mercredi 23 novembre 2005

Decepticon !

Fond sonore : Les rythmes digitales - Jacques your body (make me sweat)

       Qu'est-ce que j'ai fait de mal ? Voilà ce que je me demande. Qu'est-ce que j'ai bien pu faire pour qu'on m'envoie taffer à Perpète-Les-Oyes, charmante bourgade s'il en est où le décor pittoresque des hangars le dispute aux bucoliques autostrades bituminées pour créer cette atmosphère douce et entêtante d'emmerdement sidéral.
       Je me fais tristement chier. Mon taff me gonfle, à m'envoyer à mille années-lumière de ma moitié et de sa petite locataire.
       Oui, c'est une fille.
       Et c'est pour bientôt. Fin janvier. 4 Février pour les plus pessimistes.

       Pourtant, je devrais pas être morose, comme ça. Après tout, pendant que de joyeux lutins de Noël décorent les rues et font de petites flambées pour repousser les assauts de Grand-Papa Hiver (avec des voitures, certes, mais ça réchauffe quand même) et que, dans le même temps, je me fais placardiser avec un travail tellement inintéressant que même des strip-teaseuses bulgares avec des paréos turquoises et des guêtres orange fluo en train de chanter "Strangers in the night" sur du Patrick Topaloff tout en frottant leurs poitrines opulentes sur des armoires normandes ne parviendraient pas à me faire lever un sourcil.
              Bon, évidemment, c'est pas trop les sourcils qu'elles sont censées te faire lever, les strip-teaseuses.
              Hé ben ça non plus.

       Je débande à mort.

       Et pourtant... pourtant c'est l'hiver. Et moi j'aime bien l'hiver. L'hiver est peut-être le seul contact qu'il me reste avec une nature agréable. Je m'explique (avec une mauvaise foi incalculable, certes, mais je m'explique).
              J'aime pas le printemps. A cause des petites fleurs et de la putain d'allergie que je me traîne depuis... putain, ça fait tellement longtemps que je sais même plus de quand ça date.
              Et pis j'aime pas l'été. Il fait trop chaud en été. Avec mes nombreux centimètres de haut, je suis déjà plus près du soleil (et moins près de l'air frais qui, comme le disent toutes les pancartes de sécurité en cas d'incendie, est près du sol). Et pis avec mes gènes de Viking, je suis plus apte à tenir le choc au pays des peaux de bête et des ours blancs que celui du monoï, du jojoba et des pluies tropicales.
J'aime pas l'automne, parce que ça me déprime. La rentrée, la fin des vacances, tout ça.
       Non, décidément, j'aime que l'hiver. Gratter la voiture le matin, moi, ça me fait rigoler.
              Se blottir contre ma copine pour se réchauffer quand il fait froid dans le pieu.
              Un grand bol de chocolat quand il caille.
              L'envie d'écrire dans mon blog...
              L'hilarité devant les p'tits Français de la ville incapables de conduire quand il tombe 3 cm de neige.
       Et puis les batailles de boules de neige. Ca a l'air con, mais moi, je suis super fan. Ca m'a toujours fait rigoler, et même si je suis devenu bien trop grand pour me planquer derrière le fort imprenable numéro 234, ça me botte. Et puis les balades sous la neige, quand la neige fait crountch sous tes pieds, et que tout ce qui était crade devient soudain d'un blanc silencieux.
       Voir les traces de patte d'un chat sur le capot de ma voiture. Voir un bonnet à pompon qui dépasse de la foule des bonnets présentables sur le quai du métro.
              Ouais, franchement j'aime bien l'hiver. Faire un feu dans la cheminée avec le bois que tu t'es fait chier à ramasser ou à couper pendant des heures (bon, ça, c'est du fantasme, c'est pour quand on aura une cheminée). Voir son souffle faire un rond de buée sur la fenêtre derrière laquelle on est bien au chaud tandis que de l'autre côté, de gros flocons tombent tout droit et s'empilent à vue d'oeil en une strate immaculée à faire pâlir d'envie tous les réalisateurs de pub de glace à la vanille.
              Boire un truc chaud avec les potes, un grog ou un thé, en étant bien content d'être à l'intérieur.

