jeudi 28 février 2019

Poème express [182/365] - En travaux

En travaux
Près des cônes de Lübeck et de la rubalise,
De la signalétique annonçant le chantier,
Les feux et les peintures, les panneaux déportés,
Les fardiers suspendus, des bras se mobilisent.

Il y a du changement, de gros travaux dans l'air
Et les engins s'activent en de puissants efforts
On s'agite, on déplace, on porte et on s'affaire.
Tout est à rebâtir. Il va y avoir du sport.
--G4rF--

Poème express [181/365] - Gommer

Gommer
Frotter, frotter encore, absorber le graphite
Faire s'évanouir les pleins et les déliés
Retrouver la surface vierge du papier
Faire sauter les loupés, les mots écrits trop vite

Frotter, frotter partout, en râpant la surface
Sur tous les mots trop lourds et les vraies maladresses
Appuyer sur la gomme pour que tout disparaisse
En essayant en vain d'essuyer toute trace

Gommer, gommer toujours, au milieu des pelures,
Des mines de crayon et de copeaux de bois
Reprendre de zéro comme la première fois
Mais jamais protégé du risque de rature
--G4rF--

Poème express [180/365] - Le chat noir

Le chat noir
Il vient se faire chauffer sur les pierres, au soleil,
Perché loin des idiots et de leurs coups de pied
Il guette et se prélasse, s'abandonne au sommeil
Il voit tout notre monde comme un précieux jouet
--G4rF--

Poème express [179/365] - Un briquet allumé

Un briquet allumé
Je n'ai jamais vraiment
Su qui a initié
Toutes ces flammes flottant
Dans les foules assemblées

Au pied des grandes scènes
Aux lumières aveuglantes
Dans les fosses béantes
Aux allures paroissiennes,

Ces briquets allumés
Dans les mains par centaines,
Communion partagée
D'une foi contemporaine

Dans des instants sacrés
D'unité éphémère
Que les salles de concert
Seules savent créer
--G4rF--

mardi 26 février 2019

Poème express [178/365] - Cartouche vide

Cartouche vide
Comme une nuit sans lune et un sommeil sans rêve
Comme une plume sèche et une cartouche vide
Je m'épuise et m'acharne et cherche non sans blêmir
Des thèmes et des idées et me force à écrire.
--G4rF--

Poème express [177/365] - Dans un marron

Dans un marron
Il y a un bonheur assez inattendu
A attendre quelqu'un à quelque coin de rue
Cherchant à se distraire pour faire le temps moins long
En dribblant et tapant du pied dans un marron
--G4rF--

lundi 25 février 2019

Poème express [176/365] - Premier

Premier
Un frémissement
Le soleil vient l'effacer
Premier des beaux jours
--G4rF--

Poème express [175/365] - A côté

A côté
Si j'avais un souhait ou un vœu à porter
Ce serait de pouvoir de nouveau t'accoster
En te demandant de bien vouloir m'accorder
L'espace d'une soirée pour pouvoir aborder
Ta conquête en évitant de tout saborder
Par un mot maladroit qui, loin de t'apporter
Le rire ou le bonheur, mettrait hors de portée
La possibilité de te voir m'adopter,
Car je voudrais toujours t'avoir à mes côtés
Et puis de temps en temps pouvoir t'escamoter,
T'avoir juste pour moi, bref, te barboter
Partir sous d'autres cieux avec toi caboter,
Faire la sieste dans une auto décapotée,
Ou toute une soirée t'écouter pianoter,
Toi si magnifique et moi si mal fagoté,
Mon cœur transporté, secoué, ballotté,
Par ta simple présence, toi, ma fille d'à côté.
--G4rF--

Poème express [174/365] - Trop jeune

Trop jeune
Bien sûr que j'ai envie de cueillir sur la branche
Ce fruit appétissant qui s'offre à mon regard,
Et bien sûr qu'il me tente d'en goûter une tranche
Cédant par gourmandise et égoïsme avare.

Ce serait séduisant d'en avoir la primeur
De s'y aboucher pour aspirer son nectar
Mais le fruit n'est pas mûr, son aspect est trompeur :
Certes il est magnifique mais il est pour plus tard.

