vendredi 23 décembre 2005

Banalité d'usage (mais pour moi ça veut encore dire quelque chose)

       Bah dis donc... je sais pas si c'est la célébrité qui débute (hmm, restons sérieux quelques secondes), mais en ce momen y'a un max de gens qui tombent sur mon blog. Ca fait plaisir. Revenez quand vous voulez. Et surtout, n'hésitez pas à me lâcher un mot dans l'oreille par le biais des commentaires. Ca me fait encore plus plaisir.
              Comment démarrer sur les chapeaux de roues cette (probablement) ultime bafouille de l'année 2005, avant que ne démarrent dans les paillettes et les flonflons tintinabulants des Père Noël de supermarché la deux mille sixième année de notre calendrier. Ou deux mille septième, ça dépend des écoles. Mais à la limite, on s'en tape.

       Une fois n'est pas coutume, je vais commencer par une note joyeuse : je suis content en ce moment. Ma moitié a eu l'extrême gentillesse de me faire un pack Noël/anniv des 30 piges en me payant une sympathique guitare électro acoustique sur laquelle je me suis empressé d'apprendre à jouer Misère de Coluche. Pour ceux qui l'ignoraient encore, ça, c'est tout à fait mon style de connerie. La suite, ce sera sûrement un truc très facile.
              Je ne désespère pas de l'interpréter prochainement devant des oreilles que j'espère compatissantes envers les p'tits nouveaux.

       Peut-être même que je pourrai faire de la compo dessus. Ch'ais po. En tout cas, j'ai envie de pondre du texte en ce moment. J'ai surtout envie de me faire éditer, à dire vrai. Mais bon, on est le 23 décembre, donc les éditions L'Atalante m'ont jeté. Et P.O.L. m'a tèj aussi.
              Il reste Mnémos, en lequel je place un espoir tout à fait réduit. Non pas que je les mésestime. Mais simplement, à force de m'en prendre dans les dents, j'ai peur de ne bientôt plus pouvoir mâcher que de la soupe, et encore, de la moulinée. Donc, comme dirait Bob Freedent, je préserve mon capital dentaire (et je remets cent francs dans la poche du dentiste).

       Dans les nouvelles actuelles de mon petit cercle : tout le monde est malade ou presque. Y'a que ma moitié qui s'en tire bien. Manquerait plus non qu'elle soit toute cassée en douze : déjà qu'elle est chargée de 15 kilos (dont 3 à 4 de bébé).
              Dans les nouvelles actuelles de mon moyen cercle : rien de spécial à signaler, sauf que les amis se manifestant ces derniers temps ne sont pas ceux auxquels je m'attendais. Mais bon, itskiz my life.
              Dans les nouvelles actuelles de mon très très grand cercle de forme sphérique : je refuse de savoir. J'en chie déjà bien assez à régler tous mes problèmes perso en ce moment, je suis dans une merde tellement sombre qu'on pourrait fabriquer des nuits avec, alors je me préserve l'esprit des malheurs de ce monde pour la petite quinzaine qui vient.

       Je sais que c'est pas bien. Je sais que c'est quand tout le monde fait la teuf que ceux qui en chient souffrent le plus. Mais là, franchement, allumer TF1, je peux pas. Je pense que ma bonne action de la semaine consistera à acheter au choix "Le Canard Enchaîné" ou "Charlie Hebdo" (bizarre, ce journal qui a le même nom que ma fille à venir... la vie a de ces hasards....) et à m'imprégner jusqu'à l'os de haine pour tous les cons en général et pour ceux qui ferment les yeux sur leurs propres conneries en particulier.
              C'est-à-dire en l'occurrence sur moi pour cette petite période de fin d'année. Comme ça, j'aurai la gniak pour causer dans le poste Internet pour toute l'année qui vient.

