lundi 30 juillet 2018

Poème express [19/365] - La poussière

La poussière
La plus dure des poignes
La plus sévère des forces
Le plus sec des régimes
Dans la plus forte des places

Les plus fiers des seigneurs
Les plus ombrageux ducs
La plus vile des cours
Dans le plus riche palais

Les plus fauchés des pauvres
Les plus perdus des paumés
Le plus flou des avenirs
Sous la plus forte muraille

La première poussière
De la plus mince fissure
La plus critique faille
De la plus sûre des ruines.

--G4rF--

dimanche 29 juillet 2018

Poème express [18/365] - En qui je pense

En qui je pense
Avec toi je partage ce savoir secret,
Ce passé similaire, ces blessures identiques.
Construits sur un mélange de doutes et de rejets,
Usés d'avoir trop cru, trop espéré l'unique.

Avec toi je partage cette vision gris-bleu
Sur le monde alentour et ses bizarreries
Sur nos contemporains et leurs actes douteux,
Leurs beautés, leurs horreurs, leurs honneurs, leurs duperies.

Avec toi je partage une foi insensée
En l'avènement futur d'un mieux irréaliste
Une foi aux racines longues et dissimulées
Par les strates cumulées d'un savoir dur et triste

À toi, en qui je pense, j'adresse quelques mots
Pour évoquer le temps, les idées partagées,
Les sentiments anciens, et puis les idéaux
Où puiser l'énergie de ne pas abdiquer.

--G4rF--

Poème express [17/365] - Les limbes

Les limbes
Dans une forêt de verre le sens s'est égaré
En quête d'une clairière où venir se poser.
Une brume délétère persiste à perturber
Ses marques et ses repères, à le déboussoler.

Des fragments de mémoire l'étreignent, puis s'échappent.
Les images d'un soir, d'une lumière le frappent
Puis s'étiolent sans espoir que le sens les rattrape
Et le laissent dans le noir, sans but, sans étape.

Tous les signes sont là, qui lui sont familiers,
Il connaît cet endroit, l'a déjà arpenté.
Revenant sur ses pas, tournant, désorienté,
Il s'arrête, triste et las, perdu et épuisé.

La nuit enfin amène la noirceur apaisante,
Paix coulant dans les veines, obscure et bienfaisante,
Puis revient l'aube blême, la brume déroutante
Des limbes, ce domaine d'amnésie récurrente.

--G4rF--

vendredi 27 juillet 2018

jeudi 26 juillet 2018

Poème express [15/365] - Le bleu du rectangle

Le bleu du rectangle
C'est une géométrie assez particulière
Figure régulière, simple et élégante
Une empreinte sur le sol, du bleu sur le fond vert
Qui dit le farniente, le soleil, la détente

C'est un lieu millénaire, même quand il vient d'ouvrir
Parenthèse curieuse des jeux de société
Ici l'on se retrouve sans presque rien couvrir
Laissant dans une armoire ses façades ouvragées

Quand on n'a rien ou presque, on veut y faire un tour
Quand on a tout ou presque, on en veut un pour soi,
Son beau rectangle bleu qui tient en son contour
L'horizon nécessaire qui nous lie ici bas.

Simulacre de mer, l'eau vive est encadrée
De faïence, de plastique, de chimie hygiéniste
L'accès en est rituel, surveillé, planifié
Car on n'en sait ôter le péril sinistre

Ce bleu dans le rectangle en appelle à nos gènes,
Peut être, ou nos mémoires d'héritiers maritimes.
C'est cette partie de soi qui y plonge et s'y baigne
Et en ressortira, de façon unanime,

Avec les doigts fripés comme des prunes rassies,
Tout un chacun portant ce signe partagé
Des racines communes qui sont venues ici
Dans le bleu du rectangle pour se désaltérer.

--G4rF--

mercredi 25 juillet 2018

Poème express [14/365] - 1:11

1:11
Une heure et onze minutes
Le vertige vertical
Plus aucune dispute
Sur l'écran digital

Code barre orangé
Les chiffres étirés
Dans l'horloge encagés
Paradent à l'arrêt

La poésie fugace
D'une symétrie soudaine
Où la machine trace
Quelque mat de misaine,

Un épieu pour une voile
Au côté d'un gnomon.
Des piquets pour une toile
Les pilums d'une légion

C'est déjà terminé
En secondes rapides
Le "un" évaporé
Fait place au "deux" placide.

