Les croûtes et le chef-d’œuvre
Pour un seul génie, combien de tâcherons
Pour une seule âme pure, combien de coeurs souillés
Pour un seul chef-d’œuvre, combien de pauvres croûtes
Pour une réussite, combien d'échecs cuisants
Pour une seule victoire, combien d'amères défaites
Pour un sommet atteint, combien d'inexpugnables
Il n'est pas de génie qui n'ait été tâcheron
Il n'est pas d'âme pure n'ayant été souillée
Il n'est pas de chef d'oeuvre non précédé de croûtes
Il n'est nulle réussite sans échec antérieur
Il n'est nulle victoire sans défaite passée
Il n'est nul sommet ne s'étant refusé
Les pierres dont on bâtit les plus brillants succès
Sont extraites des carrières où naissent les fiascos.
Mais le succès n'est pas le destin obligé,
L'impératif qui seul apporte la dignité.
Ratez, foirez, loupez, plantez-vous avec joie,
Un échec coûte moins que ce que chacun croit.
On y laisse du temps, de la fierté parfois,
Mais on en sort meilleur, plus fort, à chaque fois.
Et par hasard, un jour, et même sans le vouloir,
A la place d'une croûte, un chef d'oeuvre se fait voir.
--G4rF--
vendredi 29 novembre 2019
Poème express [225/365] - Revenir à la barre
Revenir à la barre
La face éclaboussée par la vague d'étrave
Suspendu par un pied aux cordes du plat-bord
Saoûl sur un bateau ivre, à peine plus qu'une épave
L'horizon embrumé ne promet aucun port
Le compas sans repère, les cartes inutiles,
Emporté par les vents vers un but inconnu
J'ai laissé mon esquif à son destin futile
Errant et dérivant en un cours saugrenu
Et moi, le capitaine, chef sans équipage,
J'ai cessé de courir de dunette au beaupré
Laissé fléchir haubans, pataras et étai
Et noyé dans le rhum les vagues et leur tapage
Et maintenant que faire ? Le tonneau est à sec,
Mon foie à l'agonie n'aura plus sa ration.
Dessaoûlé par le sel, je remonte sur le teck
Empoissé d'algues brunes, glissant comme un savon
Je chute mais je progresse, rejoignant lentement
La roue de bois usée qui tourne librement
La poigne chancelante, je la stoppe et m'agrippe
Attendant que le malaise en moi se dissipe
Alors un grand miracle devant moi s'accomplit
La brume interminable s'effiloche, se perce
Un éclat de lumière solaire la disperse
J'ai de nouveau un cap et vogue vers le midi.
--G4rF--
La face éclaboussée par la vague d'étrave
Suspendu par un pied aux cordes du plat-bord
Saoûl sur un bateau ivre, à peine plus qu'une épave
L'horizon embrumé ne promet aucun port
Le compas sans repère, les cartes inutiles,
Emporté par les vents vers un but inconnu
J'ai laissé mon esquif à son destin futile
Errant et dérivant en un cours saugrenu
Et moi, le capitaine, chef sans équipage,
J'ai cessé de courir de dunette au beaupré
Laissé fléchir haubans, pataras et étai
Et noyé dans le rhum les vagues et leur tapage
Et maintenant que faire ? Le tonneau est à sec,
Mon foie à l'agonie n'aura plus sa ration.
Dessaoûlé par le sel, je remonte sur le teck
Empoissé d'algues brunes, glissant comme un savon
Je chute mais je progresse, rejoignant lentement
La roue de bois usée qui tourne librement
La poigne chancelante, je la stoppe et m'agrippe
Attendant que le malaise en moi se dissipe
Alors un grand miracle devant moi s'accomplit
La brume interminable s'effiloche, se perce
Un éclat de lumière solaire la disperse
J'ai de nouveau un cap et vogue vers le midi.
--G4rF--
mercredi 27 novembre 2019
Poème express [224/365] - Sous la crasse, l'émail
Sous la crasse, l'émail
Une réclame qui devient une décoration
Une décoration qui devient une relique
Salie, tâchée de suie, de quelque crasse antique
Accrochée par deux clous sur une poutre au plafond
Elle n'a rien d'un trésor, rien de particulier
Sauf d'être un vaisseau lancé dans le passé
Par une marque croyant résister à l'avenir
Et dont le nom perdu n'évoque nul souvenir
Clamant les mérites d'une enseigne oubliée
Sous l'enduit de souillure ternissant ses couleurs
Elle est comme une bouteille à la mer lancée
Et repêchée trop tard pour sauver son lanceur
Un témoin du passé, un héraut du futur
Un memento mori froid et silencieux
Dont l'émail nettoyé orne aujourd'hui mon mur
Un bout de nostalgie théâtral et précieux.
--G4rF--
Une réclame qui devient une décoration
Une décoration qui devient une relique
Salie, tâchée de suie, de quelque crasse antique
Accrochée par deux clous sur une poutre au plafond
Elle n'a rien d'un trésor, rien de particulier
Sauf d'être un vaisseau lancé dans le passé
Par une marque croyant résister à l'avenir
Et dont le nom perdu n'évoque nul souvenir
Clamant les mérites d'une enseigne oubliée
Sous l'enduit de souillure ternissant ses couleurs
Elle est comme une bouteille à la mer lancée
Et repêchée trop tard pour sauver son lanceur
Un témoin du passé, un héraut du futur
Un memento mori froid et silencieux
Dont l'émail nettoyé orne aujourd'hui mon mur
Un bout de nostalgie théâtral et précieux.
