vendredi 31 août 2018
Poème express [51/365] - L'imposteur
Celui que l'on devient en approchant la scène
Celui qui ne sait pas vraiment ce qu'il doit dire
Celui qui s'interroge, que le doute malmène
Celui qui se demande s'il pourra réussir
Celle qui repasse dans sa tête tous les mots
Celle que le temps mort, le silence terrifie
Celle qui n'est pas sûre d'être celle qu'il faut
Celle dont l'échec est le plus grand ennemi
Lui et elle, c'est nous devant les vraies épreuves
Quand le confort vacille dans la mise en question
De nos talents réels, nos qualifications
Dont face aux inconnus il nous faut faire la preuve.
--G4rF--
Poème express [50/365] - Des boîtes
Des boîtes
Il y a dans ma grande boîte
Des monceaux de petites boîtes
Que je mets dans l'autre boîte
Garée devant ma grande boîte
Et je conduis l'autre boîte
Pour aller jeter ces boîtes
Dans une très très grande boîte
Au cimetière des p'tites boîtes
--G4rF--
Poème express [49/365] - Au fond
Au fond
Je remonte le fil du temps que j'ai usé
À coincer mon regard sur un écran rusé
D'où rayonnent des lignes, des chemins de pensée
Qui m'entraînent, m'éloignent sans aboutir jamais.
J'enroule ce nylon aimant tant s'emmêler
Reprenant chaque fourche et brin effiloché
En cherchant dans les noeuds, les fibres imbriquées
Un indice, une trace de celui que j'étais.
Alors que l'eau se calme car tout a émergé,
Je garde les mains vides, fatiguées et blessées.
Devant moi, au fond, est ce qu'en vain je cherchais.
Trop de chant de sirènes m'ont mené à sombrer.
--G4rF--
jeudi 30 août 2018
Les vacances de M. Hulot
Le Nico on le préfère vraiment quand il n'a pas de boulot. |
mercredi 29 août 2018
Poème express [48/365] - L'attendre
L'attendre
Je pourrais m'abuser, oui, je pourrais prétendre
Que mes pensées sont claires et sans aucun méandre
Qu'il n'y a aucun trouble, nul lieu de s'étendre
Sur celle-là pour qui je sens mon coeur se fendre.
Quel confort ce serait que de nier s'éprendre
Cependant que, vraiment, je m'y suis laissé prendre
Tant sous la carapace dressée pour me défendre
Son regard met à nu un recoin d'âme tendre.
Lors, je reste muet, pour éviter l'esclandre
En faisant de mon mieux pour ne pas me répandre
Et refroidir mon sang qui bouillonne à attendre
L'intime plaisir de la revoir et l'entendre.
--G4rF--
dimanche 26 août 2018
Poème express [47/365] - Des abusés
Des abusés
"Prends ce que tu peux
Couvre tes arrières
C'est chacun sa gueule
Ne compte sur personne
Seulement sur toi-même
Plante-les le premier
C'est pas tes amis
Prends l'fric et tire-toi
Serre les dents et fonce
Subis sans broncher
Ne fais pas de vague
Te fais pas r'marquer
Garde profil bas
Pense à ta famille
Ne te retourne pas
Vise le résultat
Encaisse et dégage
C'est jamais qu'un job
Ça change pour changer
Mais ça foire pareil"
Sonne à mes oreilles
Le choeur des clameurs
Du labeur sans cœur
Des désabusés
--G4rF--
Poème express [46/365] - Life lag
Life lag
À vivre si longtemps en heures déplacées
Hors du circuit comme tous ceux qu'on met de côté
Je reviens avec un malus supplémentaire
Subissant de plein fouet ce décalage horaire
C'est tout mon quotidien qui change de fuseau
Tout un rythme de vie à remettre à zéro
Sortir du garage et revenir sur les rails
Et retrouver sans joie ce monde du travail
Qui casse, broie, détruit tant de proches, tant de gens
Pourtant tous instruits, qualifiés et compétents,
Négociant la sueur de leur front à la baisse
Et, les rides venues, usant de leur vieillesse
Pour les mettre dehors sans façon ni merci
Rejoignant les précaires en cohorte infinie.