       Nous venons à peine d'entrer dans les mois d'hiver. L'hiver officiel, je veux dire. Dans toute l'hémisphère Nord, c'est le moment où on se pèle le jonc et où on essaie de se réchauffer en se retrouvant les uns les autres.
              Je souhaite que tous ceux qui me lisent aujourd'hui fassent en sorte, devant les feux de cheminée et les tables trop garnies, de laisser glisser de leurs doigts le ticket resto qui ne leur manquera pas et les pièces de ferraille qui leur alourdissent les poches pour que tout ça retombe dans les mains de quelqu'un qui en a besoin.
              C'est pas de la charité chrétienne (rappelons à cet effet que la date de Noël a été fixée au 25 Décembre par un édit papal il y a quelques centaines d'années seulement).

       C'est accepter de reconnaître, dans ce moment du cycle planétaire où nous prenons conscience dès qu'on oublie de sortir avec une écharpe du point auquel l'humain est démuni face à la nature qui l'entoure, que les festivités de fin d'année sont là pour nous ressouder les uns aux autres dans une fraternité et une chaleur qui transcendent toutes les religions, toutes les couleurs de peau et tous les discours de tous les maîtres à bien-penser.
              Au soleil, on devient tous plus ou moins noir. Dans le froid, on devient tous plus ou moins bleu. Je vais pas faire mon Shylock (à ceux qui savent pas de quoi je parle : lisez ou allez voir "Le marchand de Venise" de Shakespeare), mais sachant que d'un humain à l'autre, dans le fond, seul le destin et la connerie diffèrent, faites en sorte de partager un peu de vos riches heures à bon escient.
              Comme disaient les Nuls : à moindre frais, et vous ferez plaisir ! :-)

       En vous souhaitant finalement d'excellentes festivités et retrouvailles avec ceux qui vous tiennent à coeur, à vous tous amis, connaissances ou parfaits inconnus, je vous abandonne pour faire un gros dodo avant d'aller boucler mes valises pour rejoindre mes beaux-parents, leur fille et la progéniture en gestation incluse dans cette dernière (c'est comme un oeuf Kinder qui se monterait tout seul pendant 9 mois, c'est marrant !).

