lundi 25 février 2008

Touche moi pas, toi !

Fond sonore : inutile, c'est une vidéo
       Pour ceux qui l'ignoreraient encore (jusqu'à ce matin, je n'étais pas au courant), l'événement que TF1 relèguera en dernière partie de journal sous peu, après avoir longuement bavé sur l'Oscar de Marion Cotillard. Il y a plusieurs versions de la vidéo, celle-ci m'a fait rigoler un peu plus que les autres (même si "vouvoiement" y est mal orthographié, mais là c'est mon côté maniaque).
               Mon seul commentaire, si tant est qu'il soit utile d'en faire : j'aimerais saluer le geste du type qui s'est fait insulter. Voir ressurgir d'un seul coup une bouffée spontanée d'insoumission et l'expression franche et nette d'une répugnance non feinte, eh bah ça fait du bien à la tête. Big up, monsieur l'inconnu : l'expression est maladroite, mais elle vous honore, et la réaction que vous avez subi le démontre à tout point de vue.
       En bref : "touche moi pas, toi, tu me salis", c'est la classe. Tiens, c'est tellement classe que tu mériterais le Georges Abitbol 2008, monsieur.
       Putain, c'est décidé, je m'en fais un T-shirt !
-G4rF-

vendredi 22 février 2008

Quelle sagesse ?