Ce monde n'est pas celui que l'on nous promettait
Terminés, la carrière, la fierté, le respect
Les maîtres du labeur sont les seuls responsables
De la mise en péril du présent des capables
Comprenez donc que ce décalage de vie
Auquel je suis contraint ne me fasse pas envie.
--G4rF--
samedi 25 août 2018
Mais au fait, c'est quoi un poème express ?
Puisqu'il semble que je sois à l'origine de l'idée, ou au moins que j'ai une forme de primauté dans l'usage régulier de cette expression et de la forme d'écriture qu'elle recouvre, peut-être est-il effectivement pertinent d'expliquer ce que j'entends exactement par là.
Définition :
Une poésie express est un texte :
- écrit d'une traite, c'est-à-dire sans s'interrompre pour contribuer entre temps à une quelconque autre œuvre de l'esprit. Il est donc permis de poser le crayon au milieu de l'écriture d'un poème express pour aller aux toilettes ou ouvrir la porte au livreur ou au plombier, mais en dehors de ça, la continuité du processus d'écriture est nécessaire pour mériter le titre d'express. Si je commence une poésie, que je m'arrête pour finir ma déclaration d'impôt, et que je reviens ensuite à mon texte pour le finir, ce n'est plus une poésie express ;
- original, mais pas nécessairement sans référence ni clin d'œil à une autre œuvre ;
- respectant autant que possible la forme poétique (métrique, scansion) mais des fois non. Si l'auteur pense sincèrement que son texte est poétique et a produit un effort significatif en ce sens lors de l'écriture, alors c'est suffisant pour mériter le titre de poème ;
Exceptionnellement, un poème express peut être illustré, notamment si l'illustration est à l'origine de l'écriture du texte et permet d'en simplifier l'approche et la compréhension. Toutefois, ceci n'est en rien obligatoire.
- laissé en l'état après avoir été écrit. Seules des rectifications de forme superficielles peuvent être apportées, comme rectifier une faute d'accord ou d'orthographe, modifier une ponctuation insignifiante, etc.
L'objet d'une poésie express est :
- en premier lieu, de stimuler l'aptitude de l'auteur à concevoir, produire et achever des œuvres finies et satisfaisant a minima les règles ci-dessus tout en présentant un intérêt littéraire, créatif et narratif, si faible soit-il. C'est une séance d'entraînement du "muscle d'écriture" et de facilitation à adopter la disposition d'esprit présidant à l'acte d'écriture ;
- en second lieu, de produire un texte présentant un intérêt particulier ou une qualité remarquable. Il s'agit d'un objectif secondaire qu'il est souhaitable d'atteindre mais qui reste facultatif et ne doit pas contraindre l'auteur à se restreindre d'écrire ou placer trop haut la barre de ses exigences.
Poème express [45/365] - Sainte bagnole
A l'infini s'étalent les mailles d'un filet.
Tenant la terre serrée à la gorge, ce rets
S'en va oblitérant la verdure et les pierres
Sous un ruban bleu-gris qui seulement tolère
Le va-et-vient des machines aux moteurs lancés
Vers le prochain nœud du réseau embolisé.
Pour l'heure elles s'accumulent, crachant dans l'atmosphère
Des vapeurs grises de mécanique en colère
Laissant là, sur les murs, imprégnée dans la suie,
La phéromone acide de millions de fourmis
Parcourant le filet, avec leurs cavaliers,
Dévorant l'asphalte pour plus vite arriver
Au point B où aucun d'entre eux ne restera
Puisque le soir venu, ils reviennent au point A.
Et ce ballet curieux, qui n'a même pas cent ans
Chaque soir s'arrête et chaque matin reprend.
Et nul n'imagine ce que ça pourrait être
De reprendre le rythme de vie des ancêtres
Dont les montures parfois leur refusaient d'aller
En sixième vitesse du point A au point B.
Mais un jour prochain les machines n'auront plus
De quoi faire fumer injecteur et carbu.
S'amoncelant en piles inutiles et informes
Elles mourront bêtement, immobiles et énormes.
