vendredi 28 septembre 2018

365 jours de poésie express : bilan à 20%

Ah, l'écriture.
Quel plaisir.
Quelle tannée.
Qu'est-ce que j'aime ça, qu'est-ce que ça peut me faire chier.
Qu'est-ce que c'est bon, de se voir progresser, qu'est-ce que c'est dur d'y arriver.

J'ai publié cette nuit le 73ème poème de ma série. Ceci fait que j'ai atteint la barre symbolique des 20%.
C'est mieux que ce que j'espérais de ma part : il semblerait que je parvienne, peu ou prou, avec des relâchements regrettables dans ma régularité, à tenir à peu près le pari que j'ai fait avec moi-même d'arriver à écrire un texte original chaque jour. Youpi.

Je commence aussi à me prendre un peu au jeu : les opus 65, 71, 72 et 73, et le suivant sont des essais pour lesquels le mot-titre, autour duquel bâtir le texte, m'ont été fournis par une tierce personne. Ce n'est pas vraiment du "texte de commande", mais ça rajoute une contrainte (écrire sur un sujet que je n'ai pas choisi) tout en retirant une autre contrainte (trouver un sujet sur lequel écrire !).

Je tiens à jour un agenda spécifique pour mesurer l'amplitude de mes retards. En moyenne, je tourne autour de 2 jours de retard, avec quelques rares instants où tout est fait le jour J et de nombreux instants où, pour diverses raisons, je me prends 5-6 jours de retard dans la gueule, et après il faut ramer pour rattraper le coup. Il y a de la marge pour faire des progrès, mais c'est moins la cata que ce que je redoutais.
Peut-être que si j'atteins les 100% avec un retard du même ordre, je me sentirai en confiance pour relancer mon challenge "une page par jour" pour enfin arriver à pondre mon 2ème tome. Qui sait ?

J'envisage sérieusement de regrouper tous les poèmes express de cette série dans un bouquin, en autoédition de préférence, genre BooksOnDemand ou MonBeauLivre ou PublishRoom ou le Kindle Direct Publishing d'Amazon (même si je ferai tout ce que je peux pour ne pas enrichir Jeff Bezos).
J'éviterai absolument de m'embourber de nouveau dans une relation contractuelle grossièrement déséquilibrée avec un éditeur pour de faux comme celui chez qui mon premier roman est paru : dans la mesure où cette maison n'a pas respecté la loi qui l'oblige à me verser mes droits d'auteur au moins une fois par an, n'a objectivement rien fait de concret pour promouvoir mon oeuvre et n'a su qu'encaisser mon fric pour me livrer des livres imprimés (ce qu'un imprimeur eut tout aussi bien pu faire), le contrat qui nous liait est caduc et j'en suis bien heureux.

Mais bon, tout ça, c'est un peu prématuré. 20% ça fait 73 poèmes déjà écrits et 292 encore à écrire...
Souhaitez-moi bon courage les aminches !
--G4rF--

jeudi 27 septembre 2018

Poème express [73/365] - Soleil

Soleil
L'avez-vous vue passer ? Sentez-vous sa lumière ?
Par où est-elle allée ? A-t-elle quitté la terre ?

Si je vous parle d'elle, si je la cherche tant
Qu'à toute heure je l'appelle, de l'automne au printemps,

C'est qu'elle est un soleil qui me fit héliotrope,
L'astre qui m'émerveille, moi le vieux misanthrope.

Sa course dans mon ciel dure le temps d'un éclair
Devenu essentiel dans mes nuits sans repère

Où je pleure son absence, et soudain elle surgit
M'offrant la renaissance, brisant ma léthargie

Parfois sans dire un mot, simplement d'un sourire
Qui glisse sous ma peau de métal et de cuir

Et me va droit au cœur plus sûrement qu'une lame.
Et son air moqueur, son silence, son charme

Dégonflent toute peur, font fuir toute angoisse,
Dissolvant la torpeur, faisant fondre la glace

Et me laissant ainsi, juste libre et heureux,
Debout, à sa merci, elle que je ne peux

Approcher sans bouillir, toucher sans me brûler :
L'astre de mon désir me reste prohibé.

Craignant le sort d'Icare, je ne peux me risquer
A commettre un écart qui me ferait chuter

Alors je vole bas, baigné par sa chaleur
Puis me revient le froid et s'enfuient les couleurs

Car elle s'en est allée par delà l'horizon.
Voilà l'obscurité, mon odieux compagnon

Qui revient à la charge, et m'étreint, et m'emporte
Vers le fond, vers le large, vers des étoiles mortes.

Perdu, désorienté, sans carte ni compas,
Je m'en vais, aveuglé, au hasard de mes pas

Appelant de mes vœux le retour d'une comète,
D'un éclair dans mes yeux, d'un soleil dans ma tête.

--G4rF--

Poème express [72/365] - Vache

Vache
C'était ma vache sacrée
Mais une vraie peau de vache
J'étais sa vache à lait
Elle avait l'amour vache

Vint le temps des vaches maigres
Adieu la vache qui rit
D'un coup de pied en vache,
La vache ! Elle est partie.

Me voilà avachi
Sur le plancher des vaches
A cause de ses vacheries
Et je crie "Mort aux vaches !"

--G4rF--

mercredi 26 septembre 2018

Poème express [71/365] - Paradis

Paradis
Trop longtemps accroché au souvenir ténu
D'une bribe, d'un reste de paradis perdu
Luttant pour enrouler le fil des mémoires
Assemblant un puzzle de pièces dérisoires

Il sent la douleur froide du vide qui s'installe
Clé de voûte envolée, tombe sa cathédrale
Temple commémorant les instants oubliés
Qui de pierre en poussière s'effrite et disparaît

Le tourbillon du vent en disperse les cendres
Laissant la place nette, et paraissant attendre
Un tremblement de terre, un grand chambardement
L'irruption imminente d'un nouveau monument

Qui surgira soudain, tout d'or et de splendeur
Un nouveau paradis, vibrant de mille couleurs.

