lundi 14 mars 2005

Un aller simple vers Pluton, SVP

Fond sonore : Jeanne Cherhal - Le petit voisin


    Atous ceux qui se disent que la vie réserve parfois de superbes surprises, je souhaite rappeler aujourd'hui, à toutes fins utiles, qu'il est vital de savoir se serrer les coudes et de ne pas se laisser totalement aller à la seule jouissance de son propre bonheur, ceci pour permettre à d'autres d'avoir l'occasion de profiter également du même genre d'instants. Je pense en particulier en ce moment à une femme, Madame ou Mademoiselle Milka Budimir, qui a sans doute bien besoin de chaleur humaine.
    Si vous fouillez un peu dans les nouvelles, ou si vous lisez 20 minutes, sans doute ce nom vous sautera-t-il aux yeux demain. Parce que là, franchement, là, l'aventure qui lui arrive et qui tourne salement au vinaigre a de quoi faire lever les yeux au ciel et demander à Dieu pourquoi il autorise de telles concentrations de connerie à se déverser sur une seule et même personne.
    Soyons clairs et nets : je ne la connais pas, cette Budimir. Tout ce que j'en sais, c'est ce que je lis dans les news sur Internet régulièrement depuis quelques semaines, à propos de Kraft Foods et de leur manie très capitaliste de ne pas transiger le moins du monde avec qui que ce soit, et surtout pas la populace à qui ils veulent bien vendre leurs saloperies bien chargées en sucre et en graisse qui vous rendront bien gros et bien gras, bien luisants comme des touristes américains de base sur la croisette, mais à qui ils refusent tout droit d'ouvrir leur gueule pour simplement faire remarquer qu'on s'en sort souvent mieux dans la vie avec deux sous de bon sens qu'avec 12 000 euros de procès.



    Madame Budimir (il me plaît d'imaginer que c'est une dame, d'un âge que l'on veut discret), Madame Budimir, donc, est couturière vers Valence. Je crois me souvenir qu'elle est originaire de Roumanie, d'où lui vient ce prénom, qui est le sien. Milka. A cet instant, je prie tous ceux qui trouvent ça rigolo qu'elle ait le nom d'une vache mauve de bien vouloir fermer leurs gueules et lire attentivement la suite.
    En effet, Madame Budimir a reçu lors de sa naissance un prénom qui devait s'avérer, bien des années plus tard, devenir une marque commerciale assez répandue. Rigoler d'elle, bande de schtroumpfs incultes, c'est comme rigoler en découvrant que dans la Grèce antique, Clio était une muse, et qu'elle s'appelle comme une bagnole. Ah ben ouais, c'est drôle. N'empêche, c'est son nom, c'est son nom, c'est comme ça, on ne se refait pas. Et pis elle est arrivée prem's ! Seulement, aujourd'hui, si vous appelez votre fille Mégane, les gens iront plutôt dire que vous avez déconné et que ça va pas être facile à porter (bon, y'a plein d'anglophones qui s'appellent Megan, mais vous n'êtes pas sensé le savoir). Et a priori Renault ne viendra pas vous faire chier avec ça. C'est ton prénom, t'en fais ce que tu veux, c'est la vie, c'est comme ça. La vie d'abord, le commerce après. Point.


