mardi 28 mars 2006

Concert !

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, les HaggiS donnent un concert demain soir à 21h au pub "Le Shannon River". Entrée 5€ en prévente, 6€ sur place (mais on veut bien faire un petit rabais sur nos bénéfs si vous dites que vous venez de la part de G4rF). Ca va être phune.

       Et sinon, mes félicitations aux braves qui ont affronté cette saleté de pluie aujourd'hui pour dire à la face de nos nains gouvernants ce qu'ils pensent de leur sous-contrat merdeux. You got the power !
-G4rF-

lundi 27 mars 2006

révolution dot com

Fond sonore : No one is innocent - Revolution.com

       La veille du grand jour... ou chronique d'un gros bordel annoncé.
       Voilà quelques sous-titres auxquels j'avais pensé. Mais je pense que révolution dot com se suffit à lui-même. Après tout, on est loin du bouche-à-oreille et du ras-le-bol général qui a soulevé par le passé les grands mouvements populaires descendeurs de dictatures, de royautés et de despotes.
              C'est là que l'on constate l'avancée de notre civilisation occidentale (qui a ses gros inconvénients quand même, s'agirait pas de les oublier) : aujourd'hui, on se révolte en préemptant le bordel à venir.

       Faut dire aussi qu'on vit déjà en permanence dans un foutoir assez oppressant, qui selon une de mes théories personnelles n'a d'autre utilité que de faire diversion dans notre esprit pour nous empêcher de constater la futilité de nos élans de vie en société. Bon, c'est assez pessimiste. Je préfère caresser l'idée de Chuck Palaniuk dans Fight Club. Le principe, au bout d'un certain temps passé à subir le carcan urbain du métro-boulot-dodo, est de se libérer d'une partie de ses chaînes pour assumer ses choix, son besoin d'agir librement et faire enfin ce qu'on a toujours eu envie de faire au fond de soi.
              Pour moi, ça consiste à écrire des livres. Et je rêve du jour où je pourrai claquer la porte au nez de mon taff et dire "Salut les gars, je me barre. Désolé pour ceux qui y croient, et qui comptaient sur moi pour marcher dans leur combine, mais l'informatique, c'est absolument pas fait pour moi. Ici je faisais de l'alimentaire. A partir de maintenant, je bosse sur ce qui compte vraiment pour moi."
              Ca m'évitera de me taper des boulots sans intérêt avec des cliens au moins aussi passionnés par leur tâche que moi. Fini la paperasse pour la paperasse. Fini les heures à essayer de forcer mon intérêt mitigé pour un sujet qui ne me rapportera rien.
       Fini la sensation que tout ce que je fais et ce pourquoi on me paie est d'une telle vacuité que je ne pourrai jamais palper physiquement la différence entre avant mon travail et après mon travail. Fini les heures de contention mentale, obnubilé par les exigences de perfection et de résultat, et l'impossibilité d'être franc avec mes interlocuteurs sous peine de ternir l'image de marque d'une boîte entière (comme si les gens étaient assez cons pour assimiler les performances de toute une boîte et ses watt mille employés sur la base d'une seule expérience plus ou moins heureuse...)(remarque, y'en a qui sont effectivement assez cons pour le faire).

       En attendant le jour de ma libération (qui coincidera avec le jour où je pourrai effectivement retirer un quelconque bénéfice de la sueur accumulée en écrivant mon premier ouvrage pour financer le suivant), je suis assez déçu par ma propre incapacité à me bouger le cul et à poser des congés pour aller manifester avec mes pairs.
              Oui, parce que je partage l'idée que le CPE est un outil de plus qui creuse le fossé séparant les nantis des miséreux, les énarques des pauvres, les téléprésents et les téléregardants, j'estime que ceux qui défilent sont mes pairs. Le confort du CDI que j'ai signé est indéniable. Et il me procure une certaine assurance parce que je sais qu'avec des hauts et des bas en règle générale c'est un accord d'échange avec ma boîte qui est gagnant-gagnant. Ca n'empêche pas que mon taff m'emmerde épisodiquement. Et même que je sois actuellement en train de refaire mon CV pour retourner (je l'espère) à un travail alimentaire plus exaltant dans une boîte plus proche de mes espérances.
              Mais voilà, quand j'ai un coup de moi, je bosse moins dur, mais la boîte n'y perd que ce que je lui ai fait gagner quand je taffais 24h/24 7j/7 il y a un peu plus d'un an et que je n'ai pas eu la moindre prime ni la plus petite compensation.