Des plus beaux souvenirs, jamais un ne trépasse :
Si l'un d'eux disparaît, un meilleur le remplace.

--G4rF--

Poème express [70/365] - La cour des miracles

La cour des miracles
Il y a ceux qui vivent entre eux, qui sélectionnent et qui dégagent
Les malappris qui n'ont pas l'heur de présenter les meilleurs gages.

Il y a ceux qui évoluent sans satellite, sans entourage
Seulement eux connaissent leur but, personne ne suit leur sillage.

Et il y a les incongrus, ceux qui détonnent dans le tableau
Tels des soleils derrière les nues, et qui se moquent des niveaux

Ils choisissent de ne pas choisir, de ne jamais trier personne
Loin des meilleurs et près des pires, on penserait qu'ils déraisonnent

Qu'ils ont droit à meilleure place, qu'ils se gâchent en fréquentation
De gens de peu, de populace, qu'ils endommagent leur exception

Mais quand on est un de ceux-là, on se reconnaît marginal
Cela ne se décide pas, on voudrait juste être normal

Et en cherchant la compagnie du commun, du particulier,
On lutte contre une avanie, celle d'être singularisé

Cela me parle, je l'ai vécu, enfant brillant, presque prodige
C'était moi qu'on portait aux nues, bien que cela me désoblige

Qu'il est curieux ce sentiment d'être passé sur l'autre rive,
Laissant venir le poids des ans, je peux mesurer la dérive

Le sujet devient complément, et le centre périphérie,
Gravitant autour d'un aimant, le repère change, l'ego aussi

Orbite géostationnaire, en chute toujours rattrapée,
Le satellite, la montgolfière, sur le firmament accroché

D'où je m'amuse, en petit prince, à admirer la belle étoile
Car c'est pour elle que j'en pince, elle qui veut juste être normale.

--G4rF--

samedi 22 septembre 2018

Poème express [69/365] - L'enclume

L'enclume

Fasciné par l'éclat, le tranchant de la lame,
Il soupèse l'objet, évalue son pesant,
Le fait virevolter comme un grand oriflamme
Et assomme de questions le maître artisan.

Et la forge ? Et la trempe ? Main ou marteau-pilon ?
Et quelle part de carbone ? Et combien de propane ?
Et l'homme de l'art parle, subit ce tourbillon
Pour, tant bien que mal, éclairer le profane.

Une fois rassasié, le novice s'éloigne
Et je pose mon problème à l'homme de poigne.
Sitôt le mot lâché, son œil brille et s'allume :
Enfin quelqu'un demande comment faire une enclume.
--G4rF--

vendredi 21 septembre 2018

Poème express [68/365] - En filigrane

En filigrane
Glisser un demi-mot, déposer un indice
Tourner autour du pot et compter jusqu'à dix
Laisser traîner de quoi faire naître un soupçon
Étouffer le chant du cœur derrière un bâillon

Par jeu comme par crainte, éviter d'en dire trop
Pour qu'auprès de ma flamme tu te sentes au chaud
Qu'elle brille à travers moi et me révèle morgane
De toi au point que tu le lises en filigrane.
--G4rF--

A l'ère des trolls

E. Zemmour (allégorie)
J'aurais aimé être surpris à l'évocation de la récente prise de bec intervenue (apparemment hors antenne) entre Eric Zemmour et Hapsatou Sy lors du tournage d'une émission d'Ardisson.
J'aurais aimé être surpris, mais je ne le suis pas, et je pense qu'au fond personne ne l'est vraiment.
Le concert des indignations suivant la délivrance du "c'est votre prénom qui est une insulte à la France" est même assez divertissant dans sa triste prévisibilité.
Nul doute qu'en ces temps binaires se forment assez rapidement deux fronts : ceux qui disent qu'il est complètement ahurissant qu'une personne se sente dans son bon droit en affirmant haut et fort une ineptie de ce calibre, et ceux qui disent que oui mais quand même il a sa liberté d'expression et puis y'a des gens qui pensent pareil alors ce point de vue doit aussi être entendu.

Et en voyant le cirque causé par cette énième polémique sur le thème du "racisme à peine voilé Vs. on peut plus rien dire", je fais un pas de côté et je regarde le tableau. Et je me dis qu'on n'a plus affaire à des "polémistes" au sens où le mot est employé actuellement, mais qu'on est passé à quelque chose d'autre.
Je m'explique.

Commençons par demander à notre ami le dictionnaire ce qu'est un polémiste.
Monsieur Larousse, vous avez la parole :
Polémiste (nom) : personne qui fait de la polémique.
...ooookaaaay. Un grand merci à vous, Capitaine Évidence©.

