mardi 29 janvier 2008

Birthday

Fond sonore : toujours rien, mais je ne désespère pas
      Hier soir, nous avons fêté sur les rotules et avec une brièveté qui me chagrine un peu les 2 ans révolus de ma fille. Les festivités ont consisté en une assiette en plastique fuschia sur laquelle j'ai dessiné une tête avec deux barquettes au fraise et une banane pour le sourire, et j'ai planté dans la banane toute une série de bougies en forme de ballons qui forment "Happy birthday".
              Les 2 biscuits y sont passés (fraise en premier, tu penses) après avoir un peu aidé l'enfant à souffler les bougies en pleine déconfiture.
              La banane pleine de cire, c'était pour ma gueule. Elle aime pô la banane, en tout cas c'est ce qu'elle dit en ce moment.
      Bon anniversaire Charlie !
-G4rF-

lundi 28 janvier 2008

Trent est bon, mangez-en

Fond sonore : wallou
      Un article assez intéressant à lire, en anglais dans le texte, dont le lien vous est fourni par rien moins que Trent Reznor. Il s'agit de la façon dont l'industrie de la musique traite les artistes et les considère, en comparaison avec toutes les autres industries, et notamment celle du cinéma. L'article est écrit par un manager de groupe, Simon Napier-Bell, qui a lancé les Yardbirds (contemporains des Beatles, où officièrent Clapton, Jeff Beck et Jimmy Page) et également Wham! (pour ceux qui ne connaissent pas "Wake me up before you go-go", c'est le groupe où l'on découvrit George Michael).
              Très instructif, et d'une lecture plutôt agréable. Le pauvre Trent est un peu dans la merde à cause d'une suggestion balancée sans réfléchir visant à inclure une surtaxe dans la facture de fournisseur d'accès Internet pour couvrir les frais de téléchargement de musique des utilisateurs, et qui est amplifiée et déformée par cette pauvre merde de CNET (qui est à l'information sur Internet, selon moi, ce que Pernaut est à l'intégrité journalistique).
      Tout cela donne une idée du bordel régnant dans le monde très nombriliste et fermé de l'industrie de musicalisation massive, et de la panique qu'on fout chez les "grands" acteurs de ce marché en téléchargeant de la musique, sur ITunes ou ailleurs. En passant, n'oubliez pas que le prix d'un album sur ITunes a dû être fixé par Apple soi-même, parce qu'aucune des majors interrogées n'a été foutue de fournir un indice de prix cohérent pour la vente de musique. Autrement dit, ils sont tellement incompétents que Apple (qui a ses défauts aussi, mais ce n'est pas le sujet) a dû faire le boulot à leur place. C'est encore trop cher à mon goût. Mais ça marche.
      Sic transit gloria mundi.
-G4rF-
PS : Gab, si c'est possible de faire passer le bouquin à Christian via Gilles, je prends ! Et bientôt y'a bouffe à la maison. Et je vais essayer de me décoincer le postérieur pour t'aider à déménager.
 

mercredi 16 janvier 2008

Société, tu m'auras pas

Fond sonore : rien
       Un truc que je viens d'apprendre, enfin de réapprendre. Il existe une pétition concernant la prochaine mise en place des franchises médicales . Pour celles et ceux d'entre mes lecteurs qui ignoreraient le problème, c'est assez simple.
                Tout comme on vous colle dans les dents une franchise sur votre assurance de scooter pour ne pas que la compagnie perde 100 € à traiter votre dossier de remboursement pour 20 € de dégats, Sarko & compagnie ont poussé en avant une loi pour faire la même chose sur les soins médicaux.
       En clair, après s'être fait enculer de 1 euro par consultation chez le toubib, de je sais plus combien pour un spécialiste, après avoir déremboursé des médicaments avec parfois quelques effets pervers dont ils se foutent bien (genre le prix du tulle gras lumière, qui passe de 2 € la boîte à 35 € sans changement de mode de fabrication), nous allons tous ensemble nous faire ponctionner encore un peu plus de blé à chaque fois que nous serons malades.
20 centimes par boîte de médoc acheté, 2 euros par transport sanitaire.
       Certes, vu comme ça, c'est pas bien lourd.
                Mais il y a des familles dans ce pays qui sont dans la dèche et qui bouclent leur budget à 20 centimes près. Il y a des gens pour qui 2 €, c'est à bouffer pour toute la famille pour la journée.
                Et au delà de ce constat bien triste, il y a quelque chose à ne pas négliger : la rapacité sans borne du privé médical, de son actionnaire et de son administrateur lobbyiste. Car la loi prévoit qu'en cas d'augmentation des dépenses, on augmente la franchise.
                2 euros aujourd'hui. Combien demain ?
       Je suis sur le point d'acheter 2 bouquins, celui de Christian Lehmann qui s'appelle "Les fossoyeurs" et celui de Julien Duval qui s'appelle "Le mythe du trou de la Sécu" . Julien Duval, je connais pas, donc je prendrai mes précautions à la lecture. Christian Lehmann, lui, est à l'instar de Martin Winckler ("La maladie de Sachs") un toubib viré écrivain, dont sa bio  me fait croire qu'il est devenu toubib comme ça, parce qu'il fallait bien faire un job, mais qu'il avait l'écriture dans les tripes. Je crois que je vais me payer pas mal de bouquins de ce bonhomme dans les mois qui viennent.
                Mais revenons à la raison première de ce post : un travailleur social qui s'appelle Bruno-Pascal Chevalier, séropo depuis 20 piges, et qui en est à 3 mois de grève des soins pour protester au péril de son existence contre ces franchises. A sa lettre à la présidence, Sarko vient de répondre. En enfonçant le clou de la franchise à la con. AIDES n'a pu s'empêcher, comme à son agréable habitude, de suggérer un endroit où l'omniprésident décideur de tout pouvait s'enfoncer ses franchises.
                Ca donne vraiment envie de défoncer la gueule à la moitié des politicards de ce pays de cons.
       Dans d'autres nouvelles, Arnaud Montebourg vient de me décevoir, via Canard Enchaîné interposé, en critiquant la collusion de Sarkozy avec les riches industriels et les cadeaux que Bolloré peut attendre de Sarko après l'avoir hébergé et promené à ses frais. Critique émise le jour de Noïèl en dévalant à fond les culottes les pistes de Courchevel avec Serge Weinberg, un ancien de PPR qui joue depuis les administrateurs chez Accor (hôtellerie), Schneider Electric, Fnac, Artemis (investissement et gestion de portefeuilles) et Gucci. Ca augure de jours sombres si le renversement de la vapeur que j'appelais de mes souhaits récemment intervenait... à moins que l'ami Arnaud accepte de signer un papier où il déclare refuser d'avance les contributions de campagne électorale de personnes liées à des entreprises à capital > 100 000 Euros... :-) On peut toujours rêver.
       Et enfin, la nouvelle du jour, celle que nous attendions tous avec une frénésie qui n'est pas sans rappeler le trottinement impatient d'une gonzesse incontinente bourrée à la bière attendant que se libèrent les chiottes de la discothèque : Sarkozy et Bruni seraient mariés (dans l'illégalité, puisqu'un mariage du président de la République doit être précédé de la publication des bans). Commentaire d'Yvonne Le Crouchard, tourneuse-fraiseuse chez MétalPouixe en Dordogne : "rien à branler, moi j'ai encore vingt-huit pièces à usiner pour ce soir, alors foutez-moi le camp !".
               Je partage cette analyse.
-G4rF-
PS : vous aimez ce qui est beau et issu d'un esprit dérangé ? Alors précipitez-vous sur le blog de 8L3ZZZ, où s'affichent ses créations, et d'où j'espère surgira bientôt la putain de sa mère de bande dessinée de mes deux qu'on dit qu'on va se faire depuis des années et qu'on a à peine entamée.

