstre Spaghetti Volant dans les cercles du pouvoir et de décision de nos pays. Il y a déjà bien assez de pays religieux, et franchement leurs bilans en terme de mortalité, de protection sociale, de santé et de recherche scientifique font peine à voir tellement ils sont médiocres.
       Le pire d'entre eux reste le Vatican, à mon sens, parce qu'il est là depuis si longtemps et qu'il ne sert tellement à rien. A part comme piège à touristes et aimant à Léon Zitrone (à l'époque) quand Jeannot-Paulo number two se caillait les miches au balcon pendant 3 heures à bénir urbi, orbi et toubifri.
       Quand Ratzinger décidera d'accepter l'idée qu'une femme violée a peut-être besoin d'avorter pour se reconstruire un mental et ne plus se sentir souillée, quand le mollah Omar décidera de se livrer à la justice des hommes pour répondre de ses crimes en Afghanistan, quand toutes les factions en présence dans le conflit du proche-Orient décideront de poser les armes parce que tuer, c'est pas bien (même si c'est quelqu'un qu'on n'est pô d'accord avec), alors un progrès réel aura été franchi et on pourra espérer quelque chose de Dieu.
       En attendant, tant qu'il n'est pas venu pour nous montrer sa gueule et nous prouver, lui-même et pas ses prétendus représentants, qu'il peut faire mieux, qu'il aille se faire foutre et qu'il nous laisse vivre.
       Le pire étant de se dire que, dans l'hypothèse toujours pas vérifiée où une entité supérieure existerait effectivement, qu'elle décidait (on se demande bien pourquoi) d'intervenir dans nos vies pour les rendre meilleures et châtiait divinement les méchants, les premiers à se faire atomiser l'âme seraient sans nul doute ceux qui conspuent les caricatures danoises, applaudissent à la chute du World Trade Center, poussent les femmes à se cacher pour ne pas imposer la tentation de leur corps impur aux mâles alpha et flinguent en souriant tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Car si Dieu existe, le seul cadeau qu'il nous ait fait s'appelle le libre arbitre, c'est un cadeau vraiment divin, et s'en servir pour nuire à celui de son voisin, souvent jusqu'à l'extermination pure et simple, c'est un authentique crime contre Dieu.
       TU NE TUERAS POINT, disaient tous les prophètes. Faut-il vraiment apporter d'autres précisions ? Ou bien ta religion t'interdit-elle aussi de lire ?

-G4rF-

A bit of music

Fond sonore : Wax Tailor - Que sera

       Ecoutez le fond sonore du jour (direct chez RadioBlog). J'aime beaucoup. Je pense que le "Que sera sera" qui sert de refrain est extrait de la bande-son d'un film de Hitchcock.

<quelques secondes de Google plus tard>

       Je confirme : ça vient de "L'homme qui en savait trop", avec James Stewart et Doris Day (c'est elle qui chante). Bon film, au demeurant.

-G4rF-

mardi 20 mars 2007

Le bal des casse-pieds

Fond sonore : Oldelaf & Monsieur D - Avant

     C'est parti. Et y'en a pour un moment.

     Inutile de le préciser, je fais ici allusion volontairement (notamment via le titre de cet article) à la grande valse électorale dont ce que nous avons subi pour l'instant n'était que l'échauffement. Ca fait un bout de temps que je n'avais pas bloggé.

     Les raisons en sont multiples : j'ai peu de temps pour moi, mon boulot m'occupe pas mal, le temps qu'il me reste est partagé entre ma fille, ma femme, mes loisirs, dont pas mal de lecture. Presque tous mes week-ends sont bouffés par les visites que j'organise pour trouver un acquéreur sérieux pour mon bateau, ce qui malheureusement ne court pas les rues. C'est d'ailleurs plutôt dur de garder le moral, après avoir constaté l'échec de mon beau projet d'habiter sur l'eau parce que je m'y suis pris comme un manche, de devoir traîner encore et encore comme un boulet ce qui constitue de façon flagrante la preuve de mon foirage. J'aimerais bien que quelqu'un de mieux préparé que moi reprenne cette petite chose pour en faire ce que je ne suis pas parvenu à réaliser : un vrai habitat, bien foutu, agréable à vivre. Ca m'apprendra à me lancer sans préparation dans des projets délicats. Enfin au moins tous les plans foirasses et les emmerdements que j'ai subi de plein fouet seront épargnés au suivant. Ce sera ma bonne action de 2007 : je passe le témoin, mais je donne aussi mon savoir chèrement acquis.
     Enfin, je m'égare. J'ai été très occupé. Et bien qu'ayant des choses à dire, je manquais du temps et du discernement nécessaire pour ne pas aligner trop de banalités.
     Aujourd'hui, j'ai un peu des deux. Alors je vais encore pousser une gueulante.