--G4rF--
lundi 25 novembre 2019
jeudi 21 novembre 2019
Poème express [222/365] - En route pour la joie
En route pour la joie
Des données en averse
Du travail en pagaille
Des choses, choses à faire
Des choses, choses à dire
D'une boîte à une autre
D'une mission, la suivante,
Bonjour, merci, au revoir
Ça marche, ça marche pas
On prolonge, on arrête,
On démarre ou on stoppe
Des kick-off et des REX
Et puis des réunions
Comités, ateliers,
On workshoppe, on brainstorme,
Post-it sur le mur
Sticky wall dans la tête
Méthode et best practice
Agile ou à l'arrache
Bâtissons sur du sable
Industriel jetable
Galopant, badge au clair
Vers ce futur radieux
En route pour la joie
Du service consommable
--G4rF--
Des données en averse
Du travail en pagaille
Des choses, choses à faire
Des choses, choses à dire
D'une boîte à une autre
D'une mission, la suivante,
Bonjour, merci, au revoir
Ça marche, ça marche pas
On prolonge, on arrête,
On démarre ou on stoppe
Des kick-off et des REX
Et puis des réunions
Comités, ateliers,
On workshoppe, on brainstorme,
Post-it sur le mur
Sticky wall dans la tête
Méthode et best practice
Agile ou à l'arrache
Bâtissons sur du sable
Industriel jetable
Galopant, badge au clair
Vers ce futur radieux
En route pour la joie
Du service consommable
--G4rF--
mercredi 13 novembre 2019
Poème express [221/365] - Cette envie qui la bouffe
Cette envie qui la bouffe
Elle était merveilleuse, elle l'est toujours, mais triste
Elle était amoureuse, elle l'est d'un autre, meilleur
Elle avait ce désir, cette envie altruiste
De porter, mettre au monde, son enfant, son bonheur
Elle avait ce désir, cette envie qui la bouffe
Et elle avait aussi un truc qui n'allait pas
Tant d'efforts sans succès, et sa flamme qui étouffe
Sentant l'espoir faiblir, reculer pas à pas
Pas d'enfant malgré tout, malgré les traitements,
Les FIV et les médocs pour rebooter son corps
Pas d'enfant après tout, et voilà maintenant
Que surgit en son sein le suprême anticorps
Mangée par le désir, elle se fait grignoter
Sans répit, sans repos, sans merci, sans bravo,
Elle range dans une enveloppe sa maternité
Porte le sabre au clair, repousse le caveau
Je lui souhaite enfin un peu de contentement
Je lui souhaite la paix et le rétablissement
Je lui souhaite la vie, elle qui en sauve tant
Je lui souhaite tout, et enfin, son enfant.
--G4rF--
Elle était merveilleuse, elle l'est toujours, mais triste
Elle était amoureuse, elle l'est d'un autre, meilleur
Elle avait ce désir, cette envie altruiste
De porter, mettre au monde, son enfant, son bonheur
Elle avait ce désir, cette envie qui la bouffe
Et elle avait aussi un truc qui n'allait pas
Tant d'efforts sans succès, et sa flamme qui étouffe
Sentant l'espoir faiblir, reculer pas à pas
Pas d'enfant malgré tout, malgré les traitements,
Les FIV et les médocs pour rebooter son corps
Pas d'enfant après tout, et voilà maintenant
Que surgit en son sein le suprême anticorps
Mangée par le désir, elle se fait grignoter
Sans répit, sans repos, sans merci, sans bravo,
Elle range dans une enveloppe sa maternité
Porte le sabre au clair, repousse le caveau
Je lui souhaite enfin un peu de contentement
Je lui souhaite la paix et le rétablissement
Je lui souhaite la vie, elle qui en sauve tant
Je lui souhaite tout, et enfin, son enfant.
--G4rF--
mardi 12 novembre 2019
Poème express [220/365] - Pousser le son
Pousser le son
Le bruit blanc, l'épuisement, les repères qui s'effacent
Le décor se dissout en pixels parasites
Les sens saturés, la conscience se délite
Les horizons s'embrument et fondent dans la masse
Tout est tout, tout est trop, le chaos devient roi
Les cartes mélangées, et le Nord est perdu
Maelstrom rugissant et sans dessous dessus
Aspirant dans un puits le temps, les mots, la voix
Dépassé, secoué, agité, frissonnant
Dans un monde en patchwork toujours recomposé
Perdant ma subsistance, enseveli, noyé
Ne reste qu'un souvenir, une idée de présent
Alors je m'y accroche, cherchant un rythme, un pouls,
Un choc ordonnateur secouant la confusion,
J'attrape la fréquence et je pousse le son
D'un chant de résistance à la clameur des fous.
--G4rF--
Le bruit blanc, l'épuisement, les repères qui s'effacent
Le décor se dissout en pixels parasites
Les sens saturés, la conscience se délite
Les horizons s'embrument et fondent dans la masse
Tout est tout, tout est trop, le chaos devient roi
Les cartes mélangées, et le Nord est perdu
Maelstrom rugissant et sans dessous dessus
Aspirant dans un puits le temps, les mots, la voix
Dépassé, secoué, agité, frissonnant
Dans un monde en patchwork toujours recomposé
Perdant ma subsistance, enseveli, noyé
Ne reste qu'un souvenir, une idée de présent
Alors je m'y accroche, cherchant un rythme, un pouls,
Un choc ordonnateur secouant la confusion,
J'attrape la fréquence et je pousse le son
D'un chant de résistance à la clameur des fous.
--G4rF--
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