mardi 15 janvier 2008

Petit cartoon édifiant

Fond sonore : sans
       Chappatte est un maître. Un cartooniste à l'américaine (dans le meilleur sens du terme) qui vit en Suisse et bulle en français ! Pour s'en convaincre, quelques perles récentes (l'homme les collectionne).
               Davos en résumé
               Climat : la faute aux humains
               Course à la Maison Blanche (le point de vue des Rednecks pour le choix du candidat démocrate)
               La guerre du pétrole
               Que du bonheur, c'est moi que j'vous l'dis. Et tant qu'on y est dans le style "un petit dessin vaut mieux qu'un long discours", admirez donc la Une de "Charlie Hebdo" de cette semaine : tout y est. Le président bling-bling, l'étalage de richesse, la conférence de presse achetée, et les pseudo-journalistes automates façon Berlusconi. "Vous avez l'heure ?".
       Tout y est, que j'vous dis !
-G4rF-

vendredi 4 janvier 2008

Prise de tête !

Fond sonore : The HaggiS - Mon ami Sarko (je vous le filerai bientôt)
       Tu aimes avoir mal au crâne ? Essaie donc d'aller au bout de tous les niveaux du petit jeu ci-dessous. J'ai bien mis une demi-heure pour l'avant-dernier niveau, ça fait déjà 10 minutes que je souffre sur le dernier, et j'avance pas trop...
                 --> http://nonoba.com/chris/untangle
       J'en ai fini avec "Toxic", le constat est effarant : si tu veux éviter de tomber dans le piège multiple des cancers à répétition, des retards psy et neuro pour tes gosses, du diabète du vieux et de l'obésité, tu n'as pas le choix. N'achète pas de produit contenant dans les ingrédients "sirop de glucose", ni "huile végétale partiellement hydrogénée" ( celle qui conserve pendant 10 semaines les frites du "Supersize me" de Morgan Spurlock), ni de tomates qui ont l'air parfaites, ni d'oranges californiennes (les deux sont passées à la cire et au colorant), ni de steack haché à plus de 5% de matière grasse, ni de viande préemballée (10% de la masse pesée correspond à de l'eau salée ajoutée pour faire durer et rendre juteux, et la viande est conditionnée sous atmosphère "protectrice" qui la fait paraître bonne à l'oeil même quand elle est effectivement périmée).
               Achète des fruits estampillés "organique" si tu veux pas bouffer du pesticide, achète des céréales bio (VRAIMENT bio) si tu veux pas pisser du RoundUp, achète de la viande (surtout pour la volaille) élevée en plein air et nourrie à 100% au végétal si tu veux pas gober des antibiotiques (on leur donne sans aucune mesure ni prescription de volume !) ni des hormones de croissance (j'ai une amie dont la fille a dû voir le pédiatre à 8 ans parce qu'elle donnait des signes de début de sa puberté, après tout un été à bouffer des snacks au poulet pas cher dans des gargottes de bord de route. A 8 ans !).
               N'achète pas de viennoiserie industrielle, genre brioche préemballée, c'est saturé d'acides gras "trans" qui en plus de faire grossir du bide te boostent le mauvais cholestérol, t'empêchent de fabriquer le bon et préparent gentiment tes accidents cardio-vasculaires de demain.
       Le pire, c'est de se dire que des pays comme le Danemark ont des lois qui les protègent, et que le lobbying industriel de l'agro-alimentaire, poussé bien sûr par ADM, Monsanto et j'en passe, empêche ces lois conçues pour nous sauver d'un tsunami de gras retouché, de sucre retouché et de médocs surdosés pour bestiaux d'être promulguées au niveau européen.
       José Bové m'agace, mais putain il a bien raison avec sa grève de la faim. Contrairement aux promoteurs du tout OGM, qui sont souvent élus avec les fonds de campagne des multinationales de l'agro-industrie, on n'a nullement besoin d'améliorer la production agricole mondiale ni de pousser encore ses rendements, disait Amartya Sen (prix Nobel d'Eco 1998) dans une étude extensive financée par l'ONU : c'est précisément le contraire. On produit déjà trop, mais on n'est toujours pas foutu de distribuer comme il faut, et tandis que d'un côté l'assiette déborde de merdes pas chères issues d'agricultures trop subventionnées et conçues pour pomper le fric et non nourrir à sa faim, de l'autre on meurt toujours autant de faim aujourd'hui (sans doute plus, si le monde ressemble encore à ce qu'il a toujours été).
                Je suis pas plus malin que la moyenne, mais je me dis en apprenant ça que ce sont nos élus qui portent la responsabilité de l'hécatombe qui se déclenche. La vague d'obésité américaine et son cortège de maladies, de produits dangereux et de pollutions indécrottables arrive chez nous à travers le laisser-aller de générations de politicards à 2 balles qui ne connaissent qu'une chose : "souffler dans le sens du vent", et qui écoutent plus facilement le patron de groupe à actionnaires planétaires plutôt que le cul-terreux qui aimerait juste avoir le droit de semer ses propres grains.
       Et tant qu'on y est, le "travailler plus" y apporte un écho sordide : déjà qu'on n'a plus que 20 minutes aujourd'hui pour faire à bouffer (contre 1h20 il y a encore 50 ans), si je travaille plus pour gagner plus, j'aurais encore moins de temps pour moi. Et hop, je vais encore plus bouffer de junk food et de conneries dans ce genre, sur le pouce comme un con, avant de m'affaler devant la téloche comme une merde.
                "Les révolutions se font maintenant à la maison", chantait il y a quelques temps Jean-Louis Aubert. Pour le coup, je suis d'accord. C'est un puissant message, étayé et solide, irréfutable malgré les efforts déployés par Coca, McDo & co pour le tourner en dérision en prétendant oeuvrer dans le bon sens alors que la merde qu'ils te vendent est toujours aussi vénéneuse. C'est un message qu'il faut transmettre : ne met pas ta thune de côté pour acheter le nouvel Ipod, consacre plutôt cette thune à acheter de la vraie bouffe comestible. Trente ans d'industrialisation de l'agriculture ont transformé les habitudes alimentaires et mis en tête de gondole, à pas cher et avec de beaux emballages, des produits tout simplement TOXIQUES. Qu'on mange tous les jours, comme des grands. Comme des cons. Comme des grands cons, en fait. Et c'est pas le nouvel IPod qui va me déboucher les artères des plaques de graisse qui s'y accumulent le jour où j'aurai bouffé le burger pas cher de trop.
                 Alors, maintenant que je suis un peu plus informé, je me dis que si tu veux profiter un peu de ta laïfe, te la jouer tranquille et baiser individuellement la gueule à l'ultra-machine à fric agricole qui a ruiné la paysannerie et pompé le sang de ceux qui bossent pour nous nourrir, qui contribue autant que les marchands d'armes à faire élire des fachos aux USA et par ricochet leur frère de coeur en France, et qui défonce en passant la gueule de la planète en infectant sol, eau potable, environnement à coups de molécules pour la vaste majorité autorisées sur le marché sans avoir été testées, il existe une manière simple d'agir : se faire plaisir en mangeant des bonnes choses.
C'est simple, efficace, ça te coûte un peu plus cher mais tu redécouvres ce que c'est que le goût, et pis c'est le genre de manifestation pacifique que tu peux faire tout seul sans risquer que les CRS débarquent en plein milieu et te passent à tabac.
                 Pour l'Ipod, t'attendras un peu, c'est pas bien méchant... je suis sûr que l'ancien peut tenir encore un peu.
-G4rF-
PS : à lire, parce qu'on en parle très très très peu, l'enquête de Chensheng Lu réalisée autour de Seattle sur l'art et la manière de décontaminer des gosses blindés de substances toxiques à cause des merdes qu'ils bouffent. Edifiant, et très parlant pour quiconque vit en zone urbaine aujourd'hui (c'est à dire + de 50 % de la population, depuis quelques années)

