lundi 10 avril 2017

Poème express (en prose)

9h15

Ses grandes pattes s'étirent d'un horizon à l'autre.
S'arrachant à la Terre, lentement se redresse.
Un voile devant les yeux.
De la ouate sur le cœur.
Déclencheur, prise de vue, clac !
Première image prise. Floue.
Un tremblement de terre remonte son échine.
Trop dormi, pas assez, peau froissée comme les draps.
Les rouages figés derrière l'os du crâne
Se décoincent en couinant, grippés par la torpeur.
Brûlure accidentelle : un rai de soleil vif
S'échappe des rideaux clos et percute ses cils.
Sa charpente de vieux bois gémit, craque, se plaint.

Premier pas, maladroit.
L'autre suit, sans penser.

Laissant dans la tanière sa mue de plantigrade
Hibernant, il s'avance.
La patte se fait main, qui repousse le voilage.
Matin d'avril sans nuage.
La lumière se déverse, bondit, envahit tout.
Une autre chaleur passe à travers ses yeux clos
Et atteint l'autre, en lui.
Celui qui n'est pas ours.
Le juvénile pilote s'empare des commandes
Du grand exosquelette dont il a hérité.

Regardez, juste là, sous la peau épaissie.
On le voit transparaître.

Il est là, dans ce pli, juste au coin de la lèvre.
C'est lui, là. Qui sourit.
--G4rF--

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