Fond sonore : non, rien de rien
      Il suffit d'une pichenette pour détruire l'élégance ordonnée d'un chateau de carte. Un coup de vent, une porte qui claque, et en un instant s'effondre un édifice bâti dans la durée, aux équilibres instables, et dont la préservation s'impose.
            Il a suffit d'une lettre pour que "Liberté, Egalité, Fraternité" meure à nouveau hier. Il suffit de remplacer un "d" par un "r". Je m'explique.
      En France, les prisons sont insalubres, insuffisamment dotées en équipement et en budget. Il n'y a pas assez de places pour héberger les condamnés. Une bonne part de détenus nécessitant des soins psychiatriques sont emprisonnés avec les "droits communs". Tous les deux ans, l'Observatoire International des Prisons (une ONG française) publie son rapport sur l'état de l'appareil pénitentiaire français : plus le temps passe, plus c'est pourri.
            Des noms qui passent dans l'actualité, sans qu'on sache vraiment combien de gens y vivent, ce qui les a amenés là. S'ils vont sortir. Pour faire quoi.
            En tant que petit Françaoui de base, élevé dans la plus pure tradition catho modéré, j'ai grandi avec une sainte horreur de la prison et du Mal, avec la trouille de la police.
            Depuis, j'ai vieilli. Et j'ai compris que ma peur de la prison était fondée pour de mauvaises raisons. Mais fondée. Et celle de la police, pareillement.
      Parce que la prison est une machine à détruire, d'où on ressort dans le meilleur des cas totalement démoli, et dans le pire des cas totalement blasé sur le droit de la société à juger des crimes qui s'y commettent. Et parce que la police, un métier nécessaire mais dangereusement subversif, hésite toujours entre être l'abîme, et être le monstre.
            Le statut de député français permet d'effectuer une visite inopinée dans n'importe quel établissement pénitentiaire de son département. Ca arrive tellement souvent qu'à chaque fois ça passe au journal télé comme l'événement médiatique de l'année. Si, si, souvenez-vous, vous en avez déjà entendu parler, j'en suis sûr. Peut-être pas cette année, mais c'est sûr, y'a pas longtemps, enfin pas trop longtemps... A chaque visite en tout cas la même conclusion s'impose : pas assez de moyens, la prison est une voie de garage où on laisse à pourrir des gens dont il faut s'occuper vraiment si on veut espérer qu'ils s'amendent et se corrigent. Qui peut alors s'étonner que la récidive s'installe ?
      Alors, notre sémillante équipe gouvernementale suit à la lettre le manuel du parfait petit réactionnaire et surfe sur la vague d'indignation médiatique d'un peuple français globalement sous-informé. Elle lui emboîte le pas en disant "la récidive, c'est à cause que c'est tous des enculés à vie, c'est de l'engeance de merde dont on ne fera jamais rien de bon, et il faut que ça cesse, cette racaille !", et schboum une loi sur les peines plancher. Comme si la peur de la guillotine avait jamais empêché le moindre meurtre. Comme si les cambrioleurs réfléchissaient 2 secondes au risque de retourner en cabane avant de péter tes huisseries au pied de biche.
            L'actualité se déroule, et les faits divers sordides continuent. Un pédophile fraîchement libéré de taule replonge aussitôt dans ses obscénités barbares, parce qu'il n'a jamais été suivi correctement au niveau psy et qu'il n'a simplement pas été traité comme un pervers sexuel mais comme un prisonnier ordinaire, et schboum, on emboîte le pas à la douleur du père étalée en place publique en disant "les pédophiles, c'est des déchets, y'a pas moyen de les changer, alors prison à vie" et paf, une loi sur la rétention de sûreté. Et toujours pas un centime de plus pour que les prisons cessent d'être des camps d'entraînement pour délinquants juniors et deviennent des usines à corriger le tir et à faire marcher droit ceux qui ont marché en dehors des clous.
      Et là, j'attire votre attention sur deux points. D'abord, la garantie de la Liberté dans notre beau pays français de France, c'est qu'on construit le Droit sur plusieurs principes fondamentaux dont celui-ci : il vaut mieux un coupable en liberté qu'un innocent en prison. Et ensuite, un autre principe fondamental : quand tu es condamné à une peine, c'est par une loi ayant cours au moment où tu es jugé. Tu purges ta peine, tu sors, tu te tiens à carreau, tout le monde est content.
            Voyons maintenant l'astuce de la loi Dati, ovni médiatique pourfendeuse des tribunaux et grande prêtresse de l'accumulation des dossiers sur les bureaux de magistrats déjà noyés sous la paperasse, à qui on va en rajouter une couche tout en supprimant des postes. C'est la loi sur la rétention de sûreté. Notez le "r". Après de longs échanges entre Assemblée Nationale et Sénat, les sénateurs ont fini par abdiquer pour ne pas déplaire au parti et dire "ok on prend", sachant pertinemment que le conseil constitutionnel serait saisi immédiatement par ce qu'il reste d'opposition dans ce pays. C'est comme ça qu'un sénateur baisse son froc avec dignité (mais en oubliant totalement de faire son métier de protecteur des citoyens, de leurs libertés et de leurs droits).