jeudi 3 janvier 2008

Réflexions politiques énervées

Fond sonore : que dalle, j'ai la flemme, et ça passe pas très bien au taf Radio.Blog
       Petite note en passant. Vous savez pourquoi Sarkozy est fort ? Parce qu'il fait ses campagnes 5 ans à l'avance. Parce qu'il récupère Le Pen à tel point qu'on n'entend plus parler du vieux facho. Parce qu'il hérite du capital magouille du RPR de Chirac et avec lui, de l'historique des ententes de financement entre partis, ce qui lui permet de tenir par les couilles le PS et de le garder bien silencieux et bien docile.
       Mais là où il est très fort, c'est qu'il est parvenu à devenir président avec la seule aptitude professionnelle de savoir vendre sa merde au public comme le vendeur du mois du rayon machines à laver de Darty. Kouchner. Strauss Kahn. Besson. Il est arrivé à persuader des vieux croûlants et des déçus du parti d'en face, finis dans leurs espoirs d'occuper un jour de grandes responsabilités et de monter au Panthéon comme d'autres grimpent à Solutré, pour certains ses seuls opposants crédibles parce qu'ils ont du crédit de sympathie dans le bas peuple, il les a persuadés de se rapprocher de lui en leur confiant des missions pipo sur des postes sans avenir (voire l'incroyable efficacité du FMI pour apaiser le monde, l'incroyable pertinence de rester au pays quand on est ministre des affaires étrangères et que tout pète chez nos interlocuteurs, etc, etc, etc).
       J'ai acheté il y a longtemps "L'art de la guerre" de Sun Tzu, une espèce de traité combinant stratégie militaire et conseils géopolitiques issu de la compilation d'expériences vécues par des suzerains de la très vieille Chine. Un bouquin assez relou dans l'ensemble, et en tout cas selon moi très loin de mériter le respect religieux que certains fanatiques de boum-boum-la-guéguerre lui portent. L'un des préceptes vus dans ce traité est très connu et a été réinventé de nombreuses fois dans l'histoire : diviser pour mieux régner.
                Mais ce n'est que l'avers de la pièce avec laquelle Sarko mise. Sur le revers, on peut lire : "garde tes amis proches de toi, et tes ennemis encore plus proches", qu'on trouve chez Sun Tzu et qui prend tout son sens depuis mai 2007.
                En les maintenant dans sa sphère de pouvoir, Sarko musèle les vieux chiens de guerre de l'adversaire. Et qui reste-t-il pour ouvrir sa gueule qui ait encore de la crédibilité, pour dénoncer le national-sarkozysme qui prévaut à nos destins actuels ? Qui a encore du poids politique pour amener en pleine lumière cette mécanique obscène anti-pauvre, anti-étranger, anti-faible, qui creuse de plus en plus le cañon des inégalités, rejette sur le pauvre la faute de sa pauvreté comme on se venge du message en tuant le messager ? Qui part en bataille contre la connerie, la mesquinerie, la méchanceté rampante que l'on ne peut guère plus voir pleinement que sur Internet ?
       Malgré qu'il m'ait pas mal déçu dans son attitude de supporter absolu de Ségolène Royal pendant la dernière présidentielle, je ne vois guère qu'Arnaud Montebourg pour construire une opposition correcte et rééquilibrer la balance politique (j'aime bien Guigou, mais sa référence permanente au "besoin de Jospin" est une fuite selon moi). Cependant, je crains que la recherche absolue d'indépendance de la "gauche" molle actuelle vis-à-vis des courants plus radicaux, et notamment des altermondialistes, ne l'amène à nouveau à perdre toute possibilité de récupérer du pouvoir et de contre-balancer le jusqu'au-boutisme des ultra-libéraux actuellement en place.
                Le parti socialiste, en tant qu'entité reconnaissable du public, n'existe plus : ses têtes d'affiche sont dispersées, certaines ont changé de bord (je n'aborderai que pour le mépris que je lui porte l'ami des glaciers qui fondent et des ours qui ont faim, j'ai nommé Claude Allègre), et le flou artistique entourant l'expression des idées de ce parti n'arrange rien (surtout quand les médias nationaux l'entretiennent avec tant de ferveur). Le PC moribond a plus de consistance que ça : Marie-Georges Buffet est aujourd'hui plus crédible en tant que leader de parti que François Hollande, c'est con mais c'est comme ça.
                Je pense qu'il y a quelque chose à faire en s'appuyant (sans céder aux excès et aux chasses aux sorcières genre "les patrons au cachot") sur l'énergie d'un Besancenot et/ou d'une Autain, sur l'expérience d'un Krivine et/ou d'un Braouezec, pour fabriquer une machine à améliorer l'état du pays. Taxer les profits boursiers et les transactions financières à la mode Tobin, c'est le premier pas vers le rééquilibrage de la circulation de la thune et le retour d'une partie du flot vers ceux qui en ont un besoin réel et immédiat. A mon sens, ce qui manque pour que la politique retrouve une utilité pour le vulgum pecus, c'est une combinaison difficile pour des politicards de métier mais pas impossible : de l'intelligence et de l'humilité, une certaine pratique du microcosme politique, de la créativité constructive, tout cela ancré sur une volonté claire de mettre le paquet à plusieurs en mettant de côté les différends personnels pour emmener la société vers un idéal franc, même un peu utopique, et sans oublier personne en route.
