vendredi 30 mars 2007

J'ai la liberté d'expression qui me gratte un peu

Fond sonore : Wax Tailor - Que sera (je change pas, c'est toujours aussi bon !)

       Ca fait déjà quelques jours que je me tâte quant à un post récent de mon ami HaTcH . Lisez-le, lisez les commentaires et revenez ici.
       Voilà. Ca fait un paquet de temps que ce post a été publié, et bien que voulant commenter, je n'en ai encore rien fait. Surprenant de ma part, ces atermoiements, me suis-je dit, après que ces quelques jours se soient écoulés. Je veux dire : moi je suis plutôt impulsif, et ne pas rajouter immédiatement mon grain de sel, ça ne me ressemble pas.
       Introspection nécessaire : pourquoi est-ce que j'hésite ? Parce que j'ai peur de dire une connerie ? Non, ça m'a jamais effrayé, j'en ai raconté de belles sur ce blog, je suis encore vivant (le ridicule ne tue plus). Alors quoi ? Une émasculation furtive m'aurait privé de mes grelots et m'empêcherait de m'exprimer soudainement ? J'ai chopé la lèpre, j'ai plus de doigts pour taper ? Non plus.
       Non. La vraie raison, la voilà : je me suis laissé contaminer par l'atmosphère de flippe qui touche au sujet de son poste : laïcité et prosélytisme musulman.
       Ayé, j'ai dit le mot qui fâche. Non, pas musulman, andouille ! J'ai dit le mot : prosélytisme. Car là est le problème. Pourquoi est-ce qu'un bonhomme comme HaTcH exprime son ras-le-bol du capharnaüm accompagnant immanquablement toute évocation des irruptions de contraintes religieuses dans la société laïque, et en l'occurrence de l'islam radical ? Parce qu'il a raison, tiens. Les religieux de toutes les chapelles en font trop : plus un mec a l'air de croire fort à son Dieu, plus il faut se méfier de ses exigences et de ses prises de position. Si on laisse faire, ça donne toutes les absurdités que détaille HaTcH.

       Avant d'aller plus loin, une précision utile pour définir ma position personnelle dans le débat. Je l'assume totalement, je n'ai pas actuellement dans mes proches amis de personne de confession musulmane. Je le précise, parce que c'est souvent le paravent défensif avancé par les fumiers de racistes hystériques qui veulent donner de l'aplomb à leurs diatribes diarrhéiques. Non, j'ai bien fréquenté des enfants d'immigrés, j'ai eu des potes qui s'appelaient Brahim, Lamine, j'ai des gens plein mon immeuble que, quand tu les regardes avec ton oeil tu dis "tiens, des reubeus !" et quand tu les regardes avec TF1 tu dis "tiens, des terroristes !", mais la vérité m'oblige à le dire : JE N'AI PAS D'AMI MUSULMAN.
       Cela dit, curieusement, et je vais le dire en capitales aussi : JE N'AI PAS D'AMI BOUDDHISTE. NI D'AMI CHRETIEN. NI D'AMI SCIENTOLOGUE. NI D'AMI JUIF. PAS DE CHIITE, PAS DE SUNNITE, PAS D'ASHKENAZE, PAS DE SEPHARADE.

       - Ok, on a bien compris, G4rF, t'énerves pas. En gros, t'as pas d'ami, quoi.
       - Mais non, sale con !