-G4rF-

mardi 13 décembre 2005

Schwarzi est un con

Fond sonore : Noir Désir - En route pour la joie

       Bigre ! Pourquoi tant de violence dans ce titre, hein ? Ben c'est plutôt simple.
       Le monde continue de brûler d'un peu partout (je parle pas des raffineries qui font boum, là), à tel point que si un jour j'en trouve le temps je mettrai en pratique une idée à moi (remarque, peut-être que quelqu'un y a déjà pensé) : mettre en route un site Web, avec, comme unique page, une carte du monde en noir et blanc sur laquelle apparaîtront en rouge tous les pays en guerre. Mais ce n'est pas pour ça que je dis ici, aujourd'hui, que Schwarzenegger est un con.
       Non, si je le dis, c'est parce que, au milieu du bordel ambiant qui pourrait être plutôt sympa si l'on y voyait pas ressortir en permanence des exemples criant de l'incapacité humaine à cohabiter avec son voisin sans avoir envie de lui piquer sa maison/mobylette/terrain/femme/thune/gourmette/couille gauche/vache/propriété en règle générale, notre fringuant Gubernator a aujourd'hui (enfin, plutôt hier, à l'heure américaine) fait une démonstration brillante de ce qui se passe quand on confie un pouvoir conséquent à un gars juste parce qu'il a l'air d'être le gentil ou le costaud dans ses films.
       Il y avait un mec qui s'appelait Stanley "Tookie" Williams. Il a fondé un gang à Los Angeles dans les années 70, les Crips. Il a été arrêté et condamné pour le meurtre de 4 personnes dans deux braquages de banque. Le gars en question n'était pas un saint, certes. Il en avait fait, du mal. Et il en avait braqué, des banques. Mais, du début à la fin, il a toujours nié avoir buté ces gens.
              Son procès a été tenu dans un contexte des moins égalitaires : exclusion des jurés noirs lors de la constitution du jury populaire, acceptation de témoignages douteux comme éléments à charge (en clair, d'autres gangsters l'ont chargé pour avoir des réductions de peine - merci le "plaider coupable !"), paroles de flics ultérieurement blâmés pour racisme, comparution au procès avec chaînes aux pieds et menottes genre "je vous présente Hannibal Lecter, quel est votre verdict ?"... bref, que du bonheur.
       Jusqu'à aujourd'hui, Tookie Williams attendait qu'on le mette à mort dans les prisons californiennes (à San Quentin). Récemment, un témoignage en sa faveur, au moins aussi valable que ceux retenu contre lui est remonté : on s'en branle. Aucun élément factuel certifiant qu'il ait, lui, tué les 4 victimes : ranafout'. La peine de mort (ça c'est établi, c'est du vérifié, du factuel) qu'elle soit appliquée ou non ne change strictement rien en terme de dissuasion aux chiffres de criminalité et de délinquance de quelque pays où l'on a étudié son impact : on s'en tape.Tuer c'est pas bien, même au nom de la raison d'Etat (surtout au nom de la raison d'Etat) : rien à battre. Le fait que Tookie Williams se soit fait l'apôtre de la non-violence, qu'il ait participé par ses bouquins et ses conférences téléphoniques depuis sa prison à la lutte contre les gangs, bref qu'il ait compris qu'il avait vraiment déconné et qu'il pouvait faire quelque chose pour éviter que d'autres que lui ne plongent : on s'en fout.
       Aux Etats-Unis, le gouverneur d'un état a le pouvoir de prononcer une grâce ou de commuer une peine capitale en prison à vie. Ca fait partie de ses attributions. C'est ce qu'on appelle un privilège exorbitant (comprendre "exorbitant" dans l'acception du mot tel qu'on l'utilise en droit).
              Schwarzenegger a été élu gouverneur de Californie. A priori, il ne sera pas réélu, d'ailleurs. On peut pas franchement dire qu'il était taillé pour le boulot. Mais bon. Il aurait pu faire un truc classe, comme par exemple, être le premier gouverneur californien depuis Reagan en 1967 à grâcier un prisonnier.
       Mais non. Le mec est noir. C'est peut-être un gangster repenti, mais c'est un gangster. En taule. Condamné à mort. Il écrit des livres pour enfant. Il intervient par téléphone dans des écoles. Il est soutenu par Amnesty International, par des tas d'activistes comme Mike Farrell, Michael Moore ou Jesse Jackson, bref il a l'opinion publique pour lui. On l'a même proposé pour le Nobel de la paix. Et c'est pas pour ce que ça va coûter à la Californie par rapport à ce que ça va lui apporter en terme de prestige ou de "sécurité" que ce serait gênant de grâcier le bonhomme.
       A votre avis, qu'a dit la Cour Suprême à Washington aux avocats de Williams quand ils ont demandé un report de l'exécution ?
              Et qu'a dit Schwarzenegger, le seul mec en l'occurrence ayant la possibilité de marquer un peu les esprits en étant moins bourrin dans la vie que dans ses films ?

       Hé ouais.

       Ce matin, à 0h01 (heure locale), Stanley Williams a été exécuté par injection. Bien joué Arnold.

       Souvenez-vous qu'il ne manque qu'une très légère retouche à la Constitution U.S. pour autoriser Schwarzi à devenir président. Et que cette bande de cons est bien capable de la faire, la retouche. Parce que si ça ne suffit pas d'aller flinguer du civil à tour de bras dans tous les pays où les ricains déploient (ou ont déployé) leurs forces (Afghanistan : on laisse tomber Massoud, on le laisse se faire tuer - Irak : on bombarde du civil. - Et le Vietnam - et le Cambodge - et la Corée - et Cuba), s'il faut encore aller flinguer des taulards chez soi pour passer sa colère, moi je vois bien Schwarzi prêter serment d'ici une quinzaine d'années. Moi qui suis blanc, européen, et même un peu plus grand que lui, il me fout la trouille. C'est dire.