       Sans intelligence, on reste bloqué sur ses positions et on n'admettra jamais de céder le pas à un autre qui a du talent et qui est peut-être plus malin que vous.
                Sans humilité, on ne sert que soi-même.
                Sans pratique du monde politique, on se heurte au mur des gens vissés au sol et aux murs qui protègent leur cul avec l'argent public avant de servir le peuple.
                Sans créativité, on recycle à l'infini y compris ce qui ne marche pas, et tout ce qui se recycle finit tout gris avec un goût de vieux qui ne passe pas très bien.
                Sans être constructif, on coûte du pognon au peuple en cassant pour le principe ce qui a été fait avant (souvenez-vous des polices de proximité qu'on crée, qu'on pète, qu'on recrée...) juste parce que l'étiquette du fabricant n'a pas la bonne couleur.
                Sans volonté de mettre le paquet, un quinquennat ne suffit pas à faire avancer les choses, et on se laisse haper par le tourbillon des débats de l'instant.
                Sans bosser à plusieurs, personne n'a assez de doigts pour appuyer au bon moment sur tous les boutons de l'appareil d'Etat, et le moteur cale.
                Sans mettre de côté les différends personnels, on s'interdit et on interdit aux autres le droit de se tromper et le droit de progresser.
                Sans avoir un idéal franc, on n'ose pas prendre le risque de se mettre soi-même dans la balance et de faire front aux lobbys et au fric tout-puissant.
                Sans utopie, on n'a pas de direction pour progresser et pas de repère pour mesurer cette progression.
                En oubliant des gens en route, on n'est pas le gouvernement du peuple, mais d'une sous-partie du peuple, et ça c'est pas la république.
        Avec le temps qui passe et ma connaissance de mon pays qui évolue (et, je l'espère, s'améliore), je pense de plus en plus que les idées de gauche et les idées de droite ne sont absolument pas incompatibles tant qu'on se contente de travailler l'idée parce qu'elle est bonne et qu'on emmerde sa couleur.
                Solidarité, entraide, soutien, assistance, compréhension, pardon, c'est étiquetté "de gauche".
                Sécurité, protection, mérite, fermeté, sanction, direction, décision, c'est étiquetté "de droite".
                L'ensemble de ces termes définit les fondamentaux d'une société occidentale. Si on met tout ça dans un sac, et qu'on emballe le tout dans les mots "liberté, égalité, fraternité", je crois qu'on a presque tout ce qu'il nous faut pour "récompenser les gentils", "punir les méchants", "pousser les méchants à devenir gentils" et "éviter aux gentils de virer méchants". Il y manque la modération partout, et le besoin d'évolution pour rester au présent.
        Pour conclure, je crois qu'on aura atteint un niveau acceptable de qualité de notre société lorsque j'irai acheter le "Canard" au kiosque du coin et qu'il ne fera plus qu'une page, dont un bon bout consacré aux mots croisés, à défaut de vices à éclairer et d'affaires à développer (et pas à défaut de journalistes ni de liberté d'expression). Faites du bien à vos semblables : pour 1,20 € (soit un ou deux votes à la Star Ac' qui atterriront dans la popoche de Nikos et Jon de Mol), achetez le mercredi un journal libre avec entre autres une information fiable, des jeux de mots foirasses et des contrepèteries dégueux !
        ...
        Houlà, il est temps que je parle d'autre chose que de politique, mon blog qui était déjà mal barré est de plus en plus mal en point, ce n'est plus qu'un pensum emmerdant genre "mais c'est tellement facile d'être moins con". Encore un peu, et je vais finir nègre à rédiger des discours de campagne. Quoique... si ça paye correctement et qu'il me reste du temps pour écrire pour moi... :-)
                 Bon allez, promis les copains, la prochaine fois que je vous parle (c'est à dire la prochaine fois) je parle pas politique.
-G4rF-
 PS : rien à voir avec le sujet. J'avance dans "Toxic", et donc il apparaît que le principal facteur d'obésité est que le sirop de glucose-fructose, ou High Fructose Corn Syrup produit par hydrolyse du glucose du maïs. Ce sirop qu'on retrouve partout, dans le ketchup, dans le coca, dans les sauces, les conserves en boîte, partout, partout, partout. La raison est que le sucre "naturel" est reconnu par le corps et quand tu en as bouffé assez, ça bloque et ça te dégoûte. Alors que ce sucre-là, tu peux en boire des litres, t'es jamais écoeuré. Dingue, non ? Mangez du sucre de betterave ou de canne, c'est plus bon pour le dedans de votre vous-même.