Tranquillement le filet sera dévoré
Par les racines, l'herbe, les fleurs ou les navets
Et si nos successeurs retrouvent la raison
Qu'avec tant de panache, nous nous efforçons
D'oublier, debout sur nos accélérateurs
Vers la grande panne sèche dont sonne bientôt l'heure,
Ils iront à pied, à cheval ou en vélo
Et pour les grands trajets, redeviendront sociaux
Et partageront leurs transports en commun
Pour aller partout sans plus dépenser rien
En vignette, assurance, péage et carburant
Et du voyage enfin, ils reprendront le temps.
--G4rF--
Poème express [44/365] - Blanc
Blanc
Le blanc sur un fond blanc
S'étirant pesamment
Confinant au néant
Courant contaminant
Jusqu'au plus bref instant
Jusqu'au plus beau moment
Figeant éternellement
Derrière lui ne laissant
Que l'éther transparent
Le souvenir d'un temps
Lentement se diluant
Et puis se dispersant
Et puis disparaissant
En blanc sur un fond blanc.
--G4rF--
vendredi 24 août 2018
La pensée du jour
Nous demandons à des jeunes de 18 ans de prendre des décisions cruciales sur leur avenir professionnel et financier, alors qu'un mois avant ils devaient encore lever le doigt pour aller aux toilettes.Je vous propose de réfléchir là-dessus un petit moment : la solution du problème des jeunes en sortira peut-être...
--G4rF--
jeudi 23 août 2018
Poème express [43/265] - Virages
Sorti d'un cul de sac où je m'étais perdu
Cherchant un point d'étape, un nouveau début
J'ai pris la longue route de contournement
Pour remédier enfin à mon essoufflement
Car je n'arrive pas à me faire au discours
ni aux concessions dues aux chemins de long cours
A croire que l'existence qui est la mienne
Aboutit rarement à chose qui convienne
Suis-je trop exigeant ? Toujours insatisfait ?
Ou dépourvu de voie où s'épanouirait
Un genre de plénitude, ou de contentement,
Cette route assez droite où lâcher le volant.
Aujourd'hui touchant le fond d'une énième impasse
Je fais un demi-tour, et remonte ma trace
Vers un nouveau virage, dont j'espère, ma foi,
Qu'il sera le dernier de ce long désarroi.
--G4rF--
Poème express [42/365] - L'arbre
Il s'en fout, l'arbre.
Il s'en fout, des pouvoirs, il s'en fout, des misères.
Il en a vu passer, des petits et des grands,
Des émerveillés, des blasés et des passants.
Il en a bien bouffé, des vents et des orages,
De canicule en gel, il subit les outrages.
Et il s'en fout, l'arbre.
Il s'en fout, des pouvoirs, il s'en fout, des misères.
Il a la vie précaire depuis qu'il est rameau.
Maladies, parasites, champignons, animaux,
Il est cloué sur place, sans épaule à hausser
Sans bouche pour se plaindre, il ne peut qu'encaisser.
Mais il s'en fout, l'arbre.
Il s'en fout des pouvoirs, il s'en fout, des misères.
Il n'est pas éternel, car déjà bien des fois,
Marqué d'un opinel ou des balles des soldats
Il a subi le fer des blessures humaines
Laissant des cicatrices jusqu'au duramen.
Mais il s'en fout l'arbre.
Il s'en fout, des pouvoirs, il s'en fout, des misères.
Il attend.
--G4rF--
mercredi 22 août 2018
Poème express [41/365] - Système (2)
Système (2)
Un système a produit l'appareil qui trône
Sur ma table de nuit et m'éveille au matin
Un système a permis qu'y bavassent des clones
Qui chaque jour lèchent les pompes du souverain
Un système a taillé dans un grand tronc les lattes
Du plancher où je pose un pied mal affermi
Un système a converti en tissu la ouate
Que je retrouve dans chacun de mes habits
L'eau de la douche ? Système pour la réchauffer,
Et pour la faire venir, et pour l'évacuer.
Le thé dans ma tasse ? Un système l'a récolté,
Et puis l'a fait brunir, et l'a fait importer.
Du liquide vaisselle à l'éponge, au savon,
L'inox des fourchettes, le crochet du torchon,
Mon confort quotidien est manufacturé
Par tant de systèmes que je ne sais les compter.