            Car après tout, les magistrats disent tous que cette loi est une pourriture qui chie sur les principes fondamentaux du droit : taule à vie qu'on t'inflige post-jugement et post-incarcération, rétroactivité, ça pue la loi émotionnelle pondue sous le choc, la phrase à la con lâchée de travers et qui, en y regardant à deux fois, n'a pas d'autre utilité que de signaler aux législateurs qu'ils sont loin de se contrôler aussi bien qu'ils s'en vantent.
      Et puis les ONG disent aussi qu'elle est à chier, cette loi. Et puis d'une façon générale, quelques grandes figures du droit et du respect des droits de l'homme disent aussi qu'elle est à chier (je pense à Robert Badinter, dont je ne partage pas toutes les idées, mais que je respecte profondément). Et une partie des députés de la majorité la jugent dangereuse (à mots couverts, des fois que le schtroumpf grognon qui leur sert de patron l'apprendrait).
            Bref, un consensus global s'est formé, établissant clairement que plomber notre pays à coups de lois émo juste pour flatter quelques semaines la "bonne conscience" populaire et gagner ses faveurs aux prochaines élections, c'est bas, nul, sale et dégradant, et ça n'a rien à faire dans le pays-qui-fut-celui-des-droits-de-l'homme (pour les droits de la femme, patientez encore quelques siècles, mesdames - vous avez l'habitude).
            Le conseil constitutionnel, dit "les Sages", est saisi, étudie le truc. Et tout le monde retient son souffle, sachant que la majeure partie dudit conseil a été renouvelée par Chirac et est constituée de vieux briscards de droite, des types pas franchement versés dans l'humanitaire et qui connaissent surtout de la prison toutes les ficelles pour éviter d'y aller. Et les Sages disent : on amende un peu, mais ça passe.
            Ouh putain les power-nazes !
      Prétexte invoqué pour cet agrément nauséabond : on n'a pas le droit de rajouter une peine à une peine, mais rétention, c'est pas détention. Donc c'est une "mesure administrative" (je cite avec des pincettes pour ne pas me salir les doigts), et pas une peine.
            Au niveau de la réalité physique, c'est tout pareil, hein, soyons clairs : t'as pas le droit de sortir, t'es enfermé, t'as pas les clés, les visites sont restreintes, tu es donc en taule, hein, c'est incontestable, c'est un fait, tu-es-en-taule-euh.
            Mais c'est pas une peine, puisque c'est de la rétention.
            Et je ne peux m'empêcher à ce point, en écrasant une larme au souvenir de ce qu'était la Liberté avant que ne débarquent Sarko et ses gros sabots, de me souvenir à nouveau de Pierre Desproges, de sa riche et profonde parole, de son intelligence magnifique dévoilant sans ambage la nature réelle des cuistres en habit du dimanche qui président à nos destinées du haut de leur superbe qui sent le renfermé.
      Evoquant les dérives sémantiques et pudibondes du pays des Lumières qui cède au puritanisme en appelant un aveugle un non-voyant, il disait : "réjouissons-nous : nous vivons dans une société qui a résolu l'ensemble de ses problèmes en appelant un chat un chien".
            Constatant que ce principe s'étend aujourd'hui au problème un peu plus grave de la privation de liberté d'un individu au nom de la loi, je demande donc solennellement l'autorisation au monde (et à mes gentils lecteurs patients de ce blog bizarroïde), l'autorisation d'appeler les Sages les Cons. Comme dans "conseil constitutionnel".
            J'espère que le syndicat de la magistrature va porter cette décision devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, et que cette abomination démocratique sera jetée au trou avec la plus ferme vigueur par des esprits plus sensés et moins girouettes que les chihuahuas hystériques qui pissent dans le sens du vent public et qu'on trouve aujourd'hui aux commandes du Ministère de la Justice, de l'Assemblée Nationale, du Sénat et du Conseil Constitutionnel.
      Sic transit gloria mundi. Encore du Desproges. Cette phrase-là, j'ai pas fini de la répéter, au train où l'on aménage en lieu et place de notre vieille république qui perd de l'huile un vaste aérodrome flambant neuf, droit et carré comme les cheveux d'un électeur FN, où le premier dictateur venu n'aura qu'à se poser, planter son drapeau et passer un léger coup de peinture pour accentuer un petit peu la couleur facho sur l'appareil d'Etat pour que soudain l'on réalise (mais un peu tard) qu'un liberticide n'est jamais, jamais, JAMAIS sans conséquence.
-G4rF-

