jeudi 28 septembre 2006

Bilan et perspectives

Fond sonore : The Prodigy - Firestarter

       ... ou "Bienvenue dans le joyeux monde de la comptabilité".

       Ce fut une semaine de ouf. Ce fut un week-end bizarre. Et les mois qui viennent s'annoncent à l'avenant, bien que j'ai remplacé un problème par un autre. En attendant, à destination de tous les copains qui veulent savoir ce qui s'est passé effectivement ce week-end, voici l'agenda de dimanche à mardi.

       Dimanche matin. 5h00. Je sors du pieu, tiré du sommeil par la sonnerie de mon téléphone. Je me lève, je te bouscule, tu ne te réveilles pas, comme d'habitude. Dans le salon, ToF et sa douce pioncent tranquille. ToF se réveille. On fait le café et on se sappe dans l'obscurité pour pas réveiller les femmes et la gamine.
              5h30. Départ en bagnole pour Saint Germain en Laye. Deux bidons vides et une odeur de gasoil traînent dans la bagnole : il manque quelques litres pour être sûr d'avoir ce qu'il faut pour le voyage du bateau. Faudra faire le plein en arrivant.
              6h03. On passe le pont du Pecq, on attaque la montée de Saint Germain, à la bourre de quelques minutes sur l'heure du rendez-vous. Je téléphone au marinier. On se paume un peu. On poireaute 15 minutes sur place.
              6h30. Le marinier est retrouvé, on se plante de route une fois de plus pour partir, on finit par trouver le bon chemin. ToF, qui a déjà bien donnée vendredi et samedi, tente de se reposer un peu coincé à l'arrière du Kangoo.
              7h45. Arrivée à La Varenne-sur-Seine, pour remplir 40 litres de gasoil dans les jerrycans restant.
              8h10. Arrivée sur le chantier naval. On est dimanche, tôt le matin, y'a personne et c'est tant mieux : si je voyais le proprio, je lui pèterai la gueule avec joie. On s'active pour flanquer sur le bateau les jerrycans et tout le matos dont on a besoin pour faire le voyage.
              9h00. Ô joie ! Le moteur, qui n'a pas tourné depuis 3 ans, démarre au quart de tour ! Je ne regrette pas la quasi-brique que j'ai investi dans des batteries américaines pour faire démarrer le bousin. A titre indicatif, si un jour vous avez un démarreur comme le mien (Paris Rhône D15 E30), il vous faut 900 Ampère en pic pour le faire démarrer. Les batteries Odyssey 1700 s'en sortent fastoche. Même pas 3 secondes à tirer dessus ! Top facile ! Faut dire que le 1700, ça veut dire 1700 Ampères. Démarreur in the ass ! Héhé...
              9h30. Fin des manoeuvres, on quitte le quai. ToF s'en va sur le Kangoo pour revenir à Saint Denis. Que son nom soit béni sur 100 générations, voilà exactement ce qu'un ami peut faire pour en sortir un autre de la merde. Top cool. La cerise sur le gâteau, c'est que plein d'autres copains se sont proposés pour assumer son rôle de ce jour-là. J'ai plein d'amis. C'est grisant.
              10h30 : à l'orée d'une écluse, le marinier qui n'arrive décidément pas à gérer la gouverne hydraulique manque de couler mon bateau en l'éclatant contre un épi à l'entrée d'une écluse. J'ai beau lui dire qu'il ne faut pas se fier à l'indicateur du tableau de bord et arrêter de braquer le joystick comme un bourrin, il m'écoute pas. Je me vois déjà avec le moteur arraché de ses gonds et le bateau qui coule, qui coule, la honte, les emmerdes, les larmes, les couilles d'assurance. Plus de peur que de mal, mais à partir de maintenant le marinier je l'ai à l'oeil. S'il continue à faire le con avec le joy, c'est moi qui prend la barre, putain de merde !
              Jusqu'à 11h45 : c'est le pied. Je navigue à bord de mon bateau. J'en chie et je me crotte de partout pour balayer et flanquer à l'eau tous les résidus végétaux (et y'a du monde) accumulés à bord par des années de stagnation dans ce trou paumé de Chatenay-sur-Seine. A Chatenay-sur-Seine, la seule chose qui vaut le détour à mon sens, c'est les filles du Rolo-Bolo. Je ne les remercierai jamais assez d'exister, tellement leur présence, leur café, leur bouffe et leur amabilité m'a mis du baume en coeur dans mes jours de déprime. Si un jour je repasse par là, c'est clair, je leur rends visite. P'têt bien que je ferai péter les fleurs.
              11h45 : la putain de tuile. Contrairement à ce que j'avais lu sur les infos disponibles sur le site des VNF, les écluses ferment le dimanche midi ! En comptant le temps d'approche et d'amarrage, on se fait niquer à 4 minutes près, à l'orée du grand bief qui nous aurait permis de poursuivre notre voyage en mode super speed jusqu'à Suresnes ou Saint Denis. Merde ! Coincés comme des cons, moi et le marinier nous devisons moyennement joyeusement, en attendant désespérément que ça décoince enfin. A l'heure pile, nous sommes déjà à fond de train pour nous précipiter dans le bac de l'écluse.
              J'ai prévenu ma moitié par téléphone : contrairement à ce qui était prévu, on n'arrivera pas à faire tout le voyage en une seule fois. Dans le meilleur des cas, on pourra pousser jusqu'à Port-à-l'Anglais ce soir. Ablon normalement. Evry Petit Bourg si on n'a pas de pot. C'est moyennement la fête : tous les copains : auprès de qui j'avais sonné le rappel reçoivent mon SMS d'annulation. Schboum le forfait, mais avec tout ce que j'ai déjà dépensé, j'en ai plus rien à foutre.
              Milieu d'après-midi : un malheur n'arrive jamais seul, c'est tristement vrai. Alors que les copains du groupe se sont activés pour préparer malgré tout la passerelle et l'emplacement que nous visions sur l'Ile Saint Denis pour l'arrivée du bateau, patatras : la fête des marins d'eau douce qui devait se tenir deux semaines avant à lieu ce jour-là. Invité des pénichards, le maire de l'Ile Saint Denis passe un savon à ma moitié en disant qu'il ne faut pas débarquer comme ça, que l'emplacement est en fait déjà pris par un bateau parti en chantier naval, etc, etc. Copine en pleine déconfiture, les potes qui ont déjà débarqué le matos obligés, en plus de tout remballer, de gérer la énième crise qui nous tombe dessus, c'est la méga-teuf ce week-end : bien parti au départ, mal barré à l'arrivée. Au téléphone, à 60 km de là, j'assiste impuissant à la tuile supplémentaire qui vient de s'abattre sur mon crâne avant d'avoir fracassé celui de ma femme.
              Top ambiance. Si seulement ces couillons des VNF n'avaient pas perdu mon premier dossier et faisaient leur boulot en virant effectivement les bateaux poubelle, la question ne se poserait même pas : je serai déjà sur place, et je ne ferais chier personne. A partir de maintenant, c'est un coup de tension supplémentaire.
              Pendant que ça chie à l'Ile Saint Denis, j'essaie par téléphone et SMS interposé de remonter le moral de ma douce, tout en tanant le marinier pour qu'il monte dans les tours et qu'on aille le plus loin possible.
              18h30 : nous accostons à Corbeil-Essonnes. J'ai le moral dans les chaussettes, et peut-être même en dessous. On s'arrime à une péniche chargée de sable. Après un coup de fil compliqué à ToF, on trouve la gare du RER D, on se sépare avec le marinier. Rendez-vous le lendemain matin pour finir le voyage. C'est con, j'ai pris une vignette de navigation à la journée. Si on se fait serrer par les water-keufs demain, c'est pour ma gueule. Mais j'en ai plus rien à foutre, je veux qu'on arrive. Je réfléchis intensément aux solutions qui nous restent. Je laisse un message à mon chef au taff pour lui expliquer pourquoi il ne pourra pas compter sur moi le lendemain matin.
              19h00 : je suis dans le train, je réalise à quel point j'en ai marre que ma moitié s'effondre à cause de toutes ces putains de galère de péniche, et que ça ne peut pas durer comme ça. Changement de ligne de conduite : l'objectif maintenant, c'est de poursuivre le projet officiellement, et d'essayer de fourguer officieusement si rien ne marche. C'est un beau projet, cette péniche, c'est une grande idée et quelque chose qui vaut le coup de se battre, mais si ça doit me coûter la joie de vivre de ma femme, la péniche elle peut aller se faire mettre.