Omniprésents, on les pense inaltérables
Grandissant en leur sein, saurions-nous nous passer
De ces systèmes qui nous sont incontournables
Tant nos vies exigent de les voir fonctionner ?
Et si nous tenons tant à la suavité
De nos vies d'opulence bâties sur des objets,
Quand les systèmes centraux de nos états chancèlent
Par la malverserie des tireurs de ficelle
Ne sachant faire œuvre de prodigalité
Qu'au profit du trésor des rois d'avidité
Rappelons-nous qu'au cœur du système est l'humain
Et dès que l'humain souffre, le système en déclin
S'affadit, s'affaiblit, va vers l'effondrement
En entraînant l'humain au fond de ses tourments.
Lors pour rattraper ces systèmes en péril
En sauvant nos semblables des ruses des goupils,
En évitant à ceux qui viendront après nous
D'hériter de systèmes ne marchant plus du tout
Délogeons du pouvoir les grains de sable vils
Reprenons les systèmes, nous, les gouttes d'huile.
--G4rF--
Poème express [40/365] - Les petits ruisseaux
Les petits ruisseaux
J'entends parler de tempête dans un verre d'eau
J'entends les petites phrases qui nous prennent de haut
Je vois les jours de colère raillés, moqués,
Je vois ceux dont le futur a été volé
J'écoute l'ardeur des bâtisseurs de barricade
J'écoute leur amertume qui coule et qui cascade
Je goûte le climat et son échauffement
Je goûte l'acidité des pleurs s'accumulant
Je sens les eaux qui montent à chaque nouveau jour
Je sens venir la vague qui balaiera la cour
J'ajouterai mon seau d'eau de fureur amère
À ces petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
--G4rF--
mardi 21 août 2018
Poème express [39/365] - Lundi 20, 23h57
Lundi 20, 23h57
La chauve-souris
Rase les toits humides
Dans la nuit tiède
--G4rF--
Poème express [38/365] - Retard
Retard
Perché sur mon épaule depuis mes jeunes années
Je traîne à tout instant cet encombrant fardeau
Ce vautour intraitable et jamais rassasié
Dont l'appétit ne sait aller que crescendo
J'ai à faire ? Le voilà qui vient se présenter
Détaillant point par point chaque sujet en cours
Appelant ma présence, effort renouvelé
Pour boucler un chantier qui bloque mon parcours
Que j'achève une tâche ? Il s'amuse et ricane :
Tant d'autres en réserve viendront lui succéder
Laissées là, de côté, navires mis en panne
Quand ma flemm' de géant m'empêche de bosser
Dans cette lutte absurde je ne peux pas gagner
Tout juste le tenir en respect quelquefois
Il m'attend au coin de chaque nouveau projet
Le retard qui court parce que je marche au pas
--G4rF--
Poème express [37/365] - À l'aube
À l'aube
Les premiers bruits s'installent au rebord des fenêtres
Les volets se rabattent, les torpeurs se dissipent
Le feu sur l'horizon, le jour qui va renaître
Que les piaillements des nids appellent et anticipent
Le voile humide des brumes se déchire sans bruit
Les autos pressées reprennent leur course folle
C'en est fini du calme tiède de la nuit
Bientôt je les rejoins en prenant mon envol.
--G4rF--
dimanche 19 août 2018
Présumé décédé (nouvelle)
©2018 G4rF
--G4rF--
Les pieds dans le tapis
Apparemment j'ai réussi l'exploit de publier 2 poèmes numérotés 27 : "Chaud crépuscule" et "Le creux". Trop fort.
Bon, bah je renumérote...
Une fois les chiffres remis au propre, voilà où j'en suis :
- temps : 41 jours écoulés depuis le début de l'opération
- volume : 36 poèmes publiés
- régularité : peut mieux faire. Il y a un delta de -5 textes publiés en regard de l'objectif initial, ce qui n'est pas si mal, mais n'est quand même pas top non plus.
Plusieurs looongues coupures sont visibles dans l'agenda, dont seule la première est vraiment justifiée (j'étais malade), le reste c'est de la flemme ou du "pas la tête à ça". En essayant d'en publier 2 par jour de façon régulière, je devrais revenir à quelque chose de plus satisfaisant. - moral : après quelques fluctuations, ça remonte dans le bon sens, je me sens apte à tenir le rythme.
