lundi 19 novembre 2018

Poème express [120/365] - Mélenchon

Mélenchon
Il va bien me falloir dire ici quelques mots
D'un qui a provoqué un fort engagement
A ne plus me laisser tomber dans le panneau
Et de spectateur, à devenir militant.

Pas de panégyrique, pas d'hymne à la personne
Car comme tous les modèles il est plein de défauts
Mais chez ceux qu'il rassemble, les mêmes idées résonnent
Refusant de laisser chacun subir son lot.

De ça je lui sais gré, de la mise en mouvement,
De l'énergie donnée contre l'indifférence.
Pour le reste, à chacun, selon son jugement,
De se faire son idée, toujours sans révérence.
--G4rF--

Poème express [119/365] - Foot

Foot
Me serait-il possible de me débarrasser
Pour un instant seulement de ma lourde carcasse
Redevenir un temps l'enfant que j'ai été
Mouillant son maillot et salissant ses godasses

Sur un terrain trempé par la pluie de Novembre
Avec Etienne, Régis, David et tous les autres,
Courant, sans le soleil pour réchauffer nos membres,
Pour le meilleur des jeux, puisque c'était le nôtre.

Aujourd'hui trop pesant pour chausser les crampons
Et le genou ployant sous l'usure médicale
Je chéris la joie simple, la belle exaltation
De mon unique but, cet instant idéal.

C'est ce foot là seulement qui vraiment m'intéresse
Celui qu'on joue pour le seul plaisir d'être ensemble.
Peu m'importent victoires, défaites et palmarès :
C'est lutter contre soi qui motive et rassemble.
--G4rF--

Poème express [118/365] - Hiver

Hiver
L'épais tapis de feuilles émet des craquements
Ceux de la glace fine et de la neige fraîche
Les oiseaux sont cachés, partis il y a longtemps,
Les pommettes rosissent, les lèvres se dessèchent

Au sommet des maisons les panaches fumants
Répandent alentour la senteur des foyers.
Espérant des flocons, notre part d'enfant
Se rappelle à nous car l'hiver est arrivé.
--G4rF--

dimanche 18 novembre 2018

Poème express [117/365] - Tartiflette

Tartiflette
J'ai voulu préparer un vrai plat de saison
Qui passe par le ventre pour réchauffer les cœurs.
Demandant à Google, j'arrive sur Marmiton
Je clique sur "tartiflette" et passe en mode traiteur.

Liste des ingrédients : patates et reblochon
Des oignons, des lardons, de la crème fleurette
Un bon tiers de bouteille de vin de l'Apremont
Du sel, du poivre et un solide coup de fourchette.

Cela s'annonce bien, faisable, à ma portée
Et après quelques courses tout est là en cuisine.
Première étape, facile, patates à l'étuvée.
20 minutes à attendre, je prends un magazine

Et me sert un bon verre de vin blanc de Savoie
Que rejoint un deuxième pendant que je picore
Un petit coin de fromage qui ne manquera pas,
J'en suis sûr, à mon plat car il en reste encore.

Pendant que je travaille, d'une main bien distraite,
Les pommes de terre cuites qu'il me faut éplucher,
Je remets à niveau mon verre d'une traite
Négligeant les oignons dans leur poêle surchauffée.

Tentant de les sauver avant qu'ils ne calcinent
Je renverse sur eux le peu de vin restant
Qui bout et s'évapore et remplit la cuisine
D'une brume d'alcool aux effets... reposants.

Je n'ai plus souvenir du reste du travail
Que sous forme de bribes fortement décousues
N'expliquant pas vraiment pourquoi mon plat sent l'ail
Ni comment il se fait que les lardons soient crus,

Que des deux reblochons ne reste que l'emballage
Noyé sous des patates et les oignons brûlés,
Et que mon beau repas ne soit plus qu'un naufrage
Dont les arts de la table se fussent bien passé.
--G4rF--

Poème express [116/365] - Raclette

Raclette
Cornichon esseulé dans un bol de grès beige
Fond de verre oublié près de bouchons en tas
Miettes de pain alignées dessinant un cortège
Près des peaux de patate, du couteau à beurre gras

Une odeur tenace emplissant l'atmosphère
Dans l'évier les poêlons trempent avec les fourchettes
Dans le petit salon, on rigole, on digère
Prolongeant le plaisir de la soirée raclette.
--G4rF--

vendredi 16 novembre 2018

Poème express [115/365] - Mon sport

Mon sport
L'exercice se pratique en paliers réguliers.
D'abord, l'étirement, prévenant les blessures,
Puis on réveille le cœur, on le fait s'activer
On le veut fort et vif, un moteur qui carbure

Puis les premiers mouvements, l'esprit focalisé
Sur les respirations, sur la bonne posture
Pour finir une série, en restant concentré
Pour faire un bon usage sans rentrer dans l'usure

Les temps de repos sont précis et mesurés
Pour donner de soi-même l'effort maximal,
Aller au bout de soi avant de s'effondrer
Repoussant chaque fois un peu plus le final

Je le sens bien en moi, quand j'ai trop paressé,
Quand le verbe se tait ou qu'il est trop banal
Alors, à l'art d'écrire, je repars m'entraîner
Distillant mot à mot ma sueur cérébrale.
--G4rF--