mercredi 2 janvier 2008

Bonne année mon cul

Fond sonore : que dalle
       Oui, je sais. Ca fait des mois que je n'ai rien écrit, ce qui est un scandale. HaTcH parlait il y a quelque temps des blogs morts ou moribonds, et il semblerait bien que "La Futilité pour les Nuls" en ait pris le chemin. Honte sur moi, shame on me, schkrupz fouïrkshmutz, comme on dit respectivement en françois de France, en anglois d'Angleterre et en plutonois de Charon.
       Pourtant, y'en a des choses à dire, et des belles. Par exemple, entre autres nouvelles, j'ai vendu ma péniche. Enfin. Enfin. EN-FIN ! Fin de quatre années passées à galérer d'une administration bornée en une autre encore plus bouchée à l'émeri, quatre années à tenter de faire se poursuivre à la seule force d'une volonté plutôt mal en point un projet viable mais voué aux gémonies et à l'échec par une somme d'incompétence, de mauvaise volonté, de protectionnisme imbécile et d'immobilisme quasi-religieux de notre glorieux se rvice public laquelle me pousse à nouveau à m'exclamer et accrocher à nouveau au tableau des citations un truc bien couillon : on a beau être en l'an 2000, on a beau vivre dans le futur, on a beau avoir survécu au bougre de l'an débile, à des tsunamis, des attentats, à Cauet et à la Star Academy, "même dans l'futur, y'a rien qui marche !".
                 Le premier lecteur qui pourra me dire (de mémoire et sans Google ) d'où vient cette phrase gagnera un album de bande dessinée. Ca, c'est du Franquin, et j'aime cette phrase pour une raison que j'ignore. Et ce sera pas une BD, mais toute mon estime, parce que les BD c'est trop cher. Un manga, à la rigueur, mais un bien alors. Le deuxième lecteur qui pourra me dire avec ou sans Google, peu importe, d'où vient cette phrase gagnera aussi toute mon estime, parce que ça m'étonnerait qu'il trouve. Bon, je dis ça, moi j'ai pas cherché, hein, mais quand même ça m'étonnerait tout de même un peu.
       Reprenons. J'ai donc vendu la péniche, à une demoiselle accorte et fort charmante, dont j'espère qu'elle est aussi bien entourée qu'elle le dit et que son projet aura plus de succès que le mien. Elle veut appeler le bateau "Shine", ce que je trouve plutôt sympathique. J'espère aussi avoir fait le nécessaire, après avoir enfin trouvé le point de levier adéquat pour faire trembler le roc de l'administration française même si c'est trop tard pour en bénéficier personnellement, pour lui épargner les emmerdes que j'ai traversé, et les déconvenues qui se sont accumulées. Que la crue ne l'emporte pas.
       Plein de mauvais souvenirs sont rattachés à ce bateau, mais y'en a quand même quelques bons : le déménagement avec les potes grâce à Zac et sa camionnette paternelle, le vidage de mon ancien appart' où tant de fêtes eurent lieu et où j'ai rencontré tellement de copains, les nuits où tu te pèles l'échalote de froid et où tu te réveilles sur un lac gelé, saupoudré de neige comme les narines d'un tox le sont de cocaïne, avec quelques oiseaux migrateurs à la bourre qui rament pour rattraper le peloton.
                 Le moteur qui redémarre d'un coup avec mes super power batteries qui tuent (les mecs, si vous cherchez de la bonne batterie, j'ai des références maintenant). La balade pour ramener le bateau à Paris, qui ne fut pas une partie de plaisir et qui mobilisa les efforts inaboutis de mes potes, que j'en ai encore la teuhon de sa maman. Mais j'ai quand même navigué sur mon bateau à côté de Notre-Dame, et ça c'était beau. L'accostage tout près de chez wam. Les amis qui donnent un coup de main pour amarrer. Les mois passés à ne pas trop en chier, et à chercher en vain des acquéreurs (en vain).
                 Les visites parfois rigolotes de mes touristes à bateau. Le déménagement progressif et très très lent et très très dur, avec en point d'orgue l'opération MacGyver qui mobilisa Gab, HaTcH, ToM et mon frérot pour sortir sans passerelle une machine à laver et un grand frigo de leur lieu de repos de quatre ans (qu'est-ce que je regrette de ne pas avoir pensé à l'appareil photo !). La vente finale, avec un goût doux-amer de fin de guerre du papier mais d'échec assumé du projet.
                 L'exorcisme final n'a pas encore eu lieu (j'ai encore aux fesses ces foutus prunes à payer), mais je vais tenter de le faire survenir en Janvier, en invitant bien sûr en priorité mes power déménageurs bretons qui me sauvèrent la mise et le moral.
       Bonne année mon cul, disais-je. Mes lecteurs habituels (en reste-t-il seulement ? S'il n'y en a plus, c'est de ma faute) savent que c'est du Desproges. En fait, cela ne reflète pas la réalité de mon état d'esprit. En vrai, ce serait plutôt "Dans ton cul 2007, tu ne me pourriras plus la vie" et "2008, fait mieux que ton prédécesseur". Mais bon, pour accrocher le lecteur il faut des phrases choc.
       A propos de choc, pour rester dans le domaine de l'écrit, je suis en train de lire "Toxic" de William Reymond. J'en suis à peu près à la moitié, et je crois que je vais acheter ses autres ouvrages. Il s'agit d'un livre-enquête, ou plutôt d'un document assez fouillé sur les origines de la malbouffe et sur l'embrigadement qui résulte du matraquage publicitaire et symbolique qu'on subit depuis notre jeunesse devant la télé, un livre qui a l'atout majeur de citer ses sources avec clarté au fur et à mesure que le discours progresse. L'aspect "moi l'enquêteur j'ai assez de burnes pour aller au combat" grève la portée du propos, mais ça reste un ouvrage utile à lire pour ceux qui, comme moi, se disent bêtement en passant chez MacDo "bof, j'suis grand/fort/costaud, j'me prends le menu XL".
                Décortiquer cette pratique et les symboliques afférentes me rappelle nettement "La méthode simple pour arrêter de fumer" d'Allen Carr, un best-seller qui mérite sa place et que j'ai lu même si ça ne me concerne pas directement. Passons sur la réthorique "pensée positive" sous-jacente du bouquin : bouffer du cowboy à cigarette dans tous les westerns, les pubs, les affiches et les magazines m'a conditionné à accepter l'omniprésence des clopes. De même, bouffer des pubs Nesquik depuis des années me conditionne à accepter le goût trop sucré de cette boisson chocolatée et à être abasourdi par l'arôme puissant et l'amertume insolite d'un vrai cacao quand je me sors les doigts duk et que j'en fais un ( par contre, je n'accepte toujours pas le départ de Groquik, et le sous-résidu merdique de lapin myxomateux qu'on se cogne depuis. Quiky aux chiottes ! ).
