mardi 19 décembre 2006

Poème express

 Fond sonore : Nine Inch Nails - Piggy 

              Va pas traîner
              Va pas jouer
              Ne va pas trop vite

              Faut regarder
              Faut protéger
              Ne va pas trop vite

              Faut éviter
              Tous les dangers
              Tu es si petite

              Et s'empêcher
              De t'imposer
              Mes peurs paniques

              Et toi tu es
              La légèreté
              Et tu vas si vite

              Faut accepter
              De voir pousser
              Sa fille unique.

-G4rF-

lundi 18 décembre 2006

Au fait...

Fond sonore : rien (pas le temps) 

       Pour ceux qui se demandent pourquoi ce blog est tout moche à lire maintenant, c'est que j'ai fait la bascule Blogger vers Google, que le charset utilisé est merdeux et mal reconnu, que je suis obligé de poster mes articles via mail au lieu d'utiliser l'IHM standard parce que le firewall de la Banque de France ne permet pas ce genre d'astuce. Bref, je bosse chez ParanoLand et c'est un peu lourdasse pour bloguer. Mais bon, never mind that, everything is still fucked up as planned. A partir de maintenant, je vais bloguer salement. C'est mieux que le silence.

-G4rF-

Histoire, philo, délires et béton armé

Fond sonore : Aqua - Barbie Girl

       En passant, je vous annonce que je suis actuellement en train de manger "Tant va la cruche...", futur nouveau membre de la collection "Polar" des éditions Manuscrit si mon ami François d'Orgon passe l'épreuve des 1000 relectures/réécritures et celle du comité de lecture. Précédemment, je me suis goinfré péniblement le "Villa vortex" de Dantec, que je ne relirai plus, c'est décidé, et "Le jardin du Bossu" de Franz Bartelt, qui lui mérite qu'on le lise et même qu'on le relise. Petit bouquin, grandes idées, un style nickel et un huis-clos formidable.
       J'en dirais pas autant de Dantec, qui m'a beaucoup déçu, car selon ma conviction le fait de vouloir développer ses propres opinions et étaler sa culture littéraire et sémantique à travers un bouquin ne devrait pas empêcher l'histoire de se dérouler. Or, à chaque nouveau livre qu'il sort, Dantec se lâche de plus en plus et au lieu de faire grandir et cultiver la trame de l'histoire qu'il raconte, il se perd tous les deux paragraphes en innombrables et assommantes pages de digression philosophique (au sens philo -aimer- et sophia -le savoir-) qui, en plus de laisser sur sa faim le type qui aime bien le style explosif de Dantec, dilue totalement le propos du roman : raconter une histoire.
       Bref, c'est plus du roman, c'est du monologue allumé, et si ç'avait été écrit sur la couverture, je l'aurais pas acheté. Parce que c'est chiant comme une conversation avec un camé. La sirène rouge, ok. Les racines du mal, excellent. Babylon babies, ok mais ça commence à déconner. J'ai zappé la série du Théatre des opérations, ça m'avait l'air pénible comme pas possible. Je suis revenu quand il a fini les essais et a sorti un roman, Villa vortex. Je n'y reviendrai sans doute plus.
       Pour revenir à mon ami François, sans être un fan absolu, j'aime bien le style et la truculence du propos. J'attends encore le bouquin de HaTcH pour alimenter la machine à dévorer des lettres, et j'attends encore une occasion de pouvoir prendre le temps nécessaire pour avancer sur mon tome 2.
       La vidéo de promo des HaggiS est presque prête, bientôt vous pourrez la voir ici même. Et ce sera bô. Oui m'dame ! Bô !
       A llez, je vous laisse, j'ai un max de taff et il me faut de la caféine.

-G4rF-

jeudi 30 novembre 2006

L'art du non-événement

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Juste un petit mot rapide sur le non-événement de la semaine : Sarko est candidat.
       Hier soir à la télé, ce matin à la une des gratuits, et sans doute un bon paquet de blabla sur l'étonnement incroyable qui saisit tous ceux apprenant que le petit Nicolas aimerait bien devenir grand et va donc maintenant faire campagne
       Je me demande ce qu'il faisait ces derniers mois qu'il ne fera pas dans les mois qui viennent. Je veux dire, est-ce qu'il n'est pas en campagne depuis plus d'un an ? Est-ce que tous les petits péteux non investigants des services de presse à râtisser large ne sont pas en train de l'aider à faire sa campagne depuis qu'ils ont pris l'habitude de répondre aux invitations du ministère de l'Intérieur à venir voir les descentes de keuf dans les cités (200 bonshommes pour choper 4 gus, une vingtaine de gratte-papiers pour couvrir ça, des portes fracturées par erreur, des gens terrorisés parce qu'ils ont le malheur d'être les voisins de palier des vilains qu'on vient serrer, bref une belle chienlit comme seul un flic avec trop de pouvoir peut en créer) ?
       Bref, y a-t-il encore quelqu'un en France qui ignore que Sarko veut devenir calife à la place du calife ? Non. Alors qu'est-ce que ça veut dire, cet emballement de merde ? Hmm ? Est-ce qu'il reste encore dans ce pays une presse assez courageuse pour exprimer ses opinions et dire clairement que "non c'est pas une surprise", "non c'est pas un événement", "non on sait déjà depuis longtemps qu'il va candidater", "non on va pas couvrir un truc que tout le monde sait déjà".
       Le principe de la presse et du journalisme consiste à informer. Ca, c'est pas une info puisque tout le monde le sait déjà. On appelle donc ça un non-événement. Et tous les journaux radiocommandés par les grands patrons de groupes de presse qui s'étendent là-dessus comme un bousier sur son mets favori, ça me fout la gerbe.
              Comme dirait mon ami ToF, le vrai truc intéressant, là, c'est qu'en se déclarant officiellement, Sarko a poussé à la limite sa campagne officieuse, pour laquelle aucun décompte de frais n'est effectué et pour laquelle il ne sera pas remboursé s'il dépasse 5% de vote au 1er tour. De prime abord, ça peut avoir l'air con, mais ça veut dire que tout le pognon dépensé en conférences de presse place Beauvau, en voyages urgentissime d'un bout à l'autre de la France et des DOM-TOM histoire de dire "j'étais là, je suis attentif", et toute la campagne médiatique qui en découle, c'est pour le contribuable. Et les frais qu'il va engager maintenant au nom de l'UMP, si c'est remboursé, ce sera aussi dans la gueule du contribuable.
       Plus clairement exprimé, Sarko se fout de l'électorat et lui coûte du blé pour sa petite gloire personnelle, et continue à faire danser les journaleux comme un marionnettiste, tout heureux qu'ils sont de se faire avoir par la star des caméras. Si ce type est élu, que croyez-vous qu'il se passera plus tard ?
       Qu'il deviendra d'un coup l'ami des pauvres ? Qu'il mettra la main dans la misère hors du champ de vision des télé-poubelles ? Qu'il s'occupera de prévention au lieu d'attendre comme aujourd'hui que les choses pètent pour dire après sur 12 chaînes "je vous l'avais bien dit" ? Car enfin, quelle espèce de politique consiste à regarder brûler la grange et discourir ensuite, debout sur ses ruines fumantes, sur l'importance de condamner avec fermeté la pyromanie ?
       Il y a eu le poujadisme. Il y a eu le mitterrandisme. La chiraquie. Les raffarinades. Il n'y aura jamais de hollandisme. Mais le sarkozysme existe, il est déjà là, et il fait des dégâts. Votez.

-G4rF-

vendredi 24 novembre 2006

Late, late, fuckin' late

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Savez-vous ce qu'est un hiatus ? C'est précisément ce qui vient de se passer sur ce blog : rien, nib, nada, que dalle depuis un mois et demi, quasiment deux. Alors qu'il s'en est passé, des choses, tu peux me croire mon ch'tit bonhomme. Tout ça sera raconté dès que j'aurai stabilisé la comète erratique qui trace la trajectoire de ma petite life à moi. D'ici une semaine ou deux, maxi, quoi.
       En attendant, keep up, et hurlez tous avec moi un bon gros merde à la civilisation des xylophages !

-G4rF-

jeudi 28 septembre 2006

Bilan et perspectives

Fond sonore : The Prodigy - Firestarter

       ... ou "Bienvenue dans le joyeux monde de la comptabilité".

       Ce fut une semaine de ouf. Ce fut un week-end bizarre. Et les mois qui viennent s'annoncent à l'avenant, bien que j'ai remplacé un problème par un autre. En attendant, à destination de tous les copains qui veulent savoir ce qui s'est passé effectivement ce week-end, voici l'agenda de dimanche à mardi.