       Lundi matin. 6h00. Le réveil sonne, je me prépare, je traîne un peu les baskets. Je suis encore sale d'hier, je remets les mêmes fringues dégueu.
              7h11 : RER D à Saint-Denis, direction Corbeil-Essonnes. Je m'emmerde, je somnole. Je pense que si j'avais des relations, si j'avais des appuis haut placés, bref si j'étais un lèche-cul prétendumment ami avec des puissants plutôt qu'un type qui préfère avoir des vrais copains qui valent quelque chose, je n'aurai pas tous ces problèmes, mais je serai aussi très malheureux.
              8h02 : arrivée à Corbeil-Essonnes. Synchro avec le marinier, on part vers le bateau avec un super moral top délire youpi disco.
              8h30 : redémarrage dans la joie et l'absence totale d'allégresse. Il me reste pas mal de choses à gérer. Faut que je joigne le chantier naval pour les prévenir qu'on passe cet après-midi récupérer le groupe électrogène avant d'aller se garer. Faut trouver des gens pour ramener les écoires qu'on a bricolé avec ToF sur le site de stationnement n°2. Faut trouver une idée pour accrocher lesdites écoires, vu qu'on les a trifouillées pour qu'elles soient plantées en pleine terre, et que là on va devoir les planter sur du béton. Faut éviter la police.
              8h40 : manoeuvre de dégagement, on dépasse le bateau auquel on était amarré. Surprise surprise : il appartient à la famille ou à un ami de l'ancien proprio de mon bateau, qui est également l'enflure cosmique qui m'a arnaqué sur les travaux et m'a piégé dans son chantier de mes deux tentacules. Si j'avais un lance-roquettes... IDDAD ! IDKFQ ! BFG-9000 dans ta face, salopard !
              9h30 : mauvaise surprise qui revient. Une fois de plus, une galère à l'écluse. Non seulement les trois dernières écluses en amont de Paris sur la Seine fonctionnent à la vitesse d'un escargot asthmatique, mais en plus on est retardés à chaque arrivée par un convoi de 2 Freycinet qui nous oblige à chaque fois à poireauter 1/4 d'heure dans l'écluse avant qu'il pointe le bout de son nez pourri. Résultat : en vitesse moyenne, on va à peine plus vite que le courant.
              Le temps passe... on se goinfre chaque écluse à la vitesse d'une tortue agonisante, à cause de ce convoi de %$£µ !
              12h30 : ma moitié m'informe que sur l'impulsion salvatrice de l'ami Gwena, une bande de poilus sympatoches issus de sa boîte préférée vient trimer un peu pour trimballer à dos d'homme les écoires que nous avons bricolé avec ToF vendredi. Pendant ce temps, je machouille un sandwich en ruminant des pensées meurtrières. Ultérieurement, je bricole à l'arrache un système de fixation à base de pneu, de planche de bois, de fer à béton et de corde pour accrocher les écoires sur le bateau (ben oui, elles étaient prévues avec une extrêmité prête à être enfoncée en terre, et là on atterrit sur un quai en béton - du coup, le caoutchouc est mal placé).
              16h30 : après être passé autour de l'Ile Saint Denis et avoir constaté avec amertume qu'il y a 3 000 emplacements mariniers dont personne ne se sert jamais tout le long de l'île sur le grand bras, on s'arrête à hauteur d'un bateau tout pourri en train de moisir mollement, sur lequel on fauche un câble métallique niqué qui nous aidera à arrimer le bateau ultérieurement.
              17h00 : on s'arrête difficilement à hauteur du chantier naval où végète mollement mon groupe électrogène. Manque de bol, ils nous attendaient à 15h00 (merci le putain de convoi qui nous a retardé sa race) et donc, plus d'ouvrier, plus moyen de faire gruter la gégène à bord. Faudra se démerder ultérieurement...
              17h30 : on stationne enfin le bateau sur l'Ile Saint Denis. C'est le merdier. Le câble qu'on a récupéré est effiloché aux deux bouts : pas évident d'arriver à en tirer quoi que ce soit, faut bourriner à grand coup de marche avant pour serrer le noeud. Heureusement que Vaness et Gwena ont fait le déplacement. Mais bon, je peux pas tenir rigueur aux copains qui se sont déjà défoncés et rendus disponibles la veille de pas pouvoir revenir en chier une deuxième fois dès le lendemain, et un jour de semaine par dessus le marché... c'est éprouvant d'être mon copain, en fait ! :-)
              18h30 : fin de l'arrimage. Plein le dos, mal partout. J'ai niqué deux forêts à métal sur cette foutue écoire, et un disque de meuleuse (faut dire aussi que je l'avais serré comme un crétin). Gwena est manifestement malade, et je ne sais pas comment lui témoigner ma reconnaissance.