    Prenons maintenant le cas de Madame Budimir. Milka Budimir, couturière, retoucheuse de vêtements et "petite main" expérimentée. Surfant sur la vague Internet pour élargir sa notoriété et se faire mieux connaître, elle enregistre son prénom comme nom de domaine. Milka.fr. Moi je dis, pourquoi pas ? Maaaais... il y a Kraft Foods. L'ogre tentaculaire dévoreur de marques, propriétaire des chocolats Milka, ceux qui ont, entre autres, retiré des rayons le Pastador, qui était la seule pâte à tartiner à avoir un goût de chocolat et pas de graisse de yack (vous connaissez pas, c'est normal, vous lisez des blogs, vous êtes trop jeunes). Peut-être parce qu'il y avait vraiment du chocolat dedans, et que ça coûtait trop cher à fabriquer pour ces bouffons de clients ? Qui sait ? Eux, en tout cas, le savent. Mais de notre opinion comme de la tienne, ami lecteur, comme toute bonne machine à fric de ce siècle de démence, ils n'en ont rien, mais alors rien à branler - du - tout.
    Et ce n'est pas l'honnêteté qui les étouffe quand ils envoient leur avocate (compromise d'office) pour négocier "à l'amiable" la reddition dudit nom et du site qui va avec. Entre nous, Maîtresse du barreau, toi qui est capable de dire qu'un site Web bidouillé vite fait avec 2 photos et des horaires de boutiques nuit gravement à ta méga corporation internationale sans tête et sans âme, à ta place j'irai bouffer ma robe et je changerai de métier, faire la pute pour ce genre de types et taper à coups de code civil sur une petite couturière, c'est un boulot de clébard, pas d'humain (ça se sent, que je te méprise, là ?).
    Sachant que leurs arguments sont foireux comme pas un (genre, la couleur de fond du site qui s'apparente au lilas des emballages, et autres conneries du même genre qui amèneront peut-être un pseudo-client pas très potentiel de la vache mauve sur 20 millions d'internautes français à devoir perdre 3 secondes de plus sur Google avant de trouver le site avec la vache), avec ces prétextes à deux francs, donc, on se dit qu'ils vont finir par se reprendre et s'apercevoir que ce serait plus simple de se mettre d'accord avec la dame pour qu'elle colle un lien vers chez eux depuis sa page, parce qu'après tout, c'est pas parce qu'elle a une petite société et eux une grande qu'elle devrait céder les droits sur son propre prénom... Hein ? Hé... non, sérieux... BWA-HA-HA-HA ! On y croit tous !

    Réveillez-vous les gars, on vit sur MoneyPlanet.com, l'America$h domine le monde, nos secondes sont des euros ! Où t'as vu que le bon sens rapportait quoi que ce soit ? Qu'elle aille se faire mettre, la vieille ! Dans l'cul, ses aiguilles ! Ha ha ! Thune power, mon ami, mon frère, mon client, car mon pognon, il a plus de force que toi !



    Alors voilà où nous en sommes : pour parfaire le ridicule dans lequel s'embourbent les chocolatiers grinçants, ça se finit au Tribunal d'instance, qui, en guise de point d'orgue à cette cacophonie juridique, donne bien évidemment raison à Goliath contre Milka. En ce triste jour pour la justice, mesdames et Messier, une vache mauve de papier d'emballage a eu raison au tribunal de la République d'une vraie femme, qui n'était ni une voleuse, ni une criminelle, mais une couturière faisant sa pub avec les moyens du bord.
    Je le sais. Vous le savez. Tout le monde le sait. C'est une connerie à la prétention monstrueuse, mais personne n'est dupe.

    Et tout ce qu'il y aura sur le futur milka.fr de chez Kraft Foods De Mes Deux Copyright, je le sais aussi. Ce sera une page de marketing merdique avec des belles couleurs pas franchement vertes ni jaunes, gerbées en trois clics par un graphiste stagiaire mal payé façon intermittence, qui vanteront très mal et sans la moindre conviction les vertus nutritionnelles virtuelles des produits déféqués par le bovin coloré. Une page de Photoshop qui n'intéressera personne. Et ne vendra rien.
    Et n'améliorera pas l'image de crétins lunaires que vient de se forger, à grands renforts de milliers d'euros et de procédures sans autre fondement qu'une poussée d'égocentrisme digne d'une crise d'identité prépubère, le géant alimentaire Kraft Foods France, 55 630 330 € de capital, mais pas deux sous de cervelle dans le citron et un logo qui sent un peu la poubelle d'il y a 30 ans (en passant, bonjour l'image à défendre ! 'feriez peut-être mieux d'la refaire, l'image, non ? P't'êt' que la vraie Milka vous la broderait sur des écussons ?)
    Après quelques mois d'inactivité commerciale absolue, tristement prévisible car caractéristique des sites de pub corporate, le domaine sera redirigé automatiquement vers le site Kraft principal des empêcheurs de coudre en rond. En tout cas, une belle grosse bouse mauve directement sortie du cul de la vache idoine, un pur produit du capital inhumain et triomphant, susceptible d'attirer au mieux un autiste amateur de couleurs gerbantes, au pire un vieillard de Floride qui cherche où son fonds de pension investira l'argent qu'il n'emmènera de toutes façons pas en Enfer.