       Dimanche matin. 5h00. Je sors du pieu, tiré du sommeil par la sonnerie de mon téléphone. Je me lève, je te bouscule, tu ne te réveilles pas, comme d'habitude. Dans le salon, ToF et sa douce pioncent tranquille. ToF se réveille. On fait le café et on se sappe dans l'obscurité pour pas réveiller les femmes et la gamine.
              5h30. Départ en bagnole pour Saint Germain en Laye. Deux bidons vides et une odeur de gasoil traînent dans la bagnole : il manque quelques litres pour être sûr d'avoir ce qu'il faut pour le voyage du bateau. Faudra faire le plein en arrivant.
              6h03. On passe le pont du Pecq, on attaque la montée de Saint Germain, à la bourre de quelques minutes sur l'heure du rendez-vous. Je téléphone au marinier. On se paume un peu. On poireaute 15 minutes sur place.
              6h30. Le marinier est retrouvé, on se plante de route une fois de plus pour partir, on finit par trouver le bon chemin. ToF, qui a déjà bien donnée vendredi et samedi, tente de se reposer un peu coincé à l'arrière du Kangoo.
              7h45. Arrivée à La Varenne-sur-Seine, pour remplir 40 litres de gasoil dans les jerrycans restant.
              8h10. Arrivée sur le chantier naval. On est dimanche, tôt le matin, y'a personne et c'est tant mieux : si je voyais le proprio, je lui pèterai la gueule avec joie. On s'active pour flanquer sur le bateau les jerrycans et tout le matos dont on a besoin pour faire le voyage.
              9h00. Ô joie ! Le moteur, qui n'a pas tourné depuis 3 ans, démarre au quart de tour ! Je ne regrette pas la quasi-brique que j'ai investi dans des batteries américaines pour faire démarrer le bousin. A titre indicatif, si un jour vous avez un démarreur comme le mien (Paris Rhône D15 E30), il vous faut 900 Ampère en pic pour le faire démarrer. Les batteries Odyssey 1700 s'en sortent fastoche. Même pas 3 secondes à tirer dessus ! Top facile ! Faut dire que le 1700, ça veut dire 1700 Ampères. Démarreur in the ass ! Héhé...
              9h30. Fin des manoeuvres, on quitte le quai. ToF s'en va sur le Kangoo pour revenir à Saint Denis. Que son nom soit béni sur 100 générations, voilà exactement ce qu'un ami peut faire pour en sortir un autre de la merde. Top cool. La cerise sur le gâteau, c'est que plein d'autres copains se sont proposés pour assumer son rôle de ce jour-là. J'ai plein d'amis. C'est grisant.
              10h30 : à l'orée d'une écluse, le marinier qui n'arrive décidément pas à gérer la gouverne hydraulique manque de couler mon bateau en l'éclatant contre un épi à l'entrée d'une écluse. J'ai beau lui dire qu'il ne faut pas se fier à l'indicateur du tableau de bord et arrêter de braquer le joystick comme un bourrin, il m'écoute pas. Je me vois déjà avec le moteur arraché de ses gonds et le bateau qui coule, qui coule, la honte, les emmerdes, les larmes, les couilles d'assurance. Plus de peur que de mal, mais à partir de maintenant le marinier je l'ai à l'oeil. S'il continue à faire le con avec le joy, c'est moi qui prend la barre, putain de merde !
              Jusqu'à 11h45 : c'est le pied. Je navigue à bord de mon bateau. J'en chie et je me crotte de partout pour balayer et flanquer à l'eau tous les résidus végétaux (et y'a du monde) accumulés à bord par des années de stagnation dans ce trou paumé de Chatenay-sur-Seine. A Chatenay-sur-Seine, la seule chose qui vaut le détour à mon sens, c'est les filles du Rolo-Bolo. Je ne les remercierai jamais assez d'exister, tellement leur présence, leur café, leur bouffe et leur amabilité m'a mis du baume en coeur dans mes jours de déprime. Si un jour je repasse par là, c'est clair, je leur rends visite. P'têt bien que je ferai péter les fleurs.
              11h45 : la putain de tuile. Contrairement à ce que j'avais lu sur les infos disponibles sur le site des VNF, les écluses ferment le dimanche midi ! En comptant le temps d'approche et d'amarrage, on se fait niquer à 4 minutes près, à l'orée du grand bief qui nous aurait permis de poursuivre notre voyage en mode super speed jusqu'à Suresnes ou Saint Denis. Merde ! Coincés comme des cons, moi et le marinier nous devisons moyennement joyeusement, en attendant désespérément que ça décoince enfin. A l'heure pile, nous sommes déjà à fond de train pour nous précipiter dans le bac de l'écluse.
              J'ai prévenu ma moitié par téléphone : contrairement à ce qui était prévu, on n'arrivera pas à faire tout le voyage en une seule fois. Dans le meilleur des cas, on pourra pousser jusqu'à Port-à-l'Anglais ce soir. Ablon normalement. Evry Petit Bourg si on n'a pas de pot. C'est moyennement la fête : tous les copains : auprès de qui j'avais sonné le rappel reçoivent mon SMS d'annulation. Schboum le forfait, mais avec tout ce que j'ai déjà dépensé, j'en ai plus rien à foutre.
              Milieu d'après-midi : un malheur n'arrive jamais seul, c'est tristement vrai. Alors que les copains du groupe se sont activés pour préparer malgré tout la passerelle et l'emplacement que nous visions sur l'Ile Saint Denis pour l'arrivée du bateau, patatras : la fête des marins d'eau douce qui devait se tenir deux semaines avant à lieu ce jour-là. Invité des pénichards, le maire de l'Ile Saint Denis passe un savon à ma moitié en disant qu'il ne faut pas débarquer comme ça, que l'emplacement est en fait déjà pris par un bateau parti en chantier naval, etc, etc. Copine en pleine déconfiture, les potes qui ont déjà débarqué le matos obligés, en plus de tout remballer, de gérer la énième crise qui nous tombe dessus, c'est la méga-teuf ce week-end : bien parti au départ, mal barré à l'arrivée. Au téléphone, à 60 km de là, j'assiste impuissant à la tuile supplémentaire qui vient de s'abattre sur mon crâne avant d'avoir fracassé celui de ma femme.
              Top ambiance. Si seulement ces couillons des VNF n'avaient pas perdu mon premier dossier et faisaient leur boulot en virant effectivement les bateaux poubelle, la question ne se poserait même pas : je serai déjà sur place, et je ne ferais chier personne. A partir de maintenant, c'est un coup de tension supplémentaire.
              Pendant que ça chie à l'Ile Saint Denis, j'essaie par téléphone et SMS interposé de remonter le moral de ma douce, tout en tanant le marinier pour qu'il monte dans les tours et qu'on aille le plus loin possible.
              18h30 : nous accostons à Corbeil-Essonnes. J'ai le moral dans les chaussettes, et peut-être même en dessous. On s'arrime à une péniche chargée de sable. Après un coup de fil compliqué à ToF, on trouve la gare du RER D, on se sépare avec le marinier. Rendez-vous le lendemain matin pour finir le voyage. C'est con, j'ai pris une vignette de navigation à la journée. Si on se fait serrer par les water-keufs demain, c'est pour ma gueule. Mais j'en ai plus rien à foutre, je veux qu'on arrive. Je réfléchis intensément aux solutions qui nous restent. Je laisse un message à mon chef au taff pour lui expliquer pourquoi il ne pourra pas compter sur moi le lendemain matin.
              19h00 : je suis dans le train, je réalise à quel point j'en ai marre que ma moitié s'effondre à cause de toutes ces putains de galère de péniche, et que ça ne peut pas durer comme ça. Changement de ligne de conduite : l'objectif maintenant, c'est de poursuivre le projet officiellement, et d'essayer de fourguer officieusement si rien ne marche. C'est un beau projet, cette péniche, c'est une grande idée et quelque chose qui vaut le coup de se battre, mais si ça doit me coûter la joie de vivre de ma femme, la péniche elle peut aller se faire mettre.

       Lundi matin. 6h00. Le réveil sonne, je me prépare, je traîne un peu les baskets. Je suis encore sale d'hier, je remets les mêmes fringues dégueu.
              7h11 : RER D à Saint-Denis, direction Corbeil-Essonnes. Je m'emmerde, je somnole. Je pense que si j'avais des relations, si j'avais des appuis haut placés, bref si j'étais un lèche-cul prétendumment ami avec des puissants plutôt qu'un type qui préfère avoir des vrais copains qui valent quelque chose, je n'aurai pas tous ces problèmes, mais je serai aussi très malheureux.
              8h02 : arrivée à Corbeil-Essonnes. Synchro avec le marinier, on part vers le bateau avec un super moral top délire youpi disco.
              8h30 : redémarrage dans la joie et l'absence totale d'allégresse. Il me reste pas mal de choses à gérer. Faut que je joigne le chantier naval pour les prévenir qu'on passe cet après-midi récupérer le groupe électrogène avant d'aller se garer. Faut trouver des gens pour ramener les écoires qu'on a bricolé avec ToF sur le site de stationnement n°2. Faut trouver une idée pour accrocher lesdites écoires, vu qu'on les a trifouillées pour qu'elles soient plantées en pleine terre, et que là on va devoir les planter sur du béton. Faut éviter la police.
              8h40 : manoeuvre de dégagement, on dépasse le bateau auquel on était amarré. Surprise surprise : il appartient à la famille ou à un ami de l'ancien proprio de mon bateau, qui est également l'enflure cosmique qui m'a arnaqué sur les travaux et m'a piégé dans son chantier de mes deux tentacules. Si j'avais un lance-roquettes... IDDAD ! IDKFQ ! BFG-9000 dans ta face, salopard !
              9h30 : mauvaise surprise qui revient. Une fois de plus, une galère à l'écluse. Non seulement les trois dernières écluses en amont de Paris sur la Seine fonctionnent à la vitesse d'un escargot asthmatique, mais en plus on est retardés à chaque arrivée par un convoi de 2 Freycinet qui nous oblige à chaque fois à poireauter 1/4 d'heure dans l'écluse avant qu'il pointe le bout de son nez pourri. Résultat : en vitesse moyenne, on va à peine plus vite que le courant.
              Le temps passe... on se goinfre chaque écluse à la vitesse d'une tortue agonisante, à cause de ce convoi de %$£µ !
              12h30 : ma moitié m'informe que sur l'impulsion salvatrice de l'ami Gwena, une bande de poilus sympatoches issus de sa boîte préférée vient trimer un peu pour trimballer à dos d'homme les écoires que nous avons bricolé avec ToF vendredi. Pendant ce temps, je machouille un sandwich en ruminant des pensées meurtrières. Ultérieurement, je bricole à l'arrache un système de fixation à base de pneu, de planche de bois, de fer à béton et de corde pour accrocher les écoires sur le bateau (ben oui, elles étaient prévues avec une extrêmité prête à être enfoncée en terre, et là on atterrit sur un quai en béton - du coup, le caoutchouc est mal placé).
              16h30 : après être passé autour de l'Ile Saint Denis et avoir constaté avec amertume qu'il y a 3 000 emplacements mariniers dont personne ne se sert jamais tout le long de l'île sur le grand bras, on s'arrête à hauteur d'un bateau tout pourri en train de moisir mollement, sur lequel on fauche un câble métallique niqué qui nous aidera à arrimer le bateau ultérieurement.
              17h00 : on s'arrête difficilement à hauteur du chantier naval où végète mollement mon groupe électrogène. Manque de bol, ils nous attendaient à 15h00 (merci le putain de convoi qui nous a retardé sa race) et donc, plus d'ouvrier, plus moyen de faire gruter la gégène à bord. Faudra se démerder ultérieurement...
              17h30 : on stationne enfin le bateau sur l'Ile Saint Denis. C'est le merdier. Le câble qu'on a récupéré est effiloché aux deux bouts : pas évident d'arriver à en tirer quoi que ce soit, faut bourriner à grand coup de marche avant pour serrer le noeud. Heureusement que Vaness et Gwena ont fait le déplacement. Mais bon, je peux pas tenir rigueur aux copains qui se sont déjà défoncés et rendus disponibles la veille de pas pouvoir revenir en chier une deuxième fois dès le lendemain, et un jour de semaine par dessus le marché... c'est éprouvant d'être mon copain, en fait ! :-)
              18h30 : fin de l'arrimage. Plein le dos, mal partout. J'ai niqué deux forêts à métal sur cette foutue écoire, et un disque de meuleuse (faut dire aussi que je l'avais serré comme un crétin). Gwena est manifestement malade, et je ne sais pas comment lui témoigner ma reconnaissance.