       Voilà. Il me reste quelques trucs à faire sur le bateau :
              - trouver un chantier naval qui accepte de me faire un papier qui dise que j'ai le droit d'amarrer mon bateau chez eux en attendant que les travaux démarrent
              - passer un bon coup de peinture sur le pont et le plat-bord, après avoir tout bien nettoyé à l'eau de la Seine (rassurez-vous, tout ce que j'ai à nettoyer et à flanquer à l'eau, c'est des petits bouts de branches mortes, des feuilles et de la terre. Je suis pas là pour polluer, moi) ;
              - verrouiller tout ce qui ne l'est pas encore avec du power cadenas qui tue
              - me morfondre en désespérant un jour avoir le fameux putain de petit papier de mes deux qu'on appelle C.O.T. et que je n'aurai sans doute jamais car la chance n'est pas avec moi.

       Je remercie à nouveau ici tous ceux qui ont mobilisé du temps pour m'aider, ceux qui ont trimé (en devant défaire ce qu'ils venaient d'accomplir pour certains) et tous ceux qui ont manifesté leur soutien. Même si je sens assez mal le futur du projet, simplement parce qu'il ne suffit pas d'être bien entouré pour parvenir à ses fins mais également d'avoir de l'entregent avec les hautes sphères, je me dis que si dans le pire des cas le projet péniche foirait ce serait pas bien grave. Avoir autant de potes qui se serrent les coudes pour vous, ça fait chaud au coeur.

       Bises au gasoil.
-G4rF-

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