mercredi 8 mars 2006

Les limites du supportable

Fond sonore : Filter - Hey man nice shot

       Hier soir, j'ai passé un coup de fil. Ca fait un paquet de fois ces derniers temps que je me tape des discussions que je préfèrerais éviter. Et une fois de plus, y'a fallu que je me cogne le sale boulot.
              Pas glop.
              Le sujet de la discussion : un copain qui, de notoriété publique, a glissé dans la picole depuis un bout de temps et ment effrontément à ce qui reste de son entourage en prétendant se maîtriser et arrêter de boire par ses propres moyens.
       C'est dur à dire, mais j'en peux plus. C'est déjà pas évident de voir un pote se défoncer sans arrêt, se détruire à un tel point qu'il ignore tout ce qui se passe autour de lui et dans le monde, se vider de toute substance jusqu'à n'être plus qu'un réceptacle à bière. C'est rude à vivre, le voir s'enfiler des Maalox à tire-larigot et fouiller dans les placards chez les copains pour mettre la main sur du Pastis à 11h du mat'.
              En quelques années de picole sans fin, il a fait le vide autour de lui. Plus personne ne l'appelle. Il n'a plus de copains, à part une poignée d'Astérix's qui résistent encore et toujours à l'envahisseur avec un désespoir grandissant. Ses anciens collègues, ses anciens potes, tout ce qui a fait sa vie et sa richesse : out.

       Aujourd'hui il est devenu tellement creux qu'il ne sait plus quoi faire pour cesser d'être transparent au milieu d'une conversation. Alors il est méchant. Hautain. Prétentieux.

       Il y a quelques temps, j'ai choisi de lui confier la charge d'être le parrain de ma fille. J'espérais provoquer en lui un ultime soubresaut de fierté, lui transmettre l'électrochoc qui lui ferai enfin vider toutes ses bouteilles dans les toilettes et tirer la chasse sur cette vie de merde une bonne fois pour toutes. Apparemment, je me suis gourré. Et moi qui avais le choix entre lui et deux autres proches d'une grande valeur à mes yeux, moi qui ai toujours été d'un optimisme aveugle en l'avenir de ce mec, moi... ben je regrette mon choix.

       J'en peux plus de lui, de son négativisme permanent, de son caractère irascible et de son odeur de vinaigre. J'en peux plus de lui épargner les foudres qu'il mérite, de m'occuper de lui au détriment de mon propre intérêt. Ras-le-bol de sa jalousie maladive, de son incapacité chronique à se stabiliser plus de deux minutes, de sa mythomanie alcoolique qui lui fait se foutre de la gueule ouvertement des dernières personnes qui se préoccupent encore un peu de lui. Cette putain d'attitude de parvenu de mes deux a beau être la seule expression d'un cri de détresse inconscient, c'est quand même une putain de montagne à porter sur ses épaules quand on est plongé dans l'affaire. Et moi, je veux pas imposer à ma fille le poids et les angoisses d'avoir un parrain pochtron sur qui personne ne peut compter, même pas lui.

       D'où le coup de fil d'hier soir. A bout d'énergie, de force, d'arguments et d'envie de l'aider, j'ai franchi le pas et j'ai téléphoné à ses parents. C'était dur. Et ça fait mal de confirmer ses craintes de rechute à sa maman qui, bonne mère évidente, n'arrivait même plus à se convaincre elle-même de modérer la gravité des faits.

       Sincèrement, je pense qu'il est encore récupérable. Mais y'a un putain de boulot à faire. Et c'est maintenant que ça doit se faire, sinon il est foutu. C'est plus un pansement et un sucre au Ricqlès qu'il faut, maintenant, c'est un putain de défibrillateur. NFS, chimie, iono, gaz du sang, groupe RH, bandelette urinaire et un solide coup de pied dans le cul. Il faut du Bosch : du travail de pro.

       En dehors de ça, grâce en soit rendue à May, BleZzZ, Nouillam, à Iffic à distance, aux gentils commentaires de HaTcH sur ce blog et bien sûr à ma famille petite et grande, la ptite Vaness et la toute ptite Charlie, ça va pas trop mal, merci. :-)
-G4rF-

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