       Voilà. Il me reste quelques trucs à faire sur le bateau :
              - trouver un chantier naval qui accepte de me faire un papier qui dise que j'ai le droit d'amarrer mon bateau chez eux en attendant que les travaux démarrent
              - passer un bon coup de peinture sur le pont et le plat-bord, après avoir tout bien nettoyé à l'eau de la Seine (rassurez-vous, tout ce que j'ai à nettoyer et à flanquer à l'eau, c'est des petits bouts de branches mortes, des feuilles et de la terre. Je suis pas là pour polluer, moi) ;
              - verrouiller tout ce qui ne l'est pas encore avec du power cadenas qui tue
              - me morfondre en désespérant un jour avoir le fameux putain de petit papier de mes deux qu'on appelle C.O.T. et que je n'aurai sans doute jamais car la chance n'est pas avec moi.

       Je remercie à nouveau ici tous ceux qui ont mobilisé du temps pour m'aider, ceux qui ont trimé (en devant défaire ce qu'ils venaient d'accomplir pour certains) et tous ceux qui ont manifesté leur soutien. Même si je sens assez mal le futur du projet, simplement parce qu'il ne suffit pas d'être bien entouré pour parvenir à ses fins mais également d'avoir de l'entregent avec les hautes sphères, je me dis que si dans le pire des cas le projet péniche foirait ce serait pas bien grave. Avoir autant de potes qui se serrent les coudes pour vous, ça fait chaud au coeur.

       Bises au gasoil.
-G4rF-

mardi 19 septembre 2006

Semaine de ouf

Fond sonore : Buena Vista Social Club - Dos gardeñas

       Qui sait ? Peut-être à la fin de cette semaine me restera-t-il quelques grammes d'énergie ? Je vous laisse en juger. Ce post sera en 2 parties. N°1 : ce que j'ai déjà fait. N°2 : ce qui m'attend.

       Ce que j'ai déjà fait :
              - prendre rendez-vous avec un marinier retraité pour conduire ma péniche sous des cieux plus cléments.
              - acheter 4 jerrycans de 20 litres pour faire le plein de ma péniche
              - récupérer 6 pneus usagers pour en faire des pare-battages
              - acheter 2 x 10 mètres de corde synthétique pour attacher lesdits pare-battage
              - acheter 2 mètres de tuyau de PVC pour passer commodément la corde dans les pneus
              - contacter le centre de karting de Thiais pour récupérer des petits pneus usagés (je m'en servirai pour servir de butoir à mes écoires)
              - appeler Leroy-Merlin pour trouver des écoires en bois (poteaux ronds, 4m de long) : chou blanc
              - appeler Castorama pareil : que dalle
              - appeler Batkor : rien
              - appeler Point P : nib
              - appeler une scierie d'Aubervilliers : latchai
              - appeler le chantier naval pour connaître le prix d'une écoire : accrochez vous, l'unité en métal tout compris (accroche, pivot, etc) est à 1500 €
              - contacter des sociétés vendant du tube métallique de 2ème classe (déjà utilisé) et faire des devis
              - contacter un ferrailleur de Saint Denis pour savoir s'il a des tubes de métal
              - aller voir ledit ferrailleur
              - contacter Kiloutou pour réserver un groupe électrogène pour pouvoir oeuvrer sur le bateau et la passerelle
              - prendre les mesures de la passerelle pour dimensionner le plancher à installer
              - appeler à la rescousse les copains du groupe pour bosser avec moi dimanche
              - voir l'acheteur de la Fiat de Vaness ce dimanche

       Ce que je dois encore faire :
              - confirmer ma commande au ferrailleur
              - aller la chercher vendredi après-midi avec ToF et me trimballer ces inconfortables morceaux de métal à travers Saint Denis jusqu'à l'emplacement
              - faire le plein du réservoir (200 litres de gasoil mini) d'ici à dimanche
              - aller à Leroy-Merlin et acheter les planches pour la passerelle
              - acheter la vignette pour mon bateau vendredi matin chez VNF quai d'Austerlitz à Paris
              - minuter le trajet pour aller chercher le marinier dimanche à 6h du mat
              - trouver un copilote qui ramènera la voiture après que moi et le marinier ayons levé l'ancre
              - préparer les outils pour ouvrir la porte de la passerelle
              - acheter une serrure pour verrouiller la passerelle proprement
              - mobiliser encore plus de copains pour manipuler la passerelle
              - faire des courses pour avoir de quoi bouffer avec le groupe samedi 23
              - arrêter d'acheter des conneries avec du pognon que je n'ai pas
              - payer l'assurance de ma péniche en temps et en heure
              - croiser les doigts en espérant que les batteries de compet américaines arriveront à sortir de sa léthargie mon énorme moteur qui, contrairement à ce que je croyais, n'est pas un Renault mais un General Motors (mais ça tout le monde s'en branle, et c'est un peu normal).
              - trouver un créneau dans tout ça pour voir l'acheteur de la Fiat de Vaness et lui filer sa bagnole contre espèces sonnantes et trébuchantes.
              - aller en répèt mercredi soir
              - réparer le bloc alim de la pédale de Jay pour mercredi, et réparer l'alim de l'aspirateur de table dont j'ai connement cisaillé le câble au cutter en posant le sol à la maison récemment.
              - aller récupérer le groupe électrogène chez Kiloutou samedi
              - avoir enfin mon cousin Thomas au téléphone de vive voix pour le féliciter avec sa femme de la naissance de leur fille.
              - aller chercher les pneus de kart demain

       Ouf... évidemment, tout cela doit se faire cette semaine, en allant récupérer bébé chez la nounou tous les soirs à 18h, en faisant à bouffer, en gérant les crises de démangeaison dûes aux piqûres des £$%*µ de puces que nous avons récolté ce week-end chez le papa de Béa (Gégé, si tu m'entends, ta baraque, tu l'enfumes DIRECT !), le ménage, le bricolage des meubles Ikea, la vaisselle, les biberons sales, plus toutes les merdes qui nous tombent sur la gueule jour après jour et dont nous parvenons à grand-peine à nous sortir au prix d'une intense fatigue.
       Dans les semaines qui viennent, faudra que je donne à tous ceux qui ne l'ont pas encore reçu l'exemplaire de mon bouquin qu'ils m'ont commandé, que je renvoie les papiers que je dois envoyer, que j'aille chercher le Zodiac, que je peigne le pont du bateau, que je fasse une jolie plaque d'identité dessus, que je prépare les dossiers pour le financement des travaux du bateau... une putain de galère, quoi. Mais au moins, ça bouge ! Et si j'arrive à faire de ce bateau un lieu de vie et de rencontre comme j'en ai l'ambition, j'aurais au moins accompli un truc balaise dans ma vie, et ça j'en serai fier.

       Que tous ceux qui peuvent être là dimanche 24 Septembre se manifestent auprès de moi le plus vite possible. Que tous les autres croisent les doigts pour moi et me souhaitent bonne chance et un prompt démarrage du moteur. Yoho !

-G4rF-

lundi 4 septembre 2006

Zeu big fourre-tout !

Fond sonore : The Beatles - Sergeant Pepper's Lonely heart club band

       Aujourd'hui, j'ai envie de blogger, mais je sais absolument pas sur quoi. De quoi parler ?
              Ah si ! Parlons bouquin.

       Je suis en train de manger "Le monde selon Garp" de John Irving, qui est un livre de chevet de ma doulce. Sympatoche, et un peu trash. J'aime surtout le passage avec le sergent technicien Garp au début. C'est assez barré pour apparaître dans "Les contes de la Crypte"... Tant que je n'aurais pas fini, je n'aurai pas d'avis définitif, mais pour l'instant j'avoue que je préfère "La quatrième main" du même gars. Précisons que "Le monde selon Garp" est bien plus ancien, ce qui explique la différence d'écriture. En tout cas, tant que je lis, malheureusement je n'écris pas une ligne. Mais le tome 2 de RMA est en train de mûrir doucement. Je pense avoir trouvé quelques concepts vraiment sympa.

       J'ai laissé tomber mon petit bouquin de contes pour adulte pour l'instant. Autant l'idée est sympa, autant le contenu que j'y avais mis pour l'instant est à chier. Donc, à la benne, et on s'y remet.

       Other times, other news : un mouvement soudain et particulièrement balaise de ma péniche est prévu le dimanche 24 Septembre 2006. Appel à tous les copains et à toutes les bonnes volontés : je vais avoir besoin d'un max de mains pour m'aider. Manifestez-vous ! Malheureusement, à cause des préparatifs nécessaires pour effectuer le Grand Chambardement, ça va nous coûter, à nous et surtout à la marraine de ma gosse, un chouette de week-end en Normandie que j'anticipais avec envie. Pensez : plein de nénettes dans une grande baraque paumée au milieu de la verdoyante campagne, et avec elles, ma pomme, unique représentant du genre masculin. Moi !
              Dire que quand j'étais mioche je fantasmais là-dessus. Maintenant que je suis à deux, je peux pas décemment tenter d'en profiter. Je peux pas dire que ça me dérange fondamentalement (on peut parfaitement être tout comme moi un considérable obsédé doté d'un appétit sexuel insondable en son for intérieur, aidé en cela par une perversion particulièrement imaginative et retorse, et savoir se tenir correctement en société), mais c'est marrant comme rien ne se passe jamais comme prévu dans la vie...