Curieusement, le fait d'avoir eu à garder 2 clébards ces derniers jours m'a obligé à reprendre un rythme de vie plus cohérent, d'où meilleur sommeil, meilleure énergie... le résultat est clairement perceptible. J'ai écrit un truc là-dessus, je ferais sans doute bien de le relire.
--G4rF--
Poème express [36/365] - Zoom arrière
Une cuillère qui tinte
Dans une tasse de café
Près d'un sucre ensaché
Posé sur la soucoupe
Au côté d'un verre d'eau
Sur une table carrée
Au bord de la terrasse
Où ronronne le chat
D'un petit bar tranquille
À l'ombre des arcades
D'une rue de la vieille ville
Dans un coin éloigné
D'une province qui s'étire
Au soleil du mois d'août
Ta main posée sur moi,
Qui me regarde.
--G4rF--
Poème express [35/365] - Premières lumières
Le nouveau jour donne à ta peau l'éclat sucré du printemps
Et ton sourire comme une promesse de délice exaltant
--G4rF--
vendredi 17 août 2018
Joyeux anniv à la bourre mon blog
Ce 28 février 2018, donc il y a déjà presque 6 mois, mon blog a fêté ses 13 ans.
Eeeeeeh ouais.
13 ans à écrire des trucs, une fois de temps en temps, des fois de très longtemps en très longtemps.
Treiiiiize ans !
La vache.
Ceci ne nous rajeunit pas.
13 ans à bafouiller sur un clavier, avec l'hypothèse que quelqu'un, ami ou pas, curieux de passage ou pas, tombera dessus et n'aura pas trop l'impression d'avoir perdu son temps en ces lieux.
Un humoriste américain que j'aime beaucoup et qui s'appelle Lewis Black parlait dans un de ses spectacles de son soixantième anniversaire en termes peu élogieux, et rabrouait son public applaudissant la nouvelle en disant à peu de choses près : "il n'y a vraiment rien à célébrer, ni rien dont on peut être fier, quand on vieillit d'un an de plus. C'est juste un putain de coup de chance."
Mouais. Dit comme ça, évidemment...
Quoi que... à dire vrai, ça me fait quand même quelque chose de me dire que ce blog a 1 an de plus que ma grande fille. C'est sans doute le projet --je devrais dire, le méta-projet-- le plus long auquel j'aurai participé jusqu'à ce jour (en mettant de côté, bien sûr, mon concours permanent de "qui mangera le plus de saucisses au prochain barbecue")(je vous laisse deviner le vainqueur).
Ami·e·s de longue date qui lisez ces quelques mots, merci de votre étrange fidélité à mes pitreries scribouillardes.
J'espère être en mesure d'honorer votre patience envers moi encore un long moment. Poil aux dents.
--G4rF--
PS : au prochain message, l'année 2018 deviendra ma 2ème année la plus prolifique sur ce blog, ex-æquo avec 2005. Encore un petit effort et nous vaincrons le neumbeurre ouane, l'année 2011 et ses 52 posts jusqu'ici indépassables !
Poème express [34/265] - R.A.Z.
J'ai recouvert de peinture
Les plafonds, le sol, les murs
Tous badigeonnés de blanc
Virginaux et aveuglants
J'ai caché sous le pigment
Fiertés et sentiments
Saletés et sédiments,
Divagations, errements.
J'y ai enfoui sous l'enduit
Mes envies inassouvies
Des désirs inavouables
Et tant de pensées coupables
J'ai changé ma devanture
Dissimulé mes craquelures
Mal rebouché les fissures
Qui parsèment mon armure
Pour remonter sur les planches
Moi, la nouvelle page blanche
Dont on voit en filigrane
Des vieux moi les épigrammes
--G4rF--
jeudi 16 août 2018
Poème express [33/365] - Dernière pierre
Et quand je serai desséché
Quand je n'aurai plus que du sable
A la bouche pour te parler
Et quand j'aurai tout exprimé
Quand je n'aurai plus que du sable
Dans le coeur pour t'adorer
Et quand il me faudra stopper
Quand je n'aurai plus que du sable
Dans les jambes pour marcher
Je brûlerai d'une dernière flamme
Chauffé à blanc, je forgerai
Le sable en verre, cabochon d'âme
Taillé en cœur pour mieux briller
--G4rF--
mercredi 15 août 2018
Poème express [32/365] - À faire
Il y a les choses à faire, les actes appropriés.