Allons donc un peu plus loin et demandons-nous ce qu'est la polémique.
Larousse, tant que vous y êtes, poursuivez donc, mon bon :
polémique (nom féminin) : débat plus ou moins violent, vif et agressif, le plus souvent par écrit : Une polémique politique qui s'envenime.
Ah, on commence à s'approcher du but.
Monsieur Littré, un commentaire ?
polémique (po-lé-mi-k') adj.
1 Qui appartient à la dispute par écrit. Un écrivain polémique.
Le genre polémique n'est que trop de mon goût ; j'y avais renoncé pourtant, Rousseau, à M. Moultou, Corresp. t. V, p. 253, dans POUGENS.
Une théologie qui prenait et qui méritait le nom de polémique, de contentieuse, pouvait elle-même être un danger, Le Clerc, Hist. litt. de la France, t. XXIV, p. 340.
Ouvrages polémiques, ceux qui se font dans les disputes littéraires, pour soutenir une opinion contre une autre.
Les livres qu'on a appelés polémiques par excellence, c'est-à-dire ceux dans lesquels on dit des injures à son prochain pour gagner de l'argent, Voltaire, Mél. hist. Mensonges impr. 17.
2 S. f. La polémique, dispute par écrit. Une polémique ardente.
Il s'est dit dans le même sens au masculin qui n'est plus usité.
Mon goût pour le polémique, Morellet, Mém. t. I, p. 196, éd. 1822.
Le court polémique qui va suivre étant de pure précaution…, Mirabeau, Collection, t. V, p. 193.
ÉTYMOLOGIE
Πολεμιϰὸς, de πόλεμος, guerre.
Voilàààà ! Merci, monsieur Littré, comme toujours, vous avez mis le doigt dessus : "[...] qui appartient à la dispute par écrit. |...] Étymologie : guerre."
L'ami Littré a ceci d'intéressant qu'il a un contenu plus ancien et donnant souvent des indications précieuses quant à leur usage quelques décennies plus tôt... on en apprend pas mal, dans les vieilles feuilles.

Mais qu'en est-il aujourd'hui, du sens du mot "polémiste" ? Dans l'acception commune, on donnerait plutôt au mot "polémiste" le sens de "débatteur", "interpellateur", "analyste iconoclaste". En passant sous silence l'attachement étymologique du mot à la dispute et à la guerre, qui permettait de mettre en évidence que c'est un combat armé et pas très civil dont il est question. Et en omettant qu'au départ, il s'agissait plutôt de personnes présentant leur argumentaire par écrit, et ne pouvant donc s'appuyer sur des tactiques verbales pour appuyer leur propos en soufflant la parole à leurs interlocuteurs/contradicteurs/adversaires.

Sur cet aspect des tactiques verbales, il me vient le souvenir d'un Marc-Olivier Fogiel et de son "style" bien personnel consistant (pour le souvenir que j'en ai) à glisser joyeusement sur la limite entre une insolence à peu près tolérable et l'usage joyeux d'argument d'invective, d'autant plus joyeux qu'il est le fait de celui disposant du pouvoir de couper le micro (et la parole) de sa victime à tout moment, ce qu'il ne manque pas de faire.
Et à la suite du personnage MOF, le souvenir me vient de la cohorte de tous ces évèques de l'église cathodique, ces nobliaux interchangeables que la télé aime tant mettre en exergue quand elle se regarde le nombril comme elle sait si bien le faire pour occuper l'antenne. Tous ces personnages hauts en couleur mais fades en contenu qui auraient bien aimé faire du Michel Polac de la grande heure mais, dépourvus qu'ils étaient de l'indispensable colonne vertébrale culturelle qui leur eut permis de faire tenir debout leurs argumentaires, prirent le parti d'adopter, comme solution de secours, le style du roquet perpétuellement outragé, jappant à la face des gens, à vous en faire péter les tympans, sur tous les airs de l'offense au "bon sens" (LEUR bon sens), bâtissant à la hâte de leurs mots trop souvent déplacés des cathédrales d'invective ne résistant malheureusement pas plus de quelques secondes à la première analyse critique faite dans la sérénité.
Je les revois empilant argument merdique sur phrase incriminante, vite, vite, vite, pour empêcher le contradicteur d'en placer une, pour empêcher surtout qu'on revienne aux premières pierres du discours dont on pourrait alors voir que l'apparence de marbre clinquant n'est qu'un placage fait à la hâte sur la craie friable des idées mal ficelées. Des Carlier, des Apathie, des Benguigui, des Benichou, des Zemmour, des Naulleau, des Moix, des Angot... tous ont tenté l'exercice, avec plus ou moins de talent et de facilité, tous ont cédé à la pression spécifique de l'exercice polémique télévisé : faire de l'audience à tout prix, faire parler de soi même en mal, justifier son existence dans le petit rectangle lumineux de la tévé, pour pouvoir revenir et cachetonner encore. Qu'importent ceux qui passent, qu'importent les sujets traités : le seul indicateur de réussite, c'est d'être là encore la semaine prochaine. Tant que je gagne, je joue.

Si encore on était face à des gens qui posent les questions mettant en lumière d'apparentes ou réelles contradictions dans les postures des interrogés. Si encore on avait affaire à des personnes assumant le rôle parfois peu enviable de procureur des anges comme d'autres sont avocats du diable. Si encore, en somme, ils arrivaient parfois à faire du Michel Polac... mais non. Médiocre, médiocre, médiocre encore, pas de sortie par le haut, pas d'ouverture vers du meilleur, on persiste et on signe, on reste dans la circulation en boucle fermée de ce cocktail indigeste d'invective fécale qui revient s'étaler semaine après semaine, encore, encore, encore...