       Encore un peu sur l'écriture (j'avais bien dit que c'était un gros fourre-tout aujourd'hui) : les préventes de mon bouquin sont pas mal, et je suis heureux de voir que de son côté HaTcH prend son pied à bosser sur son oeuvre. Ca m'aiguise les crocs... envie de manger un livre tout frais.

       Autre sujet : le travail. La nouvelle de ma démission semble avoir un peu pris de court mon employeur. Ceux qui me lisent régulièrement savent à quel point c'était dans l'air du temps. Mon employeur n'a bien sûr pas trouvé indécent de me faire remarquer que cela le mettait soudainement dans l'embarras, l'air de dire "tu pourrais faire attention, merde".
              Le détail qui coince, c'est que ça fait très très très longtemps que mon employeur me met dans l'embarras en m'envoyant chaque jour travailler à perpète dans des conditions sur lesquelles je ne m'étendrais pas ici, sans franchement y faire attention, y compris les innombrables fois où j'ai fait passer le message de mon immense désappointement (sur ce blog entre autres).
              Ce qu'il ressent, c'est pas de la vengeance, c'est pas de la haine, c'est juste le goût très particulier qu'on ressent quand d'un seul coup on se met dans les pompes d'autrui et qu'on s'aperçoit à quel point on l'a foutu dans la merde. Alors bon, tout cela est bien sûr très relatif. On ne parle pas de s'étriper, ici. Mais en attendant, j'ai bien plus confiance dans la capacité de mon nouvel employeur à me donner des conditions un peu plus normales pour effectuer mon travail, que dans celle de mon ancien donneur d'ordre à me faciliter la vie maintenant qu'il s'aperçoit à quel point il me l'a pourrie.
              Si vraiment ça lui tenait à coeur, pourquoi avoir attendu que je claque la porte pour tenter de corriger le tir ? Hmmm ? D'autres chats à fouetter, sans doute. Des problèmes au travail. Mouais. Moi j'avais des problèmes DE travail. Maintenant, j'ai des problèmes DE préavis. Ca allège considérablement le poids de la responsabilité professionnelle.
              Mais surtout ça me soulage formidablement de savoir que d'ici à quelques poignées de semaines, ce sera ciao bye bye, farewell Orly, Paray-Vieille-Poste et sa pauvre gare RER C où passe un train toutes les 15 minutes et où j'use mon énergie dans un projet auquel personne de mon ex-boîte ne m'a jamais aidé à croire.

       Que dire d'autre... je bosse à fond sur mes compos pour le groupe, en tout cas dans la courte fenêtre de temps libre que mes activités professionnelles et familiales me laissent. C'est-à-dire très très peu de temps. Ca me manque. J'ai pas touché à ma gratte depuis mille ans. Ca me manque terriblement. Je bosse à 100% sur mon Mac. J'avance bien. Mais c'est dur. Le groupe se démène, on va concertiser bientôt. Ca tourne bien. J'espère que ça va durer.

       Faut que j'écrive. Faut (toujours) que j'offre des fleurs à ma femme. Faut que je regarde les résultats de ZozoMillions pour voir que j'ai perdu. Faut que... faut que... fuck, j'ai tellement de trucs à faire ! Et si peu de temps... mais l'essentiel, c'est que l'envie demeure.

       J'vous kisse la molaire. C U soon.
-G4rF-

mardi 22 août 2006

Publié !!!

Fond sonore : Svinkels - Happy hour

       Ayé, j'ai reçu mon Bon à Tirer intégrant les dernières corrections nécessaires sur le bouquin. Go pour la fabrication ! A moi la gloire, la richesse, les femmes nues...
              Hum.
              Tempérons légèrement notre ardeur.

       Disons plutôt quelque chose qui reflète la réalité... A l'aide les potes, achetez mon bouquin et donnez-moi envie d'en écrire d'autres !
              Voilà, ça, c'est déjà plus crédible...
              Tout est donc disponible ici (chez Le Manuscrit.com) :
http://www.manuscrit.com/catalogue/auteur.asp?idauteur=6727
http://www.manuscrit.com/catalogue/textes/fiche_texte.asp?idOuvrage=7298

              Je sais, les prix de la version papier sont prohibitifs, mais si vous me le commandez à moi ce sera un poil moins reuch... soyez sympa les copains, lisez mon livre ! A votre bon (ha)coeur ! :-)
-G4rF-

mercredi 16 août 2006

Guess who ?

Fond sonore : Les Ogres de Barback - Pitt Ocha

       Qui l'eut crû ? Non seulement je reviens de vacances, mais en plus j'ai encore envie d'écrire dans ce vide (relatif) qu'est... lancez les roulements de tambour... la blOGOsphèRE ! Warf !
              Bon, je passe sur les photos de vacances. C'était pas mal, mais ça aurait pu se passer bien mieux. Par exemple, les choses sont plus faciles à vivre quand on est invité dans un cadre vraiment très classe à passer des vacances pépère dans une chouette baraque à deux pas de l'eau quand il n'y a ni méduse, ni bouchon, ni gros pété de thune qui vient vous faire la morale et se la jouer sous votre nez alors que vous ne lui avez rien demandé.
       Je vous laisse imaginer ce que je peux penser en mon fors intérieur du comportement des gros crétins qui s'imaginent que la réussite d'une vie se chiffre en euros et que lorsqu'on est issu de la plèbe, on ne devrait pas faire l'expérience du luxe parce qu'on n'y est pas préparé.
              A ceux-là, j'ai envie de chanter du Joe Dassin : "J'ai connu des lits de camp bien plus doux qu'un oreiller, et des festins de roi sur le comptoir d'un buffet de gare".               Parce que c'est vrai. Sur 4 personnes qui nous accueillaient cet été, l'une était positivement heureuse de nous recevoir, et nous espérons lui avoir rendu autant de gentillesse qu'elle a pu en déployer à notre endroit. Le second, son mari, n'était ni content ni mécontent, il était là, et ça lui suffisait. Grâce lui en soit rendue, quel que soit le contexte (car l'arrière-plan du bonhomme est loin de lui mériter la grâce).
       Par contre, les 2 derniers proprios de la baraque... Waaaah... hallucinant qu'avec une telle fortune on ne puisse toujours se payer ni coeur ni cerveau. A moins que la thune ne provoque des sténoses, ou des plaques d'athérome, enfin bref, un genre d'affection vasculaire propre à étouffer toute velléité de simplicité et de chaleur envers ceux qui ne sont pas, comme eux, frappés de scoliose à cause du poids de leur portefeuille qui les fait pencher là, comme ça, voir figure 1. Bref, c'eut put être très bien, ce fut un brin angoissant, et ce n'est pas sans une certaine satisfaction due à ma tranquillité relative retrouvée (je dis relative parce qu'habiter à Saint Denis force à relativiser bien des choses, mais au moins chez moi je ne vis pas crispé en attendant que le couperet tombe) que j'aborde les semaines qui viennent. Elles seront riches.
       L'association 5ème Art est enfin passée au Journal Officiel, ma moitié m'en a informé aujourd'hui.
              J'ai fini de relire mon bouquin et de relever les quelques conneries que je veux corriger et les centaines de conneries que le traitement de texte automatisé de mon éditeur y a introduit.
              Je dois d'urgence rappeler le marinier pour acheminer mon bateau avec ses batteries toutes neuves et sa jolie huile pour pompe vers des cieux plus proches de chez wam.
              Je dois payer des tas de factures.
              Je dois acheter des fleurs à ma femme (ça fait longtemps que je ne l'ai pas fait, trop longtemps en fait).
              Je dois faire des bisous à ma fille.
              Je dois nettoyer le frigo, découper des bouts de carrelage qui dépassent, gratter l'enduit de merde qui colle encore au parquet, acheter de la fausse herbe et la coller dans le séjour.
              Je dois écrire, écrire, écrire encore et toujours et trouver de nouvelles idées pour mon deuxième bouquin dont j'espère qu'il sera bien meilleur que le premier. Et ainsi de suite pour les suivants, inch'allah. Je préfère dire "inch'allah" que "si Dieu le veut" parce que je suis bien placé pour savoir que (1) Dieu n'a rien à voir là-dedans, et (2) si Dieu a quelque chose à y voir, il ferait mieux de s'occuper de trucs plus sérieux, bordel.
              Je dois surtout trouver l'énergie pour surmonter l'ambiance détestable de ma ville et arriver à dormir un petit peu pour aimer de nouveau les lendemains à venir.
       Au fait, j'emmerde fondamentalement tous les fondamentalistes. Chiites, sunnites, israëlite, bretonnite, n'importe-quiite, quelle que soit ton ethnie et ta croyance, t'as pas le droit de taper sur les gens, et tu dois encore plus de respect à ceux qui croient à autre chose que toi, parce qu'ils se pourraient qu'ils aient raison et toi tort. Le fondement de la vie, c'est l'expérience, et la découverte de ce (et ceux) qui t'entoure(nt). La foi et le prosélytisme, en ces années de monnaie et de religion mal placée, c'est rien d'autre que le contraire.
-G4rF-

dimanche 30 juillet 2006

Vacaciones !

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Ayé, j'me barre ! Seulement 2 semaines de temps libre, seulement de la musique sur mon portable, seulement du temps pour ma gueule, ma famille et moi... J'ai peur que 2 semaines ça soit un peu court. Mais on va en tirer le meilleur.
       Extinction des mobiles, sauf plan bouffe et urgences vitales !
-G4rF

mercredi 19 juillet 2006

Rejoyce !

Fond sonore : Nine Inch Nails - The hand that feeds

       Message court aujourd'hui : plusieurs raisons de se réjouir.