       J 'ai des tonnes d'amis, j'en ai plus qu'il n'en faut à toute personne sensée (et je m'en porte plutôt bien, merci, partez pas les gars !) mais s'il y a bien une chose dont je me branle, c'est de savoir en quoi ils croient. Je précise ma pensée : tant qu'ils viennent pas essayer de me vendre leur croyance, et qu'ils ne me font pas changer ma vie ni mon monde pour le plaisir supérieur de leur Dieu que personne n'a jamais pris en photo (et pourtant, on est au XXIème siècle, si c'est pas malheureux), on peut en parler et ça reste des potes. Fin de la parenthèse.
       On constate un problème dans une société républicaine et démocratique quand il devient risqué de s'exprimer sur un sujet. Par exemple, si au lieu de blogger désespérément dans le désert, j'étais en train d'écrire l'édito du prochain numéro du Monde, j'aurais des raisons d'avoir peur pour ma gueule, car je serais certain d'une chose : même si on les encense, même si on fait leur éloge, les gens qui ont décidé que vous ne les aimez pas refuseront toujours d'en démordre. Par conséquent, et plus encore si vous critiquez leurs positions radicales qui ne font plaisir qu'à eux, il est illusoire d'espérer entretenir un débat équilibré et un dialogue raisonné avec des personnes qui ne souhaitent de toute façon pas vous écouter.
       C'est pour ça que, forcément, un post comme celui de HaTcH, ça fait réagir. Surtout dans le contexte actuel, qui nous dicte à tous une "prudente réserve" alors qu'on devrait s'indigner en masse devant le degré de connerie intense atteint par les promoteurs de la burqua dans un pays où les femmes en ont chié pour avoir le droit d'avorter, avoir de le droit de voter et avoir le droit de porter des pantalons. Moi le premier, je me suis dit en mon for intérieur : "ouhlà, mais il est fou, il va se faire trucider à parler d'islam comme ça, il devrait pas parler de ce sujet, c'est trop risqué".
       Rien que pour avoir pensé ça, ne serait-ce qu'une seconde, je mérite des claques.
       Bien sûr que si, il a raison d'en parler ! Et il en a le droit. Et moi aussi. Et même le devoir. Oui, moi, cadre moyen en informatique, 30 ans, une gosse, blanc, habitant près de la gare de Saint Denis où on entend plus parler l'arabe et le wolof que le françaoui. On pourrait très facilement retourner ces quelques indices contre moi pour me passer contre mon gré l'habit du raciste de base : "français de souche, qui gagne de la thune et qui méprise ces salauds d'étrangers qui viennent jusque dans nos baignoires égorger nos filles et nos moutons". Sauf que c'est faux du début à la fin. La seule chose que je n'aime pas, c'est les cons. Mais une fois bien ancré le préjugé du "tous pourris, tous racistes", c'est difficile de revenir en arrière, et si commode de se laisser aller à la facilité, et d'assimiler immédiatement le ras-le-bol exprimé par mon pote sur les conséquences désastreuses (et en plus de ça, plutôt lourdes à se traîner au jour le jour) du prosélytisme des religieux radicaux, à un prétendu racisme qui suffirait à le définir, lui, en tant que personne.
       C'est faux.
       HaTcH a exprimé un point de vue. Une opinion, pour être précis. Et c'est pas parce qu'il parle de la métamorphose d'un courant religieux en mouvement prosélyte destructeur de démocratie qu'il n'a pas le droit de s'exprimer. Aussi sûrement que les libéraux radicaux de ce pays font en sorte de rogner petit à petit les fondations d'un droit social patiemment élaboré au fil des ans et des conflits de l'humain contre le pognon-roi, les radicaux religieux rognent petit à petit les fondations de la laïcité qui, paradoxalement, leur offre sur un plateau la liberté d'expression et des médias indépendants dont ils abusent pour lui niquer la gueule.
       Et tous, là, on se chie dessus, parce que c'est religieux, et la religion faut pas y toucher, faut respecter de peur de passer pour un intolérant à l'esprit étroit, alors chut. Sauf que le problème n'est pas tellement religieux, mais plutôt à chercher dans la radicalisation du discours. Sans la moindre espèce d'hésitation, je ressens le même niveau de danger quand un De Villiers ou un Le Pen parle d'immigration zéro et quand une magistrate allemande oublie son code pénal et innocente un mari qui tabasse sa femme parce que (je cite avec des pincettes pour pas me salir les doigts) "le Coran autorise le mari à punir sa femme".
       Parce que Le Pen et De Villiers s'arrogent le droit de juger eux-mêmes des personnes sans les connaître et de les déclarer nocives pour "notre pays" sans même les avoir écoutées. Parce que cette conne de juge a décidé que le Coran autorise un homme à être juge et bourreau de sa femme, au mépris des propres lois du pays qui interdisent formellement toute forme de violence quel que soit le contexte sous peine de séjour à l'ombre prolongé.