Il lui faut du printemps et de l'été encore
Pour épaissir sa peau et gagner en saveur
Qu'il se frotte au temps, à la rigueur du dehors
Pour affiner son goût et être encore meilleur.

Mais ce fruit, avant d'être à sa maturité,
Peut-être par un autre se laissera croquer.
S'il ne m'en reste rien, c'est aussi bien comme ça
Le fruit vert me déplaît et ne m'intéresse pas.

Quand le temps viendra de le pouvoir savourer
S'il accepte que je vienne m'en rassasier
Je boirai tout mon soûl à ce divin calice
Comblé par la patience de mille et une délices
--G4rF--

Poème express [173/365] - Peur de rien

Peur de rien
Perchés sur une falaise ou la flèche d'une grue,
Faisant la sourde oreille à l'appel du vide.
Pensant à notre Terre dans l'espace, perdue.
Rejeté par autrui, en solitude aride.

Aveugles à l'avenir, nous laissant dépourvus.
Privés d'une connaissance que chacun a, sauf nous.
Le vide crée l'effroi et l'absence nous tue.
La peur de rien est mère de la peur de tout.
--G4rF--

Poème express [172/365] - Essentiel

Essentiel
Mettons l'eau de la pluie dans tous les réservoirs
Cormorans et mouettes dans les carburateurs
Les éclairs de l'orage dans tous les démarreurs
Et l'essence-ciel nous aidera à mouvoir
--G4rF--

Poème express [171/365] - Esplanade

Esplanade
Ici, la mer turquoise, opalescente et vive
La frontière de galets, toujours à reconstruire
Le béton parant aux tempêtes intrusives
Les bancs où les badauds se laissent alanguir

La chaîne de lumières qui trace le contour
De la zone réclamée par la mer à la terre
Des façades aux couleurs éclatantes et fières
De la longue esplanade et ses plus beaux atours
--G4rF--

vendredi 22 février 2019

Des stats-euh, des stats-euh...

...oui mais des stats z'amies !
Ce titre de blog a été approuvé par le CJMP (Club du Jeu de Mots Pourri).

Ça sert à rien, donc je le fais, voici un petit point chiffré d'avancement du projet "365 jours de poésie express" :

  • 228ème jour du projet - 62% du temps écoulé
  • 170 textes écrits aujourd'hui - 46% du total à fournir - 75% de ce qui devrait être fait si j'avais pas de retard (eh, la dernière fois j'avais fait que 2/3, là j'ai fait 3/4, ça progresse !)
  • il reste 137 jours de projet et 195 textes à produire
  • au rythme actuel d'environ 2 textes par jour, j'atteindrai 50 % du total à fournir (183 textes) le 01.03.2019, vendredi prochain, et j'aurai rattrapé mon retard le samedi 20.04.2019
Il y a donc du progrès. Ça saute pas aux yeux, mais y'en a.


--G4rF--

Poème express [170/365] - Désensibilisation

Désensibilisation
Je prends chaque matin un lyophilisat
A placer sous la langue et à y laisser fondre
Pour que mon organisme cesse de trop répondre
Aux substances allergènes causant mon embarras,

M'exposant longuement à des doses légères
Pour apprivoiser ma réponse immunitaire
Jusqu'à ce qu'elle regarde avec passivité
Ces molécules qui la font s'exacerber

Et me blesser à force d'ardeur défensive
Me causant des souffrances à chaque belle saison.
Je fais ce qu'il faut pour qu'elle se désactive,
En Mithridate domestiquant le poison.

Je regrette que cela ne puisse s'appliquer
Pour anéantir d'autres formes de douleur
Qui m'étreignent et m'étouffent et me serrent le cœur
Quand près de moi vient celle que je ne peux toucher.
--G4rF--

Poème express [169/365] - En vitesse de croisière

En vitesse de croisière
Ce n'est pas que j'étais inapte ou impotent
Ce n'est pas que j'étais envers moi indulgent
J'étais pris par bien d'autres sujets d'occupation
Qui captaient le plus fort de ma concentration

Mais ça ne pouvait pas ainsi continuer
Mes réserves et moyens lentement s'épuisaient
Il a donc fallu prendre un chemin de traverse
Pour pouvoir subsister et affronter l'adverse