       D'abord, l'ami HaTcH a attaqué un blog. Good luck et alimente-le mieux que moi, ça a très vite faim ces conneries-là !
              Ensuite, l'ami HaTcH a également attaqué un bouquin (allez voir son blog si vous me croyez pas !). Entre lui, moi et l'ami Tom Floyd, ça va finir en webring d'auteurs... Why not, après tout.
              Autre raison de se réjouir : dans la même veine, les éditions "Le Manuscrit" m'ont enfin fait parvenir le Bon A Tirer de "RMA". Ouf ! Je commençais à désespérer... Dernières corrections à appliquer, et boum on se lance. Prochainement, ici même, un lien vers les sites où vous pourrez vous procurer la version papier et la version e-book.
              Seule ombre au tableau, à cause de contraintes particulières, ce n'est pas la toute meilleure version (enfin, la plus aboutie à mon goût) du bouquin qui va sortir. Mais elle est quand même très proche de ce que je voulais. Donc, youpi !

       Voilà. J'entame ce soir une semaine et demi de vie de célibataire, en attendant que femme et enfant me reviennent de leur séjour en Picardie avec des belles couleurs et une forme plus reluisante que la mienne. Pour ce dernier point, ça devrait pas être trop dur, vu que je suis lessivé et terriblement lassé par mon taff. Mais bon, faut bien gagner sa croûte. La valse des CV reprend ! Plus de sous ! Moins de conneries au boulot ! J'y crois à mort !

       Pour cette dizaine de jours, j'ai un max de trucs à faire, et je sais pas si je pourrais faire face. Le plus gros problème : il faut que je recrute des bras pour m'aider à faire un tour sur la péniche et installer mes batteries. Un ou deux potes dispos un dimanche pendant 5 à 6 heures et ce sera plié. Bon, je vous laisse, j'ai des coups de fil à passer... putain j'y crois !
-G4rF-

jeudi 13 juillet 2006

Juste un joueur

Fond sonore : Bénabar - Bon anniversaire

       ...et pas un diplomate, ni un éducateur, ni un modèle humain de réussite. Voilà, il fallait bien que j'en cause histoire de laisser enfin la période Mondial-football-youpi-chanson de merde derrière nous.
              Zimzin Zidamn, c'est juste un joueur de balle au pied. Si y'a bien un truc qui m'a cassé les noix, ces dernières semaines, c'est le Mondial. Et si y'a bien un truc qui m'a fait chier plus que le reste, c'est la bulle Zidane qui, comme la bulle Internet, n'a pas cessé d'enfler. Et de me gonfler par la même occasion.

       Flashback. J'ai dix ans, j'habite Limours-en-Hurepoix et, avec mes joyeux camarades de classe, je joue au foot dans l'entente Briis-Limours. J'achète les vignettes Panini que je colle fébrilement dans mon album, et je me désole de toujours récupérer les mêmes gueules et de ne jamais pouvoir compléter mon album. Il manque toujours une vignette. C'est de plus en plus cher. Au final, j'abandonne Platini, Giresse et Tigana à peu près à la même époque où j'abandonne le foot et où je me mets au basket.
              Le business du football venait de faire de moi sa victime pour la première fois. Et mon album était toujours incomplet.

       Quelques années plus tard, je suis tout seul comme un con à dire que, comme lorsque Loft Story passait à la télé, je me refuse à participer à la mascarade. Je ne regarderai pas. Je me tiendrai à l'écart du foot. Et Dieu sait si c'est totalement impossible d'y échapper.

       Pendant 4 semaines, aucune échappatoire. Dans le métro, dans le RER, sur les journaux, les pubs, à la radio, à la télé, du foot, du foot, du foot. On crucifie Domenech, on le réhabilite 2 jours après (à ce sujet, lire la tribune de Bernie Bonvoisin dans le Metro d'aujourd'hui. Un régal). Moi : je m'en branle. Le foot me gave. Le foot, je veux bien y jouer, limite regarder un bon match avec des potes. Mais je ne vois pas en quoi ça justifie de sortir dans la rue, de beugler, de balancer des pétards et de tirer des fusées toute la nuit (tout le monde s'en branle, mais ça réveille ma gamine, et ce qui réveille ma gamine la nuit me met particulièrement de mauvais poil).

       Je ne comprends pas en quoi la victoire en demi-finale d'une équipe de gars dont je ne connais les noms que parce qu'on me les a enfoncé à coup de télé dans le crâne justifie les morts avinés et le scooter en train de flamber Porte Maillot à 3h30 du matin.
              Je veux dire, soyons réaliste : qui d'entre vous a déjà vu de ses propres yeux Zinedine Zidane ? Qui a serré la main de Claude Makélélé ? Qui a déjà bu un verre au comptoir avec Patrick Vieira ? Qui a déjà bouffé de la Danette avec Lilian Thuram ?

       Bref, qui les connaît vraiment, ces gugusses ? Au point de s'enthousiasmer pour eux ? C'est quoi, leur contribution tangible à votre bien être dans la vie ? D'avoir fabriqué des perdants dans l'équipe d'en face ? Je veux dire, merde, ce sont des joueurs de ballon. Talentueux dans leur partie, certes, professionnels, certes, royalement payés, certes. Mais ce sont juste des putains de joueur de balle ! Quand l'illumination les frappe, ils reversent une partie de leurs gains à une association caritative quelconque, ou créent une fondation (y'en a déjà assez, n'en jetez plus). Le reste du temps, ils profitent du blé que le sponsoring de masse, le matraquage publicitaire, les droits de retransmission télé et l'omniprésence télévisuelle des onze bonhommes échappés du baby qui courent sur le terrain derrière une baballe leur assure chaque jour.

       Combien de SMICards pourraient subsister toute une année avec une seule journée de paie d'un Zidane, d'un Beckham, d'un Anelka ? Un bon paquet. Combien de SMICards protestent dans la rue quand on annonce 75 millions d'euro pour le transfert de Zidane à Madrid ? Pas grand monde.
              Il est là, le problème. Le Mondial, comme toute grosse manifestation sportive où plus d'un sponsor est présent et où plus de 100 000 euros sont nécessaires au budget d'organisation, n'est rien d'autre qu'un gigantesque écran de fumée, qu'on applaudit quand il apparaît parce que la populace est conditionnée pour le faire à coup de Téléfoot et d'interviews de Chirac avec les sportifs. Et derrière cet écran de fumée, il s'en passe, des choses.

       Du pain et des jeux, et c'est la loi Sarkozy sur l'immigration qui passe au Sénat comme une lettre à la Poste (à l'époque où la Poste n'était pas un parangon de lenteur), mais personne ne gueule, personne ne proteste : faut les comprendre, les gars. La politique c'est chiant, faut s'intéresser, faut s'impliquer, et pis ça fatigue bien plus que de poser son cul dans le canapé, téléphoner à Spizza 30 et se laisser bercer par l'illusion du black-blanc-beur national tandis qu'Arno Klarsfeld va se charger, avec ses moyens pour le moins limités, de faire le tri totalement subjectivement entre le bon immigré et le mauvais immigré comme lui a demandé Sarkozy. Façon "y'a le bon chasseur, et y'a le mauvais chasseur".

       Dans les odeurs de margherita et de 8-6, qui se soucie du lendemain ? Personne. Dommage. C'est de vos gueules qu'on se fout en faisant passer Zidane pour un héros. Ceux-là même qui le placent sur un piédestal ont des comportements étranges. Joseph Blatter, président de la FIFA, et a priori à la tête d'un budget colossal pour organiser ses Jeux pas très olympiques, rechigne toujours à instaurer le contrôle vidéo pour l'arbitrage. Quel paradoxe ! Est-ce qu'un sport où tant de sommes et d'intérêts privés sont en jeu n'aurait pas intérêt à utiliser le caractère indiscutable de l'image pour s'assurer de fonctionner dans la sérénité ? Aah mais non.
              Ca exigerait d'être "sport". Et pas d'être "thune". Les erreurs d'arbitrage, ça fait parler du foot. Et on t'en rajoute une couche à la télé, des démentis outrés, ça fait du temps d'antenne où on parle de foot, et on maintient l'ancrage du ballon

       Finissons-en avec l'exemple du coup de boule de Zidane. Plusieurs polémiques ont démarré à ce moment-là :
              1- Qu'a bien pu dire Materrazi pour faire sortir de ses gonds le chouchou des ménagères de moins de 50 ans (pubs d'assurance, de shampooing, d'eau minérale, on doit l'aimer dans les chaumières ce gars-là) ? Traiter sa mère malade de pute ? Lui dire que sa soeur suce des boucs ? On le sait à peu près maintenant, y'a un peu des deux.
              2- Est-il vrai que le 4ème arbitre, consulté sur la faute dénoncée à juste titre par le gardien italien Buffon, a pris sa décision en matant le ralenti sur le contrôle vidéo à ses pieds, devant le banc des coachs ? Ce serait contraire aux règles de la FIFA. Ouille, je sens que ça va le déranger au moins 10 secondes, le Blatter.
              3- Que penser d'un capitaine d'équipe nationale qui, le jour de son dernier match, pète les plombs en pleine finale et flingue d'un coup sa réputation et son prestige ?

       Les réponses tiennent toute en ce simple fait : Zinedine Zidane est un joueur de football. Pas un prix Nobel. Pas un Mandela, ni un Gandhi. Pas une Ingrid Bettancourt, ni un Claude Lévi-Strauss. C'est pas Zola, ni Alfred Dreyfus, c'est pas Pierre-Gilles de Gênes ni Maxime Chattham. Zinedine Zidane, je le répète, est seulement et strictement un joueur de balle au pied.
              S'il avait été malin, au lieu de coller son front dans le plexus d'un pauvre abruti, il l'aurait poussé de la main. Carton jaune au pire, et il continue à jouer. Mais voilà, c'est pas un Normalien, Zidane. Il a vu rouge et il a donné un coup de boule.

