mercredi 13 février 2008

Neuillyseries

Fond sonore : keud
       Une petite notule en passant. Pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, dans cette semaine où l'actualité s'assied sur le Darfour tout en vous rebattant les oreilles avec le feuilleton "baston de pitbulls UMP à Neuilly", il y a un point de vue qu'on n'a pas encore entendu.
              Celui de la gauche locale.
       Parce que là, de Libé au Nouvel Obs, du Monde au Figaro, j'ai l'impression que tout le monde s'en fout, de la gauche locale. Un collègue me rappelle que Besancenot, à la dernière présidentielle, a recueilli 3 voix à Neuilly-sur-Seine et ça l'a bien fait rigoler. Et aujourd'hui il ressort du traitement de ces informations ce que ça donne de vivre en Sarkozye : même la presse censément de gauche, au lieu de faire son travail avec un minimum de profondeur et de faire un tour d'horizon des sensibilités politiques locales, se laisse aller à la facilité stupide et crétinement voyeuriste de se gausser à peu de frais des virements et revirements des UMP et divers droite et que sais-je encore. Sans un mot sur la présence de la gauche, du PS au PC en passant par FO ou la LCR. Et encore moins sur la façon dont l'électorat local considère maintenant l'opposition municipale, alors que s'étale au grand jour le jeu des parachutages, des protections en haut lieu, au mépris de la seule chose qui devrait être considérée quand on choisit le premier citoyen d'une ville : les affaires de la ville.
              Pourtant, quand on parle de Paris où Delanöe est donné largement favori, on ne perd jamais une miette du discours de l'UMP et des Bayrouistes, et même le FN a droit de cité : on donne la parole à tout le monde, avec des déséquilibres certes, mais chacun s'exprime. Alors, pourquoi pas à Neuilly ? Une convention tacite, entre pisse-copies d'une presse indigne d'être appelée libre ? Un complot ultra-secret de la CIA, du FBI et de la NSA ? Une infiltration d'Al-Qaeda dans les milieux de l'information ?
       Ou bien faut-il juste identifier la cause de cet "oubli" par la réponse la plus simple et la plus directe : ces "journalistes" ne font que réagir au lieu d'agir, et oublient comme en 2002 d'envisager l'impossible, ou plutôt le hautement improbable : le vote-sanction, une stupidité sans borne qui concrétise l'égoïsme caractérisant l'ensemble de nos compatriotes en ces temps de difficulté rabâchée et d'immobilisme volontairement répandu, une réaction infantile que je vois bien utilisée en masse par les vieux beaufs de Neuilly pour renvoyer dos à dos les fidèles, les dissidents, les conservateurs, les fachos, les sarkozyens, les martinoïdes, bref toute la gentille populace droitière de la ville de France concentrant le plus de capitaines d'industrie et de milliardaires. Le vieux coup du "pan dans les dents", qui a l'unique avantage de ramener d'un coup dans le présent et à leurs réalités les politicards quand ils ne se sentent plus flatuler.
       Neuilly à gauche. T'imagines ? ;-)
              Et j'en sais rien, moi, de la gauche de Neuilly, puisque personne n'en parle. Si ça se trouve, il n'y a qu'un seul blaireau à gauche à Neuilly, c'est peut-être un crétin patenté, ou un imbécile irrécupérable, voire un nul de chez nul qui ne ferait que de la bouse à la mairie. Mais même avec ça, Neuilly à gauche, ça prouverait au monde qu'en Sarkozye les miracles sont encore possibles. Ou plus modestement, ça fournirait au moins à votre serviteur une excellente occasion de vraiment bien se marrer, en voyant échouer un parachutage grotesque et se gripper un système vicié où l'électeur est juste un carburant et non le seul maître à bord.
       Moi je dis, les mecs, il faut militer pour faire passer la gauche à Neuilly. Ca ne changera strictement rien, les pétés de thune y seront toujours autant pétés de thune, on y verra toujours aussi peu de charclos et toujours aussi peu de logements sociaux y seront créés (on ne choisit pas Sarko comme maire pendant si longtemps pour rien). Mais au moins, ça fera rigoler l'amateur de burlesque qui est en moi, et qui (sans mentir) n'a pas plus d'idées de gauche que d'idées de droite, mais une idée bien précise de ce qu'il vaut mieux éviter de faire pour vivre à peu près bien ensemble dans le pays-qui-fut-celui-des-droits-de-l'homme.
-G4rF-