En changeant de terrain, j'ai changé de moteur,
D'énergie, de cycle et de moyen propulseur
Démarrant lourdement, j'avance et accélère
Et je serai bientôt en vitesse de croisière
--G4rF--

jeudi 21 février 2019

Poème express [168/365] - Comme un biscuit

Comme un biscuit
Si tu savais combien tu m'ouvres l'appétit
Si tu pouvais sentir la faim que tu induis
Si je pouvais te savourer à l'infini
Je te dévorerais, sweetie, comme un biscuit.
--G4rF--

Poème express [167/365] - Péter un câble

Péter un câble
Il y a un mois de ça, je me trouvais en panne
Sur le bord de la route, la voiture à l'arrêt
Parmi mille problèmes touchant à ses organes
Un câble de vitesse venait de me lâcher.

Quelques semaines plus tard, après de lourds travaux
Et un coût de main d'oeuvre qui me vida les poches
J'étais dans ma voiture quand soudain, de nouveau
Le même foutu câble reperdit toute accroche

La fureur me vint, monta, puis retomba,
Résigné que j'étais par cette nouvelle épreuve.
Si moi je pète un câble je sais qu'il n'y aura
Personne pour payer les pièces et la main d'oeuvre
--G4rF--

mercredi 20 février 2019

Poème express [166/365] - Mouvement brownien

Mouvement brownien
Le menton sur la table, je regarde la danse
Des effluves teintés se mouvant dans la tasse
Mélangeant les saveurs avec nonchalance
Attendant patiemment que le calme se fasse.
--G4rF--

Poème express [165/365] - Tu dors ?

Tu dors ?
Il est minuit passé et ça n'veut pas venir
Je sens bien la fatigue, mais le sommeil me fuit
Besoin de se coucher, mais vraiment pas l'envie
Je me demande si tu es en train de dormir...

La tête sur le côté, allongée en travers,
Des cheveux échappés s'imprimant dans ta joue,
Nichée comme l'oiseau au plein cœur de l'hiver...
Que la nuit te soit belle et ton sommeil doux.
--G4rF--

mardi 19 février 2019

Poème express [164/365] - Whisky (2)

Whisky (2)
Ca sent le bois liquide, l'humus après la pluie
Et les sentiers fouillés par les pieds des chevaux
Ca sent la roche aride et les landes infinies
Dominées par les beinn massifs et ancestraux

Ca sent le temps qui roule, s'assoupit et s'endort
Décantant lentement dans l'abysse tonnelée
Ca sent l'odeur du feu des âges du dehors
A laisser lentement brûler pour s'échauffer

Ca s'apprivoise moins que ça ne se conquiert
Ca s'apprécie moins que ça ne se fait dompter
Et pour apprécier chaque goutte d'un verre
En plus d'en vouloir, il faut le mériter.
--G4rF--

Poème express [163/365] - Grain de sucre

Grain de sucre
Au bord de la soucoupe,
Sur le bout de mon doigt,
Je cueille des grains de sucre
Et relevant les yeux,
Au coin de tes lèvres j'en vois
Un dernier qui m'appelle.
--G4rF--

Poème express [162/365] - La lucarne

La lucarne
La lucarne est ouverte et laisse s'infiltrer
La brume épaisse et moite de ce mardi d'hiver
Avec les bruits des gens et des chiens du quartier
Et le flot lent et lourd d'une triste lumière.
--G4rF--

lundi 18 février 2019

Poème express [161/365] - À refaire

À refaire
Il faudrait tout refaire, presque tout remanier
Tant il y a partout de failles et de défauts
Mais à combler les brèches et réparer les maux
Reste-t-il quelque chose qui n'ait été touché ?
--G4rF--

Poème express [160/365] - Sur les marches

Sur les marches
J'aime à croire qu'il sait, l'ouvrier, le maçon,
Ou le tailleur de pierre qui les scelle dans l'espace,
Combien de grandes choses s'y dérouleront
Sur ces degrés montant sur toutes les grandes places,

Les attentes enfiévrées d'un premier rendez-vous,
Les baisers, les serments, les rêves jeunes et fous,
Les colères et les bruits, les manifestations,
Les espoirs et les cris, et les séparations

Leurs marches sont immenses, trop pour y être seul
C'est pourquoi on y voit tant de gens qui s'amassent
A y faire et défaire le genre de vie qu'ils veulent
Sur ces degrés montant sur toutes les grandes places.
--G4rF--

Poème express [159/365] - Dedans, dehors

Dedans, dehors
Qu'ai-je fait des idées que j'avais ce matin ?
Où les ai-je laissées, elles qui me font défaut ?

