jeudi 1 décembre 2005

Play it again, Sam

Fond sonore : Archive - Fuck U

       Yo ! Aujourd'hui, dans la série "mon blog est un foutoir, et c'est mon choix", je vais successivement aborder les thèmes suivants :
              - la poésie instantanée (avec exemple à l'appui)
              - la difficulté de se faire éditer, et conséquemment la difficulté d'encaisser les refus quand on est poussé au train par tous ses copains
              - l'effroyable complexité dilemnique (ou dilemnatoire)(ou dilemnitante) de la gestion des relations interpersonnelles dans une bande de copains quand des histoires de cul s'en mêlent.

       "Number one, la poésie", dirait Timsit. Et je ne peux pas tout à fait lui donner tort. C'est fun, la poésie. Enfin, pas fun comme de réussir des sauts zarbis sur une planche à roulettes ou trouver une vidéo bien débile sur le Net. La poésie c'est marrant parce qu'une fois qu'on a écrit, et qu'un peu de temps a passé, on est infoutu de comprendre par quel chemin de pensée on est passé pour pondre sa prose, et on comprend encore moins ce qu'on a voulu dire.
       Je recommande à tout le monde la poésie instantanée. Ca défoule. Ca vous pose un homme. Tiens, je vais en faire une.

       "Un grain sur un grain,
Le relief qui affleure
Quand j'y passe la main
Et dépose ma chaleur

              Le paysage est vaste
Il grimpe, tourne, file.
J'y vois pointer des villes
Des déserts en contraste

              Sur cette terre familière
Que je découvre sans cesse
Et recouvre de caresses
D'empreintes éphémères

              Je marque des chemins
Sentiers mille fois battus
La mémoire de mes mains
S'imprègne de ta peau nue"

       Voilà. C'est rythmé n'importe comment, mais ça me plait. Temps pour pondre ce machin : environ 20 minutes.
Pour chercher la bonne rime, essentiellement. Temps pour le lire ? 10 ? 20 secondes ? Peu importe. Hé bien là, là, hé ben... je me sens assez bien. Zen comme il faut.

       Parmi les autres sujets du jour, je parlais de la difficulté d'être édité dans ce monde de brutes intransigeantes. Faisons face à un constat : le fait de croire à la valeur de ses écrits n'est pas une garantie de succès.
              Le fait d'avoir pour soi (et bon sang, ça réconforte !) les encouragements enthousiastes de tous ceux qui se sont prêtés de bonne grâce au jeu de la critique sans chichi ne vous empêche pas de morfler à chaque fois qu'un éditeur vous jette.
       Et pourtant c'est le jeu ! C'est comme ça que ça se passe : parfois c'est toi qui tapes le bar, parfois c'est le bar qui te tape. Sur les 10 éditeurs que j'ai contacté, voici le death toll :
              - Le cherche-midi : out
              - Robert Laffont : out (avec une critique certes juste, mais quand même rude à encaisser)
              - Denoël : out
              - Albin Michel : out
              - Gallimard : out (mais j'aimerais comprendre pourquoi un bouquin de SF envoyé à Gallimard tout court finit chez Gallimard NRF ?)
              - Calmann-Lévy : out
              - JC Lattès : out
              Restent en lice (mais comment y croire encore ?) :
              - L'Atalante
              - Mnémos
              - P.O.L.

       Certaines discussions intervenues récemment m'amènent à penser qu'il serait utile, avant de poursuivre mon travail sur les deux nouveaux bouquins que j'ai entrepris de pondre, de retoucher la v1.1 de mon livre de façon à ce que, dans la v1.2, on ne puisse plus dire que les personnages sont trop stéréotypés. Ou en tout cas, moins facilement. 100 fois sur le métier remettez votre ouvrage...
              C'est quand même dur de garder la tête hors de l'eau dans ces circonstances et avec tous ces pros qui vous jettent votre texte à la gueule, surtout après avoir autant bossé sur ce foutu bouquin. Les solutions existent. Mais faut se faire une raison : je ne serai sans doute pas édité du premier coup. Mon bouquin ne fera sans doute pas un carton en librairie. Je ne serai sans doute pas capable de vivre de mes écrits avant un paquet d'années, et encore, ça c'est dans le meilleur des cas. Ouille. Quoi de plus pénible que de voir l'espoir d'une vie plus agréable consacrée en grande partie à un travail qui vous prend aux tripes s'étioler de la sorte... euh... à la réflexion, y'a plein de trucs autrement plus pénibles, dans la vie. Mais quand même, ça me les pète un peu, c't'histoire.
       En tout cas, quel que soit le sort réservé à mon bouquin, et la façon dont il sera édité (en électronique --sauvez les arbres !--, ou peut-être en scénario, qui sait ? Tout le monde me dit que ça ferait un chouette film), je ne peux pas me permettre de baisser les bras. Pour une fois que je fais un truc qui me plaît vraiment sans arrière-pensée et sans traîner les pieds !
Bientôt, d'autres nouvelles de refus d'éditeurs. Ne zappez pas !

