mardi 15 mai 2007

Chanson d'amûûûr

Fond sonore : White Stripes - Fell in love with a girl

       Du bonheur en boîte de douze : enfin une vraie chanson romantique comme on n'en fait plus. Si vous ne connaissez pas, allez donc écouter "Ce soir", de Max Boublil, jusqu'au bout pour voir les 2-3 copains... hé hé ! Et matez les extraits du spectacle (à mon sens, "Les flics" c'est pas le meilleur, j'aime bien "La fille de Meetic").
-G4rF-

mardi 8 mai 2007

Néo-résistance ?

Fond sonore : rien (pas le temps)

       Bien triste fin que la nôtre. Certes, tous ceux qui, de Bigard à Faudel en passant (putain que ça fait mal) par Dominique Farrugia, s'imaginent qu'on peut faire confiance à Sarkozy pour tenir ses promesses, le savent : on ne va pas m'empêcher de blogger demain.
              Non.
              Mais un débat d'entre-deux tours viré d'une grande chaîne pour atterrir sur l'improbable TNT (franchement, BFM TV commence à avoir de la classe en ce qui me concerne, mais je parle peut-être trop vite), c'est suspect.
              Tout comme il est suspect que 53 % de Français décident de croire en la rupture d'un type qui a déjà eu des années de présence dans les hautes sphères pour changer les choses. Et il ne l'a pas fait.
       Bigard, encore lui, évoquait dans un sketch la mémoire phénoménalement courte du poisson rouge. Et en sortait une situation plutôt marrante. Aujourd'hui, bien que viscéralement écoeuré par le résultat de ce suffrage, je ne peux pas en vouloir à ceux qui ont voté Sarko. Plus les années passent, et plus je suis convaincu que nous sommes tous éduqués pour devenir des poissons rouges. Je vous refais le sketch :
       Monsieur Normal apprend que Sarkozy a bidonné ses chiffres : "c'est dégueulasse !". Un tour d'aquarium plus tard, il a oublié.
              Monsieur Normal apprend que Sarkozy n'hésite pas à encourager les flics à faire du chiffre plutôt qu'à faire leur boulot, qui est de lutter contre toutes les délinquances, et particulièrement celle qui coûte le plus de sous : la délinquance en col blanc. "C'est honteux !". Un tour d'aquarium plus tard, il a oublié.
              Monsieur Normal apprend que Sarko a bénéficié des largesses d'un promoteur très amical. "C'est immoral !". Tour d'aquarium, plus rien.
              Monsieur Normal apprend que 90% (grosso modo) des media du pays sont entre les mains de très proches de Sarko, et que parler de liberté de la presse quand 9 rédac'chefs sur 10 risquent leur place s'ils déplaisent à NaboLéon, ça fait doucement rigoler. "C'est de la dictature !". Tour d'aquarium. Nada.
       Monsieur Normal constate que Sarko a fait campagne aux frais du peuple français du début à la fin, qu'il ne se déplace courageusement dans les banlieues où le pékin moyen est obligé de survivre avec son RMI et son chômage d'entre-deux Contrat Nouvelle Embauche qu'avec un bataillon de flics autour de lui, qu'il vante la rupture avec la politique d'avant mai 2007, c'est-à-dire avant lui-même, et puis qu'il se pose en victime de diabolisation entre les deux tours pour faire pleurer dans les chaumières. "C'est de la démagogie !". Tour d'aquarium. Exit.
              Monsieur Normal, c'est le portrait de l'électeur standard. Pas seulement de Sarko. De tous. On a beaucoup parlé politique, mais combien de personnes ont travaillé politique ? Combien savent ce qu'est la réalité de la mécanique hasardeuse qui régit notre économie ? Combien savent le pourcentage de Français qui adhèrent effectivement à un des partis majeurs et paient leur cotisation ? Combien connaissent la différence entre le nombre de syndiqués allemands et le nombre de syndiqués français ? Bref, combien sont dans l'action, et combien sont dans l'expectative ?
       Monsieur Normal, c'est vous, c'est lui, c'est moi. Philippe Val affirmait qu'on était naturellement de droite, et qu'il fallait faire une réflexion sur soi-même, les autres, et la place de la politique dans ce monde pour devenir de gauche. Je suis d'accord à 200%. A la question "Ségolène est-elle de gauche ?", je ne sais quoi répondre. A la question "Sarkozy est-il dangereux ?" je réponds oui sans hésiter.
              Pour l'anecdote, dans la ville de Colombey-les-deux-églises, où vécut et mourut De Gaulle (de plus en plus sanctifié à mesure que les victimes du passage de l'armée à la politique du grand Charles se dispersent dans le néant), Sarko a fait 51% dès le premier tour. Nombre de visites de Sarko à Colombey : 1. Chirac, qui y va religieusement tous les ans, à Colombey, pour fleurir la tombe de celui dont il se réclame (à défaut d'en être digne), n'y a jamais dépassé 35%. Monsieur Normal est partout. Y compris à Colombey.
       Sarkozy est un néo-conservateur. Un libéral sans frein. J'ai peur de lui, et je sais parce que je me suis documenté que j'ai raison d'avoir peur de lui. "Si la peur fait bouger, elle fait rarement avancer", chante-t-on. C'est vrai. Mais avec un peu de chance, il y a moyen d'aller de l'avant en luttant contre cette peur. Dans ce nouvel état Français entièrement à droite (assemblée à droite, sénat à droite, conseil constit' à droite, conseil supérieur de la magistrature à droite, CSA à droite, Canal+ à droite, TF1 à droite, M6 à droite, Arnault-Bouygues-Lagardère à droite), la lutte contre le néo-conservatisme ne peut s'appeler que la néo-résistance. Pas une résistance destructive, non. Mais il faut forcer Monsieur Normal à se prendre en main, à mettre sa télé sur "Pause" et à refaire lui-même sa propre éducation. Acheter des journaux payants. Apprendre à se frotter à l'opinion contradictoire, et à chercher le fait dans le vacarme de la rumeur.
              En attendant, comme se disent en ce moment quelques millions de nos compatriotes, et quelques millions de ceux qui enragent de n'avoir pas le droit de voter dans le pays où ils vivent, on est mal. On est très mal.
       Fin de transmission.

-G4rF-