                A rajouter à ma Bibliothèque du Présent, à côté d'Allen Carr, du bouquin de l'oncle Bernard dont j'ai parlé il y a de cela plusieurs mois ( "Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles" de Bernard Maris) et du bouquin de Stiglitz sur l'échec de la mondialisation par capitalisme sans conscience.
       Nouveau dans ma Bibliothèque du Peinard : "Je suis une légende" de Richard Matheson . De base, j'achète pas trop "le bouquin du film qui sort". J'ai tendance à trouver ça relou, et puis j'aime pas trop participer à l'auto-satisfaction des marketteurs de tout poil qui disent en voyant les chiffres "vous voyez, on a bien fait de ressortir le bouquin en mettant l'affiche du film en couv' !". S'il y a bien un truc qui me gonfle, c'est qu'on dégage les illustrations d'origine pour coller une étiquette plus "actuelle" sur un livre. J'ai cotoyé assez de dessineux et d'illustrateurs pour comprendre à quel point c'est castrateur déjà pour pondre le truc qui plaira au public, alors si c'est pour le dégager et le remplacer par une affiche à la prochaine édition...
                Mais bon, là, c'est un peu spécial : j'ai pris le temps de me documenter via Wikipédia sur le livre, et il se trouve que c'est la troisième adaptation ciné du bouquin. Je ne le connaissais absolument pas, mais pour qu'on tente aussi souvent d'en faire un film, deux constats s'imposent :
                1- c'est forcément un bon bouquin, au moins en terme de rentabilité du tirage sinon en qualité littéraire
                2- l'histoire doit être intéressante pour que la critique soit si favorable au film, malgré le fait qu'on trouve rarement Will Smith dans des histoires non édulcorées.
                Un coup de keuFna plus tard, lecture, bilan : un bon livre qui vaut le coup d'être lu, et une exploitation inattendue des conséquences d'un cataclysme zombie. J'ai lu qu'il y avait dans "28 semaines plus tard" des réminiscences de ce bouquin. Faut que je prenne 5 minutes pour choper le DivX et voir le film. J'avais acheté le premier film après visionnage, parce qu'il mérite vraiment qu'on l'achète, parce qu'il est remarquable et bien tourné. J'appliquerais le même principe au deuxième s'il est à la hauteur, quoique je ne me fasse guère d'illusion : y'a Robert Carlyle, et c'est quand même l'un des meilleurs comédiens du moment à mon goût.
       Dans ma Bibliothèque du Je Me Sens Moins Con, "L'histoire de l'art pour les Nuls" . Un livre parfaitement titré pour le genre de public que je représente. Résultant d'un achat spontané de ma part, et d'une envie d'être moins crétin. J'en suis à la Renaissance, et jusque là c'est un sans-faute. Seul regret : il y a bien trop peu d'illustrations pour un bouquin traitant d'art. Ou alors faudrait un site Web dédié au bouquin, qui reprenne une par une toutes les oeuvres citées.
                J'y ai constaté un truc remarquable quand même, en m'intéressant particulièrement à une peinture : "L'amour sacré et l'amour profane", du Titien à sa mémère (ça, c'est fait). Quand ils disent sur la couv' que les auteurs sont des pointures, ils déconnent pas, en tout cas pour ce tableau : apparemment une querelle savante a opposé longtemps des experts pour savoir qui est la sacrée et qui est la profane, et que représente ce tableau. Et tout ce beau monde semblait avoir négligé le tombeau d'Adonis en plein milieu, en le prenant pour une fontaine. Et donc en zappant l'histoire de Vénus qui rend visite chaque année à la tombe d'Adonis, avec Amour qui ressort du tombeau la coquille où le sang d'Adonis a été recueilli après qu'il se soit écorché sur le rosier, en avant plan, dont les fleurs passent alors du blanc au rouge, je vous passe les détails. Les trois-quarts des infos disponibles sur le Net zappent totalement cette analyse. Pas le bouquin. Donc, big up en passant, même si (et je ne vous en veux pas, amis lecteurs patients et oisifs) tout le monde s'en branle, sans doute à raison.
       Bon, ras-le-bol des bouquins, on va pas passer la nuit dessus. Avant que je ne me remette en sommeil, sachez ô camarades que la cession de la péniche va de pair avec l'achat d'une zoulie maison dans la bonne ville de Sannois, dans le 95. Je dis "bonne" parce qu'elle m'a tout de suite paru plus propre et plus apte à y faire grandir ma gosse que Saint Denis. Triste conséquence des politiques égoïstes du racing club des maires RPR de Paris et des riches villes du 92 : en laissant s'accumuler dans le 93 toute la misère, par exemple en refusant de construire les logements sociaux que la loi exige dans leurs beaux quartiers, bah forcément la misère elle s'entasse en Seine Saint Denis où on l'accepte parce qu'il faut bien, elle ghettoïse, la ville devient crade et invivable, et du coup ben j'en peux plus et je me casse. Et encore, ma moitié a du mérite : elle y a vécu 3 ans de plus que mois.
                La chute de l'histoire ? Je vous la donne Emile : Sannois est une municipalité UMP... ça me déprime d'avance, mais en tout cas y'a un truc de clair : faut s'attendre d'ici quelques années à un changement des bords des villes de banlieue limitrophes du 93 et dirigées par des sarkozyens. Je crois qu'on est assez nombreux à faire le même genre de périple que moi : célibataire à Paris, concubins en proche banlieue pas trop chère, couple à enfant en banlieue plus éloignée. Et en toute décence je ne peux pas imaginer accorder ma voix à la droite dure d'aujourd'hui qu'on aurait appelé extrême-droite il y a 30 ans. A voir pour les prochaines municipales, hé hé !