    Honte à toi, l'avocate servile et tenue en laisse par l'or malsain d'un client si vil qu'il transpire la peur qu'on puisse, avec des aiguilles et du fil, nuire à sa pub bien chère et sans intérêt et à tout son bon argent. Tu t'es fait chier à étudier des années pour aller détruire aujourd'hui dans la légalité parfaite ce que des brutes sans cervelle détruiraient illégalement avec autant de tact et d'aplomb que toi. A 8 ans de droit près, toi d'un côté, une paire d'hommes de main issus des plus bas fonds de l'autre, ben... il y a photo. Car vous êtes strictement identiques en terme de résultats. Change de métier, assume tes tendances, prostitue-toi directement. Ca te donnera une occasion d'enlever cette robe grotesque qui fait rire dans le dos de tous les hommes de loi, d'enfiler quelque chose de moins habillé et de plus plaisant à l'oeil, et peut-être quelque brave type en manque d'amour aura-t-il l'occasion par la suite de racheter l'honneur de ta victime de ce jour en t'enculant sèchement car, à toi aussi, ton tour viendra de mordre l'oreiller.
    Honte à toi, juriste de chez Kraft. Honte à toi, responsable mercatique (pour ceux qui ne savent pas, c'est comme ça qu'on traduit marketing en bon français de France). Honte à vous pour les euros qu'on vous paie à rien foutre en défendant (contre quoi ?) une image et une "réputation" qui n'abusent que vous. Gamins égoïstes qui ne veulent pas qu'on touche à leur jolie marque/jouet. Transis de peur par une dadame qui fait de la couture, bien trop prompts à dégainer les flingues et les procès-verbaux.
    Honte à toi, le juge qui a accepté d'instruire ce dossier pour ne pas déplaire à Monsieur Kraft-je-dégouline-de-fric-et-de-moyens-de-pression-juridique. Ton métier, c'est de renvoyer dans leur coin les petits roquets agressifs comme eux. Car malgré tout leur pognon, ils ne sont rien de plus. Mais tu les as laissé aboyer. Ils ont effrayé la vieille dame, ils lui ont fait du mal. Et comme tu n'as rien fait pour les en empêcher, c'est aujourd'hui de ta faute qu'il s'agit. Lorsque tu fais ça, tu ne vaux pas mieux qu'eux. Tu le sais, et les gens qui t'entourent le savent aussi.



    Que dire maintenant ? Tout simplement que je souhaite du courage à Madame Budimir. Sachez qu'en plus de moi, madame, il y a encore des gens en France qui savent faire la différence entre le bon droit outragé et la vraie connerie brute. Comptez, madame, avec tout mon respect dans l'épreuve qui vous accable, sur le soutien de tous ceux qui lisent ces lignes et, terrifiés par tant d'aberrance, se disent comme moi : "mais dans quel monde de cons vit-on ?"
    Voilà... Vous, les gars, je sais pas. Mais moi en tout cas, c'est pas demain la veille qu'on me fera gober du chocolat en paquet mauve...

- G4rF

mercredi 9 mars 2005

Pour toi, public...

Fond sonore : Svinkels - Happy hour

Watchaaa ! Plus que 8 jours avant le concert... La pression commence à monter, je me sens pas prêt du tout, bref, tout va bien !
Faut louer le matos, faut connaître ses textes, faut bosser sa gratte, faut travailler le clavier, faut être au point tip-top pour faire de cette soirée de Saint-Patrick un truc qu'on n'est pas près d'oublier. Moi je dis, ça va le faire.
Pour tous ceux qui connaissent pas, le groupe s'appelle The HaggiS, on joue le Jeudi 17 Mars 2005 au pub "Le Shannon River" au 153 rue du Chevaleret et on fait de la reprise qui cogne bien. Viendez nombreux ! Bon allez, moi je retourne bosser...
- G4rF

mardi 8 mars 2005

Tuesday, fucking Tuesday...

