jeudi 3 janvier 2008

Réflexions politiques énervées

Fond sonore : que dalle, j'ai la flemme, et ça passe pas très bien au taf Radio.Blog
       Petite note en passant. Vous savez pourquoi Sarkozy est fort ? Parce qu'il fait ses campagnes 5 ans à l'avance. Parce qu'il récupère Le Pen à tel point qu'on n'entend plus parler du vieux facho. Parce qu'il hérite du capital magouille du RPR de Chirac et avec lui, de l'historique des ententes de financement entre partis, ce qui lui permet de tenir par les couilles le PS et de le garder bien silencieux et bien docile.
       Mais là où il est très fort, c'est qu'il est parvenu à devenir président avec la seule aptitude professionnelle de savoir vendre sa merde au public comme le vendeur du mois du rayon machines à laver de Darty. Kouchner. Strauss Kahn. Besson. Il est arrivé à persuader des vieux croûlants et des déçus du parti d'en face, finis dans leurs espoirs d'occuper un jour de grandes responsabilités et de monter au Panthéon comme d'autres grimpent à Solutré, pour certains ses seuls opposants crédibles parce qu'ils ont du crédit de sympathie dans le bas peuple, il les a persuadés de se rapprocher de lui en leur confiant des missions pipo sur des postes sans avenir (voire l'incroyable efficacité du FMI pour apaiser le monde, l'incroyable pertinence de rester au pays quand on est ministre des affaires étrangères et que tout pète chez nos interlocuteurs, etc, etc, etc).
       J'ai acheté il y a longtemps "L'art de la guerre" de Sun Tzu, une espèce de traité combinant stratégie militaire et conseils géopolitiques issu de la compilation d'expériences vécues par des suzerains de la très vieille Chine. Un bouquin assez relou dans l'ensemble, et en tout cas selon moi très loin de mériter le respect religieux que certains fanatiques de boum-boum-la-guéguerre lui portent. L'un des préceptes vus dans ce traité est très connu et a été réinventé de nombreuses fois dans l'histoire : diviser pour mieux régner.
                Mais ce n'est que l'avers de la pièce avec laquelle Sarko mise. Sur le revers, on peut lire : "garde tes amis proches de toi, et tes ennemis encore plus proches", qu'on trouve chez Sun Tzu et qui prend tout son sens depuis mai 2007.
                En les maintenant dans sa sphère de pouvoir, Sarko musèle les vieux chiens de guerre de l'adversaire. Et qui reste-t-il pour ouvrir sa gueule qui ait encore de la crédibilité, pour dénoncer le national-sarkozysme qui prévaut à nos destins actuels ? Qui a encore du poids politique pour amener en pleine lumière cette mécanique obscène anti-pauvre, anti-étranger, anti-faible, qui creuse de plus en plus le cañon des inégalités, rejette sur le pauvre la faute de sa pauvreté comme on se venge du message en tuant le messager ? Qui part en bataille contre la connerie, la mesquinerie, la méchanceté rampante que l'on ne peut guère plus voir pleinement que sur Internet ?
       Malgré qu'il m'ait pas mal déçu dans son attitude de supporter absolu de Ségolène Royal pendant la dernière présidentielle, je ne vois guère qu'Arnaud Montebourg pour construire une opposition correcte et rééquilibrer la balance politique (j'aime bien Guigou, mais sa référence permanente au "besoin de Jospin" est une fuite selon moi). Cependant, je crains que la recherche absolue d'indépendance de la "gauche" molle actuelle vis-à-vis des courants plus radicaux, et notamment des altermondialistes, ne l'amène à nouveau à perdre toute possibilité de récupérer du pouvoir et de contre-balancer le jusqu'au-boutisme des ultra-libéraux actuellement en place.
                Le parti socialiste, en tant qu'entité reconnaissable du public, n'existe plus : ses têtes d'affiche sont dispersées, certaines ont changé de bord (je n'aborderai que pour le mépris que je lui porte l'ami des glaciers qui fondent et des ours qui ont faim, j'ai nommé Claude Allègre), et le flou artistique entourant l'expression des idées de ce parti n'arrange rien (surtout quand les médias nationaux l'entretiennent avec tant de ferveur). Le PC moribond a plus de consistance que ça : Marie-Georges Buffet est aujourd'hui plus crédible en tant que leader de parti que François Hollande, c'est con mais c'est comme ça.
                Je pense qu'il y a quelque chose à faire en s'appuyant (sans céder aux excès et aux chasses aux sorcières genre "les patrons au cachot") sur l'énergie d'un Besancenot et/ou d'une Autain, sur l'expérience d'un Krivine et/ou d'un Braouezec, pour fabriquer une machine à améliorer l'état du pays. Taxer les profits boursiers et les transactions financières à la mode Tobin, c'est le premier pas vers le rééquilibrage de la circulation de la thune et le retour d'une partie du flot vers ceux qui en ont un besoin réel et immédiat. A mon sens, ce qui manque pour que la politique retrouve une utilité pour le vulgum pecus, c'est une combinaison difficile pour des politicards de métier mais pas impossible : de l'intelligence et de l'humilité, une certaine pratique du microcosme politique, de la créativité constructive, tout cela ancré sur une volonté claire de mettre le paquet à plusieurs en mettant de côté les différends personnels pour emmener la société vers un idéal franc, même un peu utopique, et sans oublier personne en route.
