dimanche 19 août 2018

Présumé décédé (nouvelle)

Présumé décédé - Nouvelle
©2018 G4rF

Brocard entra dans le bureau de son collègue, sans frapper comme à son habitude.
Sur le coin de la table encombrée de paperasse, il libéra sa main du téléphone portable et du gobelet de thé citron dégueulasse qu'il traînait avec lui depuis un quart d'heure, attendant qu'il refroidisse.
Il s'empara de la chaise pliante que Kouamo gardait rangée contre l'armoire, et s'assit lourdement, faisant grincer le bois.
Le menton posé sur ses mains croisées, les yeux rivés sur le prévenu assis de l'autre côté de son bureau, Kouamo rompit le silence qu'il avait gardé pendant que son supérieur faisait son entrée et lâcha d'une voix dépourvue de la moindre trace d'intérêt :
- Vous voulez bien répéter ça au major, maintenant qu'il est là ?

L'homme assis face à lui avait la soixantaine bien passée.
Il aurait aussi bien pu porter au dessus de la tête une enseigne clignotante au néon clamant "Ancienne école" avec une flèche pointée vers sa tête. Le gars aurait sûrement fait un effort vestimentaire pour se présenter devant des gendarmes s'il avait été convoqué à la caserne.
L'occasion avait manqué : il avait été chopé en flag' dans la tenue noire et poussiéreuse qu'il arborait présentement, laquelle avait tout de même eu besoin d'un petit rafraîchissement dans le lavabo des toilettes du sous-sol, près des cellules, à cause de l'énorme flaque d'urine dont le prévenu avait copieusement souillé son propre pantalon lorsque les collègues l'avaient agrafé.

"Nerveux et épuisé comme un presque innocent", s'était dit Kouamo.
Il n'y avait pas eu effraction, pas de vol, aucun dégât à déplorer. Vu l'absence de toute trace de délit sur le pedigree de ce mec, vu aussi la modestie évidente de ses revenus, si le substitut du procureur poussait le vice jusqu'à déposer plainte, le type sortirait du bureau du juge avec l'équivalent moral d'un coup de pied au cul, et c'est tout.
Mais il fallait quand même savoir si ce qu'il disait était vrai : après tout, c'est pas tous les jours qu'on cuisine un mort-vivant.

Brocard venait de reposer la fiche préliminaire griffonnée à la hâte par Kouamo avant le début de l'interrogatoire. Il savait l'essentiel.
Le reste du PV était déjà sur l'écran de l'ordinateur.

"Major ?" demanda le prévenu en se tournant vers le nouveau venu.
- Brocard, monsieur Gerfaut. Je suis le major Brocard. Et je vous écoute.
- Major Brocard, cette situation... c'est... c'est un peu compliqué à expliquer, voyez-vous. Alors, n'hésitez pas à m'interrompre si je ne suis pas clair, j'ai vraiment besoin que vous me compreniez, insista le vieil homme.

- Monsieur Gerfaut, je suis là précisément pour comprendre, et je vous remercie pour ces belles manières. Mais je dois vous rappeler que vous êtes en cours d'interrogatoire, dans une caserne de gendarmerie, après votre interpellation sur les lieux d'une intrusion.
   C'est donc la moindre des choses que je vous questionne, vous ne croyez pas.
- Euh... oui. Oui, bien sûr. C'est normal, aquiesça l'homme en noir. C'est votre métier, hein ?
- Entre autres, monsieur Gerfaut. Allez-y.

