Le parfum d'espérance
Liseron, liane et lierre
Enturbannés sur l'âme
Rouge, fière, vive flamme
Du cœur qu'on dit de pierre.
Poussé par les courants
Loin de l'île-mère, au large,
En quête d'un ancrage,
Ou deux, ou dix, ou cent.
Transis et famélique,
Il languit, s'impatiente,
Cherchant son Amérique
Aux côtes exaltantes.
Bien souvent il la trouve,
Après quelques essais
Qui à peine l'éprouvent :
Enfin, il est comblé.
Alors à cette terre
Désirée il s'attache,
S'enracine et l'enserre,
Que rien ne l'en arrache.
Car si le lien est fort,
Et si la terre est bonne,
L'un à l'autre se donne
Et ce, jusqu'à la mort.
Mais il arrive parfois
Au long des marées d'âme
Que l'union s'entame
Sur un terrain bien froid
Lors, ce cœur bien las
Des longs milles solitaires
Ne crée qu'un lien étroit
Avec cette pauvre terre
Que le désert progresse
Et le lien se détend
Et devient une laisse
Traînant un cœur mourant
Ce cœur, à la dérive,
Chavire très aisément
Si, menée par les vents,
S'approche une tendre rive.
Affamé, il la veut,
En songe il la séduit
Mais il est déjà vieux
Et elle, encore, grandit...
Cette jeune terre sera
Celle d'un cœur à venir,
Il le sait : il n'est pas
L'objet de ses soupirs.
Alors d'elle il s'enivre,
De sa douce compagnie,
Chérit sa beauté libre,
Et d'elle, son âme emplit.
Ainsi l'esquif usé
Se console car la Chance,
Au moins, lui fit humer
Ce parfum d'espérance.
--G4rF--
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