Je savais quoi en faire, je les possédais bien
Et me voilà soudain sec et sans un seul mot

J'ai retourné mes poches, toutes dedans dehors,
J'ai vidé mon sac et n'ai encore rien trouvé

Peut-être suis-je un fou à l'esprit trop retors :
Qui voudrait retrouver des pensées dérangées ?
--G4rF--

Poème express [158/365] - À peine cachés

À peine cachés
C'est derrière cette porte de ce lieu inconnu
Au dessus de la ville anonyme et complice
Que nous vécûmes ces secondes d'absolu
Dont je chéris le souvenir avec délice

Poussés hors de nous-même par l'envie d'avoir plus
Nous fîmes de cet alcôve l'écrin d'un pur joyau
Qui brille en ma mémoire de l'éclat d'Arcturus
Et auquel j'aspire dans les jours trop normaux

Ainsi me fut donné un instant éternel
Par ta grâce et la chance d'une porte entrouverte
Sur une pièce triste que tu rendis si belle
Où, de la passion, tu m'offris la découverte.
--G4rF--

Poème express [157/365] - Les arabesques

Les arabesques
Des mouvements figés dans le plat de la feuille
Qui perdent le regard dans leurs cours sinueux
Foisonnement de points, volutes en trompe-l'œil
Élancées et dansantes aux contours tortueux

On y cherche le motif, le rythme, la redite,
L'élément recopié auquel s'accrocher
Pour comprendre la danse complexe et érudite
Du décor en mouvement laissant hypnotisé

Souvent je m'y abîme pendant de longs instants
Toute attention captée par ces figures de style
L'esprit s'y trouve collé comme par un aimant
Et mon désert mental devient terre fertile.
--G4rF--

Poème express [156/365] - Contrastes

Contrastes
Lambeaux de rose pâle
Sur le camaïeu violet
Aurore d'hiver
--G4rF--

vendredi 15 février 2019

Poème express [155/365] - Cul de bouteille

Cul de bouteille
C'est ainsi qu'on appelle certains verres correcteurs
En raison de leur forme et de leur épaisseur
Soumettant la lumière à de grandes torsions
Pour compenser les pires des défauts de vision

C'est aussi en voyant par le cul des bouteilles
Que le fond des pensées de chacun se réveille
Qu'à consommer ainsi ces verres correcteurs
Nos écrans de fumée perdent en épaisseur
--G4rF--

Poème express [154/365] - Libérez-moi

Libérez-moi
Venez casser mes chaînes
Venez me libérer
Des devoirs pathogènes
Qui me font étouffer

Mon temps n'est jamais libre
L'insouciance m'a fui
Chacune de mes fibres
Résonne de la phobie

De m'enfoncer sous l'eau
De mes engagements
D'être pris en défaut
En désemparement

J'offre à qui en voudra
Le poids de mon fardeau
Pour seulement une fois
Me redresser le dos

Allégé, libéré
De tout engagement
Apaisé, reposé
Enfin indépendant.
--G4rF--

jeudi 14 février 2019

Poème express [153/365] - Frangines

Frangines
Il ne vient à l'idée de quiconque est sensé
De dire qu'une fratrie doit être limitée,
Qu'au delà de deux âmes elle devient immorale
Qu'elle défie l'entendement ou qu'elle est anormale

Ainsi je voudrais bien savoir au nom de quoi
Une âme ne pourrait avoir de sœur qu'une fois
Car la vie tumultueuse aime à me présenter
De temps à autre des frangines insoupçonnées
--G4rF--

