mercredi 2 mars 2005

Un voleur, des valises

Fond sonore : rien du tout
La vie est une pute. Ceux qui me connaissent savent bien que c'est le genre de mots que je crache à tout va pour le plaisir de faire mon intéressant, mais aujourd'hui, plus que jamais, je suis pleinement en accord avec ces propos.
J'ai le malheur d'être un occidental ni très riche ni très pauvre. J'ai donc, comme j'en parlais plus tôt, des problèmes de vie plutôt que de survie. Et j'ai un métier qui me les gonfle de plus en plus (ingénieur informaticien), et dont j'aimerais bien sortir. Pour écrire. Distraire mes concitoyens, et qui sait, arriver à en vivre décemment.
Pour cela, depuis près de 3 ans, je me suis attelé à la rédaction d'un roman, dans un style pas très novateur puisqu'il s'agit de cyberpunk, mais avec quelques particularités qui font que je me suis attaché au projet et que mes proches m'encouragent depuis longtemps à ne pas fléchir, à aller au bout, bref à me défoncer pour accoucher de ce truc. Parce qu'écrire pour raconter sa vie, c'est facile, mais imaginer une vraie histoire, c'est autre chose.
Hier soir, mardi 1er Mars 2005, il me restait à peu près 5 pages à pondre, et c'était fini. Mais... j'ai des problèmes de vie. Je mange plus que je ne le mérite. Alors je prends du bide. Alors j'essaie de faire du sport pour amincir mon abdomen mollissant. Et comme je suis grand comme une girafe à genoux, je dois soigner mon dos : pas de jogging pour moi, pas d'efforts trop violents sur mes os fatigués. Alors je vais à la piscine, parce que la piscine, it's good for you. C'est comme prendre son bain avec 20 filles en même temps (20 mecs aussi, mais ça, on s'en tape !). Et comme, à tout prendre, je préfère ça à ça, je vais plutôt que .
Monumentale erreur ! Car à Saint Ouen comme à Clichy, dehors c'est la zone, alors on laisse rien dans sa bagnole, surtout quand elle a la tronche de la mienne (presque comme la photo, mais en plus sale). Alors quand on a son joli ordinateur portable du travail sous le bras, parce qu'il faut finir ce livre, c'est ce soir, enfin, le grand soir, après c'est fini, ben le portable, on l'emmène. Et on l'enferme, confiant, dans un putain de casier à clé que l'on retrouve forcé, une heure plus tard, avec plus d'ordinateur du tout. Personne n'a rien vu. La caméra de sécu de l'entrée : branchée à rien. Pipeau. Factice.
Et tshaw le roman presque terminé ! Tshaw les milliers de photos des amis, de la famille, les précieuses photos de ma petite nana, celles où elle n'a pas vu que je la prenais et où elle ne faisait pas la grimace exprès... tshaw les sons que j'avais créés pour mon clavier, pour jouer avec le groupe... tshaw la musique introuvable, les MP3 bootlegs, les playlists qui déchirent... tshaw mes plans pour partir en balade, le carnet d'adresses avec tous les copains dedans, tshaw les petits coins sympas pour passer des vacances cool sans y laisser toute sa thune... Tshaw, mes mails et les conneries que les copains m'ont envoyées... tshaw les comics tellement excellents que je les avais conservés... et encore tellement d'autres trucs que j'en chialerais presque.
J'ai déjà été cambriolé l'été dernier, ce qui fait que je commence à avoir l'habitude qu'on prenne ma gueule pour un libre-service. Mais j'en ai marre. J'aimerais comprendre comment on peut mépriser quelqu'un au point d'en avoir si peu à cirer de lui qu'on aille lui prendre n'importe quoi pour en tirer deux sous, sans se préoccuper du mal qu'on fait et des souffrances qu'on inflige. Quoique côté mépris, celui que je cultive pour le coupable parasite de ce fait divers de merde atteint des sommets himalayens.
Oh certes, j'aurais pû être prudent. Prendre un deuxième casier, peut-être, plus près des douches, là où tout le monde verra qu'on est en train de le forcer. J'aurais pu faire des tas de sauvegardes, mais si je dis que j'étais sur le point de me payer un graveur DVD pour résoudre le problème, qui va me croire ? Et surtout, qu'est-ce que ça change ? Voilà ce qui arrive quand on fait confiance aux gens (ouh le beau discours de droite !). Une caméra de surveillance tout à fait factice. Des allées et venues incessantes et des gens qui vous enculent en toute impunité. Bref, la vie. J'aurais pu me faire aggresser. J'aurais pu être blessé. Peut-être même que le salopard que je damne sur cent générations pour m'avoir fait ça aurait pu me trouer le bide avec mon propre couteau, que je serais resté à mourir comme un con, sur un carrelage mouillé qui sent les pieds, avec ma chérie qui chiale sans pouvoir rien faire. Mort débile pour une raison stupide. Ca se vaut.
Peut-être... n'empêche que ça fait mal, et que même quand c'est matériel, même quand on peut vivre sans, infliger ça à quelqu'un est un crime. Un vrai. Ce qui montre mon empressement à m'attacher à du matériel... et à convertir mes souvenirs précieux en bits et en octets (et moi que me demandais ce qui me motivais à créer un blog ! Digital-addict, ouais, rien d'autre). Ce qui montre que quand on a violé l'intimité de votre domicile, puis violé l'intimité de votre placard, il ne reste plus que ce que vous avez sur le dos qui ait une chance de vous suivre (et encore, y'a des pickpockets). Mais avant qu'on me fasse les poches et que je sois obligé de me coincer un PDA dans le fondement pour être sûr de garder quelque chose de personnel, ami qui me lit, en ces temps de misère et de douleur irresponsable, même si tu sais que je dramatise et que tu te dis que j'en fais trop", ne la lâche pas, ne la lâche jamais, la putain de bride de ton sac à dos.

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