       Le CPE est une vraie saloperie, qui en plus de précariser le salarié, précarise aussi l'employeur. Ben ouais. Parce que si tu exiges de l'expérience pour avoir quelqu'un qui fait bien son boulot, et que tu bosses avec tes employés qu'en CPE, tu défonces comme un grand tes propres petites plate-bandes. Hé ouais bonhomme. Tu prends un gars, tu le fais taffer trois mois, 6 maximum en CPE et puis te le vires. Du coup : pas d'expérience réelle pour le bonhomme, et pas de savoir-faire à revendre. Il devient précaire. Mais si toi et tous tes potes vous faites pareil, plus personne n'a d'expérience de travail de plus de 6 mois sur la grand-place de l'embauche.
              Autrement dit, CPE oblige, la précarité que tu instaures parce que ça t'arrange bien sur le coup t'empêche à coup sûr de trouver la perle rare le jour où tu en as besoin parce que tu demandes aux gens ce que tu as refusé de leur donner : de la stabilité, de la qualification, du savoir-faire.
              Faut pas espérer faire pousser des pétunias dans tes jardinières si tu pisses dedans tous les jours. Hé ben pareil pour le taff : faut pas espérer trouver sur le marché des gens qui conviennent à tes besoins si tu entretiens consciencieusement leur absence de compétence et d'expérience pour gratter un demi euro par mois.
              Après ça, si tu persistes, ben tu finiras comme un con, aux côtés des employés que tu as contribué à transformer en intermittents du taff, à manifester auprès de l'état en réclamant des plans de formation plus généraux pour tes employés. Et, comme aujourd'hui, ton joli gouvernement de bourrins de droite bien réacs et bien distants des préoccupations quotidiennes du RMiste moyen (qui consistent à savoir comment payer le loyer et à manger au petit avec un vingtième de ton salaire mensuel) te rira au nez et sortira un plan encore plus foireux qui taillera encore plus dans la masse des règles de bonne conduite de l'emploi qu'on appelle le Code du Travail.

       Manifestez, les gars. Et pétitionnez. Taggez-le aux murs des ANPE et au sol devant les ministères : le CPE est une loi forcée, il faut forcément la dégager.

       Courage à tous, et tenez bon. Contrairement à ce qu'a dit en son temps (et franchement, faut avoir la mémoire courte comme un poisson rouge ou un adhérent de l'UMP pour en sortir de pareilles) Juan Pedro Raffarin, alias El Gringo : depuis 1789, en France, c'est la rue qui gouverne. Le pouvoir c'est la masse, et la masse c'est toi et moi et nous tous, ensemble. Céder, c'est accepter. Résister, c'est protéger son futur.
-G4rF-

mardi 21 mars 2006

Un vieux poème

Fond sonore : Björk - All is full of love

       Salut les gens. Voilà un vieux poème exhumé aujourd'hui par inadvertance. Ca m'a fait quelque chose... curieuse sensation que de se redécouvrir soi-même à quatre ou cinq ans d'intervalle.

       Les jours.


       "Les jours inoccupés
Quand du monde coupé
Plutôt que d’écoper
Je laisse les flots rentrer

       Les jours paranoïaques
Blotti dans mon hamac
Je m’éloigne du ressac
Je ne veux rien toucher

       Les jours insupportables
Tout seul assis à table
Quand braille le portable
Et j’veux pas décrocher

       Les jours de fin d’ivresse
Où au lieu de la messe
Je célèbre la liesse
De la veille au café

       Les jours de fin de mois
Et ceux où c’est fin d’toi
Où j’enfonce le doigt
Plus profond dans la plaie


       Les jours couleur d’orange
Où la lumière change
Où rien ne me dérange
Que le besoin d’aimer

       Les jours qui n’finissent plus
Si la télé m’englue
Je m’en vais dans les rues
Sauvages et affamées

       Des jours qui s’en iront
Au loin s’éloigneront
Glissant vers l’horizon
Des mémoires étiolées

       Des jours comme des nuits
L’ébriété me fuit
Je bois mais ça m’ennuie
Je vais bientôt rentrer."

-G4rF-

lundi 20 mars 2006

[C]ontrat [P]érave d'[E]ntrée

Fond sonore : Les Wampas - Chirac en prison

       Aaaaah, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas laissé aller à pousser une bonne gueulante. Hé ben, j'anticipe mon plaisir d'aujourd'hui et ça fait déjà du bien. Connaissez-vous le CPE ? Non ? Vous connaissez pas votre chance, les gars. Moi, je suis sûr de ne jamais le connaître, et pourtant rien que d'en parler ça me flanque déjà les boules.

       Imagine.