       Abordons enfin le dernier sujet du jour, tel que présenté dans le texte liminaire du présent blabla g4rfesque. De la difficulté de gérer les relations entre les membres d'un groupe quand des histoires de fesse s'en mêlent et qu'on est soi-même (pour le meilleur et pour le plus lourd) leader de facto dudit groupe.
              J'en suis à un point où je ne sais plus trop quoi faire. D'un côté, j'ai deux zicos entre lesquels existe un contentieux qui fut soldé de façon foireuse car noyé au fond d'une bouteille et qui, inévitablement, remonte à la surface, ce qui ne surprendra personne.
       Il se trouve que les deux sont des amis. Il se trouve que je n'ai le choix qu'entre des mauvaises solutions : il est peu probable que le groupe fonctionne si des tensions et des malaises subsistent parce que les acteurs ne changent ni de nom ni d'attitude ; mais il me fait profondément chier de constater que l'un veut se barrer alors qu'il n'est pas particulièrement fautif, et que si cela se passe j'aurais un peu de mal à me trouver à l'aise dans le groupe et à ne pas montrer de ressentiment envers l'autre, car il ne m'a pas fait spécialement l'impression de la jouer "profil bas" et de prendre acte dans toute sa dimension de la portée des conneries qu'il a faites. Mais ce n'est que mon impression. Et après tout, quand tu vois ce qui s'est passé, ça veut dire quoi, "la jouer profil bas" ? Et est-ce que j'ai un quelconque droit de juger ? Je pense pas...
       Le mal est là, le mal est fait. Que faire pour que le groupe reste un groupe ? J'en sais foutre rien. J'ai pas envie de mettre dans la balance des sentiments, de la loyauté, de l'amitié. Mais il faut bien crever l'abcès d'une façon ou d'une autre, et je préfèrerai éviter que cela finisse en amputation... Et j'ai pas envie que ça pète, mais la mèche est allumée et je manque cruellement d'un seau d'eau.

       J'aimerais bien pouvoir dire fuck. Oh oui. Ca me ferait plaisir de me dire que j'en ai rien à foutre, qu'il s'agit de deux êtres humains adultes et responsables, qu'à leur âge et avec leur expérience de la vie c'est à eux d'agir, de se faire face proprement et honnêtement et d'assumer leurs responsabilités concernant la manière sur laquelle ils tomberont d'accord pour limiter l'impact de leurs problèmes personnels sur la vie du groupe, qui lui n'y est pour rien.
              Mais serais-je capable de me dire à moi-même que j'ai choisi la bonne solution et que j'ai agi comme il le faut ? J'en doute. Je suis dubitatif. Le doute ma bite. M'habite, pardon.
              J'ai envie de laisser faire. La vache, ce que j'ai envie de laisser pisser ! Mais plus encore que ça, je me surprends parfois à caresser l'envie de faire exploser ce putain de groupe pour ne plus avoir à faire face dans le futur à ce genre de plan foiros. Solution de facilité, certes, mais quel confort pour moi ! Une perte colossale, un échec retentissant, mais un apaisement général instantané (bien qu'instauré à la dynamite).
              Fait chier.
              Je me prends trop la tête, sans doute.
              Oui, c'est ça.
              Je me prends trop la tête.
              Moi, je voulais juste faire de la musique avec mes copains.
              Ca, au moins, ça n'a pas changé.
              C'est peut-être le seul truc qui me rassure, là dedans : j'ai toujours autant envie de faire de la zique. Tant pis si le groupe crève. C'est qu'un groupe, après tout. On va pas se flinguer pour ça.
              Ouais. Je crois que je vais laisser faire, pendant quelque temps.
              Et si je me sens pas à l'aise, rideau.
              Enfin, je crois.
              Ou bien non.
              Putain, je sais pas...
-G4rF-

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