Car tel est au fond l'axe suivi, telle est la trajectoire empruntée par le trollage télévisé qui encombre souvent, et aujourd'hui en particulier, les unes de nos fils d'actualité : au lieu d'opposer des idées et des points de vue, laissant au spectateur attentif l'opportunité de construire son intime conviction en bon juré de débat contradictoire, après un moment potentiellement pénible d'adversité intellectuelle, on assiste à un tournoi de démolition en série digne des plus splendides heures des productions Endemol.
Résumé de l'épisode : le champion est sur le ring, comme la semaine passée, et "here comes a new challenger". Pas de souci, le champion est maître rhéteur, toujours prêt, toujours chaud. D'un coup de peinture dorée il vous habille un étron mental en brillant contrepoint et en badigeonne avec fougue et panache le visage stupéfait de l'amateur qui lui fait face, interdit par la vitesse où s'abat sur lui l'avalanche d'outrecuidance, l'averse de bassesse, la cataracte d'inepte supercherie. Le champion est déclaré vainqueur par K.O. du concours d'éloquence car ça y est, au bord du ring la cloche a fait "buzz" et on parlera du champion toute la semaine qui vient. Retour au vestiaire, les diptères coprophages de toutes les rédactions se jettent sur la merde et dissertent sur son goût, le champion déclare que son high kick final, dont plusieurs spectateurs affirment qu'il ressemblait beaucoup à un coup de genou dans les couilles, n'est pas en infraction avec le fair-play, que ce n'était en fait pas un coup de genou mais que son adversaire a précipité ses testicules sur plus fort que lui et ne peut s'en prendre qu'à lui-même...
Toute ressemblance avec un débat actuellement en cours serait, vous en conviendrez, tout sauf fortuite.

Voilà le niveau où nous en sommes rendus. Voilà de quoi est faite l'info-divertissement qui fédère, à mon grand désespoir, tant et tant de mes concitoyens venus devant le poste un peu pour s'informer mais surtout pour satisfaire une curiosité morbide et malsaine.
"Qui est-ce qu'ils vont défoncer ce soir ? Y aura-t-il du sang, des dents qui volent, des côtes cassées ? Peut-être une belle commotion cérébrale..." espèrent-ils, sans se rendre compte malheureusement que pendant qu'on amuse leur tête avec ce hochet peu ragoûtant et ce combat minable à l'orchestration attendue, d'autres saloperies méritant leur intérêt sont sagement tues par leur écran chéri.
Ils le découvriront plus tard, sans même un étonnement : tiens, l'essence est super chère, tiens, on va encore se faire rançonner sur la facture de gaz, d'électricité, tiens, la retraite de mamie va dérouiller, tiens, on va encore perdre un peu d'alloc, tiens, on va pouvoir se faire virer de son boulot par SMS, tiens, le président de la république nous a traité d'arriérés lors d'un voyage officiel... Mais bon, parlons plutôt de Zemmour et de la honte de ne pas s'appeler Corinne.

Un humoriste au talent méconnu de ce côté-ci de l'Atlantique, nommé Andy Richter, a résumé en une phrase qui m'a particulièrement marqué le problème des trolls : "argumenter avec un troll, c'est comme vouloir tuer un vampire en le noyant avec votre sang". Ceci explique le sens profond de l'expression "ne nourrissez pas les trolls" qui flotte sur les forums et autres lieux d'échange du net depuis déjà bien des années.

Si vous voulez un monde dans lequel les médiocrates comme Zemmour et ses contempteurs ne viennent plus vous faire perdre votre temps, faites un geste simple : ne les invitez pas, ne les écoutez pas, ne les commentez pas. Quand vous les voyez défourailler leur cimeterre, ne cédez pas à la tentation du spectateur des arènes romaines, ne restez pas pour le sang : barrez-vous faire autre chose de votre vie, le temps que ça se passe. Car aucun comédien ne joue pour une salle vide : ils ne servent le texte que si quelqu'un est là pour les admirer.

Quelques secondes d'écoute attentive seulement suffisent pour détecter un troll, des gestes simples suffisent pour les tenir hors de votre tête et ainsi, les éradiquer. Nous vivons à l'ère des trolls, et pour commencer à les dégager, appelons-les déjà par leur nom.
--G4rF--

jeudi 20 septembre 2018

Poème express [67/365] - Slo-mo

Slo-mo
Dépassé par les escargots
Enfumé par les paresseux
Ébouriffé par les tortues
Laissé sur place par les limaces,
Dans un long tremblement,
Interminable secousse,
Je soulève et déplace
Ma pesante carcasse
D'une idée toute proche
A l'autre tout à côté
A l'allure des pachas
Au pas des sénateurs
Etirant les secondes
En années neptuniennes
Doucement
Tranquillement
Paisiblement
Petit à petit
Au ralenti
--G4rF--

Poème express [66/365] - Dans ma tête

Dans ma tête
On trouve sous mes cheveux des rouages tordus,
Et des roues édentées, et des ressorts pendants,
Les restes corrodés d'horlogeries perdues
Figées telles des statues, grippées en plein mouvement.

On trouve sous mon crâne des lianes, des ponts de singe,
Des câbles et des suspentes assemblés en bataille
Formant des passerelles, des réseaux de méninges
Dont l'architecte erre encore là, sous la pagaille.

Dans ma tête il y a tant de papiers volants,
Tant de pages arrachées aux livres que j'ai lus,
Qu'il n'y a plus de registre, plus aucun classement
Et les mots s'y égaillent, libres, sauvages et nus.

Dans ma tête je pensais ne plus pouvoir loger
La moindre babiole dans ce fouillis total
Mais pourtant te voilà, clandestine incrustée :
Sur toutes mes pensées je te trouve, à cheval !

--G4rF--

mercredi 12 septembre 2018

Poème express [65/365] - La douche

La douche
Décrasse ma lassitude,
Repousse un peu le sommeil,
Offre-moi de ta quiétude,
Réchauffe moi au réveil,

Ajuste la température,
Dans ton cocon de douceur
Délasse les contractures,
Réanime le dormeur

Enveloppé dans ta brume
De vapeur bienfaisante,
Que tes gouttes d'eau rallument
Ma flamme, douche exaltante.
--G4rF--

mardi 11 septembre 2018

Poème express [64/365] - Brouillard

Brouillard

Lumière lointaine
Dressée derrière la nuée
Septembre embrumé.

