vendredi 29 avril 2005

Traité de tous les "non" ! (attention, contient une nouvelle constitution)

Fond sonore : Björk - Hunter

     Suite à la réponse de Gab à mon post d'avant-hier, je voudrais inviter ceux qui me lisent à lire ce que ce site raconte. Il s'agit d'un prof de droit d'un lycée marseillais, et son analyse, quoique parfois touffue, ne manque ni de finesse ni de réalisme. Je ne connais pas le bonhomme, mais je salue son travail sur ce sujet. Bien vu, bien dit.

     Pêché il y a quelques instants sur Yahoo : Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg et président actuel du conseil européen, affirme clairement qu'on ne renégociera pas le traité parce que la France dit non.
     Autrement dit, ce traité censé être valable une fois accepté à l'unanimité (c'est une Constitution, ou pas ?) va déjà être bancal au départ. Je n'ai pas la prétention d'apprendre à un politicien à faire de la politique, mais s'il y a une chose dont je suis sûr, c'est que personne ne peut se permettre de qualifier quelque chose de "projet" s'il oblitère totalement le caractère aléatoire de la réussite que souligne justement l'usage du mot projet. Et en politique, le traité constitutionnel est un projet. Donc il peut tomber à l'eau. C'est dans sa nature de projet. C'est comme en voiture, tu pars pas faire le tour du monde et découvrir des paysages inconnus sans emmener au moins une roue de secours, des fois que. L'homme sage est prévoyant.
     Alors maintenant, que ce pauvre nigaud traite les gens de naïf lorsqu'ils comptent que le traité soit renégocié quand il sera jeté aux orties par 60 millions d'Européens (c'est nous), avec la mention "peut mieux faire", et cela simplement parce qu'ils parlent le français et comprennent le sens des mots "simples" (je cite avec des pincettes) qu'on leur postillonne du haut des chaires précieuses où nos "représentants" (je guillemette avec mépris) tiennent leurs os frileux au chaud, cela me paraît la quintessence de la suffisance et de la condescendance des beau-parleurs en costume trois pièces et cravate assortie par les think-tankers de la com' politicarde que nous ne voyons jamais chez nous mais pour qui nous votons quand même. A défaut de mieux. Et ça, ils feraient bien de s'en souvenir. Tous.

     Vivement que ça se secoue, putain ! Que parviennent au pouvoir des gens qui ne fuient pas leurs responsabilités ! Qui comprennent que la parole du peuple, même si ça fait simplet dit comme ça, est le proverbial "dernier mot". Que le peuple décide, depuis la Révolution. Et que quand le peuple décide de son avenir, tant qu'il ne s'agit pas de porter au pouvoir un fumier de dictateur à mèche brune et petite moustache, président ou pas, élu ou pas, énarque ou pas, riche ou pas, ON FERME SA GUEULE ET ON OBEIT !
     Autant Chirac me sort par les yeux, autant la décision qu'il a prise de faire ratifier le traité par les électeurs et pas par le parlement est, à mes yeux, la seule décision démocratique et logique qu'un chef d'Etat digne de ce nom pouvait prendre. Ca n'efface pas son ardoise, encore moins si on pense que c'est sans doute pour faire chier Giscard qu'il a décidé d'exposer au risque de refus le traité du ptit vieux dans son propre pays. Mais pour une fois que le grand guignol décide de laisser parler le peuple, je pense qu'il faut le souligner. L'espoir est perdu de voir le grand échalas de Corrèze changer réellement le cours des choses et donner ne serait-ce qu'une seule minute dans le social, mais ça fait quand même plaisir.
     En attendant que finisse prochainement le ballet des petits roquets de gauche et de droite qui retournent leurs vestes une fois par semaine, un coup oui, un coup non, un coup peut-être, pour récupérer l'électorat qu'ils sentent en train de leur glisser des mains et sur la vague desquels ils surfent alors que la république (la vraie, c'est-à-dire nous, les p'tits gars d'en bas, comme ils disent) se réveille enfin, j'aimerais que le prochain référendum soit l'occasion que les français attendaient lors du 21 Avril 2002 pour en mettre une bonne dans la gueule, par vote interposé, de nos gouvernants de l'époque et d'aujourd'hui, lesquels (c'est curieux, hein ?) s'opposaient en tout hier et sont aujourd'hui unanimes à défendre le oui à ce traité inique (sa mère), cul et chemise autrefois fâchés et aujourd'hui fraternellement réconciliés (j'espère qu'un connard du FN ne lira pas ce truc et ne reprendra pas mes propos, ça me ferait mal). Attention toutefois, pas de collusion, je n'encourage pas à sanctionner à tour de bras avec son bulletin dès qu'une urne se présente. Mais, alors qu'en 2002, le grand marché aux voix faisait salle comble et foutait le bordel en France parce qu'une mère n'y aurait pas retrouvé ses petits entre les diverses tendances de tous les bords même les plus crades, là, là, la baffe dans la gueule sera implicite. Quelle que soit votre couleur politique.
     Enterrons une bonne fois pour toutes, si ce n'est en Europe, au moins en France, la couronne de lauriers, le costume sur mesure payé en "frais de représentation", les chaussures à 30 000 balles et les dessous de table, ces oripeaux trop usés pour abuser encore quiconque et qui forment la parure de cette pute qui se travestit et se fait appeler "gouvernance" en haut-lieu au lieu d'assumer son identité, la vraie, la seule, celle qui sent notre sueur et la douleur des misérables : le culte du pognon-roi.
     Et comme il est facile de dire non sans proposer d'alternative même si cela est le travail des politiques, pas le nôtre, car après c'est pour ça que ces tas de feignasses sont payés, je suggère une voie pour concilier l'inconciliable. Je suggère l'Initiative Populaire Européenne de Rédaction Constitutionnelle. Ca veut dire que tous ceux qui disent non au projet actuel décident de remonter leurs manches et de prendre leurs stylos pour écrire une constitution, une vraie, une simple, universelle et lisible. Par exemple, ça pourrait commencer comme ça, avec des chiffres romains en début de ligne pour faire comme les autres gars, là :