       Tous ces gens, tous ces radicaux veulent à la fois dicter les lois et juger de leur application. Avec quelle mesure ? Quel contrôle pour éviter les dérapages ? Euh... sait pô. Et c'est le fondement même du droit démocratique que de séparer en entités distinctes :
- celui qui rédige la loi
- celui qui juge de son application
- celui qui exécute la sentence
       Oui, disons-le clairement, la laïcité est incompatible avec toute forme de publicité confessionnelle. Non seulement on n'en a rien à foutre que des gamines à qui on a bourré le mou à la maison nous affirment sous le nez en portant le voile à 8 ans qu'elles suivent la religion musulmane, mais en plus elles ne devraient pas avoir le droit de le faire. Car en le faisant elles affirment une appartenance à une communauté, ce qui nie le principe d'indivisibilité de la nation démocratique. Pareil quand leurs barbus de maris, totalement dépassés par le concept même d'une femme libre de ses choix, cassent les couilles aux gens pour les séparer dans les piscines, à l'hosto, etc.
       Personne n'oblige les musulmans pratiquant à manger le jambon que leur sert la cantine. Mais dans la mesure où c'est pour leur propre confort qu'ils réclament autre chose et qu'en faisant ça ils emmerdent tous ceux qui s'en branlent de juger de la pureté du cochon en tant que produit comestible par un être humain, qu'ils paient pour cette autre chose ou bien qu'ils ferment leur gueule. Leur religion ? Leurs interdits ? Leurs problèmes.
       Personne n'oblige les musulmans à fêter Noël, mais je ne pense pas qu'un type quelconque, quelle que soit sa religion, soit assez crétin pour venir au boulot exprès le 25 Décembre pour bien affirmer que, malgré le congé national qui tombe ce jour-là, hé ben il veut bosser parce qu'il est pas chrétien, tu comprends ?
       Tout cela est d'une stupidité sans borne. L'essentiel des pays européns tels qu'ils sont actuellement sont issus d'une culture judéo-chrétienne qui a certes, apporté certains bons morceaux, mais dont les mauvais éléments (bien plus nombreux) ont coûté à travers l'histoire la vie à des millions d'êtres humains. C'est bien pratique : tout morts qu'ils sont, ils ne peuvent plus se plaindre du manque de concession et de discernement des ayatollahs de l'époque qui ont décidé, comme ça, eux tous seuls, sans que Dieu leur signifie expressément (même avec un petit billet, une simple parole, même un petit pet lâché discrètement dans le confessionnal), qu'ils devaient mourir.
       Aujourd'hui, grâce en soit rendue à la Révolution, on sait qu'on est capables de vivre en société et de fonctionner sans devoir se colleter des connards de religieux qui prétendent vous apprendre à vivre alors qu'ils ne savent strictement rien de vous (et qu'ils ne veulent rien en savoir, par-dessus le marché)(je pense au célibat des prêtres, là, entre autres). C'est précisément ce qui fait peur aux fanatiques et aux promoteurs de Dieu-lave-plus-blanc : les démocraties n'ont nullement besoin d'un quelconque Dieu pour fonctionner, parce que Dieu ne ramasse pas les poubelles, ne bouche pas les nids-de-poule sur l'A6 et ne construit pas de gare de RER, même si vous le priez très très fort. Les hommes, oui, sans forcément avoir à se mettre à genoux devant : on fait un contrat, on donne de la thune, et les poubelles sont ramassées, les nids-de-poule bouchés, et pour le RER on verra l'an prochain.
       Il nous appartient de montrer que nous tenons à cette indépendance précieuse vis-à-vis de la divine tambouille des radicaux de tout poil. Et d'envoyer se faire foutre tous ceux qui espèrent faire intervenir (à leur plus grand profit personnel, cela va sans dire) Dieu, Bouddha, Allah ou le Monstre Spaghetti Volant dans les cercles du pouvoir et de décision de nos pays. Il y a déjà bien assez de pays religieux, et franchement leurs bilans en terme de mortalité, de protection sociale, de santé et de recherche scientifique font peine à voir tellement ils sont médiocres.
       Le pire d'entre eux reste le Vatican, à mon sens, parce qu'il est là depuis si longtemps et qu'il ne sert tellement à rien. A part comme piège à touristes et aimant à Léon Zitrone (à l'époque) quand Jeannot-Paulo number two se caillait les miches au balcon pendant 3 heures à bénir urbi, orbi et toubifri.
       Quand Ratzinger décidera d'accepter l'idée qu'une femme violée a peut-être besoin d'avorter pour se reconstruire un mental et ne plus se sentir souillée, quand le mollah Omar décidera de se livrer à la justice des hommes pour répondre de ses crimes en Afghanistan, quand toutes les factions en présence dans le conflit du proche-Orient décideront de poser les armes parce que tuer, c'est pas bien (même si c'est quelqu'un qu'on n'est pô d'accord avec), alors un progrès réel aura été franchi et on pourra espérer quelque chose de Dieu.
       En attendant, tant qu'il n'est pas venu pour nous montrer sa gueule et nous prouver, lui-même et pas ses prétendus représentants, qu'il peut faire mieux, qu'il aille se faire foutre et qu'il nous laisse vivre.
       Le pire étant de se dire que, dans l'hypothèse toujours pas vérifiée où une entité supérieure existerait effectivement, qu'elle décidait (on se demande bien pourquoi) d'intervenir dans nos vies pour les rendre meilleures et châtiait divinement les méchants, les premiers à se faire atomiser l'âme seraient sans nul doute ceux qui conspuent les caricatures danoises, applaudissent à la chute du World Trade Center, poussent les femmes à se cacher pour ne pas imposer la tentation de leur corps impur aux mâles alpha et flinguent en souriant tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Car si Dieu existe, le seul cadeau qu'il nous ait fait s'appelle le libre arbitre, c'est un cadeau vraiment divin, et s'en servir pour nuire à celui de son voisin, souvent jusqu'à l'extermination pure et simple, c'est un authentique crime contre Dieu.
       TU NE TUERAS POINT, disaient tous les prophètes. Faut-il vraiment apporter d'autres précisions ? Ou bien ta religion t'interdit-elle aussi de lire ?