Fond sonore : Marilyn Manson - The death song


Il y a eu aujourd'hui un écho dans mon vide. Voilà que quelqu'un lit mon blabla ?! Merci à toi, ptiforest, ça me fait plaisir. #1 reader ! Yeehaaa !
Il fait un temps radieux aujourd'hui à La Défense. L'astre du jour, voilé par les nappes de pétrole en suspension dans l'air blême, illumine à grand peine les façades glaciales et parfaitement industrielles des grandes frites de béton plantées dans la flaque de ciment qui s'étend sous nos pieds. Quelques arbres tentent, à leur vitesse ridicule et avec leur force colossale, de reprendre le dessus sur l'homme, là en bas, dans leurs enclos pavés. Bon courage, la chlorophylle, nous sommes avec toi.
Si je suis de cette humeur maussade de nouveau, ce n'est pas uniquement parce que mon boulot me gonfle ces jours-ci, ni à cause de la prise de tête à portée restreinte qui a eu lieu ce matin entre ma moitié et moi-même. Quoi que... Bref, si je suis de mauvaise composition, ce n'est pas pour faire celui qui a quelque chose à dire, mais pour exprimer un "pourquoi" plutôt agacé.
Pourquoi est-ce que ce soir, au fabulousse Journal Télévisé, j'ai la certitude que le sujet d'ouverture sera, soit la baston d'hier soir à la Goutte d'Or où une arrestation est partie en couille et plusieurs projectiles ont troué quelqu'un, soit les problèmes sexuels de Michael Jackson (à supposer qu'il arrive à se servir de sa queue sans qu'elle lui reste dans les mains à cause de sutures mal faites), soit éventuellement un quelconque sujet de merde du genre télé-réalité (le bébé de Connassa sur TF1, les états d'âme du Babachelor sur la 6, la recherche de la nouvelle tare ?)... C'est curieux, quand même. Quand on y regarde de près, il y a de troublantes similitudes entre télé-réalité et réalisme socialiste. Et même "télé" tout court...
Quand je parle de réalisme socialiste, il faut comprendre le courant pseudo-artistique développé par les virils fumiers au pouvoir en URSS pendant une bonne partie de la guerre froide, et qui mettait en scène d'humbles ouvriers et de vigoureuses fermières suant sans gémir à la tâche car ils et elles savaient faire le bonheur de leur mère-patrie... Vous savez, cette imagerie proche des délires de surhommes des communiquants de la plus sombre Allemagne. Celle qui vous dit quoi faire, quoi être, quoi penser pour coller au moule du parfait citoyen. Allumez votre télé, et coupez le son. Regardez bien. Oubliez votre statut de lambda, et prenez du recul. Attention, ça fait peur : nous sommes en plein dedans.
J'ai décidé de maigrir, et pour ça j'ai besoin d'un coach, qui m'explique que trop manger augmente le volume de mon ventre, et que si les pots de Nutella ne poussent pas sur les arbres, y'a p'têt' une raison. On a échangé nos mamans, nos métiers, nos partenaires sexuels. Vis ma vie sous l'oeil de la SFP. J'ai décidé d'être une star (c'est quoi, comme catégorie socio-professionnelle à l'INSEE, star ? CSP+? CSP++ ? CSP* ?). J'ai décidé de chanter et d'être le pantin d'Universal et Pascal Nègre jusqu'à la fin de ma vie publique. J'ai décidé d'être belle et de me tartiner la gueule de l'Oréal jusqu'à ce que je vaille bien mon pesant de graisse de phoque. Mais j'ai pas décidé d'être beau, c'est trop "touchy" si on parle de mecs, tu comprends, ils viennent à peine de se mettre aux cosmétiques, alors on risque le shocking-reflex du client-partner, coco. J'ai décidé de vivre comme un con enfermé avec d'autres cons comme moi pendant que des cons encore plus cons que moi s'emmerdent devant leur télé à me regarder m'emmerder dans mon loft/château/villa/île déserte/baisodrome. J'ai accepté que ma télévision diffuse tout et n'importe quoi et me donne le "la", me dise ce qui est bon, me dise qu'il est normal de considérer qu'on a besoin d'être coaché pour apprendre à séduire, à manger, à parler, à vivre et à mourir, qu'on peut parfaitement vivre avec des caméras partout, qu'être une star c'est une profession et pas un état de fait...
C'est pourtant évident ! Tous les meubles chez tous les français sont créés en Suède pour IKEA ! Tout le monde rêve d'un écran super géant avec une définition hyper chiadée qui permettra de discerner encore mieux les petits bouts de merde qui composent l'immense crotte qui s'y affiche (sur écran plat). Qui n'a jamais souhaité écouter PPDA en 5.1 ? En 6.1 ? En 7.3 ? En 3,14159 ? En 6,55957 ? Tous les jeunes rêvent de passer à la télé, parce qu'avoir sa tronche digitalisée et retransmise à des milliers de kilomètres dans des millions d'intérieurs plus ou moins bourgeois pendant qu'on dit "kicékapété", ça, c'est la réussite. Tant pis si on pense que 1515 c'est le degré d'alcool du Pastis et pis de toutes façons, mon portable fait calculette, alors 2 et 2 égal 22, moi j'ai pas besoin de le retenir. Tout le monde veut du fric, tout le monde veut du gadget, tout le monde veut que ça pète et qu'on puisse affirmer "non seulement je ne suis pas comme tout le monde, mais en plus je suis mieux que toi".
J'ai décidé de prendre ma télévision pour ce qu'elle est. Un appareil de diffusion à un seul sens. Je peux dire ou faire ce que je veux, la télé s'en fout. TF1 ne sait pas quand j'éteins mon poste. Et les approximations d'audience de Médiamétrie ne veulent rien dire d'autre que, potentiellement, au moment où 8 millions de téléspectateurs annoncés bavent connement en regardant le cul de Loana ou de quelque autre proie de la machine à pub, environ 5 millions sont en train de ronfler en digérant le gratin de pâtes du dîner, 2 millions sont aux toilettes en train de lire Voici, Paris Match, Minute ou Le Figaro (compter deux heures de WC occupé pour les lecteurs de Minute). 500 000 sont privés de télé parce qu'ils n'ont pas fini leurs courgettes, leurs épinards ou leurs devoirs. 200 000 sont dans une autre pièce en train de s'entraîner à faire des petits. 200 000 autres finissent de faire la vaisselle, en se disant que Nikos Aliagas est vraiment chiant comme animateur. 100 000 sont complètement défoncés par leur quatrième joint d'affilée et pourraient aussi bien être en train d'attendre la résurrection de feu "La Cinq".
Retirez de tout ça une personne, moi, G4rF, malsain de corps et d'esprit, qui est en train de mater un film en DVD sans coupure de pub et qui ne branche plus son câble d'antenne télé que dans les occasions les plus rares. Ensuite, je vais sans doute lire un peu. Et puis me coucher. Dans 3 heures, je me réveillerai et j'éteindra ma lampe. Je ne serai ni plus intelligent, ni meilleur que vous. Mais au moins, en disant "la télé c'est de la merde", j'aurai agi en conséquence.
Allez chez votre libraire, demandez-lui de vous commander le livre le plus marrant et le plus fin qu'il connaisse, et planquez votre télécommande sous un coussin. Rejoignez la guilde des Perdeurs de Télécommande Volontaires. Et faites en sorte de parler de culture plutôt que de télé demain à la cantine, vous me ferez plaisir.
-G4rF