       Au fait, un petit détail : savez-vous de quel côté (par rapport à notre PS qui est censément à gauche et notre UMP qui est très très clairement à droite) se situent les partis républicain et démocrate aux Etats-Unis ?

       A droite, toute. Mais la gauche, me direz-vous ? Hé ben... euh... quelle gauche ?
-G4rF-

lundi 12 décembre 2005

Musique(s) de fond

Fond sonore : Rolling Stones - Sympathy for the devil


       Plutôt que de gonfler tout mon auditoire d'aujourd'hui avec une nouvelle élucubration issue de je-ne-sais quel tréfond obscur de mes méninges fatiguées (ouais, le week-end a été assez éprouvant)(pour tout dire, il sentait le solvant et était d'une belle couleur vert tilleul Leroy-Merlin), je vais juste vous recommander d'écouter le fond sonore du jour.
              Ca fait 3 ou 4 fois depuis ce matin 7h00 que je l'écoute, et je trouve toujours ce morceau aussi fabulouss.
              Oooh oooh !
              ...
       Oh pis merde, tiens ! Je vais quand même élucubrer un peu ! Car je tiens à faire savoir au monde que ma future fille se porte bien, qu'elle s'appellera effectivement Charlie et qu'elle mesure actuellement environ 41 centimètres, ce qui n'est ni trop petit ni trop grand mais fout quand même bien les foies à ma douce et tendre. L'accouchement, ça va être rock'n'roll. Faudra que je prévoie de la zique. Mais comment faire pour trouver un compromis entre une musique de circonstance et une musique qu'on aime bien ?
       Je veux dire, d'un côté ma copine aime bien Marcel et son orchestre et quelques groupes de cette eau, mais je me demande si passer du ska pendant un accouchement est la meilleure méthode pour détendre la mère et ne pas trop crisper l'équipe technique.
              Ou alors un peu de Nosfell... peut-être du Yann Tiersen, tiens, c'est ce que l'ami HaTcH a collé dans les oreilles de sa petiote dès la grossesse, à ce qu'il m'a dit. C'est tranquille, Yann Tiersen. Ou bien du Tryo. C'est cool, ça. L'idéal, ce serait la quiétude d'un nocturne de Chopin léger alliée à la patate d'un Nine Inch Nails. Enfin, l'idéal pour moi, en tout cas !
       Bon, faut que je cherche. Les suggestions sont les bienvenues !

-G4rF-

mercredi 7 décembre 2005

Happy birthday

Fond sonore : Bob Dylan - Shelter from the storm


       16 ans. Ca fait déjà 16 ans que ma soeur est sur cette planète. J'ai l'impression que les cinq ou six dernières années sont passées sans que je sois là.
              La vache. C'est flippant. Mais bon, c'est pas parce que je réalise (non sans amertume) que je me laisse tellement absorber par mes obligations professionnelles que j'en oublie de consacrer le minimum de temps légal à ma soeur et que je zappe sans arrêt (mais pas sans honte) les promesses que je lui fais simplement parce que je deviens plus vieux et que ça me fout les glandes, que ça doit m'empêcher de lui souhaiter un bon anniversaire.
       A ta santé !
-G4rF-

lundi 5 décembre 2005

Les boules pour les Nuls

Fond sonore : Outkast - Hey ya

       Difficile de dire à quel point c'est la mouize en ce moment. Histoires de groupe qui finissent mal... même si je pense avoir pris la bonne décision pour trancher et mettre d'un côté les histoires de cul et les problèmes qui en découlent, et de l'autre le groupe qui ne peut pas vivre si les problèmes de cul s'en mêlent, je ne peux pas franchement me satisfaire de l'issue donnée à cette situation.
              A bien y réfléchir, il s'agissait moins d'une situation où il fallait contenter tout le monde, que d'une méga embrouille où il fallait plutôt en soulager un maximum. Minimiser les pertes. C'est dire à quel point le groupe était mal barré. On arrivait à une situation où personne n'était content. On en sort. Avec pertes et fracas. Mais on en sort.