--G4rF--

PS : hé oui, j'ai pas beaucoup dormi cette nuit. Du coup, haïku. Mais avec une belle image pour me faire pardonner.

lundi 10 septembre 2018

Poème express [63/365] - Encore

Encore
Laissez moi encore quelques semaines pour savourer la douce quiétude du soir d'été.
Rangez donc les frimas, cachez les pulls de laine.
Ne me prenez pas tout de suite ces instants.

Qu'on puisse encore aller, déambulant par-ci, baguenaudant par-là, trouver le confort simple de quelque estaminet où prendre un verre de vin installé en terrasse dans l'ombre s'allongeant des arbres du boulevard.
Qu'on puisse encore entendre les cris des enfants jouant et courant au soleil du soir, dans les aires de jeux et dans l'eau des fontaines, et les clameurs d'amis s'esclaffant, réjouis, et le claquement charmant de sandales à talon devançant l'onde du vent caressant doucement des jambes ensoleillées.

Que l'on en voit encore qui demandent leur chemin sur la route des vacances et de la découverte, embouteillant pour un instant la rue centrale du village avec leur caravane, un chapeau sur la tête et l'avant-bras rougi, heureux d'être si près de leur but final et vous disant merci comme ils ne savent plus le dire là d'où ils viennent, dans quelque banlieue où ils sont allés vivre pour être plus près du boulot.
Plus près du métro.

Qu'encore pour quelque temps la sensation légère et dérisoire de vivre hors de la pression, de faire durer en bouche le goût d'ivresse lente de jours fabuleux passés sans les compter en bonne compagnie persiste. Persiste. Persiste...

Laissez moi me remplir de ces doux souvenirs, de la chaleur aveugle d'un volet ouvert le matin transperçant mes paupières et m'emplissant de vie, comme une claque adressée à toutes mes cellules criant "debout, lève-toi, le jour est enfin là, remue toi, sors !", et moi restant planté malgré cette douleur à me laisser envelopper de chaleur, comme je restai planté pas plus tard qu'hier soir, moitié nu en pleine nuit sous un ciel plein d'étoiles, la tête dans l'espace et les yeux grand ouverts.

Laissez moi engranger ces pépites de beau, moi qui pourtant souffre de l'excès de chaleur et n'apprécie rien tant que l'immaculée blancheur d'un manteau hivernal de neige fraîche étendu tel un voile sur le monde assoupi.

Il m'en faut encore quelques-unes pour être bien certain de tenir, sur mon visage, le sourire à l'endroit jusqu'au prochain printemps.
Encore quelques-unes.
Encore...

--G4rF--

Poème express [62/365] - Vénère S.A.

Vénère S.A.
Dans la famille Vénère on est entrepreneur
De père en fils on a le métier dans le sang
On sait vous fabriquer de la rage en primeur,
Premier choix de colère, pure à cent pourcent.

Dans la famille Vénère on a les gènes taillés
Pour les déchaînements et les crises majeures
D'un petit rien du tout on sait vous distiller
Une hargne morbide qui vous ronge le cœur

De la famille Vénère je suis le descendant
Devenu patriarche et gérant de l'affaire
Je raffine à l'extrême les ressentiments
Concentré d'amertume pour vous scier les nerfs

Dans la famille Vénère on garde les secrets
De fabrication de la haine absolue
À ce sujet je vous prierai d'être discret
Car nos stocks sont vides depuis que j'ai tout bu.

--G4rF--

Poème express [61/365] - La chasse

La chasse
Je passe par dessus des épaules voûtées
La veste rouge empesée des jours de combat
L'air piquant de froidure me saisit sur le pas
De la porte. Début Septembre, fin d'été.

Je m'en vais en chasse sans fourbir une seule arme
Derrière les frondaisons mon gibier est tapi
Je l'y ai laissé vivre, et je l'y ai nourri
Et je vais le traquer sans verser une larme

Devant moi la forêt de l'imagination,
En son sein des idées, et moi leur prédateur
Qui les débusquerai par instinct créateur
Tâchant ma gibecière du sang de l'invention

--G4rF--

dimanche 9 septembre 2018

Poème express [60/365] - Rock bottom

Rock bottom
Mon visage est marqué par toutes les fractures,
Les impacts violents des chutes que j'ai fait
En tombant de si haut, d'une villégiature
Où tant de feux de paille m'ont souvent soulevé.

Un cœur en dirigeable, une âme montgolfière
Brûlant son combustible en grimpant vers les cieux
Où la nuée m'avale dans un courant glaciaire
Qui me rejette à terre et si loin de tes yeux

Au sol se dessine la triste silhouette,
L'empreinte d'une ardeur altière et trépassée.
Aux alentours je glane morceaux éparpillés
D'un désir mort qui rejoindra aux oubliettes

Ses frères, enfin, leurs restes, tombés au même champ,
Emportés par la fougue d'un trop vif élan
Qui avait ton visage et qui avait ta voix
Toi en qui j'ai tant cru et qui ne m'aime pas.

--G4rF--

vendredi 7 septembre 2018

Les mainates au perchoir (mise à jour)

Au sujet de la compète au perchoir de l'hémicycle, il y a 2 jours j'écrivais ça dans un post intitulé "Les mainates au perchoir" :
Les candidats sont légion. Enfin, pour l'instant. Si le choix des candidatures internes au parti macroniste fonctionne à l'identique de l'élection de son ex-rocardien de délégué général, il devrait très vite y avoir un consensus --comprendre : Manu va choisir son courtisan favori--pour que tout le monde ferme sa gueule et que le (ou la) plus servile l'emporte en forçant tous les autres à tourner casaque au lieu de déposer officiellement plusieurs candidatures, ce qui fait désordre car trop démocratique, sans doute.
Et aujourd'hui j'apprends ça :

Je pense qu'on sera tous d'accord pour dire que je ne suis pas spécialement un Sherlock Holmes de la politique.
C'est pas pour me la péter, mais juste pour démontrer qu'en plus d'être bourrins, les macronistes sont prévisibles. Même par un gars qui ne lit pas le Figaro et ne regarde pas TF1.

