lundi 19 novembre 2018

Poème express [120/365] - Mélenchon

Mélenchon
Il va bien me falloir dire ici quelques mots
D'un qui a provoqué un fort engagement
A ne plus me laisser tomber dans le panneau
Et de spectateur, à devenir militant.

Pas de panégyrique, pas d'hymne à la personne
Car comme tous les modèles il est plein de défauts
Mais chez ceux qu'il rassemble, les mêmes idées résonnent
Refusant de laisser chacun subir son lot.

De ça je lui sais gré, de la mise en mouvement,
De l'énergie donnée contre l'indifférence.
Pour le reste, à chacun, selon son jugement,
De se faire son idée, toujours sans révérence.
--G4rF--

Poème express [119/365] - Foot

Foot
Me serait-il possible de me débarrasser
Pour un instant seulement de ma lourde carcasse
Redevenir un temps l'enfant que j'ai été
Mouillant son maillot et salissant ses godasses

Sur un terrain trempé par la pluie de Novembre
Avec Etienne, Régis, David et tous les autres,
Courant, sans le soleil pour réchauffer nos membres,
Pour le meilleur des jeux, puisque c'était le nôtre.

Aujourd'hui trop pesant pour chausser les crampons
Et le genou ployant sous l'usure médicale
Je chéris la joie simple, la belle exaltation
De mon unique but, cet instant idéal.

C'est ce foot là seulement qui vraiment m'intéresse
Celui qu'on joue pour le seul plaisir d'être ensemble.
Peu m'importent victoires, défaites et palmarès :
C'est lutter contre soi qui motive et rassemble.
--G4rF--

Poème express [118/365] - Hiver

Hiver
L'épais tapis de feuilles émet des craquements
Ceux de la glace fine et de la neige fraîche
Les oiseaux sont cachés, partis il y a longtemps,
Les pommettes rosissent, les lèvres se dessèchent

Au sommet des maisons les panaches fumants
Répandent alentour la senteur des foyers.
Espérant des flocons, notre part d'enfant
Se rappelle à nous car l'hiver est arrivé.
--G4rF--

dimanche 18 novembre 2018

Poème express [117/365] - Tartiflette

Tartiflette
J'ai voulu préparer un vrai plat de saison
Qui passe par le ventre pour réchauffer les cœurs.
Demandant à Google, j'arrive sur Marmiton
Je clique sur "tartiflette" et passe en mode traiteur.

Liste des ingrédients : patates et reblochon
Des oignons, des lardons, de la crème fleurette
Un bon tiers de bouteille de vin de l'Apremont
Du sel, du poivre et un solide coup de fourchette.

Cela s'annonce bien, faisable, à ma portée
Et après quelques courses tout est là en cuisine.
Première étape, facile, patates à l'étuvée.
20 minutes à attendre, je prends un magazine

Et me sert un bon verre de vin blanc de Savoie
Que rejoint un deuxième pendant que je picore
Un petit coin de fromage qui ne manquera pas,
J'en suis sûr, à mon plat car il en reste encore.

Pendant que je travaille, d'une main bien distraite,
Les pommes de terre cuites qu'il me faut éplucher,
Je remets à niveau mon verre d'une traite
Négligeant les oignons dans leur poêle surchauffée.

Tentant de les sauver avant qu'ils ne calcinent
Je renverse sur eux le peu de vin restant
Qui bout et s'évapore et remplit la cuisine
D'une brume d'alcool aux effets... reposants.

Je n'ai plus souvenir du reste du travail
Que sous forme de bribes fortement décousues
N'expliquant pas vraiment pourquoi mon plat sent l'ail
Ni comment il se fait que les lardons soient crus,

Que des deux reblochons ne reste que l'emballage
Noyé sous des patates et les oignons brûlés,
Et que mon beau repas ne soit plus qu'un naufrage
Dont les arts de la table se fussent bien passé.
--G4rF--

Poème express [116/365] - Raclette

Raclette
Cornichon esseulé dans un bol de grès beige
Fond de verre oublié près de bouchons en tas
Miettes de pain alignées dessinant un cortège
Près des peaux de patate, du couteau à beurre gras

Une odeur tenace emplissant l'atmosphère
Dans l'évier les poêlons trempent avec les fourchettes
Dans le petit salon, on rigole, on digère
Prolongeant le plaisir de la soirée raclette.
--G4rF--

vendredi 16 novembre 2018

Poème express [115/365] - Mon sport

Mon sport
L'exercice se pratique en paliers réguliers.
D'abord, l'étirement, prévenant les blessures,
Puis on réveille le cœur, on le fait s'activer
On le veut fort et vif, un moteur qui carbure