       Ce qui me chagrine le plus, c'est que celui qui avait déconné au départ s'est vu présenter une occasion inespérée de prendre le taureau par les cornes, de jeter une bonne pelletée de sable sur le feu, manger son chapeau une bonne fois et agir pour le bien de tous avec l'espoir tangible et réaliste que les morceaux se recollent à plus ou moins long terme, et qu'il ne l'a pas saisie, donnant du coup l'impression violemment pesante qu'il esquivait à nouveau ses responsabilités.

       Ca m'a presque encore plus déçu. Mais bon. Tout le monde autour de nous n'a pas encore mangé son chapeau. Combien de personnes dans la vie ont déjà fait face et accepté publiquement, sincèrement et frontalement avoir été con et avoir merdé dans les grandes largeurs ? Pas tant que ça, à bien y réfléchir.
              De mon côté, je peux en parler parce que je sais que je l'ai déjà fait. Je l'ai fait très tard, dans ma vie. C'était pendant mes études d'ingé, pour être précis. Mais je m'en souviens très bien. Comme un mélange sucré-salé de sentiments : du doux et de l'amer. Ca ne s'oublie pas facilement.

       Je devais participer à un projet d'intelligence artificielle avec 3 autres gars. Les 3 autres ont bossé, moi j'ai rien foutu. Pas une ramée. Ca me faisait super chier, l'I.A. Et je l'ai jouée relax, genre c'est pas grave. Les 3 autres c'est des cracks. Mais j'avais quand même les boules.
              J'étais pas à l'aise. Entre mon image décontractée et ce que je savais de moi-même, je pouvais pas me voiler la face : j'avais rien foutu, et à cause de ma branlitude générale, les autres membres de l'équipe allaient s'en prendre plein la gueule à ma place. A cause de moi, ils allaient être mal notés.

       Alors j'ai réfléchi, et j'ai réfléchi, et j'ai pensé très fort à esquiver mais je me suis dit que j'allais pas pouvoir les regarder en face après si je leur faisais ce coup de pute, et que je pourrais encore moins me regarder moi-même. Et j'avais déjà été suffisamment emmerdant avec eux, alors j'allais pas en rajouter en leur faisant perdre du temps et les mérites de leur boulot. C'était déjà pas cool, alors pas la peine d'en rajouter.
              Le jour de la soutenance, c'est là que ça s'est passé, et c'est là que j'ai grandi d'un coup. Et vieilli en même temps. Mais au final, je ne regrette pas de l'avoir fait. J'en suis même plutôt fier.

       Ca se passait dans une petite pièce, devant un écran. On était les 4 membres de l'équipe, plus la prof, Mme Froidevaux. Entre nous, humainement je sais pas ce qu'elle vaut mais elle me sortait par les yeux par son attitude en tant que prof. C'est comme ça, des fois ça se maîtrise pas. Et devoir ravaler ma fierté et assumer mon merdage pour sauver mes potes des conséquences de ma glande devant elle, c'était un peu l'Himalaya de la honte pour moi.
              Et je l'ai fait. La prof s'installe, et avant qu'on commence, je me lance. Je me souviens encore quasiment mot pour mot de ce que j'ai dit tellement c'était dur à sortir.
              "Avant qu'on vous présente le travail qui a été fait, il faut que je vous dise que je n'ai quasiment pas participé à ce projet. Ca ne m'intéressait pas, je n'étais pas motivé, et j'ai délibérément travaillé très peu et laissé les autres membres de l'équipe faire avancer le boulot. Alors voilà, je voulais juste que ça soit clair et que vous sachiez que ce que vous allez voir, c'est le travail de trois personnes et pas de quatre, que j'assume les conséquences de mes actes et que je ne voudrais pas que les autres soient pénalisés parce que je n'ai rien fait. Donc, voilà, il fallait que je vous le dise, et maintenant je vais sortir et vous laisser continuer la soutenance".