La révolution, avec Macron, c'est comme en astrophysique : on fait un grand tour et on revient au point de départ.

--G4rF--

Poème express [59/365] - L'amour c'est bien, mais des fois c'est sale

L'amour c'est bien, mais des fois c'est sale
Je prendrais le métro l'après-midi en août
Je mettrais un jogging un jour de canicule
Je m'assiérais sur un WC d'autoroute
Je ferais des câlins avec une tarentule
Par amour pour toi

Du receveur de douche je viderais le siphon
Désincrusterais le fond du bac à ordure
Je gratterais le chewing-gum sous tes talons
Nettoierais ton vomi sur le siège de voiture
Par amour pour toi

Je flatterais le col d'un clébard miasmatique
Je serrerais la main d'un fumeur qui transpire
Je lirais BHL à voix haute, en public,
Recevant le meilleur et supportant le pire
Par amour pour toi

Mais
Je ne te promets pas de toujours en sourire.

--G4rF--

jeudi 6 septembre 2018

Poème express [58/365] - Rester coi

Rester coi
Attendre, simplement, attendre un petit peu
Attendre que les mots t'arrivent comme tu peux
Pour encore un instant, laisser planer le vide
Du silence et attendre, serein et impavide

Laisser, tout simplement, laisser venir le son
Laisser le temps t'aider à trouver le bon ton
Pour encore un instant, attendre l'expression
Rester coi et laisser le calme en suspension

--G4rF--

Les mainates au perchoir

Décidément, cette rentrée n'en finit pas de monter en épingle des non-événements qui occupent apparemment pas mal les pisse-copies des salles de rédaction.
Je dis non-événement parce que, si on est à peu près certains d'une chose dans la situation actuelle, c'est que remplacer un partant adoubé par Macron par un arrivant adoubé par Macron ne donne aucune garantie que le dernier arrivé fasse en quoi que ce soit mieux que son prédécesseur.
Être adoubé par Macron c'est accepter de faire les quatre volontés de Manu. Comme le mec d'avant, en somme. D'aucuns appelleraient cela le changement dans la continuité... vieux relent pompidolien, en tout cas signe incontestable d'une gouvernance préférant travailler l'image du changement que donner à celui-ci une chance d'exister et de faire bouger les lignes. Sors de ce corps, VGE !

Il y a eu un seul vrai événement, mais c'était avant l'été : l'affaire Benalla. Celle qui a mis en évidence l'usage normalisé d'une violence systématique, armée et démesurée par les dépositaires de l'autorité publique à l'encontre de civils non armés et ne présentant pas de risque manifeste de trouble à l'ordre public autre que celui consistant à faire du bruit parce qu'ils ne sont pas contents. Oui, certes, en plus des CRS normaux, y'en avait un faux. Mais en attendant, ça tabassait des impuissants, peu importe qui, et ça n'est pas vraiment le signe d'un pays ayant trouvé le juste équilibre entre répression des troubles et liberté d'expression des opposants politiques, n'est-ce pas ? Imaginez ce qu'on en dirait si un truc comme ça se passait à Cuba, au Venezuela... Vous l'entendez, le PPDA qui sommeille en vous, vous soufflant à l'oreille "police politique", "répression des contestataires", tout ça ? Hmm ?

Bin oui, aujourd'hui en France, tout le monde a l'air de trouver normal qu'on puisse balancer des engins explosifs dans les pieds de manifestants pacifiques, qu'on puisse les asperger de gaz irritants et incapacitants (donc les asthmatiques sont de facto interdits de manifs, ce qui n'est pas très constitutionnel), qu'on puisse les nasser et les empiler en cellule ou dans des bus pendant des plombes sans bouffe ni pause pipi, et tout ça SANS AUCUN PUTAIN DE BESOIN DE PRESENTER LA PREMIERE TRACE DE PREUVE DE MALVEILLANCE DES GENS.
Mais, hélas, ami·e lecteur·trice, je dois le rappeler :  c'est pas normal d'envoyer des soldats (parce qu'avec des matraques, des bombes de gaz, des grenades, des casques et des boucliers, des canons à eau et des fusils à flash ball, c'est plus vraiment les gardes-champêtre de mon enfance) contre des civils qui manifestent. Souvenez-vous en. Et lisez ça pour vous aider à vous en souvenir.
Mais revenons à aujourd'hui et sa non-actualité que je vais tenter de mettre en évidence.

Au départ, déjà, Hulot a donné sa dem', j'en ai parlé en omettant quand même un détail que je trouve savoureux et qui est passé sous les radars : l'aveu fait par Macron, au détour d'une phrase où il commentait cette démission, de son interventionnisme assumé dans l'équipe gouvernementale.
Car Manu a dit en évoquant le recrutement de Hulot comme ministre : "[...] lorsque je l'ai choisi [...]". Va te coucher, Edouard Philippe, toi qui est le nouveau Manuel Valls qui était le nouveau François Fillon : toi aussi, chef du gouvernement, tu n'es même pas celui qui compose ton équipe.
Mais bon, tout le monde le savait déjà : même si ça va mieux en le disant, passons.