"Je m'appelle Frédéric Gerfaut. J'ai soixante huit ans. Ca allait bien pour moi jusqu'au mois de mai, et là il m'est arrivé un truc pas possible.
J'allais faire un tour avec Coca, comme tous les matins...
- Coca, c'est... ? intervint Brocard.
- Le chien, major."
Brocard leva un sourcil, auquel Gerfaut répondit immédiatement :
"Oui, major, ni Rex ni Youki. Coca. C'est ma petite-fille qui m'a offert le chien et a trouvé le nom, et ça m'allait très bien de l'appeler comme ça. Même s'il n'est même pas noir ni même marron, et d'ailleurs il déteste le sucre.
- Poursuivez, intima Brocard.
- Oui. Donc, j'allais faire ma balade du matin, et en revenant il y avait la factrice devant chez moi, avec un bon paquet de lettres. A part deux ou trois factures et les courriers de la caisse de retraite et de la mutuelle, je n'ai jamais autant de choses d'un coup dans ma boîte, voyez-vous, et j'ai trouvé ça bizarre.
- Excusez-moi, monsieur, soupira le gradé, mais il va falloir qu'on abrège, ici. Je n'ai pas beaucoup de temps à vous consacrer".

S'emparant de son téléphone mobile sur lequel s'affichait l'heure, puis jetant un regard courroucé à Kouamo, il poursuivit :
"Mon collègue m'a demandé de venir parce qu'il y avait, je le cite, "des choses qu'il fallait que j'entende", alors allez au but.
- D'accord, d'accord, je vais essayer de faire court."

Gerfaut respira un bon coup, semblant réfléchir pour choisir ses mots. Puis il reprit.
"C'étaient des courriers de résiliation. Fin d'abonnement EDF, fin d'abonnement au téléphone, clôture de compte bancaire, etc. Tout ça pour cause de décès. Pour cause de MON décès.
- Pardon ?
- Tous les services auxquels j'étais abonné écrivaient aux ayant-droits pour payer les frais de résiliation et de clôture, parce qu'ils pensaient que j'étais mort."

Brocard sourit, de l'air de celui qui réalise que sa journée prend un tour plus intéressant que tous les emmerdements prévus à l'agenda du jour ne le laissaient espérer. Il rangea le téléphone dans sa poche, s'empara du gobelet de thé citron dégueulasse enfin descendu à une température supportable, et en prit une gorgée sans quitter Gerfaut des yeux.
Celui-ci continua.

"Pour tous ces gens j'étais mort. Et comme vous pouvez le voir, je ne suis pas mort. Même si l'état-civil dit le contraire, d'après votre collègue."
Kouamo intervint :
"J'ai fait une vérif', il est marqué comme décédé le 13 mai 2018. L'avis médical dit qu'il avait un pacemaker d'un ancien modèle qui a connu une défaillance et qu'il est mort dans son sommeil. L'avis est enregistré par un officier d'état-civil d'un bled paumé de l'Aveyron. Un de ceux qui ne font pas la grande grève.
   J'ai cherché dans l'annuaire, il y a un homonyme presque parfait qui habite un hameau du coin, un Frédéric Gerfaud, mais ça s'écrit avec un D. 
- Oui, mais je ne suis pas mort, moi ! insista Gerfaut. Moi, Gerfaut avec un T, je suis bien vivant ! Et d'ailleurs j'ai pas mis les pieds dans l'Aveyron depuis vingt quatre ans.
   Alors vous imaginez, dès que j'ai vu cette pile de lettres, j'ai sauté sur le téléphone et j'ai passé des coups de fil à tour de bras. Ca m'a pris 5 jours pour expliquer le problème à tout ce monde-là, et à rétablir tout ce qui pouvait être rétabli, à envoyer des emails aux services clientèles, avec des déclarations sur l'honneur comme quoi je suis bien vivant, et tout le tralala.
   Mais les seuls qui n'ont jamais voulu entendre raison, ce sont vos collègues du fisc. Et c'est de là que vient le vrai problème !
- Monsieur Gerfaut, intervint posément le major, la gendarmerie dépend du ministère de la Défense et coopère avec les services du ministère de l'Intérieur, nous ne sommes pas les collègues des services fisc qui dépendent de l'Economie et des Finances.
- Major Brocard, vous êtes un agent de l'état. Ces gens-là sont des agents de l'état. Pour le citoyen lambda, comme moi, vous êtes collègues.
   De toutes façons, peu importe : collègues ou pas collègues, ils ont exigé que je leur remette un acte administratif officiel annulant l'acte de décès.
- Et alors ?
- Alors ? Mais monsieur le major, j'ai cherché comment on annule un acte de décès : il faut passer devant un juge pour faire annuler un acte de décès, et tous les greffes sont en grève, les tribunaux saturés ! Vous savez bien que la grande grève dure depuis des mois, qu'elle paralyse les trois-quarts des services administratifs du pays, les télés, les journaux, les usines !
   J'ai déjà eu de la chance d'avoir quelqu'un du fisc au téléphone quand j'ai appelé pour régler le problème !
- Avec tout ça, intervint Kouamo, monsieur Gerfaut est resté juridiquement mort depuis le 13 mai.
- Avec tout ça, surtout, surenchérit Brocard, toutes les audiences des tribunaux ont été reportées, on ne sait plus quoi faire de nos détenus, il y en a qu'on doit relâcher parce que les délais sont dépassés, et c'est le foutoir dans ma caserne et dans tous les services d'ordre du pays ! Merci la grève !
- Major, vous savez bien que...
- Oui, Kouamo, je sais, coupa Brocard. Je la comprends, cette grève. Si ça ne tenait qu'à moi, je la ferai aussi, vous savez. Mais en attendant, ça fout la merde partout !
- Avec tout le respect, major, la merde était déjà là, c'est juste qu'avec ça, tout le monde la sent bien fort.
- C'est tristement vrai, Kouamo, approuva non sans dépit le gradé.
- Oui, mais moi, je suis pas mort, gémit faiblement le vieil homme.

