Souvenir, souvenir... |
Contrition forcée ? Très peu pour moi. J'en ai à peu près rien
à cirer de Johnny Halliday, mais je ne conchie pas Jean-Philippe
Smet non plus, parce qu'il faut distinguer le personnage fantasmé du
mec qui l'interprète.
Sur ses chansons ? Il en a composé une seule, je crois,
c'était "cheveux longs et idées courtes", chanson dans
laquelle il tentait (maladroitement il faut le dire) de faire le
clash avec Antoine. Oui, LE Antoine d'Atoll-les-opticiens, qui, dans
ses élucubrations, avait dit en évoquant le futur interprète du
concurrent Optic 2000 : "tout devrait changer tout le temps / le
monde serait bien plus amusant / on verrait des avions dans les
couloirs du métro / et Johnny Halliday en cage à Médrano".
Sur l'affaire, ce que j'en dis, c'est qu'Halliday était un bon
interprète, il a très bien chanté de très beaux morceaux, il en a
aussi massacré des horribles sur scène, et il a su très bien
s'entourer du point de vue professionnel, mais sans doute moins bien
du côté personnel.
Après, pour ce qui me concerne, le culte de la personnalité et
du mythe américain de notre chanteur franco-belgo-suisse national
m'a toujours gonflé : pour lui comme pour d'innombrables stars de la
chanson, leur succès est dû à leur travail, certes, mais aussi à
celui considérablement plus énorme de milliers de bosseurs de
l'ombre, des compositeurs aux paroliers en passant par les roadies,
les tourneurs et les ingés sons qui, eux, crèveront dans
l'indifférence générale alors qu'ils étaient des rouages
indispensables pour qu'un mec comme Johnny existe en pleine lumière.
Et je n'ai pas connaissance que le sieur Halliday invitait ses
techniciens et ses équipes en vacances sur un yacht à Saint Trop'.
Donc oui, Jean-Philippe Smet est décédé, oui, il ne jouera plus
Johnny Halliday, oui les proches sont effondrés, oui les fans sont
tristes, oui, qu'on les tous laisse chialer puis s'en remettre comme
ils pourront.
Mais oui aussi, tous ceux qui n'en avaient rien à foutre de la
surmarketée idole des jeunes ont aussi le droit de se plaindre.
Parce qu'on va de force leur bourrer le mou, les yeux et les
oreilles toute la semaine avec du Johnny par-ci et du Johnny par-là,
quel grand homme, quel symbole national, violons et tremolos sur
toutes les antennes.
Et ça, dans le même pays et la même semaine où par hasard on
inhume aussi Jean d'Ormesson, un mec dont l'oeuvre est elle aussi du
genre valable (même si je n'aimais pas ses points de vue et ses
tendances politiques), mais bon, l'oeuvre de d'Ormesson est moins
télégénique, alors on en cause 5 minutes et on retourne à ses
petites affaires, vas-y remets moi "Tennessee".
A l'instant, je n'imagine rien de pire que cet exercice d'hommage imposé, ça vous pousse à
détester à titre posthume quelqu'un qui ne méritait peut être que
votre dédain de son vivant.
Réveillez-moi pour la mort de Damien Saez , de Björk ou de Trent
Reznor, là, ça me fera sans doute quelque chose.
--G4rF--
1 commentaire:
https://youtu.be/VC-E7kEc7s4
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