       Tant que j'y suis, et cela pour venger à posteriori un dîner plutôt hallucinatoire auquel je participais récemment et où une des convives, la cinquantaine bien tassée mais pas forcément pour le mieux, déclarait sa flamme pour notre national-président : non, le pouvoir ne rend pas beau. C'est même plutôt le contraire. Non, Sarkozy n'est pas bel homme, il n'est pas devenu plus séduisant parce qu'il légitime le tabassage des sans-papiers dans les charters de l'inhospitalité française, et il n'est pas devenu plus intelligent en confiant à Lagarde le ministère de la Culture où elle n'a rien trouvé de mieux, pour financer les musées, que de goûter la température de l'opinion en proposant de vendre les portions négligeables du patrimoine public, autrement dit notre bien culturel à vous et à moi, tout ça pour faire quoi ? On se demande... et on s'inquiète à raison : quand elle bossait à Versailles, la donzelle l'a transformé en un putain de Louis XIV-land, a entrepris des travaux de "restauration" de trucs qui avaient été abattus volontairement par les souverains de France, au mépris absolu du travail des conservateurs du patrimoine, mais en visant droit le portefeuille des touristes un peu couillons qui viennent en France admirer quoi ? Un vrai-faux Versailles, travesti et payant.
                Sarkozy n'a rien fait pour la culture, et surtout pas pour la culture politique du bas peuple de France, en serrant dans le poing les rènes des principales chaînes de télé dont toutes sont sous son influence directe ou indirecte : France télévisions possède les chaînes d'Etat et un max de télés régionales, et TF1, M6 et Canal+, chaînes privées possessions de groupes dont les patrons sont des amis intimes, qui s'écrasent devant les gouvernants en invitant presque systématiquement des encartés UMP sous prétexte que ces derniers viennent de se gratter les fesses et qu'il faut que les Français le sachent. Souvenez-vous de l'admirable liberté de l'audiovisuel français lorsque le débat Bayrou-Royal entre les 2 tours a zappé de Canal+, que tout le monde reçoit en clair, à BFM TV, dont certains ont appris l'existence ce jour-là.
                Alors dire que "Sarkozy a des couilles au cul et que ça le rend sexy", sans considération pour la bêtise fondamentale de ce constat et l'ignorance sordide qu'il trahit de la réalité des "succès" dont se vante l'omniprésident, c'est admettre qu'on a choisi un candidat pour des raisons strictement affectives, et sans la moindre considération pour le bien de son pays et de ses compatriotes.
       De même qu'à mon avis (que j'ai déjà donné souvent, je sais) Ségolène a perdu parce qu'elle a trop ouvert sa gueule sur le patriotisme alors que tout le monde s'en branle du putain de drapeau tricolore sauf quand on te l'offre (on est quand même des couillons de rapiats de français, ne l'oublions pas), qu'elle a été lâchée par les têtes de liste habituelles de tout un parti dont la base l'avait pourtant créditée de la meilleure capacité à mener la bataille, et aussi pour une bonne part parce qu'elle est une femme et que pour certains connards de nos compatriotes il vaut mieux élire un homme fasciste qu'une femme énarque parce qu'avoir une bite vous donne évidemment plus d'aptitude à la tâche (le goût de l'argent, lui, ne rentre pas en considération bien sûr)... hé bien je pense qu'elle a perdu parce qu'une bonne poignée d'abrutis au moins aussi ramollis du bulbe que les machistes précités s'est dit que le principe de la démocratie, c'est que chacun vote pour celui qu'il aime, alors que la réflexion nous prouve l'inverse.
       95 % des non-imbéciles qui composent notre riante nation ne votent pas pour quelqu'un qu'ils aiment, mais parce qu'il faut bien choisir quelqu'un et dans ce cas autant choisir le moins mauvais pour nous tous.
                Les affectifs du bulletin votent pour leur propre, seule et unique gueule, car ils sont égoïstes dans l'âme et se disent que la politique, c'est l'affaire des politiciens et c'est pas mes oignons, j'ai déjà bien assez à faire comme ça. Ainsi sont apparues toutes les dictatures, et ainsi la France prend-elle le chemin de la perte des libertés âprement gagnées : tous fichés, tous identifiés, nous ne vivons pas pour l'instant dans un régime totalitaire. Mais si d'aventure un régime totalitaire nous tombait dessus, quelle liberté réelle possédons-nous à ce jour que notre gouvernement actuel ne lui sert pas déjà sur un plateau ?
                Tous fichés, tous identifiés, des numéros sur un plateau, pour notre "bien", notre "protection" contre les méchants étrangers qui sont forcément méchants, ou au minimum attardés : après tout, ils n'ont pas de papiers. Ils ne sont pas fichés. Ils n'ont pas de puce dans leur absence de passeport non biométrique. Ils ne sont donc pas des nôtres. Autour de la grande barrière que nous construisons pour nous protéger du danger, et qui semble de plus en plus proche et de moins en moins dorée à mesure que nous nous transformons tous en porteurs de code à barres, la question demeure : de quel côté de la cage se trouve la liberté ? Ici ? En face ? Peut-être nulle part, en fait...
       Alors pour tout ce que j'en attends de bon, pour moi, ma moitié, ma fille, mes amis, ma famille, mes potes, mon peuple humain qui est con comme un balai mais il faut aimer les cons parce que sinon personne ne le fera, pour les derniers et trop rares journalistes à mériter de porter ce titre (exemple : Jean-Pierre Pernault. Ah merde, je voulais dire "contre-exemple"), pour ceux qui cultivent la valeur de l'entraide, du secours, du bon sens, à tous je souhaite une bonne année 2008 et le meilleur des mondes possible pour tous.
                Mais pour le goût de cendre qu'on substitue progressivement à l'odeur appétissante d'un futur meilleur de plus en plus improbable, pour ceux qui font taire volontairement leur conscience pour pouvoir se payer l'avion en 1ère classe plutôt qu'en éco, pour les bétonneurs à tout crin et les sanctionneurs de tout poil, pour ceux qui méprisent les profs et votent à la Star Ac, et pour tous les pires des cons parmi les cons que j'arriverai jamais à aimer parce qu'on peut difficilement aimer tout le monde et encore plus difficilement tous les pires connards égocentriques satisfaits et pontifiants d'entre eux, bonne année mon cul.
 