Brocard prit deux gorgées de thé, fit la grimace, puis reposa le gobelet quasi-vide au coin de la table.
"Ok. Vous êtes mort sur le papier, ça vous met dans une situation très difficile. Est-ce que ça justifie de vous introduire dans les bureaux d'un journal régional, en pleine nuit, comme un voleur ?
- Mais oui, ça le justifie ! D'abord j'ai rien volé, et puis c'était la seule chose à faire !" soutint Gerfaut, un air outragé sur le visage.

Brocard sourit un peu plus. Cette journée prenait décidément un tour inattendu et plutôt plaisant.
"Avec des gens comme vous, pas besoin de demander des aveux, ils tombent tout seul du ciel ! plaisanta-t-il pour lui même. Sérieusement, expliquez-moi pourquoi c'était la seule chose à faire, vous voulez bien ?
- Mais bien sûr ! Vous voyez, j'avais noté le nom du monsieur des services des impôts. Alors je suis allé le voir, parce que le téléphone ne répondait plus.
   Je lui ai expliqué que c'était pas possible de me laisser pour mort, et puis qu'il fallait me rétablir dans mes droits très vite, parce que c'était en train d'aller très loin : leurs courriers automatisés et leurs mails parlaient de succession, de récupération des aides sociales versées...
   C'était des procédures faramineuses, avec des montants dingues : pour payer tout ça, il allait falloir vendre la maison... c'était catastrophique ! Et j'ai eu de la chance, parce que c'était un monsieur très gentil, et il m'a expliqué qu'il pouvait arrêter la procédure si je lui apportais un avis public expliquant que je n'étais pas mort.

- C'est quoi, ça, un avis public ? intervint Brocard. Vous voulez dire, un formulaire signé par quelqu'un, un papier de la mairie, un truc de ce genre ?
- Non, major, expliqua Kouamo. C'est un truc tordu qui vient de la jurisprudence, ça remonte presque à Napoléon. Quand un acte officiel devait être annulé dans une partie du territoire sur lequel il n'y avait pas de tribunal d'instance apte à traiter la demande d'annulation, ça se faisait. J'ai vérifié dans les textes les références données par le prévenu, ça existe vraiment.
- Ca se faisait, ça se faisait... Qu'est-ce qui se faisait, exactement ?
- Si l'individu présumé décédé produit un document ayant une valeur publiquement reconnue attestant du fait qu'il n'est pas mort, les services de l'état l'admettent comme pièce justificative, et la procédure est annulée. Dans la jurisprudence, c'était un article de la presse locale qui avait été admis.