       Là, elle a dit : "Bon, d'accord. En tout cas, merci de votre franchise". J'ai dit "excusez-moi, au revoir", je suis sorti. La soutenance s'est poursuivie sans moi. Là, je me sentais comme une merde, et puis il faut dire aussi que ce n'était pas terrible pour moi de devoir se dire que j'étais dans une situation délicate côté notation si je me tapais un zéro en I.A. C'était pas éliminatoire, et avec le recul, je me dis que c'était pas si grave, mais j'étais encore à moitié crispé sur le culte du résultat.
              Et puis après j'ai appris que pendant le reste de la soutenance, les autres gars de l'équipe avaient plutôt fait en sorte de me faire passer sous un bon jour, qu'ils avaient poussé mon dossier vers le haut en disant que j'avais quand même pas si rien foutu que ça. Déjà, ça, je m'y attendais pas. C'était la première couche de pansement sur ma blessure à l'amour-propre. A leurs façons, et avec leurs moyens, et alors que rien ne les y contraignait parce que j'avais quand même été un sale con jusque là, les potes faisaient en sorte de me sauver en remerciement de l'aveu d'incompétence que j'avais fait pour ne pas les faire plonger.
              La deuxième, c'est la note que m'a mis la prof. Les autres ont dû avoir des 15, des 16, des 18, enfin des trucs comme ça. Ils étaient très forts, François, PIL et Kad. Moi, je m'attendais à une bulle. J'ai eu 10. Je sais que sur ces 10 points, y'en avaient un pour mon travail et ma présence à la soutenance, un ou deux pour ce que mes potes m'avaient permis de gagner aux yeux de l'examinatrice, et que le reste, c'était surtout sa façon à elle d'apprécier l'effort consenti sur mon amour propre pour ne pas aggraver la situation des autres.

       C'était dur.

       Mais ça m'a fait du bien.

       Manger son chapeau. Assumer ses fautes. Quand on l'a fait une fois, ça devient plus facile de le refaire, mais surtout plus facile d'éviter d'avoir à y retourner. On est de plus en plus capable de se regarder en face. On devient de plus en plus copain avec soi-même.
              Le type qui assume en toute sincérité ses conneries et accepte d'en affronter les conséquences avec honnêteté, c'est déjà un autre mec que celui qui a déconné.

       Et puis ça permet de comprendre aussi que n'importe qui peut déconner, n'importe qui peut foirer dans la vie, et que puisque ça nous est arrivé à nous-même, on n'est pas un salaud fini foutu pour la vie quand on a merdé mais simplement un humain générique, avec ses hauts et ses bas, qui s'efforce jour après jour de ne pas laisser s'accumuler les bas en apprenant tout connement à connaître ses propres faiblesses en les combattant et ses propres grandeurs en les cultivant.

       J'aurais dû être bouddhiste. :-)

-G4rF-

jeudi 1 décembre 2005

Play it again, Sam

Fond sonore : Archive - Fuck U

       Yo ! Aujourd'hui, dans la série "mon blog est un foutoir, et c'est mon choix", je vais successivement aborder les thèmes suivants :
              - la poésie instantanée (avec exemple à l'appui)
              - la difficulté de se faire éditer, et conséquemment la difficulté d'encaisser les refus quand on est poussé au train par tous ses copains
              - l'effroyable complexité dilemnique (ou dilemnatoire)(ou dilemnitante) de la gestion des relations interpersonnelles dans une bande de copains quand des histoires de cul s'en mêlent.

       "Number one, la poésie", dirait Timsit. Et je ne peux pas tout à fait lui donner tort. C'est fun, la poésie. Enfin, pas fun comme de réussir des sauts zarbis sur une planche à roulettes ou trouver une vidéo bien débile sur le Net. La poésie c'est marrant parce qu'une fois qu'on a écrit, et qu'un peu de temps a passé, on est infoutu de comprendre par quel chemin de pensée on est passé pour pondre sa prose, et on comprend encore moins ce qu'on a voulu dire.
       Je recommande à tout le monde la poésie instantanée. Ca défoule. Ca vous pose un homme. Tiens, je vais en faire une.