lundi 7 mars 2005

Con... ditionnel

Fond sonore : Asian Dub Foundation - Scaling new heights

On a l'art de faire exploser les parois... Enfin, il paraît. Enfin, ce serait bien. Imagine, dix secondes. Un monde où le pognon ne serait plus une fin, mais un moyen. Si on pouvait chiffrer le point auquel tu fais plaisir, auquel tu apportes ton soutien, auquel tu sors de la merde les gens qui t'entourent, avec autant de décimales derrière la virgule qu'on sait chiffrer les valeurs comparées d'un euro et d'un dollar.
Si tu étais obligé de sourire naturellement pour avoir le droit d'habiter là où tu es, pour pouvoir avoir à manger... Si tu vivais en permanence dans cet état d'euphorie du mec qui sait qu'il n'a devant lui que des opportunités, et pas de branche basse qui vienne le désarçonner dans la course de sa vie. Si on te laissait le temps de te passionner pour ce que tu fais, si tu avais le choix de tes activités sans avoir besoin de remplir 30 pages de formulaires. Si l'entraide était côtée en Bourse. Si on pouvait porter au pouvoir l'abbé Pierre plutôt que Messier...
Avec des "si", on mettrait Paris en bouteille, avec toute sa crasse et sa mauvaise humeur, avec tout le fiel de ses petites racailles et de ses grands truands. On pourrait commencer à savoir de quoi on parle quand on discute de progrès, parce qu'on le toucherait du doigt.
Savoir regarder l'avenir pour ce qu'il est... savoir que la modernité est un concept qui ne date pas d'hier... être sûr que tu vivras mieux demain en tendant les mains plutôt qu'en serrant les poings... Chercher l'originalité là où personne ne croirait la trouver... s'ouvrir, quoi. C'est à notre portée. Nous en avons les moyens. Nous n'avons pas le fric pour nourrir le Tiers Monde, mais on a la bouffe.
Nous n'avons pas le fric pour nettoyer les plages mazoutées, mais on a les pelles et les mains pour les tenir.
Nous n'avons pas la thune pour construire des logements pour les S.D.F. avant qu'ils ne finissent sous un métro, mais nous avons le matériel et le savoir-faire pour y arriver.
Nous n'avons pas le fric. Car nous ne sommes pas faits de fric. Et si le monde était fait d'or, et qu'il m'appartenait, en tant que proprio universel et richissime je finirai mort de faim en une semaine à ne manger que des lingots... Faites plaisir avec autre chose que votre portefeuille. L'humanité vaut plus que son poids en pognon. Reste plus qu'à convaincre tout le monde de le montrer.
Voilà, c'était ma crise "vous allez finir par vous aimer les uns les autres, bordel de merde !".
-G4rF