Puis les premiers mouvements, l'esprit focalisé
Sur les respirations, sur la bonne posture
Pour finir une série, en restant concentré
Pour faire un bon usage sans rentrer dans l'usure

Les temps de repos sont précis et mesurés
Pour donner de soi-même l'effort maximal,
Aller au bout de soi avant de s'effondrer
Repoussant chaque fois un peu plus le final

Je le sens bien en moi, quand j'ai trop paressé,
Quand le verbe se tait ou qu'il est trop banal
Alors, à l'art d'écrire, je repars m'entraîner
Distillant mot à mot ma sueur cérébrale.
--G4rF--

Poème express [114/365] - Brumaire (4)

Brumaire (4)
Les gouttes fines du ciel à terre
Apportent un lustre surprenant
Aux objets même insignifiants
Brillant comme les plus belles pierres.
--G4rF--

jeudi 15 novembre 2018

Poème express [113/365] - Brumaire (3)

Brumaire (3)
Dans la froide moiteur des brouillards matinaux
Où le pas incertain et inquiet ralentit,
Dans les limbes épaisses reviennent les animaux
Profitant d'une trêve s'achevant au midi.
--G4rF--

Poème express [112/365] - Brumaire (2)

Brumaire (2)
Elle marchait la bouche grande ouverte
Dans les ruelles embrumées
"Mais pourquoi fais-tu ça, fillette ?
- Les nuages ont un goût sucré."
--G4rF--

Poème express [111/365] - Brumaire (1)

Brumaire (1)
Le baron Brumaire
A pris ses quartiers d'hiver
Devant ma maison
--G4rF--

jeudi 8 novembre 2018

Poème express [110/365] - Un peu de silence

Un peu de silence
Claquement retentissant des volets que l'on ferme
Étouffement des lumières par les rideaux tirés
A l'heure où s'en retournent les derniers égarés
Le jour tumultueux s'étire jusqu'à son terme

Dernière promenade des compagnons canins
Les dîneurs attardés s'en vont dans leurs manteaux
Vient l'heure tant attendue de la dernière auto
Dont le bruit bat retraite vers l'horizon lointain

C'est l'instant désiré où se fait la bascule
Où le diurne cède la place aux noctambules
Lorsque, pour une seconde, se remarque l'absence
Des clameurs des vivants, pour un peu de silence.
--G4rF--

mercredi 7 novembre 2018

Poème express [109/365] - Mémoire de pierre

Mémoire de pierre
La sculpture en tuffeau et le bloc de granit
Ont-ils le souvenir de leur excavation ?
Se rappellent-ils leur jeunesse de mégalithe
Avant d'être exhumés pour une construction ?

Que voient-ils de nos vies trépidantes de moustiques
Vibrionnant sans cesse avant notre extinction
Eux qui furent et seront, immuables et stoïques,
Eux, les futures ruines qu'en partant nous laisserons ?
--G4rF--

#17Novembre et le problème du carburant

Voilà ce qu’il me vient à l’esprit à la lecture de cet article :
Si nous paraissons tous capables de comprendre, au sujet des réfugiés, qu’il faut à la fois faire preuve d’humanité pour accueillir ceux qui sont là et également faire preuve d’intelligence pour résoudre les crises qui les amènent à quitter leurs pays, afin de résoudre le problème à court et à long terme… pourquoi semblons-nous incapables de comprendre, au sujet des transports, qu’il faut à la fois faire preuve d’humanité pour aider ceux qui n’ont pas d’autre choix que d’utiliser leur voiture et également faire preuve d’intelligence pour remodeler la société en évacuant l’automobile individuelle, afin de résoudre le problème à court et à long terme ?
Le racket d’état sur la taxation du carburant n’est pas nouveau. Il n’est pas le fait de ceux qui protestent aujourd’hui, que l’on soit d’accord ou non avec leurs arguments.

La réalité est têtue : notre société est aujourd’hui dans cet état après des décennies de politiques de transport qui l’ont volontairement modelée autour de la sainte bagnole.

Cette nouvelle mesure fiscale oppressive, qui ne propose aucunement un mécanisme de compensation améliorant concrètement l’usage de transports plus écologiques ou permettant de se libérer de la voiture, provoque un appauvrissement forcé de tous ceux qui n’ont d’autre possibilité que d’utiliser leur voiture chaque jour. C’est une réalité incontestable, aussi incontestable que la fuite en avant imbécile de notre société consistant à rester focalisé sur le modèle de l’automobile individuelle alors que nous savons le péril dans lequel cela nous projette.