Brocard réfléchit quelques instants, puis reprit la parole.
"Donc... considérant que tous les tribunaux d'instance sont en panne ou presque, et en tout cas le nôtre l'est, vous avez considéré que cette jurisprudence vous permettrait de régler votre problème avec les services du fisc, juste en leur donnant un article de journal annonçant que vous n'êtes pas mort ? C'est bien ça ?
- Précisément, major. Et c'est pour ça que...
- ...Que vous vous êtes introduit dans les locaux de l'Ouest Indépendant ? De nuit ? Et pour quoi faire, d'ailleurs ? Y'a personne là-bas la nuit, à part les femmes de ménage qui vous ont signalé.
- Ben oui, je sais bien, major. A ce journal aussi, ils sont en grève. Mais j'ai la femme de mon grand fils qui a été pigiste chez eux pendant longtemps.
   Elle m'a dit qu'elle connaissait bien celui qui s'occupe des articles qu'ils publient sur Internet. Elle l'a appelé, elle lui a expliqué, et il a été compréhensif mais il ne voulait quand même pas prendre la responsabilité de faire lui-même une publication pendant la grève. Il ne voulait pas passer pour un jaune, vous comprenez ?
   Alors on a discuté, et il m'a donné assez d'informations pour pouvoir écrire l'article moi-même et le publier depuis un de leurs ordinateurs."

Brocard reprit la parole, en secouant la tête :
"Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire de fou...
- Ben oui, mais c'est pas moi qui ai commencé ! J'ai jamais voulu ça, moi ! s'indigna Gerfaut.
- Donc, vous comptiez publier votre article sur Internet, c'est bien ça ?
- C'est ça.
- Puis vous l'auriez montré à votre copain du fisc, et c'était réglé ?
- Voilà. Mais la dame qui nettoyait la moquette m'a vu, elle vous a appelé, et vos collègues m'ont emmené sans que j'aie eu le temps de faire quoi que ce soit" acheva Gerfaut d'un air morose.

"Mais au fait, interrogea le major, comment vous avez fait pour entrer sans effraction ? L'ami de votre belle-fille vous a donné une clé ?
- Oh non, c'est pas la peine. L'Ouest Indépendant, c'est un quotidien, vous savez, avec du monde partout tout le temps, et personne ne se soucie des portes parce qu'ils ont des badges et que la sécurité, les autorisations des badges, les vérifications des visiteurs, tout ça, c'est le travail des gardiens... mais même la société de gardiennage est en grève, à ce journal !
   Et comme ils ont commencé la grève les premiers, ils ont tout laissé déverrouillé pour que les journalistes puissent continuer à travailler sans être bêtement bloqués par un badge qui manque ou je ne sais quoi. Et c'est resté comme ça depuis."

Brocard acheva son thé, qui était maintenant froid mais toujours aussi dégueulasse, et balança son gobelet vide dans la corbeille débordante. Ici, c'était la société de ménage qui faisait grève, et ça se voyait.
D'un coup d'oeil sur son téléphone, il vit l'heure. Pensa aux milles choses qui l'attendaient ensuite. Observa Kouamo et sa mine fatiguée, la pile de dossiers en cours sur la table, et le vieux type en noir qui était mort mais qui ne l'était pas vraiment non plus, les jambes repliées sous sa chaise et la tête basse comme un gamin qui va se prendre une punition dans une classe de primaire.

Le major prit une décision.
"Attendez nous ici un instant, monsieur Gerfaut" intima-t-il, tout en faisant signe à son subordonné de le suivre dans le couloir, fermant la porte derrière eux.
Après quelques minutes de palabre étouffés, ils la franchirent de nouveau et reprirent leurs places respectives.
Kouamo réveilla l'ordinateur d'un appui sur le clavier et s'employa à remplir un formulaire sur son écran, hors de la vue du vieil homme.

