lundi 28 septembre 2020

Poème express [232/365] - Ronronne

Allongé bien au chaud dans son terrier noirci

Croquant à petit feu son repas favori
Il se lèche les babines et tranquillement couve
Des braises de ses yeux sourd un éclat rougi

Enroulé sur lui-même dans un bain de chaleur
Où des fumeroles grises ondulent dans la torpeur
Il pose tel un roi dans un tableau parfait
De gris cendré, de rouge, d'irradiantes couleurs

Comme un maître au foyer, sur son trône alangui,
Il lèche de sa langue quelque morceau choisi
Qui bientôt rejoindra la suite du festin
Du félin encagé qui parfois y gémit

Et parfois y crépite, y crache ou y ronronne,
Dardant des yeux ardents sur ceux qui l'environnent,
Consommant, consumant, d'un appétit sans fin,
Ne laissant derrière lui que la suie, le carbone.

--G4rF--

Poème express [231/365] - Le hoquet

J'ai été pris d'une secousse,
Un spasme fort, inattendu,
Qui m'a remué tant et plus
Que j'en perdis toute ressource

J'ai subi l'onde tellurique
Qui m'a parcouru tout soudain
Et m'a fait remettre à demain
Tous mes "en retard", mes "critique"

Séance tenante il a fallu
Que de lui seul je m'occupasse
Concentré sur l'unique menace
Qui s'imposait sur mon vécu

Car rien d'autre n'était possible
Que mettre en pause les choses à faire
Et faire en sorte que l'entrée d'air
Redevienne calme et paisible.

Alors vint l'idée bienvenue
Qu'il fallait sans doute vivre ainsi,
Être prêt à être surpris,
Comme par ce hoquet incongru,

Et savoir alors tout stopper,
Tout ce qu'on fait quand une urgence
S'impose à nous et mène la danse
Jusqu'à nous envoyer valser

Qu'il nous revient d'être attentif
Aux secousses de notre monde
D'en reconnaître les grandes ondes
Et les tremblements décisifs

Sans se laisser en détourner
Par quelque miroir aux alouettes
Qui retienne nos yeux et nos têtes
Au moment de les affronter.

--G4rF--