Con...valescence

Un disque externe de 160 Go plus tard pour garder sur moi mes données, je commence à passer le cap de l'énervement. Tout à fait par hasard, je suis tombé ce matin sur un site Web à prendre avec des pincettes, flirtant joyeusement avec les limites de la xénophobie et confondant méfaits et coupables... je ne mettrai pas de lien dessus, suffit de chercher "racisme anti blanc" sur Google et vous trouverez.
Pas la peine de chercher très loin pour savoir chez qui vote ce triste bonhomme. Et si l'on ne peut que s'attrister des aggressions diverses dont il a été victime, je pense qu'il faut surtout se demander pourquoi, et ce, quel que soit le contexte, personne ne rate jamais une occasion de fermer sa gueule et de ne pas bouger quand la violence et la misère éclate juste là, tout près. Pourquoi on ne se lève pas quand des gens se font emmerder juste à côté de nous. Nous avons à faire un apprentissage difficile, celui de se mettre debout. Savoir se mettre sur ses deux jambes, pas seulement pour nous, mais aussi pour les autres. C'est difficile.
Mais des tas de gens le font. Savoir faire abstraction de soi, de ses propres douleurs, de ses propres problèmes. Un genre de bénévolat. Savoir démarrer un mouvement de groupe, une dynamique de masse.
Le pire, là dedans, c'est qu'on ne fait rien d'autre que se lever, et ça passe pour du courage. Mais ce n'est pas du courage. C'est un acte simple, logique. C'est la civilisation qui se déplace pour faire rentrer dans le rang des fouteurs de merde qui s'arrêteront là si on les prend tôt.
Ah putain, rien ne m'énerve plus que de faire mon prêcheur... Je me sens con à écrire ça, mais con !!! Bon allez, j'ai un rendez-vous, je finirai tout à l'heure.
- G4rF