       Preuve qu'il n'est pas très malin (je sens que je vais encore me faire des copains chez les gens incapables de mettre de côté leur subjectivité), au moment de se justifier, il dit qu'il s'excuse auprès de ceux que le geste a contrarié (ceux, en clair, à qui on a enfoncé dans le crâne que Zidane est un exemple et un modèle d'humanité) mais qu'il ne regrette pas son geste. S'il était devant un tribunal, il dirait qu'il le regrette, et il aurait intérêt à être sincère.
              Parce que s'il était agrégé de philo, il comprendrait que répondre par un coup de boule à des insultes de bas étage proféré par un gars publiquement reconnu comme étant bourrin et fin comme du gros sel, c'est jouer au plus con avec un imbécile, et gagner le titre de plus con des deux. Voilà.

       Z
idane, il joue bien au foot, il vend bien des produits avec sa bonne gueule de gentil garçon, mais c'est juste un joueur de balle au pied, avec ses forces, ses faiblesses et ses conneries. Un humain normal, quoi. Mais payé un max. Et retraité avant de pouvoir faire sa crise de la quarantaine. Ca tombe bien, il a déjà sa voiture de sport.

       Alors franchement, faire d'un bonhomme comme ça l'idole des foules et le nouveau Superman, ben moi ça m'énerve. Forcer tous ceux qui n'ont pas envie d'acheter un maillot ni une corne de brume, ni de chanter la Marseillaise en buvant de la bière face à leur télé, à subir les assauts monétaires de l'économie Mondial, ben je trouve ça lamentable. Aujourd'hui, si tu parles pas foot, t'es un paria. Si t'as pas un avis sur Zidane, t'es un pauvre naze. Si tu kiffes pas le foot, tu es hors norme, et c'est à peine si on te parle. Inutile de le dire, on t'écoute encore moins. Dans un article de Charlie Hebdo de cette semaine, on apprend qu'il y a eu plus de blessés pour les festivités "spontanées" du Mondial en France que lors des manifs anti-CPE. Cherchez l'erreur (et je parle pas des morts pour le foot. Y'en a pas eu pour Villepin. Curieux, non ?).
              Allez demander au petit vieux qui s'est fait rosser par des hooligans tenant absolument à peindre son clébard en bleu-blanc-rouge, à la nénette qui s'est fait violer en marge des festivités par des pseudo-supporters profitant surtout du chaos général pour accomplir leurs forfaits, aux propriétaires de magasins dont les vitrines ont été saccagées, à ceux qui ont retrouvé leur bagnole transformée en feu de joie ce qu'ils pensent de "l'effet Mondial". Ils en pensent la même chose que moi.

       Je suis heureux que la France ait perdu la finale. Ca me sauve mon été. Pas de retour victorieux des Bleus, pas de manifestation de joie stupide et intempestive sur mes lieux de villégiature. Pas de maillot de foot sur le dos de tous les gosses. Pas d'interview à rallonge des Bleus. Et par dessus tout, pas de champ de supporter débile à chaque fois que quelqu'un réussit quelque chose. Le "et 1, et 2, et 3 zé-ro !" m'avait suffisamment épuisé.

       La chanson de merde de Cauet, dont tout le monde a repris comme des abrutis le refrain bien ficelé "Zidane y va marquer" sans s'apercevoir que dans le reste des paroles, qui est à la hauteur de ce que Cauet produit de mieux (c'est à dire pas terrible), on chie sans vergogne sur des tas d'autres joueurs de foot qui ont le malheur de ne pas plaire à cette sous-intelligentsia de "ceux qui savent qui est un bon joueur et qui est un mauvais joueur" sans jamais avoir tapé dans un ballon ni mis un but de leur vie : EXIT ! Petit rappel pour les distraits : il y a quelques années, Cauet était condamné au civil pour s'être réjoui en direct à la radio de la mort d'un flic. Quel formidable homme de media que ce gars-là... C'est sûr, j'ai envie d'être son pote, de me réjouir à ses blagues vaseuses et de chanter avec lui ses pauvres pourritures qui évoquent plus du Nuls de seconde zone que l'exquise finesse d'un Dac ou d'un Desproges. Et pourtant, ceux-là aussi rigolaient des blagues de pet. Mais ils pouvaient se le permettre : immenses d'ironie et de culture ils avaient assez de talent pour s'abaisser à rire gras sans se tâcher. Cauet, lui, quand il fait ce genre de blague, est sur la pointe des pieds debout sur un escabeau et tend le bras aussi haut qu'il peut. Du coup, ça sent un peu l'aisselle.

       Cauet a besoin du Mondial, ou de n'importe quoi d'actualité pour faire parler de lui. Il ne se suffit pas à lui-même pour créer sa notoriété. Voilà où il en est. Je crains fort pour lui que jamais il n'aille plus haut. Tant qu'il y aura du monde pour aimer Cauet et ses chansons Royco (une minute de boulot, et t'as de la soupe), alors que franchement, je préfère cent fois ses acolytes et leurs délires en second plan parce qu'ils ne se prennent pas 2 secondes au sérieux, il y aura du foot à la télé tous les soirs. Tant pis pour moi.

       Sur une note d'espoir et pour montrer que ce n'est pas le foot, mais l'exploitation qu'on en fait qui m'exaspère, je veux dire que j'espère qu'il reste en ce bas monde, en dehors de moi et Philippe Val, quelques humains qui savent reconnaître une machine à faire consommer quand ils en voient une, et qui préfèreront toujours jouer au foot façon Bénabar :
              "On entame l'éternel foot tout bidon
Avec les poteaux de but en blouson
On va discuter le score en crachant nos poumons
Et jurer d's'arrêter de fumer pour de bon

              J'ai besoin d'être seul, j'marche face à l'océan
Pour faire le point au contact des éléments
Mais tout c'que j'en conclus, j'dois pas être un poète
C'est qu'ça doit être chiant, très chiant d'être une mouette

              Bon anniversaire... petit trentenaire..."
-G4rF-

vendredi 23 juin 2006

Le parfum d'Emmanuelle

Fond sonore : Rage against the machine - Fistful of steel

       Hé non, tas de vieux cochons, je suis pas là pour vous exciter avec des pseudo films de boule façon M6 "ça couine mais ça se touche pas". Non, moi, quand je parle du parfum d'Emmanuelle, c'est d'un parfum très particulier et d'une Emmanuelle très particulière que je parle.
              Ou plutôt, que je me rappelle.

       Pourquoi cette soudaine plongée dans des vieux souvenirs dont, je n'en doute pas le moins du monde, vous n'avez rien à cogner et d'une certaine façon je vous comprends ? Juste pour montrer à quel point, loin d'être statiques et verrouillés, totalement esclaves de nos angoisses, de nos peurs et de nos échecs passés, nous sommes pour la vie entière des êtres toujours renouvelés, sommes de nos expériences, à la fois les mêmes gens et des personnes totalement différentes.

       Le parfum d'Emmanuelle, c'est le parfum d'une fille dont j'ai été amoureux comme on peut seulement l'être lorsqu'on a été seul et à l'agonie sentimentale pendant très longtemps. Pendant très, très longtemps.

       Ca remonte à une dizaine d'années, maintenant. Et pourtant, ce parfum, quand par hasard il vient effleurer mes narines lorsque par inadvertance je hume dans une rue le voile délicat d'une fille inconnue portant la même fragrance, ce parfum me fait plonger loin en arrière et ressuscite en moi celui que je fus, que je ne suis plus et que pourtant je n'ai jamais cessé d'être.

       C'est curieux d'écrire ça, comme ça, mon portable sur les genoux dans un métro de la 14, alors même que sur le fond de mon écran s'affiche la photo sublime de ma moitié vitale, de la mère de mon enfant. Ma femme, quoi. Mais ce n'est pas incompatible. On peut aimer et avoir aimé.

       J'aime ma femme. Et j'ai aimé à l'excès Emmanuelle. Quand je dis à l'excès, je veux vraiment dire que c'était trop. Aujourd'hui, je ne la vois plus, et sans doute ignore-t-elle tout de mon existence actuelle, et c'est ni mal ni bien, c'est juste la vie.
              J'ai su, parce que je l'ai vu passer à la télé, qu'elle est en couple et qu'elle a perdu un premier bébé. Ca m'a touché. Elle n'est plus celle que j'ai aimé. Mais ce parfum qui était le sien, qui était sa marque au fer rouge dans les tréfonds de mon âme instable d'adolescent attardé et d'incorrigible romantique franchement couillon sur les bords, ce parfum n'a rien perdu de sa force et de sa capacité à me remuer l'âme.
              Mesdames, sachez-le, il y a beaucoup de mental en nous, mais certains aspects physiques prennent parfois une importance inattendue. Pour moi et pour quelques autres, l'emprise du parfum de quelqu'un qu'on aime est comme un hameçon planté directement dans le coeur. Des années après, j'en sens encore l'emprise, comme une plaie ouverte que je n'ai jamais vraiment voulu refermer.

       Je n'ai jamais su quelle était la marque de son parfum. Et à vrai dire, je ne pense pas que je souhaiterai le savoir. Le respirer trop facilement lui ferait perdre sa substance. Ou alors, il faudrait que j'en chope un flacon, que je le congèle, et que dans 40 ou 50 ans je le ressorte et je m'en fasse un gros shoot. Pour voir.

       C'est ma madeleine de Proust, ce parfum. La fougue débordante avec laquelle j'ai aimé cette fille, qui n'était vraiment pas pour moi (et réciproquement). La violence (car il s'agit de violence) avec laquelle j'étais déchiré de n'être point son compagnon. Tout est contenu dans quelques molécules aromatiques adroitement dosées et mélangées. Un interrupteur, câblé directement sur le désir, l'envie, l'excitation. La passion. Les sentiments les plus fondamentaux.