Poème express [114/365] - Brumaire (4)

Brumaire (4)
Les gouttes fines du ciel à terre
Apportent un lustre surprenant
Aux objets même insignifiants
Brillant comme les plus belles pierres.
--G4rF--

jeudi 15 novembre 2018

Poème express [113/365] - Brumaire (3)

Brumaire (3)
Dans la froide moiteur des brouillards matinaux
Où le pas incertain et inquiet ralentit,
Dans les limbes épaisses reviennent les animaux
Profitant d'une trêve s'achevant au midi.
--G4rF--

Poème express [112/365] - Brumaire (2)

Brumaire (2)
Elle marchait la bouche grande ouverte
Dans les ruelles embrumées
"Mais pourquoi fais-tu ça, fillette ?
- Les nuages ont un goût sucré."
--G4rF--

Poème express [111/365] - Brumaire (1)

Brumaire (1)
Le baron Brumaire
A pris ses quartiers d'hiver
Devant ma maison
--G4rF--

jeudi 8 novembre 2018

Poème express [110/365] - Un peu de silence

Un peu de silence
Claquement retentissant des volets que l'on ferme
Étouffement des lumières par les rideaux tirés
A l'heure où s'en retournent les derniers égarés
Le jour tumultueux s'étire jusqu'à son terme

Dernière promenade des compagnons canins
Les dîneurs attardés s'en vont dans leurs manteaux
Vient l'heure tant attendue de la dernière auto
Dont le bruit bat retraite vers l'horizon lointain

C'est l'instant désiré où se fait la bascule
Où le diurne cède la place aux noctambules
Lorsque, pour une seconde, se remarque l'absence
Des clameurs des vivants, pour un peu de silence.
--G4rF--

mercredi 7 novembre 2018

Poème express [109/365] - Mémoire de pierre

Mémoire de pierre
La sculpture en tuffeau et le bloc de granit
Ont-ils le souvenir de leur excavation ?
Se rappellent-ils leur jeunesse de mégalithe
Avant d'être exhumés pour une construction ?

Que voient-ils de nos vies trépidantes de moustiques
Vibrionnant sans cesse avant notre extinction
Eux qui furent et seront, immuables et stoïques,
Eux, les futures ruines qu'en partant nous laisserons ?
--G4rF--

#17Novembre et le problème du carburant

Voilà ce qu’il me vient à l’esprit à la lecture de cet article :
Si nous paraissons tous capables de comprendre, au sujet des réfugiés, qu’il faut à la fois faire preuve d’humanité pour accueillir ceux qui sont là et également faire preuve d’intelligence pour résoudre les crises qui les amènent à quitter leurs pays, afin de résoudre le problème à court et à long terme… pourquoi semblons-nous incapables de comprendre, au sujet des transports, qu’il faut à la fois faire preuve d’humanité pour aider ceux qui n’ont pas d’autre choix que d’utiliser leur voiture et également faire preuve d’intelligence pour remodeler la société en évacuant l’automobile individuelle, afin de résoudre le problème à court et à long terme ?
Le racket d’état sur la taxation du carburant n’est pas nouveau. Il n’est pas le fait de ceux qui protestent aujourd’hui, que l’on soit d’accord ou non avec leurs arguments.

La réalité est têtue : notre société est aujourd’hui dans cet état après des décennies de politiques de transport qui l’ont volontairement modelée autour de la sainte bagnole.

Cette nouvelle mesure fiscale oppressive, qui ne propose aucunement un mécanisme de compensation améliorant concrètement l’usage de transports plus écologiques ou permettant de se libérer de la voiture, provoque un appauvrissement forcé de tous ceux qui n’ont d’autre possibilité que d’utiliser leur voiture chaque jour. C’est une réalité incontestable, aussi incontestable que la fuite en avant imbécile de notre société consistant à rester focalisé sur le modèle de l’automobile individuelle alors que nous savons le péril dans lequel cela nous projette.

Dresser l’une contre l’autre ces deux faces d’une même pièce n’aboutit à aucune possibilité d’amélioration.

Il nous incombe de traiter ce problème dans sa globalité, à court et à long terme, et de mettre à bon usage la colère collective pour provoquer le changement de modèle que nous appelons tous de nos voeux, sans négliger personne, même ceux qui protestent pour ce que nous pensons être de mauvaises raisons.
--G4rF--

Poème express [108/365] - Solde de tout compte

Solde de tout compte
Comment se passerait le dernier entretien annuel
Avec la Terre comme patron et nous, les salariés,
Le jour où nous apprendrions que nous sommes licenciés
Dans un grand plan social sans indemnité contextuelle ?

Nous dresserions le bilan des objectifs non atteints
L'intégration ratée dans notre vaste écosystème
Le mauvais emploi des ressources et des moyens communs
Les dégradations causées par les déchets que l'on sème

La comptabilité serait en notre défaveur
On y verrait notées beaucoup de pertes sans profit
L'usage immodéré de nature reçue à crédit
Nous les irresponsables, les éternels débiteurs.

Nous aurions besoin d'aide pour défendre notre cas
Faire plaider pour nous un représentant du personnel
Choisi dans les espèces intelligentes d'ici-bas
Mais quel animal viendrait pour soutenir notre appel ?

Nos fautes reconnues, le patron nous foutrait dehors
Avec pour solde de tout compte une dette abyssale.
Il est peut être temps d'éteindre notre soif d'or
Et le feu que nous avons mis à notre terre natale.

--G4rF--

Poème express [107/365] - Les photos d'identité

Les photos d'identité
Pour qui sont ces clichés de visages fermés
Ces portraits tristes et froids, plats et neutralisés ?
Que va s'imaginer l'étranger stupéfait
Devant cette galerie de visages défaits ?

Privés de leurs sourires, de la simple expression
De l'humeur de l'instant, gais comme une prison,
Légion robotisée et déshumanisée
A qui ne manque plus qu'un code-barre tatoué.
--G4rF--

mardi 6 novembre 2018

Poème express [106/365] - Horloge

Horloge
Deux fois chaque jour, les aiguilles d'une horloge arrêtée indiquent l'heure juste.
Deux fois chaque jour, les aiguilles d'une horloge en marche voient le monde à l'endroit.
--G4rF--

Poème express [105/365] - Clown

Clown
Qu'y a-t-il chez les clowns qui fasse si curieusement
Peur aux plus petits et fasse rire les plus grands ?

C'est que les jeunes voient la grimace étirée,
Les couleurs violentes d'un monstre écœurant
Qui n'est finalement qu'un miroir déformant
Dont les plus vieux comprennent l'absurde vérité.
--G4rF--

Poème express [104/365] - Sombre

Sombre
Battue par le ressac sans trêve ni repos
La coquille de noix tangue, roule et se tord
Trempée par l'eau salée du mât jusqu'au plat-bord
Elle lutte vaillamment grâce à son matelot

Une drisse détachée, un pan de toile fendu,
Sa coque rebouchée par le bois des pinoches,
Au mince fil de l'espoir son courage l'accroche
Pour se tenir loin du rang des disparus

Voyez donc la noblesse de ce combat truqué
Où le faible s'épuise à parer la puissance
D'un adversaire sans face, violent et immense,
Niant par son mépris l'honneur au condamné.

A la barre en roue libre, le marin sans secours
Ne peut que constater l'échec inexorable
De l'embarcation qui sombre, misérable,
Sa fatale sentence s'abattant sans recours.

Un parmi des millions, dans ces frêles esquifs,
A être balayé par ce vent de noroît
Inhumain et glacé, venu prendre sa voix,
Pouvoir mortifère de nos pairs putatifs.
--G4rF--

Poème express [103/365] - Peur

Peur
La peur est la réponse aux blessures vécues,
Aux douleurs infligées, à la souffrance nue,
Qui fait de son mieux pour nous tenir à distance
Du risque de nouvelle expérience de souffrance

La peur est défensive et prend ce rôle à coeur
Au point d'être excessive, elle devient oppresseur
Paralysant tout geste pour supprimer tout risque
Par la grève du zèle elle retient et confisque

La peur est une voix qu'il nous faut écouter
Mais qui pour nous convaincre doit argumenter.
Gardons pour ses propos une oreille vigilante
En tenant en respect cette mère étouffante.
--G4rF--

mardi 30 octobre 2018

Poème express [102/365] - Amour

Amour
C'est un sujet sans fin que d'aucuns définirent
Déjà bien mieux que je ne prétendrais le faire.
À l'édifice j'apporte ma toute petite pierre
Pour dire ce qu'est l'amour, simplement. Le décrire.

L'amour est ce tourment dont mon souffle est étreint
Au souvenir d'un geste que tu fis sans mot dire,
Quand de dos, contre moi, tu vins pour te blottir,
Douce et enivrante comme ton divin parfum.
--G4rF--

Poème express [101/365] - Complicité

Complicité

Recevoir ton regard, ton sourire amusé
Comme le point de départ d'un instant partagé
À parler avec toi sans desserrer les lèvres
Tenter de réprimer le rire qui nous enfièvre

Donner un peu le change par respect des convenances
Retrouver le sérieux, sauver les apparences
Juste assez pour ensuite, une fois seuls à nouveau,
Éclater de rire sans besoin de dire un mot.

--G4rF--

Poème express [100/365] - Froid

Froid

Il faisait un temps à cacher les ours blancs
Un froid tellement polaire qu'il sentait la boussole
Que les congélateurs en pleuraient leur maman
Que même les icebergs remontaient leur cache-col.

Que les pingouins fuyaient, direction les Tropiques,
Et la banquise en grossissait de contentement.
C'était par ce temps-là qu'une rencontre épique
Manqua ne pas se faire pour cause d'hiver ardent.

J'étais seul sur ce quai, à me geler les prunes.
Tu te caillais les miches sur le quai juste en face.
Les trains ne roulaient plus, pour comble d'infortune :
Des heures qu'on attendait qu'au moins l'un d'entre eux passe.

D'impatience et de rage, les usagers fâchés
Tout rouge malgré le froid partaient en maugréant
Contre l'hiver, le vent, contre la CGT,
Victimes usuelles de leur emportement.

