mardi 6 novembre 2018

Poème express [104/365] - Sombre

Sombre
Battue par le ressac sans trêve ni repos
La coquille de noix tangue, roule et se tord
Trempée par l'eau salée du mât jusqu'au plat-bord
Elle lutte vaillamment grâce à son matelot

Une drisse détachée, un pan de toile fendu,
Sa coque rebouchée par le bois des pinoches,
Au mince fil de l'espoir son courage l'accroche
Pour se tenir loin du rang des disparus

Voyez donc la noblesse de ce combat truqué
Où le faible s'épuise à parer la puissance
D'un adversaire sans face, violent et immense,
Niant par son mépris l'honneur au condamné.

A la barre en roue libre, le marin sans secours
Ne peut que constater l'échec inexorable
De l'embarcation qui sombre, misérable,
Sa fatale sentence s'abattant sans recours.

Un parmi des millions, dans ces frêles esquifs,
A être balayé par ce vent de noroît
Inhumain et glacé, venu prendre sa voix,
Pouvoir mortifère de nos pairs putatifs.
--G4rF--

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