Le major prit la parole, l'air las mais content.
"Monsieur Gerfaut, vous avez de la chance dans votre malheur.
   Je n'ai rien à gagner à vous remettre en cellule. Comme l'avait noté mon collègue, vous n'avez rien cassé, rien dégradé, à part votre pantalon. Et j'ai cru comprendre que vous aviez eu la bienséance de frotter la banquette de la cellule avec du savon pour en ôter vos traces de pisse. Vous avez bien fait.
   Je ne suis pas procureur, mais j'ai assez de métier pour savoir que la justice a sûrement autre chose à faire que vous poursuivre pour une intrusion non autorisée dans un bâtiment inoccupé pour y écrire un article affirmant simplement que vous n'êtes pas mort. Pour autant que je sache, d'ailleurs, considérant qu'actuellement vous êtes juridiquement mort, je ne sais même pas si une procédure pourrait être lancée. Quand bien même, vous pourriez facilement plaider que poursuivre un individu mort administrativement mais qui est en fait vivant techniquement, parce qu'il essaie de faire comprendre à l'administration qu'il est en vie, est une démarche située à la limite de la légalité, mais largement au delà de celle du ridicule.

   Je ne peux pas vous laisser retourner publier quelque chose chez l'Ouest Indépendant, surtout habillé comme un Arsène Lupin. Imaginez un peu : si vous tombez sur un gardien venu pour, je ne sais pas, chercher des affaires et qui soit un peu à cran quand il tombe sur vous au coin d'un couloir ! Vous pourriez bien vous faire secouer méchamment, et ce serait dommage de risquer de mourir en essayant de prouver que vous n'êtes pas mort, n'est-ce pas ?
   Alors vous allez sortir de ce bureau, juste après avoir signé le PV que mon collègue est en train de finaliser, et vous m'attendrez à l'accueil, près de la machine à café. Vous voulez bien, monsieur Gerfaut ?
- Euh... balbutia Gerfaut. Je... d'accord."

Une heure passa pendant laquelle le vieil homme patienta sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait.
Le major le rejoint d'un pas rapide. Il tenait dans sa main un feuillet imprimé.
"Voilà, monsieur Gerfaut. Désolé pour l'attente, j'avais du travail sur le feu. Ca, c'est pour vous."
Celui-ci s'empara du papier et le lut, tandis que Brocard poursuivait.
"C'est un article paru à l'instant sur les comptes de réseau social de notre gendarmerie, qui explique votre histoire, moins l'incident du pantalon, et qui affirme clairement mais non sans humour que vous êtes bien vivant. Pour ce qui est de l'avis public, je peux difficilement faire mieux. Mais j'ai confiance : la signature d'un major de gendarmerie devrait aider votre copain du fisc à faire accepter ce papier comme pièce justificative.
   Là où vous en êtes, je pense que vous préférerez être de nouveau vivant, quitte à ce que les gens rigolent de votre histoire sur le web, plutôt que d'avoir à vendre votre maison. Ca vous va ?
- Je... je ne sais pas quoi vous dire, major, bredouilla Gerfaut.
- Dites-moi merci. Et dites-moi surtout que vous ne recommencerez plus vos visites noctures dans les locaux de la presse régionale ! rétorqua Brocard.

"Merci. Merci beaucoup, major !" s'émut le présumé décédé.
"Je... j'aimerais pouvoir faire quelque chose pour vous, mais je n'ai pas les moyens de... enfin, je peux toujours vous offrir un café !" proposa-t-il, cherchant sa monnaie au fond d'une poche de sa veste noire.
Le visage de Brocard prit soudain un air lugubre, et il arrêta d'un geste Gerfaut qui s'apprêtait à nourrir la machine.
"Merci, mais non, monsieur Gerfaut. Comme si ce n'était pas assez dur comme ça, avec la grève partout, ça fait bientôt trois semaines qu'il n'y a plus une goutte de café, et que cette saloperie de machine ne sert plus que du thé citron dégueulasse."

--G4rF--

Aucun commentaire: