vendredi 6 novembre 2015

L'opération "Golden Parachute" - 1 centime pour changer le pays

[pour ceux qui n'ont pas le temps de lire : cliquez ici]
Ami lecteur, amie lecteuse, est-ce que tu sais-tu ce qu'est-ce que c'est qu'un parachute doré ?

It's raining flouze, hallelujah !
"Bigre ! Que voilà une question curieuse de la part d'un psychopathe violentant le Bescherelle !" se dit alors le visiteur au sourcil soulevé, la pupille frémissant devant tant d'horreur grammaticale et d'atrocité orthographique.

~ Définition ~
Le parachute doré, ou golden parachute, en voici ma définition (pour celles et ceux qui auraient eu le bonheur de ne pas vivre sur Terre les vingt dernières années).
C'est le nom d'usage donné à une disposition contractuelle permettant à un dirigeant siégeant au conseil d'administration d'une entreprise/un groupe/une holding de se retrouver les poches pleines si, d'aventure, les résultats de ses décisions s'avéraient mauvais, voire absolument merdiques et que les actionnaires prenaient la décision collégiale de mettre un terme à ses fonctions.

Faut les comprendre, les gars ! Ce sont des indépendants, des fonceurs, rémunérés en primes, jetons de présence et stock options, tout ceci échappant en majorité aux cotisations dûes à l'URSSAF. Or ces faibles cotisations sociales ne leur permettront donc pas de pouvoir toucher un chômdu à la hauteur de leur revenu hectosmicardesque et de leur train de vie si, du jour au lendemain, on les pousse dehors des salons feutrés du Crillon et de la cantine du Bristol pour aller pointer au Pôle Emploi comme nous autres, les bouseux.
Du coup, on les appâte à l'embauche en leur promettant ce paquet de pognon comme carotte en cas de naufrage.
Voilà pour le tour d'horizon du concept et de sa justification.


"Garage Gaudin, j'écoute ?... M'ame Chabagnou ? Ah...
Euh, quittez pas, j'vais d'mander au chef d'atelier."
Je sais, je sais, c'est une idée assez ardue, ce parachute doré. On a dû mal à imaginer ça transposé dans la vie normale des gens normaux.
Illustrons par l'exemple pour voir à quel point c'est zarbi.

Le célèbre garage Gaudin, suite au départ de Raymond (dit l'ami des joints de culasse pétés) embauche un nouveau chef d'atelier.
Celui-ci, plusieurs mois après sa prise de fonction, ne donne que très moyennement satisfaction.
Il a bousillé une quinzaine de bagnoles. Il a viré des mécanos anciens "parce qu'ils coûtent cher" et que "c'est pas possible, ils veulent qu'on leur paie toutes les heures sup' et leur couverture santé coûte de plus en plus avec l'âge". Il a embauché à leur place des stagiaires qui graissent les freins et remplissent le circuit de radiateur avec de l'eau du robinet parce que "ça coûte moins cher".
Bref, le garage est au bord du gouffre : les clients font la gueule et se font la malle, l'outil de travail est à l'agonie, ça sent grave le soufre.
C'est pourquoi, devant ce foirage monumental, homérique, pantagruelesque, le patron très courroucé... offre deux ans de salaire au chef d'atelier lors de son entretien de licenciement, en lui souhaitant une bonne réussite dans ses futures fonctions à la tête des ateliers de maintenance aéronautique de PéraveAirways (PéraveAirways, la compagnie qu'on choisit pour se foutre en l'air).

Le business vous salue bien (allégorie)
Ridicule ? Incohérent ? Néfaste ? Stupide ? Obscène ?
Les qualificatifs ne manquent pas quand on se pose la question de la pertinence du mécanisme de parachute doré.
Cela se ressent surtout quand on a le malheur d'être plutôt du côté où les effectifs sont maximaux, c'est à dire dans l'opérationnel, le concret, les mains dans le cambouis (pour se raccrocher à notre exemple).
Et pourtant, c'est bien cette logique qui s'applique très très très souvent à une altitude élevée par rapport à Pôle Emploi. Parce que voyez-vous, quand on est à des postes de haute responsabilité, suivant le modèle actuellement en vogue chez MedefAirlines (MedefAirlines, volez si haut que vous ne verrez plus les bouseux), on n'est en fait réellement comptable de rien. On est responsable de keud. Mais on se barre avec le flouze quand même, succès ou pas.
Et ça, ça pique un peu quand on le comprend.

~ C'est ma faute, payez-moi ~
Sur l'aspect responsabilité, c'est même pas la peine d'aller jusqu'au parachute.
Prenons un exemple récent, avec l'affaire dite de la chemise déchirée du directeur du personnel d'AirFrance. Je dis directeur du personnel, parce que c'est ce qui se rapproche le plus de la définition effective de sa véritable fonction. DRH, ça veut rien dire, ça laisse croire que la personne à ce poste est du côté des humains, alors que non, c'est un directeur, il siège à la direction, et si la direction dit "vire", il vire, c'est tout.
Mais il est supposé aussi être actif en ce qui concerne la gestion du personnel, c'est-à-dire l'adéquation des effectifs avec le travail à accomplir, le maintien et l'amélioration des compétences, le suivi de carrière, toutes ces choses chiantes et pénibles qui font qu'un directeur du personnel, bin normalement ça taffe dur.

Je n'irai pas sur le terrain glissant du pourquoi du comment d'AirFrance, de son plan social massif qui va foutre sur le carreau un bon paquet de gens qui, si j'en crois la presse libre, ne demandent qu'à faire leur taff : je sais que la gestion de l'actuel PDG est calamiteuse, mais je sais aussi que plusieurs instances (et notamment le syndicat des pilotes) ont apparemment choisi de la jouer solo depuis quelques années, à tel point que la branche personnel navigant (UNSA) se fout aujourd'hui sur la gueule avec la branche personnel au sol (UNSA aussi).
Un DRH en fâcheuse posture (allégorie)

Reste qu'en arriver à cet état de fait, qui voit une boîte d'environ 60 000 personnes acter quasiment du jour au lendemain la décision de dégager 25% du personnel à court terme, c'est pas franchement ce qu'on appelle de la bonne gestion. Pour moi, dans cette situation, le DRH devrait prendre la porte avec tout le monde. Mais non, il reste (et le PDG aussi).

Mauvaise gestion, entreprise dans la merde, on ne réagit pas à la croissance du low cost, on ne se met pas à niveau sur les prestations luxe, c'est pas un titre de gloire à accrocher au revers de son veston pour les dirigeants d'Air France. Mais ils restent.

Ce que j'en dis : que le mec y laisse une chemise, avec une poignée de plumes et une bonne frayeur en prime, hé bien en se plaçant du point de vue strictement moral, ça demeure une très bonne affaire pour lui. Responsable. Sur le papier, oui, pour toucher la thune du job ; mais quand ça défèque dans la VMC à force d'avoir bâclé le job, on n'assume en pratique aucune conséquence.

[PAUSE]
"Bon, c'est bien beau, tout ça, mais ça n'explique toujours pas à quoi tu veux en venir avec ton histoire de parachute à 1 centime !" vous dites-vous probablement en vos fors intérieurs respectifs et variés, voyant que ma propension habituelle à la digression nous a déjà mené d'un garage de fantaisie à un fait divers d'une actualité brûlante.
J'y arrive, soyez patients.

~ Nous, les actionnaires ~
Nous sommes en France. Nous sommes français (j'inclus là-dedans tous ceux qui sont connus des services fiscaux, qu'ils soient imposables ou non).
Nous contribuons tous, par le biais de nos taxes, contributions, prélèvements directs ou indirects, au budget de l'Etat. Et, en vertu de la constitution qui fait de cette riante contrée une république, nous sommes supposés détenir collectivement le pouvoir.
66 millions de petits porteurs

En tout état de cause, nous pouvons nous considérer comme les actionnaires, les seuls, de l'Etat. Chacun avec une action.

(Parenthèse sur la notion d'actionnariat : qu'on ne vienne pas me parler des détenteurs des titres de la dette publique du pays comme des actionnaires d'un niveau comparable. Cette stupidité mécanico-financière à laquelle s'accroche une majorité bêlante en adoration devant le CAC40 et la Sainte Croissance, avait pour but de maîtriser le flux monétaire et l'inflation, et ne sert plus aujourd'hui qu'à spéculer, dégrader, bousiller les économies nationales : tout ça n'a rien à voir avec le droit des peuples à l'autodétermination. La dette, on l'emmerde, point. Fin de la parenthèse).


~ Incompétence de haut niveau ~
Je ne sais pas si vous arrivez à la même conclusion que moi, mais je trouve qu'il y a un sérieux problème de gouvernance par chez nous.
Demain, mégateuf !
On peut en tirer le constat de plusieurs manières.

D'abord, partout les gens font la gueule, partout les gens ont les poches vides, partout les gens s'inquiètent pour le devenir de leurs gosses, de leur boulot, de leur pays...  ils se chicanent pour des clopinettes, commencent à envier les uns parce qu'ils sont des "privilégiés" en vertu d'avantages infimes, à décrier les autres parce qu'ils se la pètent à mort en étalant des signes de pseudo-richesse qui doivent bien faire rire les nantis authentiques ("J'ai un iPhone 6, chuis trop un millionnaire")...
Ça se tire dans les pattes pour un petit bout de beefsteak, ça reste sur son quant-à-soi, ça protège farouchement son faible patrimoine et sa toute petite vie. Bref, c'est la lente montée de la barbarie, la lutte de tous contre tous à laquelle on assiste ; c'est un vaste merdier auquel nous sommes confrontés tous les jours, nous, les actionnaires injustement minoritaires.

"En vrai, c'est une Casio...
LOL MDR tro swag !"
- L'agent orange
On peut aussi le décrire comme ça : la course à la conso, entretenue par la pub et des inepties grotesques façon "si à 50 ans t'as pas une Rolex, t'as raté ta laïfe", nous pousse tous droit dans le mur.
La pseudo-conférence sur le climat qui va se tenir à Paris ne fera qu'entériner de nouveau la volonté de chacun de ne rien faire pour ne pas perdre en compétitivité économique internationale, on ne tiendra certainement pas l'objectif de 2° et pas plus, ça servira à peau de balle comme celle de Tokyo et toutes ses consœurs.

L'urgence environnementale est incontestable. Elle toque à nos portes pour nous enjoindre à freiner la surproduction, baisser la conso d'énergie et de jetable, entreprendre une transformation en profondeur de notre modèle social pour couper les vivres à la machine à niquer le climat, et... rien de concret n'est produit par les gouvernants lorsqu'ils sont au pouvoir pour aboutir à cela.
Pire, parfois, le remède est pire que le mal.

Exemple, comme ça : le bonus de 10 000 euros pour ceux qui achètent une voiture 100% électrique. Youpi. Seulement, rien qu'en pollution pour la fabrication des batteries de ce type de véhicule, on régresse par rapport au bénéfice environnemental attendu ; en plus, il faut rouler bien plus longtemps que la moyenne des électriques pour compenser l'écart induit en pollution par rapport à une bagnole lambda.
Et y'en a d'autres, des exemples, de délires consuméristes encouragés benoîtement par des politiques visant la seule croissance comme panacée nationale : la course à la puissance des ordinateurs, l'omniprésence du téléphone mobile, des tablettes tactiles pour enfants, y'a qu'à se baisser pour en trouver.

En clair, on va se le bouffer sec, le mur.
On va bien mâcher les briques, les éclats viendront nous caresser la glotte, et nous sommes tous conscients aujourd'hui que ce n'est sûrement pas de nos élites respectives actuelles que vont venir des solutions.
Dressés à être technophiles, subventionnés par des technophiles, pétris de croissance infinie et de main invisible, se cooptant les uns les autres dans un modèle de pensée unique, ils ne peuvent rien dire d'autre que "euh, bah, dommage, hein ? Le changement climatique, c'est maintenant ! Beeuh-heu !".

"Ne m'appelez plus jamais Fraaaaaaaance !"
En résumé, la gouvernance actuellement en place (et j'en ai autant à son service qu'à la précédente, et encore aussi celle d'avant, puis celle d'avant...) se moque comme d'une guigne d'avoir reçu un mandat pour conduire à bon port le bateau France.
Au mépris de l'évidence et des passagers terrifiés, elle fracasse la coque sur tous les récifs qu'elle trouve, décide du cap au doigt mouillé en suivant les alizés des instituts de sondages quand ça l'arrange, squatte d'avance toutes les places de tous les canots de sauvetage pendant que les classes basses, moyennes et bientôt hautes se noient de plus en plus dans les ponts et entreponts.

Ô mes frères et sœurs, ça craint à mort.


~ Education citoyenne : néant ~
Soyons justes, cependant : les origines du désastre ne peuvent pas toutes se trouver au sein de la classe dirigeante, une classe qu'il nous faut aussi concevoir comme la mousse surnageant à la surface du bouillon populaire.
J'estime personnellement que nous sommes éduqués depuis notre plus tendre enfance à la résignation. Au laisse-faire-ceux-qui-savent. Par le concours insidieux et souvent inconscient d'une pression sociale omniprésente axée sur la seule valeur travail ("si tu bosses pas à l'école, tu finiras dans la misère"), les enfants que nous fûmes, poussés par l'entremise de leurs parents à rester le plus longtemps possible à l'école non pour devenir des êtres pensants de qualité mais d'abord pour obtenir à l'issue le travail le mieux rémunéré possible, passent au final un temps de plus en plus long assis sur les bancs de l'école.
L'enfer est pavé de bonnes intentions.
(proverbe ancien)

Il en résulte des têtes aussi bien formées que ce système peut le faire mais qui s'avèrent, par la force de ce système, tenues de plus en plus longtemps à l'écart de la vie réelle, sociale, au risque de finalement ne plus être en état (ni en volonté) de s'y intéresser du tout.
Tout au mieux capable de l'intégrer, nullement de le comprendre pour ce qu'il est.

Qu'advient-il de ces esprits, au fil des années durant lesquelles la bien-pensance coule de nos téléviseurs directement dans nos cervelles, nous enjoignant à préférer systématiquement le divertissement à la réflexion, à fuir le débat, à courir toujours plus vite sans jamais prendre le temps de s'arrêter ? Quand nous nous surprenons à envier l'ami qui possède un smartphone dernier cri, et que nous regardons notre "vieux machin" comme une merde alors qu'il n'a même pas 2 ans, quel genre de réflexion s'opère en nous ?
Focalisés sur le travail, comme on nous l'a appris, béats devant l'achat, comme on nous y encourage, nous nous désintéressons de l'appareil d'Etat, de l'appareil éducatif, des rouages de la nation.
Et, en un mouvement de masse considérable, nous ne nous rappelons à notre part citoyenne que pour, périodiquement, quand le temps du scrutin est revenu, signer comme des cons des chèques en blanc au premier connard de passage qui semble moins fumier que le précédent, afn qu'il s'occupe à notre place de mener la barque du pays. Pour ceux qui prennent la peine de signer.

Ainsi la caste des capitaines à qui revient toujours le gouvernail nous renvoie systématiquement sur les récifs.
Y'en a même qu'on réélit.
J'te jure.

Le citoyen modèle (photo prise avant burn-out)
Paradoxalement, j'en arrive à penser aujourd'hui que même une éducation actuellement considérée comme prestigieuse --hautes études et tout le tralala-- n'est pas un atout pour appréhender cet appareil sociétal à l'air effroyablement compliqué (il l'est souvent, mais pas toujours). Pour certaines personnes de ma connaissance, ça pourrait même être un frein : "écoute, chacun son métier, ma vie est déjà assez compliquée comme ça, je taffe 60h par semaine et tu viens me parler de sociologie, de danger du communautarisme, d'écologie ? Je t'aime bien, mais j'ai pas le temps pour ces conneries".
Or il est attendu de nous, et cela, par des gens d'apparence parfaitement raisonnable mais planant manifestement très loin au dessus de notre terrain quotidien, d'agir en citoyens complets et achevés.
Comme si nous maîtrisions tout l'appareil et ses subtilités de bout en bout, ce qui prend un tour grotesque jusqu'à l'absurde avec des maximes fameuses du genre "nul n'est sensé ignorer la loi".

Jeune mal barré pour l'avenir (allégorie)
Or cette loi, ces lois d'ailleurs, et tout ce système, en fait, cultivent la complexité et l'exclusion de facto de tous ceux qui ont autre chose à foutre que de manger une tartine de règlements et de lois tous les matins. Rien ne vient les freiner sur ce chemin de complexification croissante, car le péquin moyen est dépossédé du temps nécessaire pour devenir apte à dire stop.
Protégé naturellement contre toute remise en cause profonde, l'appareil sociétal s'enfouit de plus en plus sous des couches de textes impénétrables, à l'abri des regards et de la perspicacité des citoyens qu'il régit.
Conséquence : si t'es pas brillant dès le départ et volontaire pour aller fouiller dans ce bazar, pour en tirer les ficelles, en comprendre la mécanique, t'es foutu. D'entrée.

~ Que sais-tu faire, citoyen ? ~
Un citoyen complet devrait être capable, par exemple, de vous dire qui est le conseiller municipal en charge de l'école de ses enfants, où se trouve le centre des impôts auquel il paie ses taxes, qui est son maire, qui est son conseiller départemental, son président de région, son député, son sénateur, et en même temps être capable d'avoir un emploi, de faire cuire son dîner, de conduire une voiture... déjà là on atteint un niveau d'expertise que seuls des gens apparentés professionnellement à la politique peuvent atteindre.
On constate aussitôt que la limite du raisonnable, ce raisonnable que George Orwell appelait common decency, est nettement franchie.
J'ai tout compris à mon pays (autoportrait)
Qui, parmi nous, lecteurs suffisamment assidus pour aller au bout de cette interminable logorrhée, est capable de dire quel est le rôle précis du chef de cabinet du Secrétaire d'Etat aux Transports ? Comment est calculé le montant de sa taxe d'habitation ? Et en quoi consiste la directive Bolkenstein ? Et si les votes blancs sont comptés comme suffrages exprimés ou comme votes nuls lors des élections régionales ? Et à quelle température je règle le four pour cuire un rôti de boeuf de 1,2 kg ?
Le français moyen est dépassé dès sa naissance par la complexité absurde et volontairement entretenue de la société dans laquelle il atterrit. Et rien ne l'encourage à s'emparer de la connaissance nécessaire pour comprendre son système, de même que rien ne lui permet d'espérer faire évoluer ledit système vers quelque chose qui puisse être appréhendé par un citoyen ordinaire.
Ne reste donc de la place que pour l'élite, ceux qui, dès le départ, ont tiré les bonnes cartes, grandissent dans la bonne famille, à l'abri du besoin, avec les bonnes relations, qui permettront de suivre les bonnes études, d'avoir le bon logement, le bon emploi. Le self-made-man et Horatio Alger peuvent aller se rhabiller, ils sont tous deux morts depuis longtemps : il n'y a de place au sommet que pour les héritiers de la crème.

~ Pratiquons la démocratie ~ (poil au zizi)
Des problèmes, et des raisons de s'en faire, il y en a donc un paquet, qui saute aux yeux d'emblée : c'est du boulot de s'informer vraiment, c'est du taff de s'engager physiquement, d'agir vraiment en citoyen. Affaibli dès le départ, en lutte contre la domination artificiellement entretenue d'une classe dirigeante quasi-intouchable.
C'est difficile de comprendre et d'accepter qu'un pays (contrairement à une entreprise) est une mosaïque de volontés divergentes, d'aspirations individuelles, et que si l'on croit vraiment en la démocratie il est nécessaire que chacun puisse s'exprimer, même si c'est pour dire des âneries profondes ou des monstruosités.
Par ici ou par là.
Car on ne peut pas "licencier" tous les racistes de ce pays. On ne peut pas en bannir tous les voleurs, foutre dehors tous les escrocs. Ce sont nos racistes, nos voleurs, nos escrocs. Leur place est ici.
Nos problèmes, en sorte, nos emmerdes en tant que nation, et il nous appartient collectivement de les prendre en charge pour éduquer les premiers, sanctionner les deuxièmes et blâmer les derniers. Pour faire simple, si je me chope une sale infection au doigt, je ne me coupe pas la main, je la soigne : je suis mieux servi avec une main, même malade pendant un temps, que sans. Un pays, c'est pareil. Même les ordures y ont leur place, et parfois leur utilité. Pour reprendre une phrase d'un de mes films favoris, "même une saloperie de loup-garou a droit à un avocat". Car dans le cas contraire, on est dans le traitement par exception, dans la justice de classe, et ça, c'est farouchement anti-démocratique.
Or on est démocrate, ou on ne l'est pas : l'être un petit peu serait contradictoire avec la définition même du mot.

[re-PAUSE]
"Mais alors, quoi, merde ? J'y comprends rien ! Les dirigeants foutent le dawa, okay, c'est vu. L'affaiblissement des masses met le bronx, c'est noté. Il faut pas imaginer régler les problèmes d'un pays en poussant leurs responsables hors des frontières, d'accord... Mais quel rapport avec le parachute doré, bordel ?" fulmine le lecteur, l'œil injecté de sang à force de s'user la rétine en digérant ma prose.
Vous ne voyez pas encore où je veux en venir ? Hé bin, c'est pas si compliqué.

~ Courte synthèse avant l'action ~
C'est un pays, la France, dont je parle, pays dont nous sommes les uniques actionnaires par le pouvoir de notre droit de vote, un pouvoir d'autodétermination qui ne doit en aucun cas tolérer d'être étouffé par des diktats qui lui sont extérieurs, à l'instar de ce que la Grèce subit actuellement, et de ce que TAFTA et consorts nous préparent.
- Un petit pogo pour fêter ce parachute doré ?
- Je peux pas, je garde l'attaché-case à ma copine.
Nous, l'assemblée générale démocratique des actionnaires, ne pouvons pas décemment envisager de bannir géographiquement les buses actuellement aux manettes parce que nous sommes attachés à la démocratie, et parce que malgré toutes les avanies qu'elles nous font subir et la profondeur ahurissante du mépris qu'elles nous portent, elles restent nos concitoyennes.
Il nous appartient de renforcer notre autorité affaiblie sur le pays qui est le nôtre.
Il nous appartient de déboulonner les intouchables qui occupent les fauteuils de direction.
Et tout ça, démocratiquement.

Conclusion : à l'instar d'une assemblée générale d'actionnaires d'une boîte, licencions le patron actuel, ainsi que l'ensemble du staff, avec un parachute doré pour qu'il puisse pas dire qu'on le laisse à poil.

Rappelons-nous que la Belgique, notre voisine, très récemment, a réussi à se passer d'un gouvernement pendant de longs mois (même si ça n'a pas été sans heurt). 
Rappelons-nous que l'Islande, très récemment, a mis sous les verrous des banquiers marrons, envoyé péter les spéculateurs qui réclamaient la part du lion sur le dos de la population lors de la crise des subprimes et choisi par tirage au sort les membres de son assemblée constituante. Qui ont fait leur boulot. Et pondu une nouvelle constitution, comme ça, yeah man, trop swag tout ça tout ça.

Savourons ensemble un fait : le fait que, nous, oui, nous, qui savons ce que laver la vaisselle ou changer une couche ou sortir les poubelles ou aller acheter un pain de mie au Lidl ou changer une ampoule veut dire, nous avons le pouvoir de faire changer cette situation. A la condition évidente de s'y mettre, ici, maintenant, et tous en même temps.

Je sais, pour certains, ça paraît difficile, pour ne pas dire impossible, utopique, irréalisable. La timidité. Le cynisme. La méfiance, le désespoir. Le défaitisme, le pessimisme, la peur du lendemain, tout ça, ça bloque un peu, hein ?
Mais creusons-nous les méninges et exhumons des images parlantes : lorsque la France a gagné la coupe du monde de foot en 98, ça gênait personne de sortir dans la rue et de féliciter tous les gens qu'il croisait comme si c'était eux qui avaient couru sur la pelouse et cogné dans la baballe. Et, bien plus près, tout le monde (ou presque) a été pétri de la même indignation, au début de cette funeste année, avec l'affaire de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher.
Les mouvements de masse, c'est donc possible, faut juste en avoir envie, faut avoir quelque chose qui nous pousse en avant. Un motivateur.

Psst.

Pssssst !

Hé !
Hé, les potos !

Hé ! L'envie de se sortir comme des grands de ce merdier, ça vous irait, comme motivateur ?



~ C'est parti : l'opération "Golden Parachute" ! ~
ou : comment virer ses gouvernants avec panache, pour 1 centime et 1 enveloppe
Pour offrir démocratiquement un joli parachute doré à notre gouvernance déficiente, et ouvrir la voie à une vraie possibilité de renouvellement de l'appareil de société français, je propose de s'y prendre comme suit (en 5 étapes faciles !) :
  1. le jour J, trouver une enveloppe (propre, hein, évitez de recycler celle d'EDF, c'est quand même une lettre de licenciement, alors on met les formes) ;
  2. écrire sur l'enveloppe :
    Monsieur le Président de la République
    Palais de l'Elysée
    55 rue du Faubourg St-Honoré
    75008 PARIS
    NB : si vous écrivez à la place "le roi fainéant", "Flamby 1er" ou "le changement c'est dans ton cul", ça n'arrivera probablement pas à destination. Prière de limiter fortement le recours à la fantaisie, s'agirait que ça marche ;
  3. glisser dans l'enveloppe une pièce de 1 centime d'euro par membre de la famille qui écrit ;
  4. y ajouter un petit mot de licenciement courtois, clair, mais ferme, comme par exemple ceci :
    "Le peuple français vous signifie par la présente, ainsi qu'à l'ensemble du gouvernement, votre congé de la Présidence de la République et des affaires de l'Etat. Veuillez trouver ci-joint sa contribution à votre indemnité de départ. Bien amicalement." ;
  5. glisser le tout dans une boîte aux lettres (inutile d'affranchir, c'est gratuit d'écrire au Président).

Et maintenant, prenons-nous un peu à rêver que tout le monde le fasse... qu'on se filme, sur la place du village, devant la mairie, à mettre la petite pièce dans la petite enveloppe... que ça finisse sur YouTube, sur DailyMotion, que ça fasse la Une des journaux planétaires. Le premier licenciement global ! La France fait sa révolution avec politesse en congédiant son gouvernement avec de la petite monnaie ! La vache, que ça serait bon !

Le monde avant le parachute doré.
Après, bien sûr, y'aura un peu de bordel. Mais de quelle nature ? Sérieux comment, le bordel ? Les militaires continueront de militer. Les comptables continueront de compter, les éboueurs d'ébouer, y'aura toujours des caisses ouvertes chez Carrouf à l'heure des courses et j'irai toujours m'acheter des casse-tête au Repaire du Grizzly quand j'ai un peu de sousous en bonus (ça fait un moment que c'est pas arrivé, d'ailleurs).

Certes, il faudra remanier le système.
Certes, il faudra parler politique (merde alors, c'est pas cool, quand est-ce qu'on regarde le foot à la télé, alors ?).
Certes, il faudra débattre.

Le monde après le parachute doré.
Peut-être faudra-t-il envisager de mettre en route, un peu partout sur notre territoire, des communs (allez chercher ce que c'est si vous l'ignorez, tas d'incultes ! Non, je mettrai pas de lien, c'est un entrainement pour votre futur de citoyen, faut s'échauffer le neurone, sinon y'a risque de claquage des mollets de la tête)(un indice, quand même : c'est de la même famille que commune).

Peut-être qu'on va se la jouer islandaise, avec tirage au sort, pour nous faire une belle constituante qui nous fera une belle 6ème république.

Peut-être qu'on va vivre dans l'incertitude, avec le fol espoir que demain sera meilleur, qu'on sait pas trop vers où on va, mais que cette fois c'est nous qui tenons le volant.

~ Interrogation métaphysique citoyenne ~
Alors, ô mes frères et soeurs, je vous le demande :
entre le bordel d'aujourd'hui qui nous est imposé,
et un bordel que nous aurions choisi, élaboré, construit,
lequel vous offrira le meilleur avenir ?

--G4rF--

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