Éveillé par hasard
J'ai vu ces parallèles.
Comme tant de couche-tard
Qui n'peuvent dormir sans elles.

--G4rF--

dimanche 22 juillet 2018

Poème express [13/365] - Sick

Sick
La tête dans un étau
L'étau sous un rocher
Le rocher sous une masse
La masse sous un gratte ciel
Le gratte ciel sous la lune
La lune sous Saturne
Saturne sous Rigel
Rigel dans un trou noir
Le trou noir dans la tête
Juste entre les deux yeux
Qui appuie, qui appuie
Et resserre l'étau
Sous la roche, sous la masse,
Etc, etc...

--G4rF--

samedi 21 juillet 2018

vendredi 20 juillet 2018

Poème express [11/365] - Minuit vingt-deux

Minuit vingt-deux.
Une furie ordonnée de bulles froides trouble l'eau claire.
En spirales agitées elles montent et crèvent la surface.
Ce frais pétillement est déjà un remède.
Dans un état second la farandole gazeuse m'hypnotise.
Un clin d'oeil plus tard, le tourbillon s'est arrêté, l'eau est lisse.
Minuit vingt deux.

--G4rF--

jeudi 19 juillet 2018

Poème express [10/365] - Ça enregistre

Ça enregistre
Les pieds dans le plat de spaghetti
Des témoins, des voyants, des potards, des curseurs,
Je m'adonne avec joie à ce sport amateur
Enregistrer la musique de mes amis

Ça cafouille un p'tit peu, ça dérape, ça "couac"
Coupez, elle est pas bonne, c'est ma faute, pardon,
On reprend 2, 3 fois, concentrés sur le son
À force de volonté, y'a l'talent qui débarque

La machine se remplit de ces éclats de rire
De ces éclats de voix, du timbre d'instruments
Il y aura du travail, du mixage sur les chants
Et demain ces musiques pourront rejaillir

--G4rF--

Poème express [9/365] - Zébrures

Zébrures
Sur l'horizon bleu
Des nuages étirés
La rose les regarde

--G4rF--

mercredi 18 juillet 2018

Poème express [8/365] - L'affrontement

L'affrontement
Dans la touffeur fumante du brouillard de vapeur blanche,
L'ennemi se dresse devant moi, vertical, immobile, solidement ancré.
L'affrontement ne peut être évité.

Il ne peut que devenir victime.
Il n'y a pas d'échappatoire, pas de moyen de surseoir. Pas de recours.
Il doit y passer.

D'un geste lent à force de lassitude, mon bras armé se lève pour s'abattre à nouveau, sans pitié, avec férocité, avec méthode dans l'extermination.

Les gouttes perlent sur le métal après chaque coup tranchant.
Des morceaux indistincts chutent mollement et recouvrent le sol dans un fracas visqueux, écoeurant.

J'en aurai pour un moment, mais j'aurai la peau de cette moquette murale.

--G4rF--

mardi 17 juillet 2018

Poème express [7/365] - 02h40

02h40
Pourquoi ? Pourquoi... pourquoi est-ce que je ne dors pas ?
Pourquoi je me traîne là, à faire n'importe quoi ?
Des articles sans fond, des vidéos sans but
S'étirent sur l'écran, et moi je n'en peux plus

Mais je reste encore là, stupide et avachi
La souris musardant par là ou par ici
Va savoir ce qui s'passe, pourquoi les fils se touchent
Sous la peau de mon crâne, et pourquoi mes yeux louchent

Et accommodent si mal... non, ça, c'est la fatigue
Qui monte doucement comme la mer sur la digue
Et bientôt elle lèchera le bord du parapet
Et bientôt elle viendra me chercher, m'emporter

Mais pour l'instant je tiens, même si mes yeux défaillent
Stupide combattant d'une inutile bataille
Sur le clavier mes doigts s'alourdissent, trop las...
Pourquoi ? Non mais pourquoi est-ce que je ne dors pas ?

--G4rF--

dimanche 15 juillet 2018

Poème express [6/365] - De retour

De retour
Pas tous revus, il y en a trop
Pas tous entendus, pas tous dispo
Il faudra que je bouge, que je revienne vous voir,
Mes amis.