       "Un grain sur un grain,
Le relief qui affleure
Quand j'y passe la main
Et dépose ma chaleur

              Le paysage est vaste
Il grimpe, tourne, file.
J'y vois pointer des villes
Des déserts en contraste

              Sur cette terre familière
Que je découvre sans cesse
Et recouvre de caresses
D'empreintes éphémères

              Je marque des chemins
Sentiers mille fois battus
La mémoire de mes mains
S'imprègne de ta peau nue"

       Voilà. C'est rythmé n'importe comment, mais ça me plait. Temps pour pondre ce machin : environ 20 minutes.
Pour chercher la bonne rime, essentiellement. Temps pour le lire ? 10 ? 20 secondes ? Peu importe. Hé bien là, là, hé ben... je me sens assez bien. Zen comme il faut.

       Parmi les autres sujets du jour, je parlais de la difficulté d'être édité dans ce monde de brutes intransigeantes. Faisons face à un constat : le fait de croire à la valeur de ses écrits n'est pas une garantie de succès.
              Le fait d'avoir pour soi (et bon sang, ça réconforte !) les encouragements enthousiastes de tous ceux qui se sont prêtés de bonne grâce au jeu de la critique sans chichi ne vous empêche pas de morfler à chaque fois qu'un éditeur vous jette.
       Et pourtant c'est le jeu ! C'est comme ça que ça se passe : parfois c'est toi qui tapes le bar, parfois c'est le bar qui te tape. Sur les 10 éditeurs que j'ai contacté, voici le death toll :
              - Le cherche-midi : out
              - Robert Laffont : out (avec une critique certes juste, mais quand même rude à encaisser)
              - Denoël : out
              - Albin Michel : out
              - Gallimard : out (mais j'aimerais comprendre pourquoi un bouquin de SF envoyé à Gallimard tout court finit chez Gallimard NRF ?)
              - Calmann-Lévy : out
              - JC Lattès : out
              Restent en lice (mais comment y croire encore ?) :
              - L'Atalante
              - Mnémos
              - P.O.L.

       Certaines discussions intervenues récemment m'amènent à penser qu'il serait utile, avant de poursuivre mon travail sur les deux nouveaux bouquins que j'ai entrepris de pondre, de retoucher la v1.1 de mon livre de façon à ce que, dans la v1.2, on ne puisse plus dire que les personnages sont trop stéréotypés. Ou en tout cas, moins facilement. 100 fois sur le métier remettez votre ouvrage...
              C'est quand même dur de garder la tête hors de l'eau dans ces circonstances et avec tous ces pros qui vous jettent votre texte à la gueule, surtout après avoir autant bossé sur ce foutu bouquin. Les solutions existent. Mais faut se faire une raison : je ne serai sans doute pas édité du premier coup. Mon bouquin ne fera sans doute pas un carton en librairie. Je ne serai sans doute pas capable de vivre de mes écrits avant un paquet d'années, et encore, ça c'est dans le meilleur des cas. Ouille. Quoi de plus pénible que de voir l'espoir d'une vie plus agréable consacrée en grande partie à un travail qui vous prend aux tripes s'étioler de la sorte... euh... à la réflexion, y'a plein de trucs autrement plus pénibles, dans la vie. Mais quand même, ça me les pète un peu, c't'histoire.
       En tout cas, quel que soit le sort réservé à mon bouquin, et la façon dont il sera édité (en électronique --sauvez les arbres !--, ou peut-être en scénario, qui sait ? Tout le monde me dit que ça ferait un chouette film), je ne peux pas me permettre de baisser les bras. Pour une fois que je fais un truc qui me plaît vraiment sans arrière-pensée et sans traîner les pieds !
Bientôt, d'autres nouvelles de refus d'éditeurs. Ne zappez pas !