Ainsi, l'un après l'autre, ils désertèrent les lieux
Soudain je me vis seul, comme toi (donc à deux)
À subir stoïquement les outrages glaciaires
Chacun engoncé dans son manteau, sa polaire.

Après un long moment à attendre pour rien
Sans qu'un salut ferré en gare ne se présente
J'ai eu cette pensée pratique mais inconvenante
Qu'en se serrant un peu ça réchaufferait bien.

As-tu pensé de même ? Il faut le croire sans doute
Puisque lorsque je fis mouvement pour quitter
Mon quai désert et de toi venir m'approcher
Tu agis de concert et pris la même route

Vers l'escalier gelé du passage souterrain
Qui devint toboggan dès ton troisième pas
Et c'est sur le derrière que tu attins son bas
Comme je le fis moi-même, meurtri et mal en point.

Nous patinâmes ensuite du mieux que nous le pûmes
Sur le sol glacé du tunnel trop venteux
Tombant, nous relevant, progressant peu à peu
Dans la neige en pagaille ramenée par la brume

Et je fus enfin là, à portée de ta main
Idiot et interdit, ne sachant quoi te dire
Lorsqu'au dessus de nous passa ce maudit train
Et qu'après son fracas, j'ai entendu ton rire

Qui réchauffa mes os, dégela ma carcasse
Et dont le beau son clair mit le feu à mon cœur
Me poussant à sortir enfin de la torpeur
Et à mon grand plaisir, j'ai su briser la glace.

--G4rF--

lundi 29 octobre 2018

Poème express [99/365] - Tristesse

Tristesse

Je voudrais tant connaître le remède parfait
Pour soulager ton cœur de son isolement...
Et toi, sais-tu comment m'aider à supporter
La douleur de ne jamais être ton amant ?
--G4rF--

Poème express [98/365] - Chambre

Chambre

J'ai rêvé d'une chambre grande comme un manoir
D'un espace assez vaste pour y pouvoir loger
Tous les moments à deux que je voudrais passer
À jouer la musique de ton corps chaque soir.
--G4rF--

Poème express [97/365] - Feu

Feu

Dans l'âtre chatoyant dansent les escarbilles
Teintant la fonte grise d'éclairs écarlates
Emportant vers le ciel ces joyaux qui scintillent
La fumée fuit en longues volutes délicates

Auprès du grand foyer ronronnant patiemment
Les paroles s'apaisent, s'amenuisent et s'arrêtent
Face aux courbes des flammes, arabesques abstraites
Ondulant en longs traits aveugles et ardents

Vers nos âmes profondes il prend un raccourci
S'adressant à nos cœurs, à nos instincts primaires,
Indifférent aux bois qui font son ordinaire
Le feu est un félin faussement adouci.

--G4rF--

Poème express [96/365] - Herbe

Herbe

Ses lames sont tendues vers la nuée lointaine
D'où s'abat par moment la tempête impétueuse
Lapidation céleste aux armes silencieuses
Que le fracas impose, abrupte et souveraine

La verte frondaison montre sa luxuriance
Couvrant l'horizon clair de ses épées brandies
Apostrophant le ciel, lui jetant un défi
Armée d'occupation au long cri de silence.

Ployant aux mots d'Éole, tenant droite la ligne
J'y vois une forêt, une jungle curieuse
Peuplée de créatures féroces et fabuleuses
De grandeurs dérisoires et destinées infimes. 
--G4rF--

Poème express [95/365] - Eau

Eau

De l'eau à l'eau, comme cendre et poussière,
De l'eau à l'eau, dans nos temps éphémères,
De l'eau à l'eau, la vie s'en vient s'en va,
En pluie continuelle, sans haut ni bas.
--G4rF--

jeudi 25 octobre 2018

Poème express [94/365] - La licorne en pyjama (Oceano Nox remix)

La licorne en pyjama (Oceano Nox remix)
Ô combien de pognon, de billets par centaines
Qui partirent en fumée dans cette fête foraine
Pour cette foutue licorne se sont évanouis ?
Combien ont disparu, vraie petite fortune,
Dans l'abysse sans fond de cette machine à thune
Sans que jamais la chance n'ait une fois souri ?

Combien d'euros tombés pour ce jouet en cage
Par frénésie du jeu, terrible dérapage
Qui d'un souffle aspira jusqu'au dernier euro !
Tout le monde sait bien qu'il ne faut pas y jouer
Que ce fric est perdu car on ne peut gagner
A ce jeu de la pince, à cet attrape-nigaud.

--G4rF--

NB : j'ai la flemme de reprendre les 8 strophes, et pis chuis pas Victor Hugo moi.

Poème express [93/365] - Laisse-le libre

Laisse-le libre
Il y a bien assez de tristesse sans devoir en créer là où il n'en faudrait surtout pas.
Il y a bien trop de choses obligées sans qu'il ne soit utile d'en exiger de toi.
Je ne veux ni serment, ni promesse éternelle, ni contrat rédigé par un homme de loi.
Le choix de m'asservir m'a déjà fait souffrir, et j'ai compris qu'on tue les sentiments comme ça.
Alors je ne demande aucun engagement de toi : si tu es avec moi, que cela soit ton choix.
Ce que je veux pour toi et moi, c'est être libre. Le plus dur à offrir, mais le meilleur, c'est ça.