jeudi 21 février 2008

Graphic design

Fond sonore : que t'chi
       Anglophones mes amis, vous qui aimez créer, qui voulez créer mais qui avez peur de la page blanche, dans quelque domaine que ce soit, je vous recommande de vous imprégner du message délivré (à titre posthume) par Paul Rand dans ce petit film. N'essayez pas d'être original, essayez d'être bon.
               Une fois ce concept assimilé, on se sent capable de tout faire parce que le principal obstacle (la référence au travail des autres) disparaît pour laisser place au premier critère d'importance (la référence à son propre jugement sur la qualité de son oeuvre), et ça c'est bon pour la création. Ouaich.
-G4rF-

jeudi 14 février 2008

Concept éducatif

Fond sonore : nada
       Réaction à chaud : quel connard. N'importe quoi pour faire parler de lui et faire oublier sa chute dans les sondages.
                 Après avoir chié longuement sur la loi de 1905 et la séparation chèrement acquise entre les bondieuseries et les affaires terrestres, après avoir imposé à des gosses que cela dépasse totalement la lecture d'une lettre de résistant (c'est aussi crétin à mon sens que de commémorer les victoires plutôt que les armistices), dernière trouvaille : faire porter à des gosses de primaire le poids de la vie d'un gosse buté par les nazis.
       Outre l'aspect outrancier de la démarche.
                 Outre quelques joyeusetés techniques à venir (quels enfants sont éligibles au devoir de mémoire ? et les enfants non juifs qui y sont restés aussi, embarqués avec la complicité fréquente de l'appareil d'état très "travail, famille, patrie" de ces élus de l'époque pré-soixante huitarde, tout propres sur eux et respectables comme un Sarko fraîchement élu ?).
                 Outre le peu d'intérêt à rajouter encore une couche sur une période de l'histoire européenne qu'il me paraît plus utile de connaître dans sa globalité (pourquoi le sentiment d'humiliation, pourquoi le nationalisme, pourquoi les allemands ont élu Hitler, pourquoi la collaboration, pourquoi Auschwitz-Birkenaü, pourquoi l'épuration ethnique, pourquoi tout n'est pas aussi simple qu'un Sarko "blanc ou noir" voudrait nous le faire gober).
                 Outre le fait que le sujet s'étale déjà dans les programmes de collège et revient régulièrement à nous par le cinéma et la télévision (un petit jeu amusant : comptez combien de films sont produits chaque année abordant l'horreur nazie de près ou de loin).
       Je me demande bien pourquoi se limiter aux seuls enfants juifs victimes de la barbarie consensuelle. La shoah. Ce fut un génocide. Un nettoyage "ethnique" total. Comme au Rwanda. Une opération systématique de destruction d'une communauté. Comme en Arménie. L'exploitation malsaine d'un nationalisme morbide où s'est précipité un peuple entier convaincu de sa nullité et de son absence d'avenir. Comme chez Mao.
                Ils sont des centaines de millions de par le monde, à nécessiter qu'on s'en souvienne. Ou pour être plus précis, à demander simplement qu'on arrête de massacrer à tour de bras parce que le paradis des martyrs est blindé de monde comme la ligne 13 à 8h45.

      Un peu de franchise et d'objectivité. Si nous, Européens, sommes marqués au rouge par la Shoah, c'est parce que c'est un des seuls génocides qui ait été reconnu et qui porte un nom, parce que dans tous les pays où se sont déroulés les faits de cette guerre, les marques en sont encore visibles, parce que nous avons tous intégré dans nos esprits l'image néfaste de la svastika inversée, comme l'emblême d'un mal suprême (un peu d'érudition : la croix gammée est un symbole religieux hindou, et c'est parce qu'il était graphiquement percutant que le régime nazi l'a adopté). Parce qu'il porte la marque d'une infamie absolue, et d'une complicité tacite, et d'une négation systématique du pire, qui persiste encore de nos jours (cf le "détail" de Le Pen).
                Et les victimes du goulag russe sont plus récentes, et plus nombreuses. Mais plus lointaines de nous. Elles sont pas mortes à notre porte, c'est pas mon arrière-grand-père qui a écrit la dénonciation. Les "nettoyés" au kärcher et à la machette de cette belle époque en Afrique sont plus frais. Les victimes du Front Islamique du Salut sont de l'autre côté de la mer, pas de chez nous. L'épuration qui a frappé les Kosovars, elle est plus proche, mais c'est quand même pas à notre frontière.
                C'est triste à dire : ces morts là sont tout aussi ignobles, et méritent autant qu'on s'en souvienne. Car c'est toujours l'appareil d'Etat, la machinerie bureaucratique qui se détourne de ses fonctions pour se convertir en broyeur à humains. L'industrialisation de l'immonde. Partout. Hier. Aujourd'hui. Demain.
       La leçon à tirer, c'est quoi ? Simplement qu'il faut faire face à l'histoire, et avec d'autant plus d'urgence qu'elle se conjugue encore au présent. Et à ce titre, le geste de Steven Spielberg, réalisateur de "La liste de Schindler", et jusqu'à très récemment membre étranger de la commission chargée de la cérémonie d'ouverture et de fermeture des JO chinois, lui, il a un sens.
       Parce qu'au lieu d'exhumer des morts, qui ont tellement souffert déjà qu'ils n'ont plus qu'un seul besoin : qu'on leur foute la paix, il pointe crûment sous la lumière quelque chose que personne ne veut admettre. Que les grandes puissances qui se partagent le monde, elles, n'en ont rien à battre de l'histoire tant que ça rapporte, et que la valeur d'une vie humaine est extrêmement dépendante de la présence de caméras et de pétrole sur place. Le Darfour, c'est aujourd'hui, maintenant. Et les mêmes qui s'extasient sur l'idée formidable d'apprendre dès le plus jeune âge aux petits français qu'il faut être gentil parce que sinon, des gens souffrent et meurent, n'en ont strictement rien à branler et ne se remuent pas le petit doigt pour que cesse cette énième shoah qui n'a pour seul défaut que d'être hors de notre vue.
                 La complicité des pays du G8, marchands d'armes et vendeurs de protection militaire contre du pétrole, des diamants, de l'or, de l'uranium, ça ne date pas d'hier et ça a encore de beaux jours devant soi. La responsabilité des fonctionnaires du régime allemand de la seconde guerre mondiale a été établie (cf Nuremberg). Y aura-t-il un tribunal pour établir la responsabilité des pays colonisateurs dans toutes les horreurs qu'ils ont imposé ? Peut-on imaginer que les américains de 10 ans soient obligés d'apprendre par coeur le nom et la tribu d'un cherokee ou d'un cheyenne mort pendant la conquête de l'Amérique, tandis qu'à Guantanamo croupissent des prisonniers jamais jugés, torturés, arrachés à leur pays fréquemment sur des dénonciations calomnieuses car rémunérées, dans un conflit où l'intérêt de la population est la dernière préoccupation des troupes de l'oncle Sam ?