-G4rF-

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens, t'es en pétard...

Du coup je pense qu'on est d'accord (au moins tous les deux) sur le fait que le prosélytisme c'est pas bien, et que la laïcité c'est bien pour la société.
Du coup, tu vois, moi je râle contre une trop grande part de Chrétienté dans notre société (poisson le vendredi, congés qui correspondent aux fêtes chrétiennes, ...) Parce que la laïcité c'est aussi ça...

H'Rafn a dit…

Cher GarF...
Je... enfin... bref, merci.
J'ai fait ce billet sur mon blog parce que le matin même, j'avais croisé une nana (mais était-ce un nana ? Ou Ben Laden en personne, profitant de cet habile dissimulation ?) en burka. Dans ma rue. Putain, ça m'a fait bizarre.
Ca m'a fait réfléchir sur le trajet. Quelles étaient les limites à l'inoculation forcée d'une religion dans une société ?
Les dérives ? Les absurdités ?
Alors j'ai fait quelques recherches en arrivant au boulot et j'ai fait ce billet en forme de gros coup de gueule.
Et il y a de quoi monter au créneau quand on voit un site comme oumma.

Ayant reçu une éducation TRES fortement catholique, qui a entraîné un rejet d'autant plus fort, je ne suis pas prêt à me laisser marcher sur les pieds par un autre fanatisme quel qu'il soit, avec une calotte blanche, noire, ou une barbe.
Pas question. Mon grand-père s'est pas battu hier contre les adorateurs d'Hitler pour qu'aujourd'hui des enturbannés barbus de quelque couleur que ce soit viennent me marcher sur les pompes.
Ni lui, ni personne d'autre.
Alors, religion, opium du peuple ?
Pour le bouddhisme, je pencherais plutôt pour de la bonne herbe, la chrétienté un joli cocktail LSD-acide-ecsta et pour l'islam de la mauvaise coke...

Mais de toute façon, dites non à la drogue.