mercredi 27 décembre 2017

Poème express

17-18

Poudre foudre feu d'enfer
Sourd lourd coup de tonnerre
Fracas muet derrière les yeux
Images de guerre et écran bleu 

Strass gloss brillantes paillettes
Smoking sur robe noire de starlette
Le carmin des lèvres fibrille
C'est dans le vide qu'il s'égosille 

Étendu plat vidé crevé
Chaise, fauteuil puis canapé
Jonglant sur mille canaux d'un doigt
Cherchant où l'ennui ne s'ra pas 

Bilan total somme addition
Rite final des prédictions
Un temps s'achève, un autre vient
Contemporain comptant pour rien ? 

Itère, itère, boucle infinie,
En méta-stase de frénésie
Cent petits tours et puis s'en vont
Vœux de changement, désillusions 

Tombez rideau, videz la scène
Jetez les livrets à la benne
Et gardez vous de recycler
Leurs mots usés et abusés

Des planches, bâtissons des bateaux,
Des décors, faisons nos radeaux
Greffons au ciel en guise d'étoile,
En sémaphore notre idéal
Fin du spectacle prémédité
Tout s'ra maint'nant improvisé
Les applaudissements viendront
Pour chaque miracl' que nous ferons

Et laissons là dans le sillage
Les horoscopes, les faux présages,
Dans l'universelle équipée
Chaqu' jour est la nouvelle année.

--G4rF--

jeudi 7 décembre 2017

Poème express

H.P.

Au fil des portes closes
Et des salles en fureur
A longueur de couloirs
De blocs et d'ascenseurs

Au rythme des grabats
Sur leurs voies de garage
Foule en anonymat
Des blouses en paysage


Kilomètres arides
Linoleum plat
Rampant en tout endroit
Saveur bactéricide

Variables usagers
Parfois en simple escale
Sous les peintures âgées
En ce lieu de tout mal


Près des néons blafards
Éclat du gyrophare
Dans le choc du brancard
Un futur noir ou blanc

Au creux des yeux cernés
Du soignant épuisé
Sur ses sabots usés
Les patients, les patients

--G4rF--


mercredi 6 décembre 2017

Ciao jojo

Souvenir, souvenir...
Contrition forcée ? Très peu pour moi. J'en ai à peu près rien à cirer de Johnny Halliday, mais je ne conchie pas Jean-Philippe Smet non plus, parce qu'il faut distinguer le personnage fantasmé du mec qui l'interprète.

Sur ses chansons ? Il en a composé une seule, je crois, c'était "cheveux longs et idées courtes", chanson dans laquelle il tentait (maladroitement il faut le dire) de faire le clash avec Antoine. Oui, LE Antoine d'Atoll-les-opticiens, qui, dans ses élucubrations, avait dit en évoquant le futur interprète du concurrent Optic 2000 : "tout devrait changer tout le temps / le monde serait bien plus amusant / on verrait des avions dans les couloirs du métro / et Johnny Halliday en cage à Médrano".

Sur l'affaire, ce que j'en dis, c'est qu'Halliday était un bon interprète, il a très bien chanté de très beaux morceaux, il en a aussi massacré des horribles sur scène, et il a su très bien s'entourer du point de vue professionnel, mais sans doute moins bien du côté personnel.

Après, pour ce qui me concerne, le culte de la personnalité et du mythe américain de notre chanteur franco-belgo-suisse national m'a toujours gonflé : pour lui comme pour d'innombrables stars de la chanson, leur succès est dû à leur travail, certes, mais aussi à celui considérablement plus énorme de milliers de bosseurs de l'ombre, des compositeurs aux paroliers en passant par les roadies, les tourneurs et les ingés sons qui, eux, crèveront dans l'indifférence générale alors qu'ils étaient des rouages indispensables pour qu'un mec comme Johnny existe en pleine lumière.
Et je n'ai pas connaissance que le sieur Halliday invitait ses techniciens et ses équipes en vacances sur un yacht à Saint Trop'.

Donc oui, Jean-Philippe Smet est décédé, oui, il ne jouera plus Johnny Halliday, oui les proches sont effondrés, oui les fans sont tristes, oui, qu'on les tous laisse chialer puis s'en remettre comme ils pourront.

Mais oui aussi, tous ceux qui n'en avaient rien à foutre de la surmarketée idole des jeunes ont aussi le droit de se plaindre.
Parce qu'on va de force leur bourrer le mou, les yeux et les oreilles toute la semaine avec du Johnny par-ci et du Johnny par-là, quel grand homme, quel symbole national, violons et tremolos sur toutes les antennes.
Et ça, dans le même pays et la même semaine où par hasard on inhume aussi Jean d'Ormesson, un mec dont l'oeuvre est elle aussi du genre valable (même si je n'aimais pas ses points de vue et ses tendances politiques), mais bon, l'oeuvre de d'Ormesson est moins télégénique, alors on en cause 5 minutes et on retourne à ses petites affaires, vas-y remets moi "Tennessee".

A l'instant, je n'imagine rien de pire que cet exercice d'hommage imposé, ça vous pousse à détester à titre posthume quelqu'un qui ne méritait peut être que votre dédain de son vivant.

Réveillez-moi pour la mort de Damien Saez , de Björk ou de Trent Reznor, là, ça me fera sans doute quelque chose.
--G4rF--