--G4rF--

samedi 14 juillet 2018

Poème express [5/365] - Fête Nat'

Fête Nat'
Au loin, les avions.
D'ici, ils n'ont aucun sens.
Absurde parade.

--G4rF--

Poème express [4/365] - Paris

Paris
J'ai retrouvé le bruit et les nerfs de tes routes
De nouveau j'ai subi soubresauts, congestion.
J'ai vu s'étaler loin ta brume de pollution
Est-ce que tu m'as manqué ? Pas vraiment, tu t'en doutes.

Ça fait seulement 2 ans que j'ai laissé derrière
Ce chaudron parisien où tout, toujours, bouillonne
Ses métros, ses artères, ses trottoirs, ses klaxons,
Et ses gens oppressés, ses précieuses carrières.

Moi, pendant quarante ans, je l'avais arpentée,
La ville des Parisii, altière capitale.
Grandissant, m'éduquant sous son ombre implacable,
J'y ai trouvé l'amour, mes enfants y sont nés.

Mais comment trouver place dans ces rangs de placard,
Dans l'enchevêtrement des studios étriqués,
Dans l'amoncellement des gens bringuebalés
De Charybde en Scylla du matin jusqu'au soir

Quand on a trop de taille, trop de poids, trop peu d'air,
Quand on cherche des chemins qui ne soient surpeuplés
Quand on perd de sa vie à devoir la gagner
Quand c'est de la ville même que vient la colère ?

Paris chasse ses pauvres, Paris cache la misère
Paris s'est enfoncée, Paris s'est oubliée
Paris veut trop d'argent, trop de gens, trop briller
C'est pour mes amis, seuls, que j'y revins hier.

--G4rF

jeudi 12 juillet 2018

mercredi 11 juillet 2018

Poème express [2/365] - Le Bleu nuit

Le Bleu nuit

Les fenêtres entrouvertes sur la chaleur du soir
Ont laissé pénétrer les clameurs des klaxons
Célébrant la victoire jusqu'à ce que minuit sonne
Les supporters heureux répandent leur tintamarre

Par le bleu électrique des écrans hypnotiques
Panem et circenses s'invitent de nouveau
Et pendant quelques heures font leur grand numéro
De l'union sacrée des peuples extatiques

Puis-je en vouloir à tous, famille, amis, voisins,
Que l'élan officiel pousse à joindre la liesse
D'épouser sans broncher l'exigence d'ivresse
A laquelle je refuse d'apporter mon soutien ?

Ils ont besoin de fête, ils ont besoin de joie
Tant leur monde est frugal et ne leur en donne pas
Mais bien peu s'aperçoivent que cette fête-là
Telle le joueur de flûte les subjugue et les noie.

Comment dire la rage, la frustration totale
D'entendre à pleins poumons tous ces "On a gagné !"
Quand depuis l'hémicycle et depuis l'Elysée
Tout est fait pour qu'ils perdent, même le fondamental ?

Oui, il faut faire la fête, oui il faut célébrer,
Mais en fêtant ces Bleus, vous n'avez rien gagné.
Si vous êtes donc capables de crier et chanter
Que ne le faites-vous quand vraiment il faudrait ?

On leur pourrit la vie, on détruit leur travail,
On confisque leur bien, on brise leurs boucliers,
Mais ils baissent la tête et regardent leurs souliers
Parfois même ils médisent des rares qui bataillent !

Seraient-ils ces moutons craignant la liberté
Et votant par millions "Ordre et sécurité" ?
Ou le problème n'a-t-il pas comme cause cachée
L'ignorance entretenue de leur citoyenneté ?

A vous les habitants, à vous les camarades,
J'adresse ce rappel en forme de supplique :
Célébrez les petits de notre république,
Fêtez ceux contre qui on envoie la brigade,

Souhaitez de tout cœur que les faibles l'emportent
Soutenez les plus humbles, appelez leur succès.
Et quand viendra le temps de vous manifester
Faites le pour une cause qui, à chacun, rapporte.


--G4rF--

mardi 10 juillet 2018

Poème express [1/365] - Sweet sixteen

Sweet sixteen

L'été s'ouvre grand
Ton nouvel an commence
Ciel sans nuage

Nb : j'entame aujourd'hui une épreuve que je m'impose pour me remettre à écrire. Un poème par jour pendant un an. Au minimum un haïku. C'est parti jusqu'au 10.7.2019 !
--G4rF