                 Et quand en France, on fait subir des interrogatoires musclés à des journaleux parce qu'ils ont honteusement diffusé des preuves d'un secret de polichinelle (que les services secrets français étaient au courant des attentats à venir le 11 Septembre 2001), on participe à la négation de la réalité, à l'entreprise d'oubli de nos responsabilités, à la perversion de cette mémoire.
                 Sarko élu à la tête du pays, donc Sarko en tête. Qui vend des centrales nucléaires à la Lybie, et vient nous servir sa morale de tabloïd, en espérant quoi ? Qu'en mettant un nom sur une victime, on lui redonne sa dignité ? Pourquoi pas. Mais alors, faisons-le pour toutes les victimes de la connerie humaine. Sinon, ce n'est encore que de la poudre aux yeux, une façon de se dire "hop j'en connais un, j'ai fait mon devoir de mémoire, je peux passer à autre chose" pendant qu'on continue à s'entretuer dans le tiers-monde avec des flingues et des avions et des chars et des bateaux made in France.
       Ces procédés sont à gerber. Tout comme l'inaction persistente de l'ONU face aux massacres du monde. Tout comme l'abandon de l'opposition légitime irakienne face à Saddam lors de la fin de la première guerre du Golfe. Tout comme les années à fermer les yeux sur Sarajevo, à moins de 2 heures d'avion de Paris. Tout comme l'absence du Tibet sur la carte du monde dans Google Maps.
       Voilà ce qui, à mon sens, serait à apprendre : la conscience pleine et rouge sang de ce que c'est, être comme toi et moi et nous tous l'héritier de siècles de massacres oubliés. Et tant qu'on y est à parler de l'art et la manière d'apprendre à aimer son prochain quand il ne vous ressemble pas et ne parle pas votre langue, j'ai un procédé encore plus dégueulasse à proposer, que je vous invite à soutenir auprès de notre super président amateur de mannequin qui chante et de polémiques morbides : pourquoi ne pas charger d'un devoir de mémoire chaque gamin de CM2 français avec un gamin renvoyé dans "son" pays par Hortefeux dans les charters de l'amitié française, un pays qu'il ne connaît pas et où il n'a jamais vécu ?
                 Avantage sur le concept de Sarko : ils auront peut-être une chance de correspondre et d'échanger de vraies visions personnelles et réelles du vrai monde, de vraies expériences authentiques de déporté des temps modernes, du moins tant que les bannis de France sont encore vivants et ne crèvent pas faute de soin, de bouffe, de famille à qui se raccrocher. Nos gentilles têtes blondes d'un côté, les têtes moins blondes dont la France de Sarko ne veut pas de l'autre.
       Je trouve ce concept éducatif vendeur. Peut-être qu'il intéressera Guaino... mais bon, que l'on me pardonne, ce n'est qu'une réaction à chaud.
-G4rF-

mercredi 13 février 2008

Neuillyseries

Fond sonore : keud
       Une petite notule en passant. Pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, dans cette semaine où l'actualité s'assied sur le Darfour tout en vous rebattant les oreilles avec le feuilleton "baston de pitbulls UMP à Neuilly", il y a un point de vue qu'on n'a pas encore entendu.
              Celui de la gauche locale.
       Parce que là, de Libé au Nouvel Obs, du Monde au Figaro, j'ai l'impression que tout le monde s'en fout, de la gauche locale. Un collègue me rappelle que Besancenot, à la dernière présidentielle, a recueilli 3 voix à Neuilly-sur-Seine et ça l'a bien fait rigoler. Et aujourd'hui il ressort du traitement de ces informations ce que ça donne de vivre en Sarkozye : même la presse censément de gauche, au lieu de faire son travail avec un minimum de profondeur et de faire un tour d'horizon des sensibilités politiques locales, se laisse aller à la facilité stupide et crétinement voyeuriste de se gausser à peu de frais des virements et revirements des UMP et divers droite et que sais-je encore. Sans un mot sur la présence de la gauche, du PS au PC en passant par FO ou la LCR. Et encore moins sur la façon dont l'électorat local considère maintenant l'opposition municipale, alors que s'étale au grand jour le jeu des parachutages, des protections en haut lieu, au mépris de la seule chose qui devrait être considérée quand on choisit le premier citoyen d'une ville : les affaires de la ville.
              Pourtant, quand on parle de Paris où Delanöe est donné largement favori, on ne perd jamais une miette du discours de l'UMP et des Bayrouistes, et même le FN a droit de cité : on donne la parole à tout le monde, avec des déséquilibres certes, mais chacun s'exprime. Alors, pourquoi pas à Neuilly ? Une convention tacite, entre pisse-copies d'une presse indigne d'être appelée libre ? Un complot ultra-secret de la CIA, du FBI et de la NSA ? Une infiltration d'Al-Qaeda dans les milieux de l'information ?
       Ou bien faut-il juste identifier la cause de cet "oubli" par la réponse la plus simple et la plus directe : ces "journalistes" ne font que réagir au lieu d'agir, et oublient comme en 2002 d'envisager l'impossible, ou plutôt le hautement improbable : le vote-sanction, une stupidité sans borne qui concrétise l'égoïsme caractérisant l'ensemble de nos compatriotes en ces temps de difficulté rabâchée et d'immobilisme volontairement répandu, une réaction infantile que je vois bien utilisée en masse par les vieux beaufs de Neuilly pour renvoyer dos à dos les fidèles, les dissidents, les conservateurs, les fachos, les sarkozyens, les martinoïdes, bref toute la gentille populace droitière de la ville de France concentrant le plus de capitaines d'industrie et de milliardaires. Le vieux coup du "pan dans les dents", qui a l'unique avantage de ramener d'un coup dans le présent et à leurs réalités les politicards quand ils ne se sentent plus flatuler.
       Neuilly à gauche. T'imagines ? ;-)
              Et j'en sais rien, moi, de la gauche de Neuilly, puisque personne n'en parle. Si ça se trouve, il n'y a qu'un seul blaireau à gauche à Neuilly, c'est peut-être un crétin patenté, ou un imbécile irrécupérable, voire un nul de chez nul qui ne ferait que de la bouse à la mairie. Mais même avec ça, Neuilly à gauche, ça prouverait au monde qu'en Sarkozye les miracles sont encore possibles. Ou plus modestement, ça fournirait au moins à votre serviteur une excellente occasion de vraiment bien se marrer, en voyant échouer un parachutage grotesque et se gripper un système vicié où l'électeur est juste un carburant et non le seul maître à bord.
       Moi je dis, les mecs, il faut militer pour faire passer la gauche à Neuilly. Ca ne changera strictement rien, les pétés de thune y seront toujours autant pétés de thune, on y verra toujours aussi peu de charclos et toujours aussi peu de logements sociaux y seront créés (on ne choisit pas Sarko comme maire pendant si longtemps pour rien). Mais au moins, ça fera rigoler l'amateur de burlesque qui est en moi, et qui (sans mentir) n'a pas plus d'idées de gauche que d'idées de droite, mais une idée bien précise de ce qu'il vaut mieux éviter de faire pour vivre à peu près bien ensemble dans le pays-qui-fut-celui-des-droits-de-l'homme.
-G4rF-

vendredi 8 février 2008

Etiologie du TDLM

Fond sonore : toujours rien
       On a bien rigolé avec Charlie Hebdo ? Continuons dans le délire ! Suivez le lien et consultez, sur le site de Martin Winckler, l'état des connaissances actuelles de la médecine sur le TDLM : le Trouble Dysphorique du Lundi Matin, que l'on doit à M. Jean-Paul Richier, praticien hospitalier.
                Conseil d'ami : en lisant l'article, allez consulter les notes de bas de page, y'a quelques clins d'oeil qui valent leur pesant de cahouètes.
-G4rF-

Je manque de superlatifs

Fond sonore : nada
       Clique ici, mon ami, et rigole avec moi. Il est fort ce Willem.
-G4rF-

mardi 5 février 2008

Bling Bang

Fond sonore : que dalle, Radio.Blog est mort
      Ayé. Comme par hasard, un nouveau rebondissement de la vie (pas très) privée de Sarkozy vient de couvrir totalement un événement, un vrai : la réécriture du préambule de la Constitution française, pour adopter par voie parlementaire le traité européen que les français ont rejeté.
              Nous sommes des veaux. Des cochons de lait, avides de la pourriture télévisuelle que Bertrand Cantat chantait avec Noir Dez dans "L'homme pressé". A tous ceux qui ne s'en souviennent pas, et à ceux qui n'ont jamais connu, je recommande d'écouter ce morceau de bravoure qui préfigurait avec 10 ans d'avance les événements que nous vivons aujourd'hui. Combien d'années encore devant nous, à trouver l'écho de ce morceau dans les actualités de demain ?
      L'homme pressé a désormais un nom. Et même plusieurs noms.
              Nous vivons sous son régime de frime, de fripe et de flippe chaque nouvelle journée de déni de nos intelligences.
              Minc.
              Bolloré.
              Arnault.
              Pinault.
              Bouygues.
              Dassaut.
              Sarkozy.
      Les nouvelles deux cents familles sont là. Et le changement n'est pas dans leurs noms, mais dans leur attitude : aujourd'hui elles ne se cachent plus.
             Les gangsta ont gagné. Alors même que, pour la première fois, on s'apprête (je l'espère) à vivre prochainement l'élection à la tête du G8 d'un type ni franchement caucasien ni tout à fait pâlichon, notre riante contrée est secouée tous les jours par un ouragan de peopleries que ne renieront pas les abonnés de Voici et les fans de la Star Ac', un maelström de paillettes derrière lesquelles notre Arturo Brachetti local planque avec fracas les outrances qu'il se croit permis de commettre. Dire que c'est Simone Veil qui réécrit le préambule de la Constitution, dans le gouvernement du type qui a voulu le Ministère de l'Identité Nationale et du droit d'aller crever ailleurs. Comme dirait Salomone, ça m'fait mal à l'aorte.
      Veuillez laisser le pays aussi propre en sortant que vous l'avez trouvé en entrant. Ca devrait être écrit en gros au fronton de l'Elysée.
Mais dans ce bling bang permanent, qui se soucie encore de lire une notice d'utilisation ?
-G4rF-
PS : je crois que je vais déposer la marque "Bling Bang"©. Ca sonne bien, et c'est dans l'air du temps de profiter à mort de la mode de l'instant pour se faire un max de thunes.