       Sans intelligence, on reste bloqué sur ses positions et on n'admettra jamais de céder le pas à un autre qui a du talent et qui est peut-être plus malin que vous.
                Sans humilité, on ne sert que soi-même.
                Sans pratique du monde politique, on se heurte au mur des gens vissés au sol et aux murs qui protègent leur cul avec l'argent public avant de servir le peuple.
                Sans créativité, on recycle à l'infini y compris ce qui ne marche pas, et tout ce qui se recycle finit tout gris avec un goût de vieux qui ne passe pas très bien.
                Sans être constructif, on coûte du pognon au peuple en cassant pour le principe ce qui a été fait avant (souvenez-vous des polices de proximité qu'on crée, qu'on pète, qu'on recrée...) juste parce que l'étiquette du fabricant n'a pas la bonne couleur.
                Sans volonté de mettre le paquet, un quinquennat ne suffit pas à faire avancer les choses, et on se laisse haper par le tourbillon des débats de l'instant.
                Sans bosser à plusieurs, personne n'a assez de doigts pour appuyer au bon moment sur tous les boutons de l'appareil d'Etat, et le moteur cale.
                Sans mettre de côté les différends personnels, on s'interdit et on interdit aux autres le droit de se tromper et le droit de progresser.
                Sans avoir un idéal franc, on n'ose pas prendre le risque de se mettre soi-même dans la balance et de faire front aux lobbys et au fric tout-puissant.
                Sans utopie, on n'a pas de direction pour progresser et pas de repère pour mesurer cette progression.
                En oubliant des gens en route, on n'est pas le gouvernement du peuple, mais d'une sous-partie du peuple, et ça c'est pas la république.
        Avec le temps qui passe et ma connaissance de mon pays qui évolue (et, je l'espère, s'améliore), je pense de plus en plus que les idées de gauche et les idées de droite ne sont absolument pas incompatibles tant qu'on se contente de travailler l'idée parce qu'elle est bonne et qu'on emmerde sa couleur.
                Solidarité, entraide, soutien, assistance, compréhension, pardon, c'est étiquetté "de gauche".
                Sécurité, protection, mérite, fermeté, sanction, direction, décision, c'est étiquetté "de droite".
                L'ensemble de ces termes définit les fondamentaux d'une société occidentale. Si on met tout ça dans un sac, et qu'on emballe le tout dans les mots "liberté, égalité, fraternité", je crois qu'on a presque tout ce qu'il nous faut pour "récompenser les gentils", "punir les méchants", "pousser les méchants à devenir gentils" et "éviter aux gentils de virer méchants". Il y manque la modération partout, et le besoin d'évolution pour rester au présent.
        Pour conclure, je crois qu'on aura atteint un niveau acceptable de qualité de notre société lorsque j'irai acheter le "Canard" au kiosque du coin et qu'il ne fera plus qu'une page, dont un bon bout consacré aux mots croisés, à défaut de vices à éclairer et d'affaires à développer (et pas à défaut de journalistes ni de liberté d'expression). Faites du bien à vos semblables : pour 1,20 € (soit un ou deux votes à la Star Ac' qui atterriront dans la popoche de Nikos et Jon de Mol), achetez le mercredi un journal libre avec entre autres une information fiable, des jeux de mots foirasses et des contrepèteries dégueux !
        ...
        Houlà, il est temps que je parle d'autre chose que de politique, mon blog qui était déjà mal barré est de plus en plus mal en point, ce n'est plus qu'un pensum emmerdant genre "mais c'est tellement facile d'être moins con". Encore un peu, et je vais finir nègre à rédiger des discours de campagne. Quoique... si ça paye correctement et qu'il me reste du temps pour écrire pour moi... :-)
                 Bon allez, promis les copains, la prochaine fois que je vous parle (c'est à dire la prochaine fois) je parle pas politique.
-G4rF-
 PS : rien à voir avec le sujet. J'avance dans "Toxic", et donc il apparaît que le principal facteur d'obésité est que le sirop de glucose-fructose, ou High Fructose Corn Syrup produit par hydrolyse du glucose du maïs. Ce sirop qu'on retrouve partout, dans le ketchup, dans le coca, dans les sauces, les conserves en boîte, partout, partout, partout. La raison est que le sucre "naturel" est reconnu par le corps et quand tu en as bouffé assez, ça bloque et ça te dégoûte. Alors que ce sucre-là, tu peux en boire des litres, t'es jamais écoeuré. Dingue, non ? Mangez du sucre de betterave ou de canne, c'est plus bon pour le dedans de votre vous-même.

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