Poème express [152/365] - Monosyllabe

Monosyllabe
Oui. Bon. Non. Ah.
Que me fais-tu donc payer là
Oui. Non. Bon. Ah.
Est-ce mon surplus de verbe qui te fait dire cela
Non. Bon. Oui. Ah
Fini l'épistolaire, tu ne me parles pas
Non. Oui. Bon. Ah.
C'est moins qu'une pensée que tu consens pour moi
Bon. Non. Oui. Ah.
Ma tendresse affamée n'y résistera pas.
Oui.
Non.
Ah.
--G4rF--

mercredi 13 février 2019

Poème express [151/365] - Petits cailloux

Petits cailloux
Un caillou plat, bien arrondi
Lancé sur l'eau d'une main sûre
Percute l'onde et rebondit
Sautant et sautant vers l'azur

Un dernier choc le freine enfin
Suffisamment pour qu'il s'enfonce
Et qu'il s'abîme corps et bien,
Qu'à son long envol il renonce.

Mais les vagues qu'il a semées
Restent longtemps après qu'il sombre
Comme les souvenirs prolongés
Des êtres passés dans les ombres.
--G4rF--

Poème express [150/365] - Les prises électriques

Les prises électriques
Leurs visages muets semblent parfois attendre
Qu'on les connecte enfin à quelque machinerie
Pour masquer leurs yeux creux, aveugles antichambres
De la plus commune des paréidolies

De tous les grands réseaux elles furent les premières
A s'imposer partout, toujours bien accueillies
Par l'idée de progrès, d'un âge de lumière,
Et depuis ces temps-là elles se sont établies

Sur chacun de nos murs, dans tous nos bâtiments
Déroulant jusqu'à elles un long réseau de cuivre,
Méduses domestiques aux si longs filaments
Étendant leur filet, promettant le mieux-vivre.
--G4rF--

mardi 12 février 2019

Poème express [149/365] - Déraison

Déraison
Je suis parfois étreint d'envies peu convenables
Que d'aucuns décriraient comme inqualifiables
Et que les modérés les plus imperturbables
Jugeraient assurément bien déraisonnables

Que sont donc ces envies, ces sentiments coupables ?
Agression ? Destruction ? Rien de si peu louable.
Subversion et désordre sont plus honorables
Et pour tout dire je les vois d'un œil bien aimable.

Car on ne vit jamais si fort que dans l'instable
Loin des tergiversations interminables
Je confesse ce péché étrange et admirable
D'inviter le chaos à souper à ma table.
--G4rF--

Poème express [148/365] - Passe-temps

Passe-temps
La Mort qui s'ennuie
S'empare d'une bière fraîche
Et joue aux osselets.
--G4rF--

Poème express [147/365] - Demain matin

Demain matin
Demain matin j'irai faire un tour près du pont
Prendre quelques minutes pour chauffer au soleil
Voir se lever la brume, et respirer à fond
En écoutant la ville qui sort du sommeil
--G4rF--

lundi 11 février 2019

Poème express [146/365] - Possible ?

Possible ?
Je t'ai demandé de m'offrir des choses qui ne coûtent rien
Des mots, seulement, pour me dire les sentiments dont j'ai besoin
Je t'ai dit combien il fallait que j'aie pour moi ce carburant
Qui me fait tant et tant défaut pour pouvoir être en mouvement

Je t'ai dit dans toutes les langues que pour garder la terre fertile
Et pouvoir vivre de ses fruits il lui faut quelques soins faciles
Faits d'affection et de tendresse, car elle doit être protégée
Au risque de cueillir des pierres sur la lande laissée à sécher

Je t'ai dit ce qu'il me fallait et je t'ai promis en retour
D'être celui qu'il te faudrait au delà de tous les discours
Tu ne risques vraiment d'y perdre que quelques mots et secondes,
Je voudrais croire qu'il est possible que plus qu'un silence me réponde.
--G4rF--

Poème express [145/365] - Les ornières, les nids-de-poule

Les ornières, les nids-de-poule
Cela fait bien vingt ans que je n'y suis allé
Et pourtant j'ai encore en moi la sensation
De ce chemin tordu, creusé et défoncé
Vers ce lieu de plaisir et de satisfaction.

D'abord les raidillons, le bitume blanchi
Par la fournaise d'été et la rigueur d'hiver,
Des sillons arrachés aux pierriers du midi
Où croiser une voiture était un vrai enfer.

Avec le bruit du vent et le chant des cigales
Et le radio-cassette et ses chants de vacances
La senteur des garrigues aux saveurs estivales
De cet arrière-pays du sud de la France

Bientôt le mas du Four, très vite dépassé
Avant de replonger vers le fond du vallon
Et le virage à droite, près du poteau dressé
Et plus haut, l'éolienne signalant la maison.

Et pour les derniers mètres, l'épreuve de bravoure
Le sentier tout semé d'ornières et nids-de-poules
Où la dextérité du pilote se savoure
Accroché au volant à s'en faire des ampoules

Et nous, les impatients, trépignants sur nos sièges
Saturés d'inconfort et d'aires d'autoroutes
Savourions cet instant, ce curieux privilège :
Secoués en tous sens ? Bien, qu'on nous en rajoute !

Car c'était le signal, le début de la fête
Des longs jours de soleil, de sucre et de chaleur
Ornières et nids-de-poule, je vous garde en ma tête
Ornières et nids-de-poule, je vous garde en mon cœur.
--G4rF--

Poème express [144/365] - Aussi loin

Aussi loin
Et le temps dilue tout, les sons et les couleurs
Dans la craie rêche, âpre d'un brouillard de cendre
Où s'éteignent amours, rêves comme douleurs
Laissés loin derrière nous, sans rien pour les défendre.

Et nos chemins nous mènent sur ces longs ponts flottants
Qui parfois en croisent d'autres, arpentés par autrui
Mêlant leurs étincelles aux nôtres pour un instant
Artifice de nos feux crevant alors la nuit

Naissent alors certains de ces sons et couleurs
Dans leur plus pure forme, exorcisant la cendre
Sémaphores enchantés bannissant la noirceur
Brillant depuis les cieux avant de redescendre

Déclinant doucement, au fil des années
Et des longs kilomètres qui nous en éloignent
Marchant, toujours marchant, sur nos ponts élancés
S'éteignant dans la cendre qu'alors ils rejoignent.
--G4rF--

Poème express [143/365] - Analyse

Analyse
La peste soit de toutes les choses inconnues
Variables sans limite, variantes imprévues
De toutes ces surprises et ces désavantages
Qui ruinent l'analyse à force de sabotage

Bien trop de dimensions à conceptualiser,
De profondeur avec peu ou trop de données
Trop de complexité pour tenir dans ma tête,
Moi qui doit dire de quoi la suite sera faite.
--G4rF--

Poème express [142/365] - Par le col

Par le col
Il est pris par le col et jeté en arrière
Agité et tremblant, dénombrant ses morceaux
Lacéré de colère comme de coups de couteaux
De ses blessures suinte une humeur bien amère
--G4rF--

vendredi 8 février 2019

Poème express [141/365] - Rhube

Rhube
Je consobbe à la belle les baquets de bouchoirs
Qui s'en bont détrembés, débordant des boubelles
Et je vorme le boeu qu'à l'abbroche du zoir
Je puizze envin boucher la derdière des jandelles.
--G4rF--

La preuve par Tintin

[Nous interrompons le flux normal et irrégulier de ce blog pour un commentaire politique doublé d'une idée à la con]
En ces temps renouvelés de soubresauts populaires, une question flotte, revient, insiste, et se pose régulièrement à mesure que la loi nationale s'alourdit régulièrement de mesures répressives et/ou dissuasives : sommes-nous, ou ne sommes-nous pas, sous un régime autoritaire ?

Il convient de prendre un instant pour préciser qu'un régime autoritaire est un régime concentrant l'essentiel du pouvoir dans les mains et les décisions d'un petit groupe humain ou d'un individu, exempt de facto rendre compte à qui que ce soit de son action et bénéficiant notamment pour ce faire de faveurs niées au plus grand nombre (immunité, privilège, etc).

Alors, sommes-nous en régime autoritaire ? Pour moi, ça ne fait pas le moindre doute. Mais pour expliquer et faire comprendre pourquoi, il faut du temps, des arguments, du débat, de la réflexion, de la prise de recul... autant de choses qui comptent moins aujourd'hui que le nombre de vues sur Insta d'un œuf ou d'un(e) quelconque hurluberlu(te*) auto-proclamé(e) "influenceur(euse)" par la grâce des clics et de l'asservissement intellectuel général à la gloire de son Instantanéité le divin Buzz-Le-Grand.

Il faut donc trouver une autre méthode, moins rationnelle, pour effectuer cette démonstration. Et puisque la raison recule tandis que l'émotion et l'affect règnent en maîtres, puisqu'il faut que tout soit blanc ou noir, ouvert ou fermé, mort ou vivant, macroniste ou humaniste, j'ai réfléchi (pas très longtemps) et je pense que j'ai trouvé comment.

Je vous présente donc, avec une joie non dissimulée, ma méthode vite-faite-mal-faite en mode MBMC** pour savoir si votre pays est gouverné de façon autoritaire ou non. Une méthode facile à appliquer à échelle internationale, car elle s'appuie sur la popularité mondiale d'un personnage connu qui ne fait pas beaucoup débat (sauf au Tibet et en Afrique noire) : Tintin.
Je me réfère ici au Tintin débarrassé de ses encombrants débuts colonialistes, bien sûr, à celui qui a risqué sa peau pour son ami Tchang et qui fit ainsi longuement souffrir Frédéric Molas et Sébastien Rassiat (sans l'avoir voulu, je le précise).

Foin de digression, venons-en au fait. J'ai appelé cette méthode "La preuve par Tintin".

Voici comment faire :

  1. Prenez les titres de presse les plus vendus, ou à défaut, les plus exposés, du pays en question. Un tour rapide sur n'importe quel site web agrégateur de contenu devrait faire l'affaire : cherchez <nom du pays> news
  2. Dans les titres de ces journaux :
    1. remplacez le nom du pays concerné par "Syldavie", 
    2. remplacez le nom des gens par "pauvres" (s'ils sont pauvres, genre smicards ou assimilés) et par "riches" (s'ils sont riches)
  3. Imaginez un instant Tintin au début d'une de ses histoires, prenant le train pour se rendre à Bruxelles avec son fidèle compagnon à quatre pattes. En bon reporter belge du "Petit vingtième", il parcourt les titres de la presse que vous venez de préparer.
  4. Maintenant qu'il a fini sa lecture, que dit-il : "Les gens de Syldavie ont bien de la chance, n’est-ce pas mon brave Milou ?" ou bien "Les malheureux Syldaves, Milou, si tu savais !"
Et voilà ! Si les Syldaves sont heureux, votre pays n'est pas autoritaire. S'ils sont malheureux... enfin, vous avez compris.

Merci Tintin ! :)

--G4rF--
*Oui, hurluberlute. J'ignore le féminin d'hurluberlu, je n'ai aucune envie d'aller m'en quérir, et j'espère que s'il existe ce n'est pas "hurluberlue" car ce serait rater grossièrement le mot hurluberlute que je vous présente aujourd'hui en exclusivité mondiale car il est plus drôle, plus moqueur, légèrement plus acidulé et il sent la vanille.
**Ma Bite et Mon Couteau

Poème express [140/365] - Un goût de métal dans l'air

Un goût de métal dans l'air
Le noir se fait soudain. Couvert de pied en cap
Derrière la meurtrière se dessine l'objet
Du défi à mes mains, formidable chausse-trappe :
Les pièces de métal qu'il me faut assembler.