       A la réflexion, et après la lecture d'un recueil de pensées écrit par mon ami Tom Floyd (qui se reconnaîtra s'il a du temps à perdre à venir lire mes bafouillages), je pense que j'ai éprouvé le besoin de parler du parfum d'Emmanuelle parce qu'il m'est précieux comme peu de choses. Impalpable, insaisissable, on ne peut me le voler ni le dénaturer. C'est une porte ouverte, un sas vers une strate inférieure de moi.
              Celui que je suis aujourd'hui n'aime plus comme avant. J'aime toujours, mais je suis plus à l'aise. A l'époque, comme dirait Tom, je cherchais plutôt à m'aimer en m'imaginant avec cette somptueuse créature, cet incroyable garçon manqué si belle et désirable, amusante et passionnée, tellement différente et tellement proche à la fois de ce qu'il me fallait vraiment, et que j'ai aujourd'hui.
              Pour parvenir à la satisfaction qui est la mienne, et qui est celle de quelqu'un qui n'éprouve plus le besoin de se remettre en cause émotionnellement parce que ce vide atroce qui m'habita si longtemps est désormais comblé bien mieux que je n'aurais pu le souhaiter, j'ai d'abord dû aimer celui que j'étais.

       Le petit garçon qui ignore toujours quelle espèce de fierté imbécile l'a poussé à ne plus adresser la parole à Hélène, son grand amour des petites classes, du jour de son entrée au collège, un an d'avance dans la poche comme si j'étais Superman. Quel con ! Le jeune connard qui se renfermait sur lui-même, imaginait des films en cinémascope dont il était le héros et pour qui les filles se pâmaient, bref, la cervelle en ébullition et la quéquette en berne. Celui que j'étais. Les conneries que j'ai fait. Le mal que j'ai pu faire autour de moi, dans ma famille, à mes amis, à tous ceux que j'ai admiré autant que je les jalousais, pour qui le petit prodige à la si grande mémoire semblait parfois tellement transparent. Aux filles qui ont fait les frais de ma langue de vipère quand j'étais incapable, verrouillé à triple tour par mon envie d'image sublime et d'être un type formidable, de simplement avouer mon désespoir d'être jamais aimé.
              A celles qui se sont heurtées à la violence inouie et la connerie fondamentale qui étaient miennes lorsqu'elles m'avouaient un sentiment égal au mien, et que je les rejetais connement, incapable de réaliser qu'il n'y a pas d'amour sans réciprocité, qu'une déclaration de quelqu'un vers moi était au moins aussi sérieuse qu'une déclaration de moi vers quelqu'un d'autre, qu'il s'agit d'une épreuve redoutable et terriblement angoissante et qu'il n'y a rien de plus douloureux quand on n'a que 13 ans que d'affronter ce que je leur fis subir. Je n'ai jamais retenu leurs noms. Voilà sans doute le pire des maux que j'ai occasionné. Je n'étais pas amoureux d'elles, mais était-ce une raison valable d'être si minable et fat, plein de vanité et de cruauté gratuite ? Non. Rien ne peut justifier ça. J'étais un surdoué, et j'étais donc assez intelligent pour constater, si l'autocritique honnête avait été ma tasse de thé, que j'étais aussi un sale petit connard orgueilleux et sans coeur dès que ça m'arrangeait. Ca m'a arrangé souvent. Je le regrette encore.
              Toutes ces stupidités, ces crasses, ces actes de méchanceté ou de bêtise gratuite qui ont émaillé mon passé et qui sont malgré moi devenus les fondations de celui que je suis aujourd'hui. Comme toi, comme nous tous, j'ai un max de squelettes dans le placard.
              Tout ça, il m'a fallu l'aimer. Accepter ma part d'ombre, pour pouvoir la distinguer et m'en détacher autant que possible, la traînant derrière moi comme un boulet qui frotte le sol et qui s'use, lentement. Jusqu'à, peut-être un jour, se détacher ?

       Le temps a beaucoup passé. J'ai fini mes études. J'ai un taff. J'ai un logement. J'ai une femme incroyable, et j'ai une petite fille qu'il va me falloir guider sans la pousser, et à qui je devrais offrir plus de liberté et d'amour que je ne pense pouvoir en produire. Mon groupe de musique cartonne dans son petit coin. J'ai écrit le bouquin que je rêvais d'écrire, j'ai une suite en chantier, j'ai des projets plein la tête et l'envie d'accomplir dans le concret ce que mon travail m'empêche tout simplement d'obtenir. Je n'ai plus franchement d'ennemi juré, j'ai plutôt des rancoeurs et des déceptions, mais je m'efforce aujourd'hui d'aller vers l'autre, de garder le contact avec ceux qui m'ont blessé ou ceux qui me fatiguent. Je n'y arrive pas toujours.

       Et le parfum d'Emmanuelle, dont je ne veux pas connaître le nom, tire parfois vers la surface un pan entier d'existence où j'étais plus vif, plus fort, plus violent, plus con et plus intelligent à la fois. J'étais un moi plus petit qu'aujourd'hui, nerveux et instable. Et malgré toutes mes conneries de l'époque, j'en garde de la nostalgie. Il m'a fallu presque 10 ans pour me regarder avec un air compatissant, et dire au "moi" de cette époque : "t'es qu'un petit con, et tu ne t'en rends pas compte, bouffi de suffisance et de terreur que l'on voie ce que tu es vraiment. Comme si quelqu'un en avais quelque chose à foutre de tes angoisses existentielles : ils ont déjà les leurs ! Eux aussi les cachent ! Mais c'est pas trop grave, petit gars. On peut encore sauver les meubles. Un jour tu supporteras ton visage dans le miroir, parce que tu ne seras plus le même".

       Les meubles sont à peu près sauvés à ce jour. Je suis presque en paix avec mon passé. Celles qui ont gravé leur nom bien malgré elles dans ma vie, Soizic (maternelle), Hélène (primaire), Véronique (collège), Béatrice (lycée), Emmanuelle (IUT), Céline (IUT - école d'ingé), Nathalie (école d'ingé), Céline (la même un peu plus tard), Anne-Laure (paix à son âme), Nathalie (pas la même), je pense que je pourrais aujourd'hui leur faire face et leur demander simplement pardon d'avoir été si bête. Pour soulager ma conscience, mais aussi pour être enfin parfaitement honnête avec elles, ce que je n'ai jamais su faire vraiment avec qui que ce soit avant de rencontrer ma femme.

       Il ne suffit pas de l'écrire, il faut aussi le faire. Il faut le faire vraiment. Ce sera plus dur que tout. Mais j'en sortirai encore bien plus droit que je ne pourrai jamais l'être sinon. Quelques coups de lime sur le boulet, quelques particules de limaille tombées à terre pour alléger mon fardeau.
-G4rF-

lundi 12 juin 2006

Verbiage

Fond sonore : François Pérusse - Cette petite chose

       Dormi 4 heures cette nuit. J'aurais pas dû finir de regarder Shaolin Soccer, mais bon c'est tellement con qu'il fallait que je tienne.
              De nombreuses choses se passent en ce moment dans ma vie. En version télégraphique : bébé un peu malade STOP allergie reprend malgré traitement cortisone STOP chaleur insupportable STOP mal de crâne persistant STOP musique de plus en plus cool STOP galères avec des copains qui restent en souffrance STOP plein de Pérusse à trier STOP Alien Versus Predator à regarder STOP un maximum de taff à écouler dans un temps ridiculement court STOP j'en ai plein les bottes de traverser Paris matin et soir pour aller bosser STOP il me faut une bagnole avec la clim STOP fais chier ça pollue mais c'est pour la môme STOP pas mal de poids à perdre, pas pour faire le kéké cet été mais simplement pour me sentir mieux dans ma peau.

       Ouf.

       La rédaction du scénario de la trash pop BD avec BleZzZ n'avance pas des masses. Cependant, nous avons des bonnes idées, mais il faudrait qu'on se voie plus souvent pour leur donner corps et les pousser dans leurs retranchements. Le tome 2 de mon bouquin n'avance pas beaucoup lui non plus, et ça m'embête un peu. Mais 8h-19h tous les jours, le bébé à gérer, plus la bouffe, plus le taff en retard, plus la péniche, plus les soucis de bagnole à vendre, ça laisse tellement peu de temps que ma jolie gratte électro-acoustique n'est pas sortie de l'étui depuis trois semaines. Alors tu penses, écrire...
              Tout ce qu'il me reste comme temps, c'est celui que je consomme en bloguant, pour un public à dimension variable mais qui, je le pense, me retrouve ici comme je suis au fond : coups de gueule, bonne foi relative, envie de paix (qu'on y vive et qu'on me la foute), et accessoirement envie de temps pour assouvir mes pulsions (ré)créatrices.

       Ce fut un week-end de ouf, qui vient couronner un mois et demi de cinglé tellement on a bougé et tellement on a speedé avec ma moitié et le produit de nos chromosomes. Faudra quand même à un moment que je me prenne environ 8 ans de congés sabatiques. Pour me poser. Et souffler. C'est quand même chiant, à bien y regarder, d'avoir tant besoin de couper le rythme avec la vie que j'ai.
              D'un côté, j'ai des copains qui galèrent sans taff et avec peu de moyens, mais qui semblent globalement avoir une vie plus peace que la mienne (même si je me doute que cette paix est fragile et sans doute seulement apparente). D'un autre côté, j'en connais qui n'en foutent pas une parce qu'ils débordent sous le pognon et n'ont que l'embarras du choix dans la vie, et sont donc également peace à donf.
              Au milieu, y'a moi. Trop bien payé pour me prétendre dans le besoin, et pas assez fortuné pour pouvoir m'acheter de la quiétude. Comme quoi, effectivement, l'argent ne fait pas le bonheur. Enfin, en tout cas, il ne l'achète pas. C'est prétentieux à mort de ma part de poser les choses sous cet angle. Mais objectivement, c'est comme ça que ça se passe.

       Je préfèrerais 1000 fois être homme au foyer et garder ma ptite môme tout en écrivant toute la journée et en matant des DVD plutôt que m'emmerder à venir ici tous les jours gagner une thune qui de toutes façons s'évapore très vite en :
              - éléments de confort moderne qui servent juste à me faire gagner le temps que je n'ai pas pour moi puisque je travaille toute la journée ;
              - paiement de traites de logement qui de toutes façons ne devrait pas coûter un prix aussi exhorbitant (après tout, merde, c'est pas l'espace qui manque sur cette planète !) ;
              - nourriture assez équilibrée pour me permettre de tenir le choc de l'énergie à dépenser pour pouvoir bosser et ainsi gagner du pognon qui s'évaporera aussi sec en éléments de confort moderne, paiement de traites, nourriture équilibrée qui me permettra... etc, etc, etc.