--G4rF--

mardi 23 octobre 2018

Poème express [92/365] - Sec

Sec
Qu'elle soit celle des poches, de la bouche ou du cœur
La sécheresse est une triste extrémité
Frappant les solitaires de toute sa rigueur
Et que l'on tient au loin en faisant société.

--G4rF--

lundi 22 octobre 2018

Poème express [91/365] - Surf

Surf
Si l'acte créateur devenait une matière,
Si les idées nouvelles étaient choses tangibles,
Je pense qu'elles seraient des gouttes d'eau.
Sur la grève, au sec, nous verrions leur masse
Montante et descendante au rythme du roulis
Et de temps à autre, pour nourrir notre esprit
Nous quitterions le refuge de nos chemins battus
Pour nous aventurer et pêcher une idée.
Nous nous élancerions, nos têtes pour seule arme
Cap droit vers la vague, masse en ébullition
Et nous irions chercher en son cœur la goutte
L'idée qui nous manquait, qui nous faisait défaut.
De temps en temps, rarement, en la touchant du doigt
Nous verrions que l'idée n'est pas si petite chose
Que la vague presqu'entière n'est faite que d'elle
Et que pour l'amener à terre il faut la chevaucher.
J'aime à penser que lorsque je suis en panne
Quand l'envie d'écrire fuit, que les mots tournent en rond
Je suis en fait assis au fond d'un creux de vague
Attendant l'arrivée d'une nouvelle lame de fond,
Dans laquelle, peut être, sera la grande idée,
La perle indiscernable tant qu'elle n'est pas sortie,
Et j'espère de tout coeur pouvoir m'en emparer
Et debout sur les flots, la laisser me porter.
--G4rF--

Poème express [90/365] - Tardive

Tardive
Goutte de couleur
Chutant seule de la branche
La fleur d'octobre
--G4rF--

Poème express [89/365] - Détergents

Détergents
Produit anti-calcaire et poudre à récurer
Flacon d'eau de Javel et tampon à gratter
Gants de nitryle bleu, carré d'éponge rose
Brosse à vaisselle, papier en ouate de cellulose

Pistolet, micro-bille, gel, lingette parfumée
Diffuseur, absorbeur d'odeur, d'humidité,
Adoucissant, détachant, raviveur de blanc
Brossette, aspirateur, serpillère, détergent

Frotter et faire briller, décrotter, nettoyer
Décaper, lustrer, cirer, polir, raviver
Mes placards en sont plein, mais je n'ai pas trouvé
Le produit qui saurait décrasser mes idées.

--G4rF--

dimanche 21 octobre 2018

Poème express [88/365] - 1988

1988
J'atteins aujourd'hui quatre-vingt huit écritures
Et le chiffre me parle et m'interroge sur
Ce que j'ai retenu de l'année mille neuf cent
Quatre vingt huit, lorsque j'avais douze ans.

Douze ans, c'est le collège, avec un an d'avance,
J'étais en cinquième et j'étais bien oisif
Mon centre d'intérêt unique et exclusif
C'était Véronique pour qui j'étais en transe.

Me reviennent les amis, les jeux, la cantine
Et les évasions qui n'en étaient pas vraiment.
Un peu de sport, beaucoup d'un ennui lancinant :
Pour moitié j'étais là, l'autre était sur Tatooine.

Et je cherche, et je cherche, et rien d'autre ne vient
Que des brumes de visage, des parcelles de noms
Plus je cherche à creuser, plus cela est lointain
Plus je vois l'amnésie faire sa progression.

Se dessine ainsi le chemin de l'existence
Tel un cordeau Bickford, une mèche allumée
Dont la brûlure passée laisse cendre et fumée
Que le vent du temps chasse hors du champ de conscience.

--G4rF--

Poème express [85/365] - L'angoisse

L'angoisse
Par où commencer.
Quel mot mettre en premier.
Passer par la bande, ou foncer sans dévier.
Faire un choix, faire cent choix, pour expliquer, avouer.
Tomber œillères et masque, enfin se montrer.
Envie de faire un pas, de crainte, reculer.
Dominer son angoisse ou la laisser parler.
Essayer, avancer, de nouveau essayer.
Dire ce qui doit l'être, s'assumer, s'exposer.
--G4rF--

Poème express [87/365] - Le pain aux raisins

Le pain aux raisins
Quand reviendra le temps des dimanches matin
Où j'irai sans souci, léger et nonchalant,
Quérir à la boulange le pain aux raisins
Que mes poches aplaties m'interdisent maintenant ?
--G4rF--

Poème express [86/365] - Temps de cerveau

Temps de cerveau
Je crois très important de toujours mesurer
Le temps passé à être acteur, le temps passé
À être spectateur, car ils sont différents
L'un est un temps vainqueur, l'autre est un temps perdant.

Temps vainqueur sur soi-même, temps d'accomplissement
Temps d'agir et de faire, temps de contentement
Contre temps dépensé à seulement recevoir
Temps compté, débité pour écouter et voir.