-G4rF-
 
PS : j'en remets une louchée sur les bouquins. Je progresse bien sur mon tome 2, il ne me manque plus que huit mille ans sabbatiques et je l'ai terminé. Je vous tiens au courant, tas de petits sacripants.
 
PPS : je peux pas vous laisser dans cet état, alors je crache ma Valda. "Même dans le futur, y'a rien qui marche", c'est dans le film Spaceballs (en VF, la "Folle histoire de l'espace") de Mel Brooks. Son dernier vraiment bon film selon moi. Une parodie multiple super con sur fond de Star Wars, avec Rick Moranis et Bill Pullman dans des rôles qui leur vont bien.
La scène (en VF) : le colonel Saint-Cyr, Lord Casque Noir et le président Esbrouffe sont en pleine débandade, car Yop Solo et ses amis ont réussi à déclencher l'auto-destruction du grand vaisseau des Spaceballs (transformé en Méga-Ménagère, et occupé à aspirer l'atmosphère de la planète Druidia). Tout l'équipage s'étant barré dans les capsules de sauvetage (y compris les femmes, les enfants, la bande de Trouduku qui assure d'ordinaire le pilotage, ainsi que le personnel du centre commercial, l'ours et la femme à barbe du Cirque), ils sont seulement 3 dans le poste de pilotage.
Président Esbrouffe : Colonel Saint Cyr, faites quelque chose, dites-moi ce que je dois faire, je ne sais pas décider, je ne suis qu'un président !
Le vaisseau : Auto-destruction dans 15 secondes. Il vous reste 15 secondes pour appuyer sur le bouton d'annulation.
Président Esbrouffe : Il faut trouver ce bouton !
Ils farfouillent partout. Saint Cyr ouvre une trappe dans la console de commande.
Colonel Saint Cyr : Je l'ai trouvé !
Du bouton d'annulation, pendouille sur une ficelle une étiquette "En panne"
Lord Casque Noir : Merde ! Même dans l'futur, y'a rien qui marche !
Voix off : Auto-destruction dans 10 secondes. 9... 8... 6...
Président Esbrouffe : Oh la salope ! Et le 7 ?
Voix off : Elle est bonne, non ?
Ensemble : Arrh !
Voix off : 5... 4... 3... 2... 1... Bon voyage, messieurs.
Ensemble : Merci...
<<<KA-BOOM !>>> :-)