       En ce moment, mon taff consiste à maîtriser Word et à savoir relire entre les lignes les gribouillis ou les cafouillages des uns et des autres. Jamais la vacuité de mon activité professionnelle ne m'était apparue si violemment flagrante. Ou pour être plus clair, je m'étais déjà fait profondément chier au boulot par le passé, mais là, les raisons professionnelles, techniques, humaines et politiques qui m'amène, avec mes collègues, à faire le travail que je fais maintenant sont si désespérantes de prévisibilité, de manque de fondement intellectuel et de "sauvez les meubles" qu'il y a de quoi en pleurer.

       Si je pouvais consacrer le quart du temps que je passe sur Word aujourd'hui à rédiger mon nouveau bouquin, j'en serai déjà au tome 12.

       Sinon, le monde tourne toujours de plus en plus branquignol. Et la France m'énerve. Ségolène Royal m'énerve, parce qu'elle vend sa tronche avant d'avoir la moindre idée concrétisable et correctement préparée en étalage. Méthode pour agir contre la précarisation, l'explosion du nombre de pauvres, la souffrance quotidienne de ceux qui vivent avec le couperet de la banque au dessus de la tête ? Euh... j'ai pas trouvé. Par contre, j'ai bien vu toutes les paillettes et tous les effets d'annonce, et toute la bonne récup du discours bien facho de Sarko (genre "La France on l'aime ou on la quitte" - autrement dit, n'espère pas faire changer de direction ton pays, même s'il va droit dans le mur. Saute plutôt en marche !).
              Cette espèce de course démente au temps de présence média qui n'est pas sans rappeler les exubérances délirantes des campagnes électorales américaines me met dans un état d'agacement et de découragement profond. Franchement, c'est tout ce que la gauche française a trouvé ?

       Tout ce qu'ils savent faire, c'est communiquer sur une gueule, et pas sur une méthode. Ca m'agace. A tout prendre, s'il faut prendre gueule pour gueule, je préfère parmi tous les membres du parti "socialiste" (parce que côté social, on fait quand même mieux actuellement) donner ma voix à Elisabeth Guigou. L'apaisante élégance et le discours réfléchi, structuré et fondé de cette femme me paraît franchement plus apte à incarner ce qu'on peut espérer attendre d'un chef d'Etat (pas seulement en terme d'image, mais aussi en terme d'engagement, de fermeté et de pondération) que tout ce que les concurrents de droite ou de gauche ont à offrir.
              Et cela, même si (mais je peux me tromper) je crois me souvenir qu'elle était pour la constitution européenne version zéro. Ca, franchement, y'a pas de quoi être fier, et ça m'embête. J'en ai longuement discouru par le passé, c'était de la grosse daube ce machin. Ca n'avait rien à voir avec une règle du jeu fondamentale et populaire, c'était un ramassis indigeste de bouts de ficelle "je-tire-tu-pousses-et-on-gagne-tous-les-deux" dépourvu de toute honnêteté, de toute simplicité, bref, de toute constitutionnalité.

       Je vois quand même quelqu'un d'autre vers qui ma voix pourrait partir. Bien que je désapprouve pas mal de ses positions, un type comme Bayrou m'a l'air suffisamment posé dans ses baskets pour être crédible.
              Je veux dire par là que, dans un monde bien foutu, on n'aurait pas ce que ces gros connards de politicards professionnels appellent de la "politique politicienne" (traduisez : concours d'éloquence et de perfidie) à se goinfrer tous les jours dès qu'on entend parler de nos chers (dans le sens coûteux du terme) gouvernants. Non, on aurait un discours calme et fondé, avec de temps en temps un gars qui s'arrête pour écouter ce que lui rétorque son interlocuteur, et qui dirait : ah ben oui, vous avez raison, j'ai tort, on ferait mieux de faire comme vous dites.

       Aller au delà de la logique de parti, d'embrigadement, de "le chef a dit qu'on faisait comme ça et je ne vais surtout pas réfléchir pour autant", ça ce serait une vraie amélioration. Penser la politique comme un effort d'optimisation, d'adaptation de l'outil gouvernemental aux réalités vécues par le pékin moyen, ça ce serait faire le boulot pour lequel on crache de la thune dans les poches de ces blaireaux.

       Et pour faire ce travail, je pense que des gens comme Guigou, Bayrou, Delanoë et Montebourg (et il doit bien y en avoir d'autres à l'UMP qui ont envie qu'on avance et pas qu'on couvre le grand patron pour toutes ses vieilles crasses) sont plutôt les têtes d'affiche qui selon moi, par leurs actions passées et par leur mode de travail et de discours, ont mérité leur place. Fabius, Sarkozy, Villepin, Chirac, Hollande, Robien, Villiers, Le Pen, Laguiller, Krivine : plutôt du genre à brûler les sorcières parce que c'est de l'image qui tape plutôt que se demander si c'est bien, au fond, de brûler des gens comme ça parce que "machin a dit que...".

       Mais je me rassure très vite. Les télés continuent de lécher les bottes des politiques, de leur offrir du temps de blabla sans la moindre espèce de débat sérieux sur le concret de leurs slogans et de leurs "il faut ... !" (applaudissements pas du tout spontanés). Le Figaro est toujours aussi servile. Le Monde toujours aussi biaisé. Michel Pollac toujours interdit d'antenne. PPDA et Fogiel présentent toujours leurs émissions. Lagaf' toujours animateur. Sébastien toujours échangiste. Les chiffres du chômage, de la délinquance, des violences, de la haine, du racisme : toujours aussi bidonnés.
              Même Médiamétrie est critiqué actuellement pour la confiance assez hasardeuse qu'on peut mettre en leurs estimations d'audience.

       TF1 continue toujours à couper "La Liste de Schindler" en 2 pour pouvoir passer des pubs de lessive. Les clips de hip-hop/R&B continuent toujours à faire de l'audience avec les bonnes vieilles recettes : danseuses à moitié à poil, gros plan sur les fesses, mec habillé en deux fois trop grand pour lui qui change de fringue à chaque plan et qui se la pète "gangsta", comme s'il y avait de quoi se vanter d'être un gangster.

       "Street cred", ça s'appelle. La crédibilité de rue. Faut avoir l'air vrai. Tu commences comme ça, et pis tu finis mort, comme les potes d'Eminem, et puis Tupac, et puis Notorious BIG... un vrai gangsta, ça meurt connement dans son sang et l'odeur de sa merde qui s'échappe des trous de balle dans son intestin, effondré entre les poubelles dans une ruelle qui sent la pisse. Jeune. Riche. Mais mort comme une merde quand même. Ouais, ça c'est la classe.
              Au matin, une âme franchement meilleure qu'eux appelle la police ou les pompiers. Ils ramassent le corps avec des gants, le collent dans un sac, puis ils vont laver leurs mains et vont boire un café. Ils ont l'habitude du sang et de la merde, parce que des gangsta ils en ramassent tous les jours.
              Le soir, ils rentrent chez eux, dans une voiture normale, peut être en écoutant de la country ou des vieux standards des années 60-70 sur un radio K7 sans affichage multicolore et sans néon sous la caisse. Ils embrassent leur gosse, l'engueulent à cause du bocal à poisson cassé, le privent de dessert ou de télé pour la soirée, et puis vont lui faire la bise au moment où il s'endort, dans sa chambre couvertes de posters de gangsta morts. Ils n'osent pas leur dire que, le matin même, ils ont ramassé l'idole du petit baignant dans sa merde, sa pisse, son sang, le bout des doigts grignotés par les rats, avec sur sa tronche de héros désappointé toute la misère du mec qui croyait contrôler le monde et qui se retrouve à se pisser dessus en appelant sa mère avant de crever, seul, sans personne.
              Ils trouvent ça triste, mais ils ont l'habitude.
              Ils s'endorment devant un film, assis dans le canapé même pas en gros cuir noir très cher mais tellement confortable, avec leur femme qui est habillée classique, sans string ni décolleté de 30 mètres. Elle a un peu de farine sur le coude, et elle n'est pas très élégante quand elle fouille entre ses dents pour déloger un fil de viande, mais ils l'aiment quand même.
              Ils lui font l'amour sans la traiter de salope, ni de pute, sans lui coller des claques sur les fesses et sans la forcer à faire des trucs qu'elle ne veut pas faire. Après, ils s'endorment en pensant qu'il faut payer le loyer et que ce serait bien d'aller faire un tour à la mer un de ces jours, avec le petit.

       Oui, le monde est toujours aussi branquignol. La connerie fait toujours recette, la vache Milka a effectivement terrassé la couturière de Valence (allez voir le site milka.fr - à l'époque, j'avais prophétisé ça. C'est pas pour dire, mais j'en ai marre d'avoir raison). Total continue à faire un fric monstre et à priver les pays africains du riche produit de leurs ressources. Les dictatures ont toujours le vent en poupe. Guantanamo n'est toujours pas fermé. Y'a toujours pas de Noir ni d'Asiatique dans les prospectus des banques ni dans les pubs de lessive. Le fric est en hausse, l'amour est en baisse. Plus que jamais, l'habit fait le moine.
              La guerre menace partout. La princesse de mon cul épouse le roi des cons. Ca c'est pas de moi, c'est du Desproges, mais vingt ans après c'est toujours aussi actuel.

       Le côté sympa, c'est que ma soeur passe son bac aujourd'hui, qu'elle ambitionne de bosser avec des enfants, et qu'elle est la première à dire que la Star Ac' et tout ce qui va avec, c'est vraiment trop de la merde. Vous je sais pas, mais moi ça me redonne un peu confiance. Je sais que le clan des cinglés et des brutes perd des membres chaque jour qui passe. Ca me fait sourire. Ca me donne envie d'écrire.
-G4rF-