       Abordons enfin le dernier sujet du jour, tel que présenté dans le texte liminaire du présent blabla g4rfesque. De la difficulté de gérer les relations entre les membres d'un groupe quand des histoires de fesse s'en mêlent et qu'on est soi-même (pour le meilleur et pour le plus lourd) leader de facto dudit groupe.
              J'en suis à un point où je ne sais plus trop quoi faire. D'un côté, j'ai deux zicos entre lesquels existe un contentieux qui fut soldé de façon foireuse car noyé au fond d'une bouteille et qui, inévitablement, remonte à la surface, ce qui ne surprendra personne.
       Il se trouve que les deux sont des amis. Il se trouve que je n'ai le choix qu'entre des mauvaises solutions : il est peu probable que le groupe fonctionne si des tensions et des malaises subsistent parce que les acteurs ne changent ni de nom ni d'attitude ; mais il me fait profondément chier de constater que l'un veut se barrer alors qu'il n'est pas particulièrement fautif, et que si cela se passe j'aurais un peu de mal à me trouver à l'aise dans le groupe et à ne pas montrer de ressentiment envers l'autre, car il ne m'a pas fait spécialement l'impression de la jouer "profil bas" et de prendre acte dans toute sa dimension de la portée des conneries qu'il a faites. Mais ce n'est que mon impression. Et après tout, quand tu vois ce qui s'est passé, ça veut dire quoi, "la jouer profil bas" ? Et est-ce que j'ai un quelconque droit de juger ? Je pense pas...
       Le mal est là, le mal est fait. Que faire pour que le groupe reste un groupe ? J'en sais foutre rien. J'ai pas envie de mettre dans la balance des sentiments, de la loyauté, de l'amitié. Mais il faut bien crever l'abcès d'une façon ou d'une autre, et je préfèrerai éviter que cela finisse en amputation... Et j'ai pas envie que ça pète, mais la mèche est allumée et je manque cruellement d'un seau d'eau.

       J'aimerais bien pouvoir dire fuck. Oh oui. Ca me ferait plaisir de me dire que j'en ai rien à foutre, qu'il s'agit de deux êtres humains adultes et responsables, qu'à leur âge et avec leur expérience de la vie c'est à eux d'agir, de se faire face proprement et honnêtement et d'assumer leurs responsabilités concernant la manière sur laquelle ils tomberont d'accord pour limiter l'impact de leurs problèmes personnels sur la vie du groupe, qui lui n'y est pour rien.
              Mais serais-je capable de me dire à moi-même que j'ai choisi la bonne solution et que j'ai agi comme il le faut ? J'en doute. Je suis dubitatif. Le doute ma bite. M'habite, pardon.
              J'ai envie de laisser faire. La vache, ce que j'ai envie de laisser pisser ! Mais plus encore que ça, je me surprends parfois à caresser l'envie de faire exploser ce putain de groupe pour ne plus avoir à faire face dans le futur à ce genre de plan foiros. Solution de facilité, certes, mais quel confort pour moi ! Une perte colossale, un échec retentissant, mais un apaisement général instantané (bien qu'instauré à la dynamite).
              Fait chier.
              Je me prends trop la tête, sans doute.
              Oui, c'est ça.
              Je me prends trop la tête.
              Moi, je voulais juste faire de la musique avec mes copains.
              Ca, au moins, ça n'a pas changé.
              C'est peut-être le seul truc qui me rassure, là dedans : j'ai toujours autant envie de faire de la zique. Tant pis si le groupe crève. C'est qu'un groupe, après tout. On va pas se flinguer pour ça.
              Ouais. Je crois que je vais laisser faire, pendant quelque temps.
              Et si je me sens pas à l'aise, rideau.
              Enfin, je crois.
              Ou bien non.
              Putain, je sais pas...
-G4rF-