       Un type qui tout comme moi, arrive à la fin du lycée en filière générale (je sais même pas si ça existe encore) et décroche son bac. Pas de mention, pas de super notes, rien qu'un gars ordinaire. Ou une fille. Peu importe.
              Grâce à l'indétermination qui fait force de loi en France quand on a moins de 18 ans, tout simplement parce que ça fait flipper d'entendre ses propres parents, ses proches, sa famille, la télé et les journaux nous rebattre sans arrêt les oreilles du fait que la vie est dure, qu'il n'y a pas de taff pour tout le monde, et que seule une poignée d'élus chanceux (en clair : pistonnés) aura la chance de voir se réaliser ses rêves et deviendra astronaute, pilote d'avion, prof, physicien, toubib, tandis que la majorité ira pointer à l'ANPE sans grand espoir dans des jours meilleurs, à cause de ce manque de foi involontaire en l'avenir donc, on choisit un peu au hasard la filière à suivre.
              Tu aimes les jeux vidéos ? Fais de l'informatique. Tu aimes bouquiner ? Devient prof ou instit, ou traductrice si tu es déjà trilingue. Tu aimes la thune et les baskets neuves ? Fais une école de commerce.
              On boucle ses études, et on prend goût à une certaine liberté. Première piaule. Les soirées entre potes où on se tape ses premières grosses murges. La vie. Le sexe. Les exams. Bref, ça bouge pas mal. On se surprend à croire qu'on a une porte de sortie, qu'avec une patate pareille, et toutes ses nouvelles connaissances accumulées, on arrivera bien à faire son trou. Avec les potes, on fait des plans de boîte, on discute business gentiment avec un soda à la main.
              Et arrive la fin des études. Le début du taff. Officiellement.

       Quand on n'a jamais fait de stage en longue durée, on déchante très, très vite. La vie d'entreprise et les pratiques de travail ne correspondent que très peu aux enseignements qu'on a reçu. Forcément : on t'apprend le cas d'école, le cas parfait, bref celui qui coûte cher et qui n'arrive jamais. On en chie. On commence à fainéanter. Normal : on sait parfaitement que si on se crève le cul à taffer comme des ânes dans le système où on a atterri, les mérites ne nous reviendrons pas mais offrirons un nouveau 4x4 de fonction au chef de service, nous ne serons jamais augmentés, on n'aura pas de prime, pas de bonus, pas de félicitations même. Minimum requis tous les jours, cinq fois par semaine, toute l'année. Et l'année suivante on reprend.

       On croise les copains d'études, une fois de temps en temps. Ca se marie, ça vieillit. Ca se sépare, ça se rabiboche. Ca évoque avec une nostalgie non feinte le bon temps des études, où on avait l'impression d'être directement en prise avec la réalité du moment : tu taffes, tu passes, tu branles rien, on t'éjecte. Tiens, t'es pas au courant ? Ca fait trois mois que Machine a plus de boulot. Ils ont délocalisé en Inde. Ouais, c'est rude, heureusement qu'elle a ses parents parce qu'en plus, avec son mec qui l'a largué, t'imagine si c'est la fête. Dingue, hein...

       Imagine aujourd'hui.

       Le même gars. La même fille. Les mêmes études. Et un CPE à la sortie. Les avantages pour le logement ? Mais qu'est-ce qu'on s'en branle, de ça, même les plus manchots des gens qui bossent finissent par trouver à se loger ! Il suffit simplement qu'on les paie correctement, c'est-à-dire suffisamment pour pouvoir trouver un proprio pas trop bâtard qui accepte de prendre un petit risque en te filant une chambre de bonne de crevard pour 600 Euros mensuels.               Les autres petits gadgets du CPE ? Le droit à la formation, les garanties bancaires, tout ça c'est peanuts. Un banquier sera toujours ravi de t'endetter un maximum. Et la formation, de toutes façons, ça n'a jamais garanti quoi que ce soit. J'ai des potes graphistes à qui on a proposé des formations de plâtrier. Top adéquation. Ils ont fait comme tout le monde : ils ont cherché sur Internet, l'ANPE c'est trop de la merde et tout le monde le sait.

       Le CPE et ses deux ans de siège éjectable. Pourquoi donner ce pouvoir aux patrons ? Est-ce qu'un petit patron de PME a besoin de deux ans pour savoir si tu conviens dans ton job ? Ou bien est-ce que trois semaines lui suffisent à faire le tri entre les guignols et les autres, ce qui serait plus réaliste ?
              Est-ce qu'on ne se gourrerait pas de cible en parlant des jeunes, du malaise des jeunes, du problème des jeunes, de l'emploi des jeunes, comme si être jeune c'était une maladie, comme si c'était grave et difficile et symptômatique d'être jeune. Comme si en dessous de 26 ans on était un branquignol qui ne sait rien faire. Et d'ailleurs, quand bien même ce serait le cas, pourquoi tant qu'on n'a pas eu son premier crédit sur le dos on serait inapte au boulot ? Est-ce que ce ne serait pas ce genre de problème qu'il faudrait traiter en priorité ?

       Pourquoi est-ce que c'est aussi risqué d'employer quelqu'un de qualifié, mais pas encore expérimenté ? Parce qu'il risque de faire des conneries ? Ouais. Mais Jean-Marie Messier, avec toute son expé et ses gros joujours bien chers, a aussi fait des conneries, et autrement plus graves que tout ce qu'un p'tit bonhomme qui débute peut bien occasionner en parlant pas très bien à un quelconque M. De Mesmaeker.
              Tapie, expérimenté itou : des milliers de gens au chômdu. Michelin & Co. : une boîte saine, qui se porte bien et qui licencie à tour de bras avec l'aval d'un gouvernement tacitement complice. Ca c'est de l'expérience qui vaut de l'or. Total : des profits records sur le dos de tout le pays, mais on se chie dessus quand il s'agit de leur demander de restituer quelques miettes de la grosse cagnotte qu'ils n'ont rien fait pour mériter. Desmarets, voilà un homme d'expérience qui donne un exemple sain et pousse la confiance en l'avenir.

       Mon cul, oui.

       Des gens expérimentés qui font des boulettes en millions d'euros, y'en a plein les journaux. Et à chaque fois, grâce à leur formidable compétence et leur expérience irremplaçable, y'a un nouveau millier de pauvres types qui se retrouvent sur le carreau, à manger des pâtes et du riz chaque soir et à subir les assauts inhumains d'un banquier cynique "je ne peux rien y faire" pour ne pas se faire déposséder de leur baraque.
              C'est facile, y'a qu'à se baisser. Y'en a même qui finissent ministres, des crétins galonnés dans ce genre. Ministre du gouvernement actuel, hé oui. Thierry Breton, ex-PDG de France Télécom, l'acquéreur pour une somme astronomique d'Orange et de ses dettes, une gestion pourrie, des comptes qui sentent mauvais, des employés franchement ravis qu'on leur pète leur outil de travail, une entreprise plombée. Ministre.

       Voyez-vous, l'avantage qu'il y a à être jeune, c'est qu'on a encore une chance d'apprendre après s'être planté. Moi je me suis déjà planté, j'ai déjà eu à faire face à mes erreurs. Ca n'a fait que me motiver à travailler mieux ensuite, à ne pas faire les mêmes conneries, à être plus en prise avec mon travail et à connaître mes limites.
              Je vais avoir 30 ans cette année, et je ne suis pas sûr du tout d'avoir encore la même souplesse. Je commence à être revenu de tout. Je commence à m'encroûter. Mon taff me blase, ses perspectives sont plates, je me fais chier au boulot. Du coup, je fais des conneries. Mais je m'en branle, maintenant. Je dis que c'est la faute à pas de chance, je trouve des excuses. Quand, exceptionnellement, je les assume, ma hiérarchie me reproche d'avoir été honnête et franc (ça le fait pas devant le client d'assumer son imperfection).

       Ca veut dire quoi ? Ca veut dire que l'erreur d'inexpérimenté est nécessaire, et qu'elle doit intervenir quand on est jeune. C'est en apprenant qu'on n'est ni une sous-merde, ni un super-héros qu'on peut aspirer à une forme d'équilibre, tant dans le travail que dans la vie. On passe le plus clair de sa vie au boulot, alors autant qu'il signifie quelque chose pour nous plutôt qu'être la source d'une angoisse permanente : est-ce qu'on va me virer aujourd'hui ?
              En gros, il est nécessaire de confier des responsabilités à des jeunes, de leur faire confiance, de les pousser en avant. Et pas, comme ce gros balourd de Villepin essaie de le glisser, de les scruter, de leur aménager un dispositif hasardeux pour le cas (qui va se produire systématiquement) où il y aurait une couille. C'est comme aller dans un jardin d'enfant, retirer les boulons du toboggan et rassurer les mamans à côté en leur disant qu'on a ajouté 1,5 cm d'épaisseur au revêtement de sol anti-bobo. Ca n'empêche nullement de tomber et de se faire mal. Ni d'être dégoûté à vie de ce putain de toboggan.

       Je suis ouvert au dialogue, nous dit le pépère de Matignon. Ca paraît étrange de la part d'un mec qui force son projet à coups de 49-3. Ca c'est du dialogue ? Ca c'est du débat ? Ca ressemble étrangement à cette vieille maxime policière : cogne-le d'abord, on posera les questions après. Mais bon, faisons-nous une raison (pour ceux qui ne l'auraient pas déjà fait) : Villepin n'a pas forcément la compétence nécessaire pour aborder le sujet de l'emploi. Explication : il en a toujours eu un, d'emploi. Et il en aura toujours.
              Et quand il traite le "Problème Jeune" comme une espèce de cancer qu'il faut éradiquer, on a l'impression qu'en France, on a le droit d'être enfant, puis vieux. Entre temps, pas de place pour toi mon pote. T'es variable, t'es instable, t'as pas encore choisi ton avenir, t'es pas posé sur tes rails, t'es inquiétant, t'es pas mesurable, alors je te fous une camisole et je t'emmène en voie de garage.

       Je trouve tout cela très très très triste. J'ai un copain qui kiff tout ce bordel au point de souhaiter qu'on pète encore plus de trucs. Que le feu prenne et se répande. Que Villepin et ses potes se prennent une révolution en pleine gueule. Malheureusement pour mon ami, c'est mal parti pour une révolution.
              La France se couille-mollise depuis des décennies, simplement parce qu'on l'éduque pour ça. C'est le revers de la médaille, et c'est aussi pour ça que des andouilles comme notre sémillant premier sinistre n'arriveront jamais à rien. Faut pas espérer que la populace accepte de prendre des risques vitaux quand tu as tout fait depuis vingt ans, toi et ton parti de nabots, pour les convaincre qu'il fallait avoir peur de l'avenir.

       On vit dans un pays formidable, dans une époque formidable. On a quand même une nation où un juge peut refuser d'ouvrir un dossier de surendettement à une famille parce qu'ils ont choisi d'avoir un deuxième enfant. On est capable, ici, de refuser de comprendre que dans ce monde de requins y'ait des gens pas assez malins pour éviter les morsures, mais qu'ils aient quand même le droit de vivre et de croire en leur avenir en se perpétuant.

       On vit une époque formidable. J'attends la suite des conneries gouvernementales avec impatience. Mais je veux quand même adresser ici un message aux CRS, aux keufs, aux gendarmes mobiles voire même aux bourrins du RAID. Après tout, ils dégustent grave en ce moment.
              Messieurs (et mesdames), je ne vous en veux pas. Les jeunes ne vous en veulent pas. Vous êtes simplement pris entre le marteau et l'enclume. A force de vous faire rentrer dans le crâne, depuis votre CAP option boum-boum-la-guerre, que vous êtes la loi et l'ordre, vous finissez par y croire. C'est naturel. Le lavage de cerveau, ça fonctionne comme ça.
              Vous avez l'illusion de faire partie d'une équipe soudée, d'avoir une valeur commune parce que vous portez les mêmes fringues de branquignol à la Robocop. Mais ça ne vous empêche pas de vous chier dessus, tous, individuellement, quand vous êtes douze derrière vos boucliers face à dix mille manifestants passablement échauffés par les saloperies qu'on leur impose.
              Ils ne vous en veulent pas. Simplement, vous êtes là. En cherchant bien, on s'apercevrait vite que vous avez sûrement de la famille et des proches qui sont en train de vous balancer des canettes vides et des barrières de sécu. Vous n'êtes jamais entré à la Sorbonne, jamais de votre vie ne vous viendrait l'idée de vous glisser à l'intérieur pour suivre un cours de littérature ou de politique (y'en a où tu peux entrer librement, personne ne te fera chier). Mais vous êtes là, quand même, planté à la "défendre".
              Sachez-le, pandores et flics, vous ne servez à rien, là. Il suffirait d'imaginer de mettre à votre place un Villepin, un Sarkozy, un Seillière et deux ou trois chiracophiles convaincus, et vous verriez leur réaction. Comme vous, ils se chieraient dessus. Mais eux, ils assumeraient leur peur et foutraient le camp.

       En conclusion, sachez que face à vous se trouvent aussi des gens qui ont peur. Mais ils ont tellement peur qu'on leur baise leur futur qu'ils sont venus jusque là et ont bravé individuellement la peur de prendre des coups. Auriez-vous, vous-même, messieurs les manieurs de matraque, les lacrymophiles, les flashballeurs, suffisamment de force de conviction pour faire de même ?

-G4rF-

mercredi 8 mars 2006

Les limites du supportable

Fond sonore : Filter - Hey man nice shot

       Hier soir, j'ai passé un coup de fil. Ca fait un paquet de fois ces derniers temps que je me tape des discussions que je préfèrerais éviter. Et une fois de plus, y'a fallu que je me cogne le sale boulot.
              Pas glop.
              Le sujet de la discussion : un copain qui, de notoriété publique, a glissé dans la picole depuis un bout de temps et ment effrontément à ce qui reste de son entourage en prétendant se maîtriser et arrêter de boire par ses propres moyens.
       C'est dur à dire, mais j'en peux plus. C'est déjà pas évident de voir un pote se défoncer sans arrêt, se détruire à un tel point qu'il ignore tout ce qui se passe autour de lui et dans le monde, se vider de toute substance jusqu'à n'être plus qu'un réceptacle à bière. C'est rude à vivre, le voir s'enfiler des Maalox à tire-larigot et fouiller dans les placards chez les copains pour mettre la main sur du Pastis à 11h du mat'.
              En quelques années de picole sans fin, il a fait le vide autour de lui. Plus personne ne l'appelle. Il n'a plus de copains, à part une poignée d'Astérix's qui résistent encore et toujours à l'envahisseur avec un désespoir grandissant. Ses anciens collègues, ses anciens potes, tout ce qui a fait sa vie et sa richesse : out.

       Aujourd'hui il est devenu tellement creux qu'il ne sait plus quoi faire pour cesser d'être transparent au milieu d'une conversation. Alors il est méchant. Hautain. Prétentieux.

       Il y a quelques temps, j'ai choisi de lui confier la charge d'être le parrain de ma fille. J'espérais provoquer en lui un ultime soubresaut de fierté, lui transmettre l'électrochoc qui lui ferai enfin vider toutes ses bouteilles dans les toilettes et tirer la chasse sur cette vie de merde une bonne fois pour toutes. Apparemment, je me suis gourré. Et moi qui avais le choix entre lui et deux autres proches d'une grande valeur à mes yeux, moi qui ai toujours été d'un optimisme aveugle en l'avenir de ce mec, moi... ben je regrette mon choix.

       J'en peux plus de lui, de son négativisme permanent, de son caractère irascible et de son odeur de vinaigre. J'en peux plus de lui épargner les foudres qu'il mérite, de m'occuper de lui au détriment de mon propre intérêt. Ras-le-bol de sa jalousie maladive, de son incapacité chronique à se stabiliser plus de deux minutes, de sa mythomanie alcoolique qui lui fait se foutre de la gueule ouvertement des dernières personnes qui se préoccupent encore un peu de lui. Cette putain d'attitude de parvenu de mes deux a beau être la seule expression d'un cri de détresse inconscient, c'est quand même une putain de montagne à porter sur ses épaules quand on est plongé dans l'affaire. Et moi, je veux pas imposer à ma fille le poids et les angoisses d'avoir un parrain pochtron sur qui personne ne peut compter, même pas lui.

       D'où le coup de fil d'hier soir. A bout d'énergie, de force, d'arguments et d'envie de l'aider, j'ai franchi le pas et j'ai téléphoné à ses parents. C'était dur. Et ça fait mal de confirmer ses craintes de rechute à sa maman qui, bonne mère évidente, n'arrivait même plus à se convaincre elle-même de modérer la gravité des faits.

       Sincèrement, je pense qu'il est encore récupérable. Mais y'a un putain de boulot à faire. Et c'est maintenant que ça doit se faire, sinon il est foutu. C'est plus un pansement et un sucre au Ricqlès qu'il faut, maintenant, c'est un putain de défibrillateur. NFS, chimie, iono, gaz du sang, groupe RH, bandelette urinaire et un solide coup de pied dans le cul. Il faut du Bosch : du travail de pro.

       En dehors de ça, grâce en soit rendue à May, BleZzZ, Nouillam, à Iffic à distance, aux gentils commentaires de HaTcH sur ce blog et bien sûr à ma famille petite et grande, la ptite Vaness et la toute ptite Charlie, ça va pas trop mal, merci. :-)
-G4rF-

lundi 6 mars 2006

Activons-nous z'un brin

Fond sonore : rien (pas le temps)

       J'ai eu la surprise hier soir, en ouvrant dans le train le bouquin de Philippe Meyer intitulé "Démolition avant travaux" que j'avais chopé au pif dans les rayonnages d'Auchan, de ne pas tomber sur un opuscle comique comme il en avait déjà produit précédemment (voir "Le communisme est-il soluble dans l'alcool ?" co-écrit, je crois, avec son frangin, et toutes les chroniques radio transcrites dans la série des "Heureux habitants...", "Le futur ne manque pas d'avenir", etc).
              Passsque moi, hé bah, j'aime bin rigoler. Ha ha.
       En l'occurrence, c'était pas franchement marrant. Plutôt percutant, surtout à l'endroit de ce pauvre Serge July qui, semble-t-il, est un peu sa tête de Turc. Et ce fut une mise en abîme intéressante de ce que j'ai vécu lors d'un fameux 21 avril.
              La date rappelle quelque chose. C'est normal. Nous la vécûmes, nous l'avons subie (en pleine gueule) et on nous l'a resservie. Depuis cette fameuse date, on a eu droit au moindre de deux maux. Pour reprendre un slogan que j'avais vu brandi dans la foule "mieux vaut un menteur qu'un facho". C'est sûr. Mais l'amputation des libertés, qu'elle soit faite à la hache ou sous anesthésie, ça laisse quand même quelques douleurs.

       La politique. Encore une fois sur mon blog, de la politique. Merde, doit se dire HaTcH (salut mon chtit pépère !) qui compose à lui tout seul l'essentiel de mon lectorat. V'là qu'il en remet une couche. Ben ouais. Ca m'a frappé, hier. J'avais beau ne pas forcément être d'accord avec Meyer, qui dans son long pamphlet en sert un peu une couche à tout le monde, j'ai eu du mal à ne pas finir sa prose. Ca n'aurait pas vraiment correspondu à l'idée que je me fais de moi-même. On ne peut pas décemment choisir de se goinfrer toute la putain de pseudo-constitution indigeste européenne et faire ensuite la fine bouche sur 150 pages organisées sous forme de chronique des jours étranges qui séparèrent les deux tours.

       Ce fut, en effet, une période étrange à vivre. Votants comme non votants, tout le monde s'est pour une fois retrouvé d'accord pour dire qu'on pouvait déconner un peu, mais que donner tant de voix à Le Pen, c'était la limite à ne pas dépasser.
              Depuis, nous l'avons dépassée, cette limite. Pas en aidant Le Pen, non. Pour ça, je suis d'accord avec Meyer : à force de gesticuler et de crier au loup, seules quelques vieilles badernes essentiellement préoccupées par le prestige évaporé de leurs particules poussiéreuses peuvent encore lui trouver un quelconque aplomb politique. Et donc, Le Pen montrant en permanence ce qu'il est, c'est-à-dire un monsieur Loyal qui semble se satisfaire de sa place de meneur de revue beauf pour cirque de troisième zone, il n'est pas censément dangereux. Mais il y a un mais.

       Il n'est pas dangereux pour qui se préoccupe de comprendre un programme électoral. Mais qui les lit, ces programmes ? Combien existe-t-il, et là je suis pas d'accord avec Meyer, de gens que l'expérience de leur vie au quotidien rend sensible à des discours autoritaires et d'un chauvinisme égoïste ? Pour qui va voter la petite vieille du 2ème étage de mon immeuble à Saint Denis, qui s'est faite rouer de coups de pieds par quatre bonshommes dans la fleur de l'âge pour lui piquer son sac à main et ses trois francs six sous ?
              Pour Chirac ? Pour Sarko ? Les flics ont pris sa plainte. Tout le monde sait qu'elle sera sans suite, elle la première, et ses agresseurs en second. Peut-être pensera-t-elle que De Villiers, et son fameux nouveau cheval de bataille du "racisme anti blanc" trouvera-t-il la faveur de cette vieille cabossée par la vie et que la société qu'elle finance avec les sous qui lui restent laisse geindre sans soigner ses plaies à l'âme. Et moi, que Son Appendice Nouillesque m'en préserve, à sa place je ferai peut-être bien ça aussi.

       C'est, à mon sens, un baril de poudre sur lequel nous sommes perchés et qui laisse fuir de fines traînées qui s'enflamment sporadiquement. Sans réel risque d'explosion générale. Pour l'instant. Mais l'inconfort reste.
              Assis sur le couvercle, ceux qui crient au loup et ceux qui appellent au calme, les TF1 et les réactionnaires, les profiteurs extrémistes et les dépassés-par-les-événements de l'UMP, tous regardent à la loupe les fines traînées qui s'enflamment, sans se rendre compte que c'est leur loupe qui fout le feu. Gros plan sur la voiture qui brûle, coco, l'insécurité c'est vendeur. Avec le blé qu'on va se faire, je pourrai enfin rembourser mon découvert, et peut-être payer Eurodisney pour les gosses.
              Trop de passion. Trop d'action. Ca sonne comme Yoda à mes oreilles : "L'aventure ? L'excitation ? Ces choses là, un Jedi ne les désire point". C'est fou comme on apprend en regardant des films. En l'occurrence, je trouve que c'est assez vrai. Le prisme télévisuel, qui est le plus grand medium apporteur de nouvelles aux Français, n'a jamais montré autant de merde et laissé au rencard la bonne volonté des gens oublieux de soi. La compassion, la gentillesse, l'humanité, si on n'a pas d'images avec des petits enfants blancs et blonds, c'est hors-champ.