Le premier non-événement du jour, c'est la course à l'échec l'échalote pour trouver son remplaçant au plus fameux hélicologiste de France.
Ca a fini par aboutir sur le Jean-Kévin Von Karayan de l'hémicycle, De Rugy himself. L'homme --qui a fait voter sur le glyphosate en loucedé en rallongeant la séance parlementaire d'1h en pleine nuit sans prévenir l'opposition-- va donner des leçons d'écologie à la France et, pourquoi pas, à la planète. Make our greenwashing great again.
Avec une constance dans le retournement de veste qui force le respect, l'homme qui promettait par écrit fidélité au vainqueur de la primaire socialiste et qui n'a pas laissé à l'encre le temps de sécher avant d'enfiler ses bobottes de marcheur, l'homme qui se disait écologiste et disait (il y a longtemps) de Macron qu'il n'avait pas d'écologie dans le programme, cet homme donc va s'occuper de la transition écologique pour la plus grande gloire de Manu. Je lolle, tu lolles, nous lollons, vous lollez.
Mais où sont les Guignols quand on a besoin d'eux ?...ah oui, merde, Bolloré les a tué. Meeerde...

Le deuxième non-événement du jour, induit par le premier, est la chasse au portefeuille confortable candidat le plus à même de remplacer De Rugy en tant que président de l'assemblée.
Ca devrait pas être trop dur, hein, dans la mesure où sous sa haute présidence :

  • les commissions refusaient les débats de fond,
  • l'agenda était bordélique, ultra chargé et inmodifiable,
  • l'opposition n'avait que le droit de l'ouvrir de temps en temps mais pas d'être écoutée,
et enfin dans la mesure où, on s'en souviendra, celui qui laisse aujourd'hui son fauteuil se sera surtout illustré par des manœuvres pleines de filsdeputerie pour tordre le bras à l'agenda parlementaire et faire fonctionner l'assemblée à marche forcée, mais aussi illustré par la prise en charge prioritaire de problèmes d'une importance vitale pour les français.
Je veux bien sûr parler ici de l'interdiction pour les gens qui parlent dans l'hémicycle d'avoir la chemise qui dépasse du froc ou de mettre un maillot à la tribune pour alerter visuellement la ministre des sports --démissionnaire elle aussi, pour cause fiscale semble-t-il, c'est fou ce qu'on est exemplaire à la république en marche-- de la nécessité de reverser, par la grâce de son projet de loi, quelques piécettes du trésor du sport de haut niveau pour alimenter le sport amateur où éclosent tous les futurs champions qui gagnent des coupes du monde et tout ça tout ça pour nous les gueux.
Superquiz : qui donc remplacera la carpette préférée de Manu d'Amiens au perchoir ?

Les candidats sont légion. Enfin, pour l'instant. Si le choix des candidatures internes au parti macroniste fonctionne à l'identique de l'élection de son ex-rocardien de délégué général, il devrait très vite y avoir un consensus --comprendre : Manu va choisir son courtisan favori-- pour que tout le monde ferme sa gueule et que le (ou la) plus servile l'emporte en forçant tous les autres à tourner casaque au lieu de déposer officiellement plusieurs candidatures, ce qui fait désordre car trop démocratique, sans doute.
Mais bon, admettons un instant l'hypothèse que la jurisprudence Castaner ne s'applique point ici.
Les candidats pour occuper ce poste, président de l'assemblée nationale, un job où la prise en compte de la nécessaire expression des diversités d'opinion, de la pondération dans la fixation du calendrier des travaux et du respect du rôle de représentation populaire des députés priment, sont :

  • Richard Ferrand, un cacique du PS surtout connu pour ses mélanges de genre avec les Mutuelles de Bretagne
  • Barbara Pompili, ex-EELV alliée du PS, secrétaire d'état pour Hollande dans le gouvernement Valls
  • Yael Braun-Pivet, avocate, qui dirigea avec le talent que nous connaissons tous les travaux admirables de la commission d'enquête arrachée par l'opposition sur l'affaire Benalla, concluant après un nombre ridiculement bas d'auditions et un enterrement de première classe de ces très nécessaires travaux que tout va bien, y'a rien à dire, circulez (attendons un peu que le Sénat, qui n'est pas sous domination complète En Marche, finisse le boulot de sa commission d'enquête, il faudra s'attendre à un peu de sport)
  • Cendra Motin, ex-gérante d'une boîte de RH, qui est selon moi la moins inintéressante du lot parce que non entachée d'un passé politique trouble et, paraît-il, une des plus assidue aux sessions parlementaires de tout le paquet du fan-club de Manu (elle a voté toutes les lois les plus dégueulasses, donc faut quand même pas oublier de qui on parle, mais quand même, elle fait acte de présence, peut être bien pour se rapprocher du siège d'ailleurs).

Voilà pour la short-list. D'après moi, Manu va hésiter entre Pompili pour faire jeune, féministe et pseudo-écolo --mais elle a une tâche de PS sur le CV, c'est pas propre-- et Braun-Pivet pour lui dire merci d'avoir torpillé la commission d'enquête parlementaire sur son copain Alex-la-cogne, avant de se rabattre sur l'ami Ferrand qui sauvera ainsi plus facilement son cul et lui sera redevable en cas de pépin ultérieur.

On peut aussi citer, venue d'un bord qui ne lui laisse aucune chance d'être élue, mais peut être une chance de dire ce qu'elle pense du cirque abominable que cette assemblée est devenu depuis que Macron a été couronné : Mathilde Panot, LFI, diplômée en relations internationales et qui a bossé comme militante associative dans les quartiers craignos de la couronne parisienne. Genre, elle pense que les gens pauvres, si ils votaient, pourraient élire des gens qui s'occupent vraiment d'eux. La pauvre... pas du tout Manu-compatible. Ca passera jamais.

Mercredi 12 septembre prochain, l'élection aura lieu, et sans surprise, un nouveau fan-boy ou fan-girl de Macron récupérera les bagnoles de fonction, le paquet de collaborateurs et le petit marteau de président de séance, ainsi que l'obligation professionnelle de faire et dire tout ce que réclame Jupiter. Tout pareil qu'avant, quoi.
Un mainate au perchoir. Ou une.
Des non-événements, je vous dis.