Chaque fois l'exercice me surprend et m'éreinte
Tant il demande de justesse, de précision
Quand l'éclat infernal fait basculer la teinte
Ne laissant voir que l'arc et le bain de fusion

Rigueur et exigence souvent insoupçonnées
Pour réussir un segment de métal fondu
Goût de métal dans l'air du travail bien fait
Un art auquel on n'est jamais vraiment rompu.
--G4rF--

jeudi 7 février 2019

Poème express [139/365] - 4 jeudis

4 jeudis
Je voudrais arrêter les trotteuses, les tic-tac,
Les aiguilles des pendules et les calendriers
Mettre un sabot au temps pour le paralyser
Pour achever enfin ce que je laisse en vrac :

Mes travaux. Mes bouquins. Mes loisirs. Mes devoirs.
Les nouvelles à prendre, à donner aux amis,
Le temps de ne rien faire, de jouer avec mes filles,
D'aller voir le soleil se coucher sur la Loire.
--G4rF--

Poème express [138/365] - Plomb

Plomb
L'épuisement a chargé mes paupières de plomb
Qui me fait chanceler sous les coups de boutoir
M'appelant au repos, avec force et raison.
Ma conscience agonise et chute dans le noir.
--G4rF--

mercredi 6 février 2019

Poème express [137/365] - Je comprends les vampires

Je comprends les vampires
Lorsque tu t'approches, que je sens ton parfum,
Que je vois briller l'ébène au fond de tes yeux
Que tu penches la tête, repoussant tes cheveux,
Que ton torse vient pour prendre appui sur le mien

Quand la lumière du soir vient caresser ton cou
Quand l'ivoire de ta nuque aspire mon regard
Quand ma main s'aventure sur ta peau au hasard
A s'en mordre les lèvres pour ne pas tomber fou

Je comprends les vampires.
Oui.
Je les comprends.
--G4rF--

Poème express [136/365] - Trop vieux ?

Trop vieux ?
Quand donc a commencé ma propre péremption ?
Où m'a-t-on tatoué cette date limite ?
Par quelle autorité fut prise la décision
De me classer trop vieux, en précoce faillite ?

Le spectacle de mon corps est certes peu plaisant
A chaque jour qui passe, il devient plus fade
Et à l'usage de mon esprit, je le sens,
Oubli et confusion deviennent mes camarades

Mais quel terrain conquis ! Quel chemin parcouru !
En quelques décennies, que de faits accomplis !
Et tant de moments forts, et tant de vies vécues !
Et toutes ces rencontres dont j'ai tellement appris !

Et me voilà trop vieux ? Alors même qu'à peine
Je me sens enfin apte à savoir comment vivre ?
Qu'au lieu de matelot, je me sais capitaine
Maître de mon navire, avec mon cap à suivre ?

Un pied dans la jeunesse par le biais de mes mômes,
Un autre dans l'âge mur... grand écart équivoque !
Tu me penses trop vieux, mais jusqu'à ce qu'on m'embaume
Je serai un enfant. Du moins, de mon époque.
--G4rF--

mardi 5 février 2019

Poème express [135/365] - La maison jaune

La maison jaune
Elle a poussé soudain, par accès de colère,
Au détour d'un rond-point sur un terrain sans âme
Et rajouté soudain, par refus des misères,
De la vie et du cœur, et bâti un programme :

Celui de rendre tout leur honneur aux plus humbles,
De ne plus écraser les petits sous les pas
Des maîtres de l'argent, nouveaux rois de la jungle,
Mettant le monde en taille pour nourrir leur gras.

La maison jaune est là, et chaque jour accueille
Sans cri et sans reproche ceux qui en ont besoin,
Ceux que la vie a brisé sur bien trop d'écueils,
Ceux qui espèrent mieux pour l'avenir humain.

Elle est jaune d'alerte, jaune pour être vue
Jaune comme un soleil qu'on ne peut ignorer
Jaune de la couleur des blessés, des déchus,
Qui ont mis dans ses murs toute leur dignité.

La maison jaune est là, comme des milliers d'autres,
Au détour des ronds-points, sur des terres de souffrance,
A clamer pour chacun le refus des misères
Et la justice contre les rois de la finance.
--G4rF--

Poème express [134/365] - Dans le creux de ma main

Dans le creux de ma main
J'aimerais te faire sentir
Le puissant courant chaud
Qui vient pour m'engloutir
Lorsque je touche ta peau

J'aimerais partager
La vibration intense
Qui me fait frissonner
Devant tes yeux immenses

J'aimerais que tu saches
Le secret dérisoire
Qu'à ton regard je cache
Pour faire durer l'espoir

J'aimerais raconter
Au monde tout le bien
Que font tes doigts posés
Dans le creux de ma main
--G4rF--