Trop de l'un vous isole des vies de vos semblables
Trop de l'autre vous fait léthargique, incapable
La balance de ces temps doit être à l'équilibre
Pour user de sa tête en être fort et libre

--G4rF--

mercredi 17 octobre 2018

Poème express [84/365] - Tic tac

Tic tac
Tic, tac.
Tic, tac.
Tic, je t'attends
Tac, je t'espère,
Tic, je m'inquiète
Tac, il me faut
Tic, un message
Tac, ou un signe
Tic, quelque chose
Tac, qui me dise
Tic, que tu penses
Tic, toi aussi
Tac, un peu à moi.
Tic.
Tac.
--G4rF--

Poème express [83/365] - Panser

Panser
C'est le premier des gestes, c'est le soin évident
Généreux, altruiste, et sans contrepartie
L'objection faite au mal, le cadeau au souffrant,
Pour faire taire la douleur par un peu d'empathie.

Ce bien est fait à l'autre, mais aussi à soi-même
Car témoin de sa peine, on la ressent pour soi
Et soudain on chérit, on protège et on aime
Pour soulager les maux, on donne et on reçoit.

Ainsi je me découvre attendri, attentif
A la vue du bandage qui protège tes doigts
Laissant là toute force, je deviens délicat
Offrant d'un doux contact mon soutien affectif.

--G4rF--

mardi 16 octobre 2018

Poème express [82/365] - La maison du poète

La maison du poète
De toutes les bicoques c'est la plus biscornue
Elle n'est vraiment semblable à nulle autre qu'elle-même
Son enveloppe défie les principes et les schèmes
Elle est dedans-dehors, pleine d'inattendu.

Si vous voulez entrer, enjambez la fenêtre
Elle mène à la cuisine, qui sert de vestibule.
Pour aller au salon, faites sans préambule
Un tour par la baignoire où s'entassent les lettres.

La maison du poète est un capharnaum
Où tout jonche le sol, où tout est dérangé
Non pas pour le plaisir du bazar installé
Juste pour ne jamais devenir muséum

Ici les idées vivent, déambulent, s'égaillent
Dans le cours des saisons on peut les voir migrer
Et un jour, forcément, se coucher sur papier
Où la plume joaillère les sertit et les taille.

--G4rF--

lundi 15 octobre 2018

Poème express [81/365] - Ruelle des Trois Marchands

Ruelle des Trois Marchands
Une virgule de noir
Soudain dans la lumière jaune
Vol de chauve souris
--G4rF--

Poème express [80/365] - L'interdit

L'interdit
A l'idée d'approcher de ce que je convoite
A l'idée de risquer de créer le contact
A l'idée de sortir un instant de ma boîte
A l'idée de risquer de ne plus être intact

Je reste muet et roide comme devant Méduse
Je reste sans piper le mot que je veux dire
Je reste là niais, ballot, sans une excuse,
Je reste silencieux, ne pouvant que subir.

Car il m'est défendu d'applaudir la grâce
Car il m'est illicite de saluer l'esprit
Car il m'est prohibé de sortir de la glace
Car je me détruirais en bravant l'interdit.

--G4rF--

Poème express [79/365] - Huit

Huit

Le temps est venu de souffler ta bougie
En ce jour que depuis si longtemps tu attends
Même si les temps sont durs, tu es là qui sourit
Le monde est un défi quand on n'a que huit ans.

--G4rF--

samedi 13 octobre 2018

Poème express [78/365] - Pause

Pause
Je m'accorde un instant pour ne penser à rien
Je vide mes oreilles du bruit des alentours
Je lâche mon clavier, mon écran je l'éteins
Je pose le crayon pour le temps du détour.

--G4rF--

vendredi 12 octobre 2018

Poème express [77/365] - La pince

La pince
J'aimerais t'emmener, bras dessus bras dessous,
Ou juste à mes côtés, ou en fait, on s'en fout,
A la fête foraine.

Dans le tumulte sourd et les cris suraigus,
Près des pommes d'amour collantes comme la glu,
Tu me prendras la main.

A quelques pas de là, dans la lumière floue
Des ampoules à éclat, près des tirettes à sous
Tu m'attireras à toi.

Je sortirai des pièces d'une poche trop mince.
Au cœur de la liesse, à la machine à pince
Je tenterai ma chance.

D'un grappin hésitant je viserai une babiole
Et je ferai chou blanc juste pour qu'on rigole
Accrochés l'un à l'autre.

Qui sait si nous serons bénis par la fortune ?
Nous repartirons sûrement sans une thune
Des étoiles dans les yeux.

Et te raccompagnant, je te dirai bonsoir
Appauvri mais content de ce tour à la foire
Et je t'embrasserai.

--G4rF--

Poème express [76/365] - La mesure de soi

La mesure de soi
Quand j'ai touché le fond, quand j'ai connu l'abîme,
Quand mes pieds ont foulé le cratère des abysses
Je me pensais quelconque, nul, illégitime,
Et me sentais cloué par le poids du factice

J'avançais sous un masque et mes mots sonnaient faux,
J'étais un imposteur, toujours en prétention,
Comme si sous le casque lourd de mes défauts
Il n'y avait que fadeur, mensonge et négation

Le salut est venu d'un miroir opportun
Non celui que j'avais, celui qu'on me tendit.
L'image inattendue me fit voir de plus loin
Tout ce que j'avais fait, tout ce que j'avais dit.