       Je crois aux vertus du débat démocratique. Je crois à la République. Mais, comme les 60 à 70% d'abstentionnistes de la prochaine élection dont je tente encore de me convaincre de ne pas faire partie, je ne crois pas que cette république soit pérenne et à la mesure des chantiers qu'elle s'est flanquée dans les pattes en laissant dériver la foule des sans-thune à la merci des courants qui les aspirent un par un au plus profond de la solitude. Etre solitaire en société devrait être un oxymore. C'est aujourd'hui une réalité.
              Toute société a les monstres qu'elle mérite. Ca j'en suis convaincu. Mais il y a deux sortes de monstres : les gros balourds évidents, tellement voyants qu'ils en deviennent risibles comme des caricatures de méchants dans une série Z italienne à la Mario Bava, ou des Godzillas de caoutchouc dont on peut voir qu'ils sont fantoches sans chausser ses lunettes. Et les monstres sournois, qui sont pires parce qu'ils sont présentables et ne ressemblent pas à des monstres.
       Ni Francis Heaulme, ni Guy Georges ne portent sur leurs visages la mention "prédateur sanguinaire". Et pourtant ils ont été condamnés pour ça. Les reconnaître pour ce qu'ils sont exige d'aller au delà des apparences. Si nous sommes capables de le faire pour les auteurs de faits divers sordides, nous devons être capable de le faire dans l'intérêt de notre bien-être et de l'avenir que nous nous réservons en grattant le vernis des hommes de pouvoir et des institutions qui orientent malgré nous nos vies et nos choix.
              Nous reprochons à l'Italie d'avoir laissé tous les médias partir sous la coupe de Berlusconi. En quoi la France est-elle plus propre ? Combien de magazines commerciaux (pléonasme) et de journaux dits d'opinion sont aujourd'hui regroupés dans la pogne de Bernard Arnault ? De Havas ? Quel espace reste-t-il à l'expression d'un débat construit ? Aucun. Le Figaro est à droite. Libé à gauche. L'Humanité est un journal de parti qui n'a jamais aussi mal marché. TF1 laisse toujours PPDA présenter le 20h, malgré l'ardoise longue comme l'A7 qu'il traîne derrière lui. Canal+ a depuis longtemps perdu la capacité de s'auto-filer des baffes pour se réveiller de son assoupissement satisfait dans les souvenirs lointains de l'époque où tout pouvait s'y dire (ou presque... Rousselet et Mitterrand étant comme cul et chemise).
              Tout ce qui reste, ce sont les satires, parce que leur ton grinçant bien qu'efficace ne leur octroiera jamais la place de référent qu'ils méritent, mais les empêche de tomber dans la docte médiocrité où stagnent les autres. Les autres...

       Etre Français, c'est en ce moment être la victime d'un système public conçu pour supprimer toute velléité d'expression aux gagne-petit.
              Tribunaux engorgés : toutes les saloperies qu'un pouvoir quelconque, même petit, peut vous faire resteront impunies suffisamment longtemps pour que vous en perdiez tout goût de vivre.
              Politique d'immigration sans mémoire : habitez et bossez en France 20 ans, claquez sur place tout le maigre pécule que vous aurez produit pour pouvoir vivre à la limite de la décence, vous ne serez pas pour autant français. Droit de vote mon cul.
              Chômage galopant, radiations en masse, nouvelles règles de calcul, explosion des populations vivant avec les seuls minima sociaux : on va vous créer une nouvelle formule de contrat qui, au lieu de vous conforter dans l'idée que vous n'êtes pas une merde et que vous avez en vous assez de ressource pour gagner correctement votre vie, donne les pleins pouvoirs à ceux là même qui en avaient déjà bien assez.

       Nul n'est censé ignorer la loi. Mais personne n'y comprend rien à moins d'en faire son métier (et encore, y'a des avocats spécialisés dans des domaines bien particuliers). Cependant, le fait de ne pas savoir jouer de la musique n'empêche pas d'entendre quand quelque chose sonne faux.
              Et la petite musique des énarques, des trop bien-nés, des racoleurs de basses opinions, des incapables d'assumer leurs conneries, des anciens puissants mis au rencart, véhicule en elle depuis de longues années la même note porteuse et discordante, qui résonne aux oreilles de n'importe qui qu'on laisse au bord du chemin : tu es pauvre, donc tu n'as pas de poids, donc tu es une merde. Tant que tu n'auras pas d'argent, tu n'auras pas réussi. Si tu passes pas à la télé, ta vie vaut que dalle.

       Tel est le credo de cette nouvelle nation de castes. Tel est le slogan de la Star Academy et de ses clones. Voilà à quoi participe Marianne James, qui franchement aurait mieux fait de se contenter d'être Ulricha dans l'Ultima Recital plutôt que devenir le pantin consentant de la télé moisie.
              Les aveugles ne se laissent pas berner par une fausse couleur de cheveux et des dents reconstituées, simplement parce que ça n'existe pas pour eux. Pourquoi serions-nous incapables de voir notre monde au-delà des apparences ? A moins que la première règle qui nous soit enseignée et inculquée avec force et répétée inlassablement soit la suivante : fie-toi à ta première impression. Et la première impression que nous nous laissons imposer, c'est ça : tu es petit, tu n'as pas pouvoir, reste dans la merde et tais-toi. La vie de la société, c'est pas tes oignons. On n'est pas loin de t'exiger un permis de parler avant de te laisser t'exprimer en public.

       Je vais reprendre une fois de plus les mots de quelqu'un d'autre, mais je pense qu'ils constituent ce que j'envisagerai comme un premier pas salutaire vers un pays de gens plus éclairés de l'intérieur qu'irradiés par les projecteurs cathodiques à l'extérieur. Ces mots sont de Brian Warner, 37 ans depuis le 5 Janvier 2006, né aux Etats-Unis en 1969 à Canton dans l'Ohio.
              Voilà ce qu'il chante (ce qu'il hurle) : "Kill your god, kill your TV".
              Son nom de scène est Marylin Manson.
-G4rF-