- Exemple de constitution européenne -


I- L'Europe adopte comme principe fondamental le respect des droits de l'homme à l'intérieur et à l'extérieur des frontières de l'Europe, tels qu'inscrits de façon irrévocable dans la convention internationale des droits de l'homme.
II- L'Europe adopte comme principe fondamental le respect du droit international et des décisions votées par ses représentants.
III- L'Europe reconnaît et s'engage à appliquer et faire appliquer le droit de chacun à vivre libre, à travailler pour assurer sa subsistance, à disposer d'un logement salubre et sûr et à suivre les préceptes et traditions de son choix, dans le respect d'autrui, le respect du milieu naturel et le respect de la loi.
IV- L'Europe reconnaît la nécessité de préserver le milieu naturel et s'engage à lutter par tous les moyens adéquats contre toute dégradation passée, présente et à venir de ce milieu et de sa richesse, de quelque nature qu'elle soit, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières de l'Europe.
V- L'Europe s'engage à lutter contre la misère et la pauvreté en appliquant les principes d'équité dans ses relations économiques et politiques avec tous ses interlocuteurs internationaux et avec tous ses adhérents.
VI- L'Europe reconnaît l'utilité et approuve la nécessité de tendre vers un monde sans guerre et sans violence, et pour cela s'engage à participer par tout moyen économique et militaire européen aux actions nécessaires votées par les représentants du droit international, à l'intérieur et à l'extérieur de ses frontières.
VII- L'Europe reconnaît la diversité de ses origines et la multiplicité des peuples et ethnies qui la composent, et s'engage à préserver leur droit à exister, à s'exprimer et à agir dans leur intérêt dans le respect d'autrui et le respect de la loi, et s'engage à leur apporter son assistance lorsque ces droits sont menacés.
VIII- L'Europe reconnaît le danger d'abus qui naît de la concentration des pouvoirs, qu'il s'agisse de pouvoir économique, médiatique, politique, législatif, exécutif ou militaire, et s'engage à maintenir en permanence un équilibre de chacun de ces pouvoirs dans les institutions qui la dirigent et ont la charge de sa gestion.
IX- L'Europe reconnaît la nécessité d'une répartition raisonnable des richesses afin de maintenir une société unie et ouverte à autrui, et à garantir l'égalité des chances de chacun et chacune dans sa vie et ses projets. Pour cela, elle s'engage à adapter régulièrement ses lois et sa politique économique pour prélever et utiliser dans le respect d'autrui les fonds nécessaires à l'amélioration et au maintien du bien-être de tous ses concitoyens, notamment les plus démunis. L'Europe se réserve le droit d'appliquer une imposition raisonnable sur tous les types de flux économiques établis avec ses institutions et entre ses institutions, par toute personne physique ou morale de quelque nationalité qu'elle soit, à l'exception absolue des fonds humanitaires.
X- L'Europe reconnaît la souveraineté et la légitimité de tous les états démocratiques représentés en son sein et dans les instances garantes du droit international, et reconnaît le droit de chacun des peuples représentés en son sein à légiférer et à exécuter ses propres décisions, dans la mesure où cela ne s'oppose pas aux objectifs déclarés dans la présente constitution et aux lois européennes en vigueur.

     Voilà mes dix premiers articles. Si quelqu'un se sent d'attaque pour y mettre son grain de sel (attention les gars, ne pensez pas français, pensez européen, pensez mondial !), il est libre de poursuivre. Si vous suggérez des corrections, laissez-moi un message ci-dessous. Bon courage, et bonne constitution !


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Aide aux pays defavorisées doit etre aussi constitutionnelle, tout comme la recherche et la mise en application des energies nouvelles et non polluantes. Toute energie estampillée "la plus accessible aux peuples et la moins polluante" doit etre utilisée sans considération économique.
Hum voila ma participation:)
On peut meme y inclure la liberté du Net (car il y a fort a parier que dans peu de temps, les blogs ne seront plus aussi libres qu'aujourd'hui), la liberté du net, une liberté que l'on perd peu a peu et que des grands (sony, universal...) récupèrent a coup de lois (voire morales).