Bien sûr il y avait là quantité de bêtises,
Je perdis compte bien vite des billevesées.
Mais aussi, parfois, dans le flot de sottises
Se trouvaient des pépites jusque là inhumées.

Quelle magie infernale s'était donc emparée
Des ressorts de ma tête pour y substituer
A chaque bien, un mal, un échec par succès
Pour me faire sentir bête et ainsi m'enfoncer ?

Le coupable n'était ni sorcier ni diable
Je le portais en moi, chaque heure de chaque jour :
Mon miroir, en effet, me faisait pitoyable,
Son reflet tout gauchi déformant mes contours,

Traître à la vérité de mes seules fiertés,
Thermomètre faussé, inapte et mensonger.
Une fois corrigé l'appareil erroné
Grâce à l'aide apportée par un œil étranger,

J'ai pu quitter le fond et saluer l'abîme
La trace de mes pas restant seule dans l'abysse :
Calée sur l'étalon de proches et d'intimes,
Ma mesure de soi me rend enfin justice.

--G4rF--

Poème express [75/365] - Wink

Wink
Par les interstices du feuillage
Délavé de blanc blafard par l'éclairage des rues
On peut distinguer au loin
Par delà la muraille de vieilles pierres du château
Par delà les lacets enroulés du cours du grand fleuve
Par delà les clochers lointains des villages en demi sommeil
L'œil jaune du matin qui s'entrouvre en splendeur
Et vient faire un clin d'œil à ce matin d'octobre.

--G4rF--

jeudi 4 octobre 2018

Poème express [74/365] - Jaune

Jaune
Lorsque les luttes s'éternisent
Que leurs issues sont incertaines
Lorsque l'espoir s'amenuise
Qu'on croit la résistance vaine

Elle est puissante, la tentation
De lâcher prise, faire demi-tour
D'abandonner son ambition
De faire venir de plus beaux jours

Pouvoir enfin poser les armes
Panser ses membres endoloris
Rester sourd aux signaux d'alarme
Capituler devant l'ennemi

Dire tant pis, on n'y peut rien
C'est même pas à nous de lutter
C'est leur problème, c'est pas le mien
Si ça les gêne, qu'ils aillent gueuler

Devenir un jaune, se trahir,
Juste pour s'éloigner du front
Mais toujours, toujours, revenir
Malgré la terreur du canon.

--G4rF--

vendredi 28 septembre 2018

365 jours de poésie express : bilan à 20%

Ah, l'écriture.
Quel plaisir.
Quelle tannée.
Qu'est-ce que j'aime ça, qu'est-ce que ça peut me faire chier.
Qu'est-ce que c'est bon, de se voir progresser, qu'est-ce que c'est dur d'y arriver.

J'ai publié cette nuit le 73ème poème de ma série. Ceci fait que j'ai atteint la barre symbolique des 20%.
C'est mieux que ce que j'espérais de ma part : il semblerait que je parvienne, peu ou prou, avec des relâchements regrettables dans ma régularité, à tenir à peu près le pari que j'ai fait avec moi-même d'arriver à écrire un texte original chaque jour. Youpi.

Je commence aussi à me prendre un peu au jeu : les opus 65, 71, 72 et 73, et le suivant sont des essais pour lesquels le mot-titre, autour duquel bâtir le texte, m'ont été fournis par une tierce personne. Ce n'est pas vraiment du "texte de commande", mais ça rajoute une contrainte (écrire sur un sujet que je n'ai pas choisi) tout en retirant une autre contrainte (trouver un sujet sur lequel écrire !).

Je tiens à jour un agenda spécifique pour mesurer l'amplitude de mes retards. En moyenne, je tourne autour de 2 jours de retard, avec quelques rares instants où tout est fait le jour J et de nombreux instants où, pour diverses raisons, je me prends 5-6 jours de retard dans la gueule, et après il faut ramer pour rattraper le coup. Il y a de la marge pour faire des progrès, mais c'est moins la cata que ce que je redoutais.
Peut-être que si j'atteins les 100% avec un retard du même ordre, je me sentirai en confiance pour relancer mon challenge "une page par jour" pour enfin arriver à pondre mon 2ème tome. Qui sait ?

J'envisage sérieusement de regrouper tous les poèmes express de cette série dans un bouquin, en autoédition de préférence, genre BooksOnDemand ou MonBeauLivre ou PublishRoom ou le Kindle Direct Publishing d'Amazon (même si je ferai tout ce que je peux pour ne pas enrichir Jeff Bezos).
J'éviterai absolument de m'embourber de nouveau dans une relation contractuelle grossièrement déséquilibrée avec un éditeur pour de faux comme celui chez qui mon premier roman est paru : dans la mesure où cette maison n'a pas respecté la loi qui l'oblige à me verser mes droits d'auteur au moins une fois par an, n'a objectivement rien fait de concret pour promouvoir mon oeuvre et n'a su qu'encaisser mon fric pour me livrer des livres imprimés (ce qu'un imprimeur eut tout aussi bien pu faire), le contrat qui nous liait est caduc et j'en suis bien heureux.