     Ma nature profonde, et ma volonté profonde, est de vivre dans un monde où personne ne peut vous chier dessus en toute impunité et vous laisser dans la mouise sous prétexte que "c'est pas mon blème". De la même manière que mon chantier naval m'a traité comme de la daube en me faisant poireauter 6 semaines pour me livrer mon groupe électrogène (en carottant le trousseau de clé, heureusement que je suis bricoleur, j'ai pu remplacer les serrures), bien souvent le pékin moyen habitant ce pays d'amertume est confronté à la médiocrité banale du prochain dont il dépend. Parce que le type qui est en face de vous a déjà ses problèmes, il ne se préoccupe pas de soulager les vôtres alors même que c'est son métier et que c'est pour ça que vous le payez.

     Je pense qu'on peut trouver plusieurs causes profondes à la morosité ambiante. D'abord, la France devient de plus en plus un pays de castes.

     La caste des SDF, nos intouchables à nous, qu'on ne voit pas, qu'on ne regarde pas dans les yeux, dont on veut bien parler et plaindre la misère mais pas en leur présence parce que ce n'est pas convenable. Combien sont-ils ? Mystère. Demandez au SAMU social, multipliez par 10 ou 20, on arrivera pas trop loin de la réalité.
     Au dessus, la caste des chômeurs, ces affreux assistés qui pompent tout notre pognon si l'on écoute les plus étroits des esprits qui s'expriment. Ceux-là en chient d'autant plus que chaque semaine passée sans travail est vue par les employeurs et par la populace comme une tare, une faute faite exprès, comme si les délocalisés avaient choisi de perdre leur taff et de passer leur vie à courir après des formulaires et des reclassements pipo en croisant les doigts pour ne pas être recalculé ou radiés parce qu'il manque un point là, là et là, et une coche dans la case, ici, au dos du formulaire A28 modifié Z. Combien sont-ils ? Suivant le caractère officiel ou non et prochainement candidat à la présidence ou non des sources, ça varie grave. De 2 millions à 7 millions. Ca fait du monde qui n'a aucune visibilité et aucune espèce de maîtrise sur son avenir, et qui s'endort chaque nuit en espérant avoir toujours de quoi donner à manger aux enfants le lendemain.

     Au dessus, la caste des employés. On peut parler de prolétariat. Suivant qu'ils soient de la vieille école ou qu'ils aient moins de 35 ans, leurs difficultés sont vécues différemment. Les anciens ont été élevés et éduqués avec à l'esprit la constance de l'emploi, l'indignité d'être inactif et la juste récompense du travail bien fait par le patron sévère mais magnanime. Pauvres d'eux, qui doivent maintenant faire des piquets de grève le week-end devant les grilles de l'usine pour ne pas qu'on déménage leurs machines comme des voleurs dans un pays à moins cher.
Ceux de la nouvelle génération savent qu'ils ont tout intérêt à balancer aux orties les valeurs de leurs parents.
     Etre fidèle à son entreprise, c'est la meilleure manière de ne jamais être récompensé pour son travail : on est plus vite augmenté en changeant de boîte pour un meilleur taff qu'en restant sur place. Et pourtant, qu'est-ce qu'ils aimeraient pouvoir se sentir à l'abri dans leur boîte à partir du moment où ils font ce qu'on leur demande... mais ce n'est plus comme ça que ça fonctionne. Combien sont-ils ? La majorité.
 
     Au dessus, les cadres, qu'on pourrait assimiler aux petits bourgeois. J'en suis. J'ai accès à énormément d'outils et de ressources pour faire mon travail et éventuellement des loisirs, je gagne confortablement ma vie mais j'ai tout de même l'impression de ne rien pouvoir construire, ou alors au prix d'un effort sans commune mesure avec la valeur réelle de ce que j'entreprends (j'ai en tête le pognon que ça coûte d'acheter une baraque ou même une petite piaule : quand on a moins de 30 mètres carrés pour l'équivalent d'un million de francs, c'est qu'il y a un problème). Je n'ai droit à aucune réduction, je suis obligé de consacrer une part importante de mes revenus pour payer la garde de ma fille que je ne peux pas élever moi-même parce que mon travail me bouffe trop de temps, bref au final, j'ai bien peu de temps disponible pour dépenser le surplus de ce que je gagne par rapport à la moyenne de la population, et quand je le dépense, ma conscience me rappelle que la seule différence entre moi et le balayeur dehors, c'est que moi j'ai eu toutes les portes ouvertes et les ressources de mes parents pour me payer des études.
     Sinon, je ne suis ni plus intelligent ni plus con que lui. Il pourrait même m'en remontrer autant sur l'art de faire son boulot que moi avec l'art de faire le mien. Combien sont-ils ? Au pif, je dirais 10% de la population.