Il y a le nécessaire, l'urgent, le différé.
Le futile comme l'utile, tout ce qui a un sens.
Servitude et ennui du labeur parcellaire.
Et le sang qui l'irrigue, sirupeux et épais
Offerte par ce travail dont le corps est l'autel
Espérant le confort et la fin du sévice.
mardi 14 août 2018
En passant...
C'est le moment de faire un petit point vite fait sur cette expérience.
D'abord, je suis à la bourre. De 4 poèmes. Si je rattrapais mon retard, je devrais en être au 36ème le 16 août, c'est à dire à 10% de progression dans cette épreuve.
Ensuite, oui, c'est une épreuve, en tout cas je la vis comme ça. Je pense qu'à la lecture des textes on s'aperçoit assez vite que l'inspiration n'est pas franchement fulgurante et que les thèmes abordés n'ont pas nécessairement un intérêt fabuleux. C'était prévu : l'idée, c'est pas de faire de la grande littérature, mais de tester ma capacité sur le long terme à écrire un petit peu tous les jours, à sortir de mon cortex encrassé des trucs nouveaux, même médiocres.
Ceci explique notamment que la plupart de mes haïkus de cette série, qui par définition doivent évoquer un sentiment fugace lié au temps présent, sont plutôt péraves. Le haïku, c'est ma solution de lâcheté quand je n'arrive pas à faire de rimes ou trouver quelque chose à développer. Honte à moi.
Côté organisation, c'est pas top : écrire mon texte du jour arrive bon dernier dans mes activités quotidiennes, ce qui explique aussi sans doute la faiblesse générale du niveau atteint. Ce serait mieux de commencer chaque journée par l'écriture.
J'ai essayé ça ce matin avec le numéro 29. Je l'aime plutôt bien, ce texte. Initiative à renouveler.
Conclusion : c'est chaud patate, mais je tiens bon. Si j'arrive à concilier dans les mois suivants la continuation de ma remise en forme physique, la continuation de cette épreuve textuelle de longue haleine et le redémarrage de mon activité professionnelle, je pense pouvoir affirmer fin décembre que l'année aura eu un bilan positif.
Surtout, ne pas lâcher.
--G4rF--
Poème express [31/365] - Propre
Combattre le désordre
Déloger la saleté
Ranger ce qui déborde
Classer, trier, placer
Poème express [30/365] - Couvert
J'ouvre des yeux troubles sur un ciel de grisaille
Ralenti, fatigué, les gestes maladroits
Je m'en vais trébuchant, et espérant de toi
Un rayon de soleil pour percer la muraille
--G4rF--
Poème express [29/365] - Dans les rouleaux
La chape grise laisse filtrer la lueur
Promettant l'avènement de jours de chaleur.
Soufflant ses dernières forces avant d'être chassé
Le vent grossit la houle et la fait déferler.
D'un fracas formidable les cris des estivants
Tenus là en respect par les jeux de Neptune
Aux limites battues par le sel et l'écume
S'y risquent tour à tour, pâles Océanides
Se confrontant, chétifs, à l'éclat des rouleaux,
Tentant de se soustraire à leurs coups de marteau
Comme il advint de moi lors d'un excès d'estime,
Finissant lessivé, essoré et meurtri,
Traîné au fond de l'eau comme par un tsunami.
Du sable plein les yeux, l'échine en marmelade
Conscience nait alors de cette petitesse
Des pantins que nous sommes devant la mer maîtresse
Nous balaie tels des quilles, d'un coup de pouce moqueur,
Et se rit bien de toutes nos bravacheries :
Son pays nous sera à jamais interdit.
lundi 13 août 2018
Poème express [28/365] - Le creux
Comme l'espace s'agrandit
Comme les mots résonnent
Dans ces pièces assoupies
Où personne ne fredonne
Les jeux s'en sont allés
En laissant le silence
Et tout trop bien rangé
Pour ouvrir les volets
Chaque soir j'y repasse
Et viens les refermer
Et préparent le retour
Des pieds sur les fauteuils
Et du bruit des bons jours.