Mais bon, tout ça, c'est un peu prématuré. 20% ça fait 73 poèmes déjà écrits et 292 encore à écrire...
Souhaitez-moi bon courage les aminches !
--G4rF--

jeudi 27 septembre 2018

Poème express [73/365] - Soleil

Soleil
L'avez-vous vue passer ? Sentez-vous sa lumière ?
Par où est-elle allée ? A-t-elle quitté la terre ?

Si je vous parle d'elle, si je la cherche tant
Qu'à toute heure je l'appelle, de l'automne au printemps,

C'est qu'elle est un soleil qui me fit héliotrope,
L'astre qui m'émerveille, moi le vieux misanthrope.

Sa course dans mon ciel dure le temps d'un éclair
Devenu essentiel dans mes nuits sans repère

Où je pleure son absence, et soudain elle surgit
M'offrant la renaissance, brisant ma léthargie

Parfois sans dire un mot, simplement d'un sourire
Qui glisse sous ma peau de métal et de cuir

Et me va droit au cœur plus sûrement qu'une lame.
Et son air moqueur, son silence, son charme

Dégonflent toute peur, font fuir toute angoisse,
Dissolvant la torpeur, faisant fondre la glace

Et me laissant ainsi, juste libre et heureux,
Debout, à sa merci, elle que je ne peux

Approcher sans bouillir, toucher sans me brûler :
L'astre de mon désir me reste prohibé.

Craignant le sort d'Icare, je ne peux me risquer
A commettre un écart qui me ferait chuter

Alors je vole bas, baigné par sa chaleur
Puis me revient le froid et s'enfuient les couleurs

Car elle s'en est allée par delà l'horizon.
Voilà l'obscurité, mon odieux compagnon

Qui revient à la charge, et m'étreint, et m'emporte
Vers le fond, vers le large, vers des étoiles mortes.

Perdu, désorienté, sans carte ni compas,
Je m'en vais, aveuglé, au hasard de mes pas

Appelant de mes vœux le retour d'une comète,
D'un éclair dans mes yeux, d'un soleil dans ma tête.

--G4rF--

Poème express [72/365] - Vache

Vache
C'était ma vache sacrée
Mais une vraie peau de vache
J'étais sa vache à lait
Elle avait l'amour vache

Vint le temps des vaches maigres
Adieu la vache qui rit
D'un coup de pied en vache,
La vache ! Elle est partie.

Me voilà avachi
Sur le plancher des vaches
A cause de ses vacheries
Et je crie "Mort aux vaches !"

--G4rF--

mercredi 26 septembre 2018

Poème express [71/365] - Paradis

Paradis
Trop longtemps accroché au souvenir ténu
D'une bribe, d'un reste de paradis perdu
Luttant pour enrouler le fil des mémoires
Assemblant un puzzle de pièces dérisoires

Il sent la douleur froide du vide qui s'installe
Clé de voûte envolée, tombe sa cathédrale
Temple commémorant les instants oubliés
Qui de pierre en poussière s'effrite et disparaît

Le tourbillon du vent en disperse les cendres
Laissant la place nette, et paraissant attendre
Un tremblement de terre, un grand chambardement
L'irruption imminente d'un nouveau monument

Qui surgira soudain, tout d'or et de splendeur
Un nouveau paradis, vibrant de mille couleurs.

Des plus beaux souvenirs, jamais un ne trépasse :
Si l'un d'eux disparaît, un meilleur le remplace.

--G4rF--

Poème express [70/365] - La cour des miracles

La cour des miracles
Il y a ceux qui vivent entre eux, qui sélectionnent et qui dégagent
Les malappris qui n'ont pas l'heur de présenter les meilleurs gages.

Il y a ceux qui évoluent sans satellite, sans entourage
Seulement eux connaissent leur but, personne ne suit leur sillage.

Et il y a les incongrus, ceux qui détonnent dans le tableau
Tels des soleils derrière les nues, et qui se moquent des niveaux

Ils choisissent de ne pas choisir, de ne jamais trier personne
Loin des meilleurs et près des pires, on penserait qu'ils déraisonnent

Qu'ils ont droit à meilleure place, qu'ils se gâchent en fréquentation
De gens de peu, de populace, qu'ils endommagent leur exception

Mais quand on est un de ceux-là, on se reconnaît marginal
Cela ne se décide pas, on voudrait juste être normal

Et en cherchant la compagnie du commun, du particulier,
On lutte contre une avanie, celle d'être singularisé

Cela me parle, je l'ai vécu, enfant brillant, presque prodige
C'était moi qu'on portait aux nues, bien que cela me désoblige

Qu'il est curieux ce sentiment d'être passé sur l'autre rive,
Laissant venir le poids des ans, je peux mesurer la dérive

Le sujet devient complément, et le centre périphérie,
Gravitant autour d'un aimant, le repère change, l'ego aussi

Orbite géostationnaire, en chute toujours rattrapée,
Le satellite, la montgolfière, sur le firmament accroché

D'où je m'amuse, en petit prince, à admirer la belle étoile
Car c'est pour elle que j'en pince, elle qui veut juste être normale.

--G4rF--