mercredi 2 mars 2005

Un voleur, des valises

Fond sonore : rien du tout
La vie est une pute. Ceux qui me connaissent savent bien que c'est le genre de mots que je crache à tout va pour le plaisir de faire mon intéressant, mais aujourd'hui, plus que jamais, je suis pleinement en accord avec ces propos.
J'ai le malheur d'être un occidental ni très riche ni très pauvre. J'ai donc, comme j'en parlais plus tôt, des problèmes de vie plutôt que de survie. Et j'ai un métier qui me les gonfle de plus en plus (ingénieur informaticien), et dont j'aimerais bien sortir. Pour écrire. Distraire mes concitoyens, et qui sait, arriver à en vivre décemment.
Pour cela, depuis près de 3 ans, je me suis attelé à la rédaction d'un roman, dans un style pas très novateur puisqu'il s'agit de cyberpunk, mais avec quelques particularités qui font que je me suis attaché au projet et que mes proches m'encouragent depuis longtemps à ne pas fléchir, à aller au bout, bref à me défoncer pour accoucher de ce truc. Parce qu'écrire pour raconter sa vie, c'est facile, mais imaginer une vraie histoire, c'est autre chose.
Hier soir, mardi 1er Mars 2005, il me restait à peu près 5 pages à pondre, et c'était fini. Mais... j'ai des problèmes de vie. Je mange plus que je ne le mérite. Alors je prends du bide. Alors j'essaie de faire du sport pour amincir mon abdomen mollissant. Et comme je suis grand comme une girafe à genoux, je dois soigner mon dos : pas de jogging pour moi, pas d'efforts trop violents sur mes os fatigués. Alors je vais à la piscine, parce que la piscine, it's good for you. C'est comme prendre son bain avec 20 filles en même temps (20 mecs aussi, mais ça, on s'en tape !). Et comme, à tout prendre, je préfère ça à ça, je vais plutôt que .
Monumentale erreur ! Car à Saint Ouen comme à Clichy, dehors c'est la zone, alors on laisse rien dans sa bagnole, surtout quand elle a la tronche de la mienne (presque comme la photo, mais en plus sale). Alors quand on a son joli ordinateur portable du travail sous le bras, parce qu'il faut finir ce livre, c'est ce soir, enfin, le grand soir, après c'est fini, ben le portable, on l'emmène. Et on l'enferme, confiant, dans un putain de casier à clé que l'on retrouve forcé, une heure plus tard, avec plus d'ordinateur du tout. Personne n'a rien vu. La caméra de sécu de l'entrée : branchée à rien. Pipeau. Factice.
Et tshaw le roman presque terminé ! Tshaw les milliers de photos des amis, de la famille, les précieuses photos de ma petite nana, celles où elle n'a pas vu que je la prenais et où elle ne faisait pas la grimace exprès... tshaw les sons que j'avais créés pour mon clavier, pour jouer avec le groupe... tshaw la musique introuvable, les MP3 bootlegs, les playlists qui déchirent... tshaw mes plans pour partir en balade, le carnet d'adresses avec tous les copains dedans, tshaw les petits coins sympas pour passer des vacances cool sans y laisser toute sa thune... Tshaw, mes mails et les conneries que les copains m'ont envoyées... tshaw les comics tellement excellents que je les avais conservés... et encore tellement d'autres trucs que j'en chialerais presque.
J'ai déjà été cambriolé l'été dernier, ce qui fait que je commence à avoir l'habitude qu'on prenne ma gueule pour un libre-service. Mais j'en ai marre. J'aimerais comprendre comment on peut mépriser quelqu'un au point d'en avoir si peu à cirer de lui qu'on aille lui prendre n'importe quoi pour en tirer deux sous, sans se préoccuper du mal qu'on fait et des souffrances qu'on inflige. Quoique côté mépris, celui que je cultive pour le coupable parasite de ce fait divers de merde atteint des sommets himalayens.
Oh certes, j'aurais pû être prudent. Prendre un deuxième casier, peut-être, plus près des douches, là où tout le monde verra qu'on est en train de le forcer. J'aurais pu faire des tas de sauvegardes, mais si je dis que j'étais sur le point de me payer un graveur DVD pour résoudre le problème, qui va me croire ? Et surtout, qu'est-ce que ça change ? Voilà ce qui arrive quand on fait confiance aux gens (ouh le beau discours de droite !). Une caméra de surveillance tout à fait factice. Des allées et venues incessantes et des gens qui vous enculent en toute impunité. Bref, la vie. J'aurais pu me faire aggresser. J'aurais pu être blessé. Peut-être même que le salopard que je damne sur cent générations pour m'avoir fait ça aurait pu me trouer le bide avec mon propre couteau, que je serais resté à mourir comme un con, sur un carrelage mouillé qui sent les pieds, avec ma chérie qui chiale sans pouvoir rien faire. Mort débile pour une raison stupide. Ca se vaut.
Peut-être... n'empêche que ça fait mal, et que même quand c'est matériel, même quand on peut vivre sans, infliger ça à quelqu'un est un crime. Un vrai. Ce qui montre mon empressement à m'attacher à du matériel... et à convertir mes souvenirs précieux en bits et en octets (et moi que me demandais ce qui me motivais à créer un blog ! Digital-addict, ouais, rien d'autre). Ce qui montre que quand on a violé l'intimité de votre domicile, puis violé l'intimité de votre placard, il ne reste plus que ce que vous avez sur le dos qui ait une chance de vous suivre (et encore, y'a des pickpockets). Mais avant qu'on me fasse les poches et que je sois obligé de me coincer un PDA dans le fondement pour être sûr de garder quelque chose de personnel, ami qui me lit, en ces temps de misère et de douleur irresponsable, même si tu sais que je dramatise et que tu te dis que j'en fais trop", ne la lâche pas, ne la lâche jamais, la putain de bride de ton sac à dos.

mardi 1 mars 2005

... interlude ...

Fond sonore : FFF - On ne badine pas avec la mort

Wow, pas le top moral aujourd'hui. Pas mal de taff, et je suis trop fatigué pour me révolter de façon cohérente... Ca ira p'têt mieux cet après-midi. A+ les gens.
- G4rF