En attendant, aux USA, l'étau légal se resserre autour de Trump. Ses premiers soutiens du parti républicain ont les juges aux fesses, ses responsables de campagne plaident coupable de tout un tas de fraudes, un des journalistes qui avait révélé l'affaire du Watergate sort un énième bouquin sur Trump révélant le foutoir intégral qu'est son administration...
C'est pas chez nous que ça aurait lieu, un truc pareil : le mec qui se déclare "responsable de tout" est juridiquement irresponsable. Bé oui, renseignez-vous si vous me croyez pas : pour coller un Manu en cabane, faudrait le destituer d'abord, et ça c'est le taff d'un truc qui s'appelle la Haute Cour de Justice de la république, qui est une des formes de rassemblement du Parlement, présidée par... le président de l'assemblée nationale (LOL), composée de 22 membres choisis par... le bureau de l'assemblée et du sénat (re-LOL), dans un volume supposé représenter les effectifs des forces politiques présentes (hyper-LOL).

Pour l'égalité des citoyens devant la loi et devant leurs pairs, et la façon admirable dont les institutions actuelles la concrétisent, on dit tous "merci la Vème république".

--G4rF--

mercredi 5 septembre 2018

Poème express [57/365] - Si t'as pas d'ami...

Si t'as pas d'ami...
Hier c'était la fête
Et j'allais te revoir
Et j'avais tant d'espoir
Qu'il m'emplissait la tête

Hier c'était trop bête
Tu n'as pas pu me voir
Et moi, au désespoir,
J'avalais la défaite

Hier j'avais envie
De glisser dans tes pas,
Me bercer de ta voix
Vibrante et réjouie.

Mais hier, j'ai fini
Abandonné de toi
Seul et loin de tes bras
Et j'ai pris un Curly.

--G4rF--

Poème express [56/365] - Aphorismes

Aphorismes
Il faut reculer l'heure de regarder sa montre
Et bien garder pour soi tout le temps qu'on n'a pas.

Il faut tout oublier de toutes les rencontres
Pour revoir ses amis comme la première fois.

Il faut traiter l'urgence avec nonchalance
Car lorsque le temps presse on devient maladroit.

Pour bien se préserver de toute ambivalence
Ne dites ni oui ni non, et ce, à qui que ce soit.

--G4rF--

mardi 4 septembre 2018

Poème express [55/365] - Sur la table basse

Sur la table basse
Les magazines de salle d'attente sont les naufragés de l'écrit
On s'en empare sans en vouloir, on les feuillette sans envie
Ils sont périmés, obsolètes, leurs coins sont cornés, abîmés
Sur leurs couvertures des starlettes vantent crèmes et régime d'été

Les magazines de salle d'attente sont locataires du purgatoire
Habitant sur des tables basses, ils ne connaissent pas d'exutoire.
Mille fois lus sans intérêt, ils accumulent les déchirures
Et partent ainsi en confettis, ne laissant que petites coupures

Les magazines de salle d'attente, c'est l'eau tiède où diluer l'ennui
De tous les passants qui patientent et s'en saisissent par dépit
Cherchant le Graal, la perle rare, des mots fléchés à terminer
Et abandonnant tout espoir car d'autres les ont précédé

La peste soit des magazines, du blabla en papier glacé
Laissez moi juste de quoi écrire, ou mieux, de quoi dessiner
Laissez moi transformer l'ennui en énergie de création
Plutôt qu'engluer mon esprit dans ce cimetière des réflexions.

--G4rF--

lundi 3 septembre 2018

Poème express [54/365] - Rester couché

Rester couché
Claquer le beignet du réveil
Cacher sa tête sous l'oreiller
Rester aveugle au grand soleil
Sourd au tumulte des agités

Refus de se tenir debout
Refus de rejoindre la foule
Agir très peu, dormir beaucoup
Jamais chahuté par la houle

Tirer le rideau sur le monde
Son fracas ininterrompu
Boycotter l'entrée dans la ronde
Dans le coma et détendu.

--G4rF--

dimanche 2 septembre 2018

Poème express [53/365] - Celui qui en a trop vu

Celui qui en a trop vu
Trop de pièces jonchées de détritus abjects
Et de gens dans ces pièces aux vies éparpillées
Trop d'effort pour cacher comme tout cela l'affecte
Et de temps à lutter pour sauver ces damnés

Assez de fous armés pour remplir un bottin
Et de sortis de cabane pas loin d'y retourner
Assez de cache-misère pour n'y pouvoir plus rien
A attendre quelqu'un à qui les refiler

Suffisamment de temps perdu dans les services
Pour un coup de tampon débloquant une affaire
Suffisamment d'énergie donnée au bénéfice
De principes minés par trop de laissez-faire

Beaucoup pour quelques hommes, et bien trop pour un seul
Mû par un idéal chaque jour piétiné
Il range l'uniforme dont il a fait le deuil
Et rallie à son tour la foule banalisée.

--G4rF--

PS : pour Vincent D., avec tout mon soutien.

Poème express [52/365] - Sortir, passer

Sortir, passer
Sortir
De sa coquille,
De sa réserve,
Sortir des sentiers battus.

Passer
Au crible,
Les bornes,
Passer du vice à la vertu.

Sortir
Du chapeau,
De nulle part,
Sortir d'un malentendu.

Passer
A tabac,
Muscade,
Passer pour un m'as-tu-vu.

Sortir, passer, sans pause ni trêve,
Sortir sous une pluie d'obus
Passer, sortir, au fil du glaive,
Passer sous l'arbre aux pendus.

--G4rF--