--G4rF--
mercredi 8 août 2018
Poème express [27/365] - Chaud crépuscule
Chaud crépuscule
Derrière l'horizon
Plonge pour un long instant
L'astre alangui
--G4rF--
Poème express [26/365] - À la pêche
À la pêche
J'ai tenté de trouver
Au fond d'une carafe
Les restes d'une idée qui m'avait traversé
Je n'en ai repêché
Que la triste épitaphe
De toutes celles qui l'avaient précédées.
--G4rF--
Poème express [25/365] - Trop
Trop
Si les excès de table sont nocifs aux noceurs
Si l'abus d'exercice est néfaste aux sportifs
Si trop de travail abîme les travailleurs
Quel malheur attend l'amoureux superlatif ?
--G4rF--
lundi 6 août 2018
Poème express [24/365] - Discipline
Discipline
Qu'est devenu mon courage ?
Où est passée la conviction ?
Quelqu'un a vu mon énergie ?
Je cherche ma motivation.
J'essaie d'être en conformité
Avec le voeu que j'ai formé
D'arriver à m'améliorer
Pour devenir enfin entier.
Mais je rame, je te dis pas
C'est la galère, ce futur moi
Il se dérobe à chaque étape
Je le rattrape, paf, il s'échappe
Si la fonction crée l'organe
Si la pratique rend perfection
Ma discipline reste en panne
Et jette à bas mes ambitions
Écrire chaque jour, quelle épreuve
Et pourtant je m'en sais capable
Mais là où j'espère le fleuve
Ne coule qu'un ru misérable
Rester en forme, bouger souvent
J'ai essayé, je sais qu'ça marche
Mais trop dispersé, papillonnant
Je me soustrait à la démarche
Je cherche encore à installer
Pour une meilleure vie le bon cadre
Et la discipline où puiser
Les moyens de ma sauvegarde...
--G4rF--
Poème express [23/365] - Éclat
Éclat
Le pinceau blafard
Promène sa lumière
Sur la grève obscure
--G4rF--
Poème express [22/365] - Broc'
Broc'
Exposition publique de vieille intimité.
Mise à l'encan cyclique des objets passagers.
Tout un quartier s'arrête et exclut les autos
Et les chalands furètent autour des bibelots
C'est un passé usé qu'on vend à la découpe
Objets inanimés, accumulés, en groupe,
Disposés au soleil d'une planche sur tréteaux
Rêvant que s'émerveillent pour eux les badauds
À les voir alignés en parade futile
En ce curieux marché de vendeurs malhabiles,
Tant de mêmes bricoles sur tant de mêmes tables,
Me saisit le symbole, l'image redoutable
De la conformité de toutes ces possessions
Aux modes succédées de nos consommations.
Elles s'en iront grossir l'armée de nos rebuts
Objets de vieux désir aux attraits disparus
Remplacés par quoi donc, sinon leurs héritiers
Qui eux même s'en iront, par plus neufs chassés.
La bimbeloterie en grande ribambelle
De marchand en braderie pour finir en poubelle.
--G4rF--
dimanche 5 août 2018
Poème express [21/365] - Tard
samedi 4 août 2018
Poème express [20/365] - Courir
Courir
Courir après le temps,
Après ses ambitions.
Courir après l'instant,
Après une émotion.
Courir après la forme,
Après un meilleur soi,
Courir après la norme,
Ou ce qu'on en perçoit.
Courir après les dates,
Après les agendas,
Courir pour l'épate
Comme à la corrida.
Courir après quelqu'un
Après un espoir fou
Courir pour un parfum
Après un rendez-vous
Courir sans raison
Après quelque chimère
Courir avec passion
Pour dévorer la terre
Courir, courir encore
Pour arriver premier
Courir pour les records
Courir pour dépasser
Courir et puis franchir
Le drapeau à damier,
Se poser, respirer,
Avant de repartir
--G4rF--