       Y'a quand même un truc qui me déplaît dans les hivers d'aujourd'hui, c'est l'arrivée de plus en plus avancée des décorations de Noël dans toutes les villes et dans nos boîtes aux lettres. Moi je sature. Noël, ça a peut-être l'air con dit comme ça, mais pour moi c'est vraiment la fête des fêtes, parce qu'aussi loin que je m'en souvienne j'ai toujours passé Noël avec de la famille, des amis, plein de monde qu'on n'a pas vu depuis longtemps et qu'on est content de retrouver. Y'a les cadeaux, certes, mais y'a aussi l'ambiance surréaliste des nuits passées il y a déjà longtemps en allant en traînant les pieds à la messe de Noël où on s'aperçoit avec une sensation étrange de satisfaction inattendue et d'empathie surprenante que tout ce monde qui ne se connaît pas et ne se dirait peut être même pas bonjour si on leur en laissait l'occasion, a accepté d'en chier un peu dans le froid pour aller se retrouver tous dans le même coin et marquer le coup, une bonne fois pour l'année.
              Religion ou pas, moi je trouve ça assez classe.
       J'en ai plein le cul de voir des sapins de Noël en rayon dès le début du mois d'Octobre. La déco de Noël, c'est comme les cadeaux de Noël, ça devrait pas exister avant Décembre, ni après Décembre. Sinon, ça perd tout son intérêt. Comment peut-on marquer le coup quand tout est déjà tellement préparé, codifié, étiqueté ? Quel est le foutu plaisir qu'il y a là dedans ?
              Ce qui est kiffant, c'est que ça reste une fête. Et avec ces gros couillons de Carrouf' ou d'Auchian, et j'en passe et des meilleures, qui nous en donnent à bouffer pendant un quart de l'année, on est content d'être débarrassé de Noël pendant les 9 mois suivants.

       C'est peut-être le plus foireux de tous mes coups de gueule, parce que c'est plutôt un coup de blues, un rappel de la grand-mère à moustache du genre "c'était mieux avant". N'empêche que ouais. Moi je dis que Noël, c'était mieux avant. Avant Carrefour, Noël avait encore un sens, même pour ceux qui officiellement (c'est à dire d'un point de vue croyance) n'en ont rien à carrer.
              Après tout, c'est quand même une fête païenne, au départ ! Un peu comme la Toussaint qui tombe sur une équinoxe, des choses comme ça.
       Lisez "Le Père Porcher", de Terry Pratchett (chez l'Atalante)(qui, au passage, me procurerait une satisfaction exceptionnelle en acceptant d'éditer mon bouquin parce que s'il y a bien un éditeur chez qui j'ai envie d'être édité, c'est eux)(et là, je rigole pas : je trouverais ça bien plus honorable d'être dans les collections où on trouve Pratchett que là où on trouve Sulitzer). C'est, ni plus ni moins, un excellent conte de Noël. Avec toute la loufoquerie du Disque-Monde, certes. Mais c'est quand même quelque chose de grandiose.

       Allez, je vais retourner bosser, tout en réfléchissant à mes cadeaux. Cette année, je ne pourrai pas satisfaire tout le monde (comme tous les ans) mais j'espère bien arriver à bidouiller quelques trucs qui fassent vraiment plaisir.
-G4rF-

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et voilà ! Tu l'as eu, ta première neige, mon GarF ! Ce matin, sortant de mon parking, le fin velours d'un blanc immaculé recouvrait le goudron de la route... J'ai immédiatement pensé à toi ;)

Bien que de tendances très fortement viking pour ma part également, j'aime bien aussi l'été (et toutes ses naïades qui sortent leurs raccourcis et éphémères déshabillés transparents de plein-air qui occasionnent chez nous, éléments mâles du genre humain, quelqu'ébullition hormonale bien compréhensible...) c'est vrai... Cela dit, j'ai tout comme toi une tendresse particulière pour l'hiver, se blottir à l'intérieur où il fait bien chaud en regardant la neige tomber parce que l'autre nana là-haut secoue son oreiller à plumes... et puis j'aime bien voir le soleil en hiver, voilé d'un hâle blanchâtre... C'est une couleur si particulière que ce soleil d'hiver. On le dirait caché dans du coton et de la laine pour, lui aussi, rester au chaud. Un peu comme s'il essayait de se camoufler et de se fondre dans la blancheur ambiante. Un peu comme un ivoirien mineur-extracteur de charbon qui brancherait une lampe bronzante soit-disant qu'il serait trop pâle.
Et puis certains jours, resplendissant, éclatant dans un ciel d'un bleu à couper au couteau qui donne envie de s'en faire une tranche pour la glisser dans son stylo et écrire avec la couleur de la pureté céleste. De ces jours là où je rêve de remonter sur un snowboard et de bouffer de la neige, de la pente et des sensations tellement fortes que le soir en rentrant tu pisses de l'adrénaline en pensant à la pinte de vin chaud ou au gros bol de grog que tu vas t'envoyer juste après la douche brûlante bien méritée sur ton corps endolori par les efforts de la journée...
Ces hivers-là, ouais, je les aime...
AAaaahh... putain, maintenant faut que je m'arrache à ce petit moment de bonheur pour retourner me faire chier au milieu de mes routeurs et de ces cons qui rigolent grassement pour la moindre phrase graveleuse et gerbante de vulgarité qui fuse à peu près toutes les 2 minutes chez ces frustrés...
Tiens... un joli soleil éclaire le ciel magnifiquement azuré ce matin...