     Au dessus, les riches. On peut dire les grands bourgeois. Bien nés, bien introduits, la plupart du temps ils doivent leur fortune au fait d'avoir été soutenu par papa et maman, ou d'avoir été pistonnés. Quelques self-made men traînent dans la bande (bien peu de self-made women), qui hélas finiront souvent par dire que s'ils ont "réussi", tout le monde peut "réussir". C'est faux : être parvenu à gagner du pognon ne fait de personne un héros, et ne justifie pas de donner des leçons à ceux qui n'en ont pas. Le pays n'est pas assez riche pour faire de nous tous des milliardaires. Et de toutes façons, qui voudrait être riche comme machin ? Personne : tout le monde veut être plus riche que machin.
     Suffisamment fortunés pour pouvoir s'offrir l'expertise de comptables astucieux et de fiscalistes bien rencardés, les riches s'aperçoivent rarement que leur statut s'auto-entretient. Car, c'est tristement vrai, on ne prête qu'à ceux qui n'en ont pas vraiment besoin. Vous êtes millionaire ? Votre banquier ne vous demandera jamais pourquoi vous voulez emprunter 50 000 Euros. Alors qu'il pourrait se demander si vous ne pouvez pas les sortir de votre propre poche. C'est ainsi : pour ne pas perdre les bonnes grâces des gens fortunés, on leur passe tout, y compris des absurdités.
Combien de riches ici ? Quelques dizaines de milliers.

     Au dessus, les droits-divins. Ultra-riches. Ultra-protégés. Riches d'argent ou riches de pouvoir, ils sont intouchables, disposent de la vraie et l'ultime richesse : des carnets d'adresses bien remplis de créanciers, de relations bien placées, de fusibles éventuels qui sauteront à leur place. Combien sont-ils ? Quelques poignées.

     Et dans ce système de caste, ceux du dessus régentent la vie de ceux du dessous, mais les croisent rarement. Et pourtant, le système républicain est conçu pour assurer le pouvoir du plus grand nombre. La base de la pyramide devrait tenir en respect son sommet. Mais, écrasée par le poids des privilèges, des passe-droits, du crédit excessif de confiance et de respect qu'on accorde à ceux qui n'ont jamais à mettre les pieds dans la fange, la base se laisse engourdir et subit sans trop savoir comment changer les choses cet état de fait. Ceux du dessous sont éduqués à ne pas se rebeller, à ne pas faire entendre leur voix. Ceux du dessous peuvent bien crier, hurler, tempêter contre leur condition : ceux d'au-dessus ont compris depuis longtemps qu'il suffit de faire semblant d'écouter, de promettre de revenir un an après avec des solutions. Entre temps, les problèmes quotidiens aidant, ceux du dessous doivent faire face et laissent sombrer leurs doléances en attendant la prochaine fois où ils donneront de la voix.

     Que faire ? Et que faire face à ces problèmes, alors même que se dessine devant nous une échéance particulière car il s'agit d'un de ces cas de conscience où l'on peut choisir d'y croire ou pas. Peut-on croire sincèrement Sarkozy si l'on porte un oeil objectif sur son bilan ? Peut-on croire Ségolène quand le chiffrage de son programme semble nous condamner à creuser encore un peu plus un déficit budgétaire abyssal ? Peut-on croire Bayrou quand on sait que rares sont les politiciens ayant fait leur mea culpa et qui ont ensuite tenus leurs bonnes résolutions, et quand bien même ils les tiendrait, que les partis politiques de tous bords sont tellement pétris de suffisance et de mépris pour le bas-peuple qu'ils préfèrent paralyser le pays par l'opposition systématique plutôt que faire acte de civisme et agir constructivement ?

     Peut-on sensément faire confiance à Le Pen suffisamment pour lui confier le commandement de la dissuasion nucléaire française ? Peut-on confier à Laguiller la politique internationale du pays ? Nihous saura-t-il annuler la dette de l'Afrique et imposer le moratoire sur la chasse à la baleine ? Besancenot évitera-t-il un krach boursier s'il est élu ?
     Très franchement, pour briser cette logique de caste et rétablir l'équilibre entre ceux qui ont les moyens et ceux qui les subissent, je m'interroge. J'ai envie de voter très à gauche, mais aucun candidat ne me paraît crédible. Je ne peux que m'opposer sur le fond aux principes de révolution sans douceur prônés par les plus radicaux, car une bonne partie de la population vit modestement de la seule existence de l'Appareil, et que le détruire ce serait les détruire aussi. Mais un vote de protestation, c'est le risque de refaire se produire le 21 Avril 2002. Et voter pour choisir un président, ce n'est pas seulement voter pour sa petite gueule à soi et ses petits pépins à soi, c'est voter pour le bien de tous ceux qui vous entourent, même ceux qui pensent autrement que vous. On vote pour les autres aussi.