Dresser l’une contre l’autre ces deux faces d’une même pièce n’aboutit à aucune possibilité d’amélioration.

Il nous incombe de traiter ce problème dans sa globalité, à court et à long terme, et de mettre à bon usage la colère collective pour provoquer le changement de modèle que nous appelons tous de nos voeux, sans négliger personne, même ceux qui protestent pour ce que nous pensons être de mauvaises raisons.
--G4rF--

Poème express [108/365] - Solde de tout compte

Solde de tout compte
Comment se passerait le dernier entretien annuel
Avec la Terre comme patron et nous, les salariés,
Le jour où nous apprendrions que nous sommes licenciés
Dans un grand plan social sans indemnité contextuelle ?

Nous dresserions le bilan des objectifs non atteints
L'intégration ratée dans notre vaste écosystème
Le mauvais emploi des ressources et des moyens communs
Les dégradations causées par les déchets que l'on sème

La comptabilité serait en notre défaveur
On y verrait notées beaucoup de pertes sans profit
L'usage immodéré de nature reçue à crédit
Nous les irresponsables, les éternels débiteurs.

Nous aurions besoin d'aide pour défendre notre cas
Faire plaider pour nous un représentant du personnel
Choisi dans les espèces intelligentes d'ici-bas
Mais quel animal viendrait pour soutenir notre appel ?

Nos fautes reconnues, le patron nous foutrait dehors
Avec pour solde de tout compte une dette abyssale.
Il est peut être temps d'éteindre notre soif d'or
Et le feu que nous avons mis à notre terre natale.

--G4rF--

Poème express [107/365] - Les photos d'identité

Les photos d'identité
Pour qui sont ces clichés de visages fermés
Ces portraits tristes et froids, plats et neutralisés ?
Que va s'imaginer l'étranger stupéfait
Devant cette galerie de visages défaits ?

Privés de leurs sourires, de la simple expression
De l'humeur de l'instant, gais comme une prison,
Légion robotisée et déshumanisée
A qui ne manque plus qu'un code-barre tatoué.
--G4rF--

mardi 6 novembre 2018

Poème express [106/365] - Horloge

Horloge
Deux fois chaque jour, les aiguilles d'une horloge arrêtée indiquent l'heure juste.
Deux fois chaque jour, les aiguilles d'une horloge en marche voient le monde à l'endroit.
--G4rF--

Poème express [105/365] - Clown

Clown
Qu'y a-t-il chez les clowns qui fasse si curieusement
Peur aux plus petits et fasse rire les plus grands ?

C'est que les jeunes voient la grimace étirée,
Les couleurs violentes d'un monstre écœurant
Qui n'est finalement qu'un miroir déformant
Dont les plus vieux comprennent l'absurde vérité.
--G4rF--

Poème express [104/365] - Sombre

Sombre
Battue par le ressac sans trêve ni repos
La coquille de noix tangue, roule et se tord
Trempée par l'eau salée du mât jusqu'au plat-bord
Elle lutte vaillamment grâce à son matelot

Une drisse détachée, un pan de toile fendu,
Sa coque rebouchée par le bois des pinoches,
Au mince fil de l'espoir son courage l'accroche
Pour se tenir loin du rang des disparus

Voyez donc la noblesse de ce combat truqué
Où le faible s'épuise à parer la puissance
D'un adversaire sans face, violent et immense,
Niant par son mépris l'honneur au condamné.

A la barre en roue libre, le marin sans secours
Ne peut que constater l'échec inexorable
De l'embarcation qui sombre, misérable,
Sa fatale sentence s'abattant sans recours.

Un parmi des millions, dans ces frêles esquifs,
A être balayé par ce vent de noroît
Inhumain et glacé, venu prendre sa voix,
Pouvoir mortifère de nos pairs putatifs.
--G4rF--

Poème express [103/365] - Peur

Peur
La peur est la réponse aux blessures vécues,
Aux douleurs infligées, à la souffrance nue,
Qui fait de son mieux pour nous tenir à distance
Du risque de nouvelle expérience de souffrance

La peur est défensive et prend ce rôle à coeur
Au point d'être excessive, elle devient oppresseur
Paralysant tout geste pour supprimer tout risque
Par la grève du zèle elle retient et confisque

La peur est une voix qu'il nous faut écouter
Mais qui pour nous convaincre doit argumenter.
Gardons pour ses propos une oreille vigilante
En tenant en respect cette mère étouffante.
--G4rF--