     Je disais qu'à mon avis le trouble actuel trouve sa source dans plusieurs trous noirs. Le premier est l'existence des castes. Le deuxième est l'aggressivité générale qui règne par chez nous du fait même du manque de moyen ressenti partout.
     Exemple : mon amende que j'ai dû payer 2 fois. En Août 2005, j'ai fait un excès de vitesse. Flashé à 118 km/h sur autoroute au lieu de 110. Amende payée quand elle m'est parvenue : 45 €. Chèque encaissé dans les 10 jours. Un rappel de paiement m'est parvenu après avoir posté mon chèque : j'ignore. Je vérifie : mon chèque est débité : fin de l'histoire. Janvier 2007 : opposition administrative sur mon compte en banque. Ma thune a été palpée, mais personne ne s'est donné la peine de le noter. Pour éviter de payer à ma banque 90 Euros pour libérer mon fric du verrou de l'Etat, je suis obligé de payer une 2ème fois mon amende.

     Pourquoi cette histoire ? Parce que si les finances du pays étaient en meilleur état, pensez-vous que ce genre de conneries arriverait ? Pensez-vous que la connasse d'employée bornée au bout du fil qui, malgré la preuve de la connerie qu'ils avaient faites, m'a tout de même forcé à payer (présomption d'innocence, un jour j'aimerais te rencontrer), aurait reçu des instructions pour agir de la sorte au lieu de battre en retraite et s'excuser comme elle devait (et doit toujours, bordel) le faire ?
     Pensez-vous que le fisc serait aussi agressif, que les agents verbaliseraient à tour de bras, que vous seriez en permanence dans un climat de suspicion si on en voulait moins à votre pognon ? Et par extension, seriez-vous aussi tendu face aux gens qui resquillent, aussi implacables avec ceux qui fraudent, aussi intraitables avec ceux qui niquent le système si vous-même ne subissiez pas toute la violence dudit système en espérant y échapper ?

     Tous ceux qui jouent au Loto ou à EuroMillions dès que la cagnotte monte le vivent semblablement : l'espoir de plus de blé pour régler toutes vos dettes et qu'enfin la vie vous apporte ce que vous souhaitez. Le calme. Le repos. L'absence de stress. La liberté de consacrer votre énergie à ce qui vous plait vraiment, ce que vous voulez vraiment faire.
     Un très bon indicateur des finances d'un pays : la thune allouée à la création artistique. Jamais été aussi faible en France. Les intermittents ont raison de gueuler, comme ils ont toujours eu raison de le faire.
     Et tous ceux qui réclament un meilleur partage des richesses ont raison de le faire. En se souvenant, bien sûr, que même un Smicard français, même un RMIste reste, de par ses ressources, dans la frange la plus riche de la population mondiale, et donc qu'un jour lui-même sera amené à donner.

     On pourrait se dire que c'est en train d'avoir lieu avec les délocalisations : le travail (donc le blé) sont en train de repartir là où les gens sont pauvres. Ca rééquilibre, non ? Mais c'est un non-sens. S'il s'agissait de vases communicants, la thune sortirait d'abord de là où elle est la plus massivement accumulée. De chez les super-friqués. Ce n'est pas le cas. Il n'y a jamais eu autant de millionaires, ni de milliardaires en France. Conclusion : c'est le système des castes qui est en train de se généraliser, de se mondialiser.
     Contre tout cela, il faut lutter. Contre la rupture entre différentes couches de population. Contre la loi du fric contre la loi du nombre, à échelle française et à échelle mondiale. Contre la supériorité artificielle de ceux que la vie a favorisé, et qui font semblant de ne pas s'en souvenir, à échelle française et à échelle mondiale. Et contre tout cela, lequel de nos fringants candidats aura-t-il les coudées assez franches pour agir ?

     Pour l'instant, je sèche. Ce sera sûrement pas à droite, parce que je ne peux pas envisager d'accorder ma confiance à des gens qui mentent aussi effrontément sur leur bilan. Sera-ce à gauche ? Ou bien tenterai-je le coup de poker Bayrou, bien que je trouve ses positions sur la Turquie, la beuh et le mariage gay complètement à l'Ouest et qu'à mon sens il risque encore plus vite que les autres d'agir pour sa gueule avant d'agir pour mes concitoyens ?

     Je sais pas. Putain, je sais pas. Par contre, je sais que je vais voter. Si les votes blancs étaient comptabilisés, je sais ce que je voterai. Mais là... putain, j'en sais rien. Et si y'a bien un truc que je veux faire, c'est ne pas me gourrer. Mais si j'aborde cette élection avec ces interrogations, c'est que comme tout un chacun je les aborde en future victime de désillusion que je refuse d'être, mais que je serai à tout coup. C'est pas du fatalisme, c'est juste de l'expérience. Et ça, plus que tout, ça me fout les boules.

-G4rF-